Bilan hebdo : le CAC40 fait fi de la chute du gouvernement

Qui l'eut cru ! Le CAC40 vient de boucler une semaine entièrement verte avec un gain hebdomadaire de 2%, à 7.825 points ce vendredi soir. Le renversement du gouvernement de François Bayrou, largement anticipé, n'a en effet pas provoqué de vagues. Le remplacement rapide du Béarnais à Matignon par Sébastien Lecornu a quelque peu rassuré même si la situation budgétaire du pays est loin d'être réglée... Dans ces conditions, le rendement de l'OAT 10 ans reste au-dessus des 3,5% ce vendredi tandis que le spread avec le Bund allemand est proche des 80 points de base. La décision de Fitch, attendue ce soir, sur la note souveraine française "AA-" pourrait faire bouger les choses même si là encore le marché semble avoir déjà anticipé une potentielle dégradation.

L'actualité financière de la semaine a également été marquée par le statu quo de la BCE. L'Institution a, comme prévu, laissé ses taux directeurs à 2%, mais n'a donné aucune indication sur sa prochaine décision. "Nous continuons d'être dans une bonne position", a déclaré Christine Lagarde, ajoutant que l'inflation se situait au niveau cible et que l'économie restait solide. "Nous reconnaissons le risque évident que la BCE en ait fini avec les réductions, mais nous voulons aussi reconnaître que les perspectives d'inflation impliquent toujours un biais d'assouplissement", affirme JP Morgan.

Aux Etats-Unis, les indicateurs de conjoncture déçoivent tour à tour, au point qu'une baisse de taux d'au moins 25 points de base de la Fed la semaine prochaine est désormais actée. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'un assouplissement monétaire d'un quart de point le 17 septembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, se situe à 92,5%, contre 7,5% pour la probabilité d'un assouplissement de 50 points de base. D'après le même outil, la Fed pourrait baisser ses taux de trois quarts de point (probabilité de 73,6%) d'ici la fin de l'année, ce qui les ramènerait entre 3,50 et 3,75%.

Du côté des valeurs, les acteurs de la Défense ont encore une fois été recherchés après que la Pologne, avec le soutien de ses alliés de l'Otan, a abattu des drones russes présumés au-dessus de son espace aérien. A l'inverse, l'exercice noir se poursuit pour Pluxee et Edenred, pénalisés par un projet de taxe en France sur les avantages aux salariés et par l'ouverture d'une enquête en Turquie.

Sur le marché pétrolier, le Brent reprend 3% à 67,5$ à Londres. Du côté des devises, l'euro se maintient au-dessus des 1,17$ après le statu quo de la BCE. Enfin, le Bitcoin s'échange autour des 115.000$ tandis que l'once d'or prend encore environ 2% sur la semaine à 3.653$.

LES VALEURS

* Exail Technologies bondit de 15% avec l'ensemble du secteur de la Défense. Après avoir reporté une activité exceptionnelle au premier semestre, TP ICAP Midcap anticipe une très forte progression de la profitabilité sur le semestre grâce à du levier opérationnel et des bases de comparaison faciles. En outre, le groupe devrait être en mesure de générer un FCF positif. La publication, le 15 septembre, sera aussi l'occasion pour le groupe de faire un point sur l'avancé des livraisons pour le programme français, le pipeline commercial en robotique (notamment sur l'usage militaire de DriX) et le refinancement, souligne le broker. A l''achat', il vise 106 euros.

* Exosens grimpe de 19%, soutenu par plusieurs notes d'analystes. Le groupe a également profité de la nouvelle montée du compartiment de la Défense après que la Pologne a abattu des drones qui ont pénétré dans son espace aérien lors d'une attaque russe généralisée dans l'ouest de l'Ukraine. Les autorités polonaises ont enregistré 19 violations de l'espace aérien, dont un nombre " significatif " de drones provenant du territoire biélorusse, a affirmé lePremier ministre Donald Tusk, ajoutant que cette violation de l'espace aérien était une provocation intentionnelle de Moscou...

* Thalès avance de 12,7% avec Dassault Aviation (+8,2%), après la violation de l'espace aérien polonais par des drones russes. De hauts responsables de l'Union européenne ont exprimé leur solidarité avec la Pologne, notamment la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l'état de l'Union à Bruxelles. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a qualifié cette violation de l'espace aérien par Moscou de la plus grave depuis le début de la guerre en Ukraine "et des indices suggèrent qu'elle était intentionnelle et non accidentelle".

* Atos gagne 10,8%. La firme a présenté à ses partenaires sociaux, dans le cadre de son plan de transformation déjà engagé depuis le mois de mai, un projet de réorganisation en France, destiné à renforcer son efficacité opérationnelle et à soutenir son ambition stratégique à long terme. Ce projet de réorganisation pourrait entraîner la suppression de 135 postes en CDI, au maximum, sur les 9.631 que compte le Groupe sur le territoire.

* Technip Energies progresse de 6%. La société d'infrastructures énergétiques a annoncé le rachat de l'activité Advanced Materials & Catalysts du groupe chimique américain Ecovyst pour 556 millions de dollars, soit un multiple d'EBITDA d'environ 9,8. Cette transaction renforce les capacités de Technip Energies dans le domaine des catalyseurs et élargit son portefeuille technologique, accroît les revenus récurrents de son segment Technologie, produits et services (TPS) et est immédiatement relutive en termes de résultat et flux de trésorerie.

* Schneider Electric (+5,9%) est resté recherché. La Deutsche Bank a renouvelé son avis 'achat' tout en réhaussant sa cible de 240 à 250 euros.

A l'inverse, * Pluxee et Edenred chutent de respectivement 10% et 12,3%. Après la crainte turque, c'est cette fois le marché domestique qui inquiète. Repris par 'Les Echos', le projet de budget 2026 du gouvernement de François Bayrou "prévoit en particulier de créer un prélèvement social de 8% sur les tickets-restaurants, chèques-vacances, chèques emploi service universel (Cesu) préfinancés ou encore sur le financement des activités, culturelles, sociales et sportives par les employeurs ou comités d'entreprise". Cette mesure rapporterait près de 1 milliard d'euros de recettes pour la Sécurité sociale, selon un projet d'article du projet de loi de financement de la " Sécu " (PLFSS). Si certaines mesures envisagées par l'ancien gouvernement risquent fortement de tomber à l'eau (suppression de jours fériés...), d'autres déjà sur la table, comme celle évoquée ici, pourraient bien être retenues par le nouveau gouvernement, souligne le quotidien. Avec le risque de voir les sociétés réduire une partie des avantages accordés à leurs salariés.

* Séché Environnement trébuche de 13,6%, logiquement sanctionné après son double avertissement sur résultats. Malgré des comptes semestriels en vive progression, le groupe industriel spécialisé dans le traitement et la valorisation de tous types de déchets a revu à la baisse sa guidance 2025 et 2026. Il met notamment en avant le faible prix de vente de ses énergies vertes qui continuera de pénaliser dans les prochains mois la profitabilité des métiers de valorisation en France et en Europe, et les bouleversements du commerce international qui favorisent l'attentisme de certaines clientèles en France et dans le monde...

* Pernod Ricard cède 6%. Morgan Stanley a dégradé le groupe de spiritueux de 'pondération de marché' à 'sous-pondérer' avec un objectif ajusté de 90 à 85 euros. La banque affirme que la firme présente un risque évident de baisse de ses bénéfices. L'exercice 2026 devrait débuter par un trimestre très faible et, malgré les nouveaux plans d'économies de l'entreprise, l'EBIT devrait reculer de 3,3% cette année. L'estimation de BPA de MS pour l'exercice 2026 est inférieure de 9% au consensus, et des cessions pourraient avoir un impact supplémentaire compte tenu de la nécessité de rembourser la dette.

* Teleperformance perd 4,4% alors que le n°1 mondial des prestations de services externalisés et de conseil aux entreprises va sortir du CAC40 au profit d'Euronext. Teleperformance ne pèse plus que 3,8 MdsE en Bourse après avoir perdu près de 24% en 2025.

* Interparfums recule de 2,8% après un nouvel avertissement sur ses revenus annuels. "Malgré un manque de visibilité lié à une situation internationale perturbée, une parité euro dollar défavorable et un engagement prudent de nos partenaires, notre chiffre d'affaires 2025 devrait s'établir autour de 900 millions d'euros", a déclaré Philippe Benacin, président-directeur général. En juillet, le groupe avait indiqué viser un chiffre d'affaires annuel dans le bas de la fourchette de ses prévisions précédentes, de l'ordre de 910 ME. Interparfums étudie différentes options complémentaires pour continuer à limiter l'impact des droits de douane américains sur la profitabilité du groupe. Le parfumeur a néanmoins fait état de solides résultats intermédiaires.