Wall Street de retour au sommet, Intel en vedette
Au lendemain de l'assouplissement monétaire de la Fed

Après une séance chahutée hier mercredi pour la première baisse des taux de la Fed en neuf mois, Wall Street reprend le chemin de la hausse avant bourse ce jeudi. Le S&P 500 progresse de 0,7%, le Dow Jones de 0,4% et le Nasdaq de 1,1% avec Intel. Hier soir, la Fed a donc sans surprise baissé ses taux d'un quart de point, ce qui ramène le taux des 'fed funds' entre 4 et 4,25%. Stephen Miran, nouveau gouverneur fraîchement désigné par Donald Trump, a même plaidé pour un geste encore plus fort de 50 points de base, en ligne avec la posture agressive du président. La banque centrale américaine anticipe encore deux assouplissements monétaires d'un quart de point d'ici la fin de l'année.
"Il n'existe plus de voie sans risque aujourd'hui", a résumé le président de la Fed, Jerome Powell, lors de la conférence de presse de mercredi. "La situation est très difficile pour les décideurs politiques", a ajouté le patron de l'institution monétaire américaine.
Les responsables de la Fed, qui admettent une dégradation du marché du travail, continuent d'anticiper un ralentissement de croissance - moins important qu'auparavant cependant à +1,6% en 2025 contre +1,4% précédemment estimé. Le chômage est attendu à 4,5%. La médiane des nouvelles estimations fait ressortir une prévision d'inflation de 3% en fin d'année, inchangée par rapport aux évaluations du mois de juin et nettement supérieure à l'objectif de la Fed de 2%. Une inflation qui ralentirait lentement l'an prochain malgré la baisse des taux, imaginent les responsables de la Fed. Le dernier "dot plot" de la Fed montre enfin une projection de taux à 2,875% en fin d'année 2025, inférieure de 3/4 de point de pourcentage à l'estimation suivante la plus basse, note Reuters.
Le Sénat américain a confirmé Stephen Miran, conseiller de Trump, au poste de gouverneur de la Fed, juste avant que ne débute la réunion monétaire. Miran remplace l'ancienne gouverneure Adriana Kugler, qui a quitté la Fed en août. Son départ a offert à Trump une nouvelle opportunité d'imposer ses idées au sein d'une banque centrale qui tente de défendre son indépendance. En revanche, Donald Trump n'a pu obtenir l'éviction de la gouverneure Lisa Cook, accusée d'avoir utilisé deux propriétés qu'elle avait achetées comme résidences principales, ce qui lui aurait permis d'obtenir des conditions de prêt plus avantageuses. Cook a donc assisté à la réunion et a voté en faveur de la baisse de taux d'un quart de point.
Sur le front économique aux États-Unis hier, les mises en chantier de logements aux Etats-Unis pour le mois d'août 2025 sont ressorties au rythme de 1,307 million, contre 1,37 million de consensus et 1,429 million pour la lecture révisée du mois antérieur. Les permis de construire sont ressortis à 1,312 million, contre 1,37 million de consensus et 1,362 million un mois auparavant... L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta du mois de septembre s'est établi à 2,3%, comme le mois précédent. Il s'agit d'une mesure mensuelle des anticipations d'inflation à un an du point de vue des firmes.
L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour le mois de septembre publié ce jeudi s'est établi à +23,2, contre un consensus de 3 et une lecture pratiquement nulle un mois auparavant. L'indice signale donc une forte expansion inattendue de l'activité manufacturière dans la région considérée.
Les inscriptions au chômage pour la semaine close le 13 septembre se sont établies à 231.000, contre 241.000 de consensus FactSet et 264.000 pour la lecture révisée de la semaine antérieure.
Sur le front commercial, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent et Trump ont laissé entendre que les Etats-Unis et la Chine étaient parvenus à un accord sur le sort de TikTok. Sur Truth Social, le président américain a indiqué qu'un accord avait été conclu concernant une certaine entreprise "que les jeunes de notre pays souhaitaient vivement sauver". "La grande réunion commerciale en Europe entre les États-Unis et la Chine s'est très bien déroulée ! Elle se terminera prochainement", a ajouté le président américain. "Je m'entretiendrai avec le président Xi vendredi. Nos relations restent très solides !", a tenu à rassurer Trump...
Trump a déclaré par ailleurs s'être entretenu avec le Premier ministre indien Narendra Modi afin d'apaiser les tensions dans un contexte de conflit autour des droits de douane et des achats de pétrole russe par New Delhi, note Bloomberg. Trump a évoqué un entretien "formidable" avec le dirigeant indien, dont il a salué le "travail extraordinaire" et à qui il a souhaité un bon anniversaire, ajoute l'agence. "Narendra : Merci pour votre soutien pour mettre un terme à la guerre entre la Russie et l'Ukraine !" Etats-Unis et Inde ont repris leurs négociations commerciales cette semaine, avec des discussions qualifiées de positives. Trump avait décidé le mois dernier d'imposer des droits de douane de 50% sur les exportations du pays. Le président américain avait doublé le taux de droits de douane de 25% sur les produits indiens, afin de sanctionner également New Delhi pour ses achats d'énergie russe. Sur le réseau social X, Modi a indiqué qu'il soutenait les initiatives de Trump vers une résolution pacifique du conflit en Ukraine.
Enfin, la séance de demain pourrait être marquée par une certaine volatilité, puisqu'il s'agit de la journée dite des "Quatre Sorcières", avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.
Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, FedEx et Lennar publient leurs résultats financiers trimestriels après bourse ce soir. Alphabet bénéficie de l'abandon par la Chine d'une enquête sur Google. Intel s'enflamme après son accord avec Nvidia, tandis qu'AMD décroche.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 0,4% à 64,3$. L'once d'or fin grappille 0,2% à 3.667$. L'indice dollar avance de 0,3% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin s'affiche sur les 117.000$.
Les valeurs
Intel s'offre un rallye monumental de 30% avant bourse à Wall Street, tandis que Nvidia, première capitalisation mondiale, reprend 3%. Le groupe de Jensen Huang, géant des puces d'IA, vient de miser en effet 5 milliards de dollars sur l'ex-roi des microprocesseurs. Nvidia et Intel Corporation ont annoncé aujourd'hui une collaboration visant à développer conjointement plusieurs générations de produits personnalisés pour centres de données et PC qui accélèrent les applications et les charges de travail sur les marchés hyperscale, d'entreprise et grand public.
Les deux entreprises se concentreront sur la connexion fluide des architectures Nvidia et Intel grâce à Nvidia NVLink, intégrant ainsi les atouts de l'IA et du calcul accéléré de Nvidia aux technologies CPU de pointe et à l'écosystème x86 d'Intel afin de proposer des solutions de pointe à leurs clients. Pour les centres de données, Intel construira des processeurs x86 personnalisés par Nvidia, que Nvidia intégrera à ses plateformes d'infrastructure d'IA et commercialisera. Pour les ordinateurs personnels, Intel construira et commercialisera des systèmes sur puce (SOC) x86 intégrant des chipsets GPU Nvidia RTX. Ces nouveaux SOC x86 RTX équiperont une large gamme de PC nécessitant l'intégration de CPU et de GPU de pointe.
Mieux encore, Nvidia investira 5 milliards de dollars dans des actions ordinaires d'Intel, à un prix d'achat de 23,28$ par action. Cet investissement est soumis aux conditions de clôture habituelles, notamment aux autorisations réglementaires requises. Le titre cotait 24,90$ en clôture hier soir. Il est attendu à plus de 31$.
AMD perd plus de 4% suite à ces annonces de ses deux rivaux.
Huawei Technologies a pour sa part dévoilé une nouvelle technologie de puce IA dotée d'une puissance de calcul accrue afin de défier la domination de Nvidia, note Bloomberg. La nouvelle technologie SuperPod de l'entreprise basée à Shenzhen permet de connecter jusqu'à 15.488 cartes graphiques équipées des puces d'IA Ascend de Huawei, selon l'agence, qui reprend un communiqué du groupe chinois. Huawei exploite désormais un super cluster comptant environ un million de cartes graphiques. Plus tôt cette année, le fondateur de Huawei Ren Zhengfei a déclaré au 'Quotidien du Peuple' que le groupe était toujours en retard sur les États-Unis en termes de production à partir d'une seule puce, mais qu'il pourrait encore obtenir les résultats escomptés en compensant grâce au calcul en cluster.
Alphabet. Pékin met un terme à une enquête antitrust sur Google (Alphabet) alors que les négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis s'intensifient au sujet de TikTok et de Nvidia, a indiqué ce jeudi le Financial Times. Ainsi, la Chine semble recentrer l'attention réglementaire sur Nvidia comme levier dans les négociations commerciales sino-américaines tout en adressant un message de flexibilité à Washington en mettant fin à cette enquête sur Google. L'Administration d'État chinoise pour la régulation du marché, qui avait ouvert une enquête contre Google en février, a donc décidé de l'abandonner. Le FT cite à ce sujet deux personnes informées de la décision. Le régulateur avait précédemment déclaré que Google était soupçonné d'avoir enfreint la loi anti-monopole du pays. Google n'a pas été officiellement informé de la décision d'abandonner l'enquête, selon le Financial Times.
Plus tôt cette semaine, la Chine a accusé Nvidia d'avoir violé sa loi anti-monopole, à la suite d'une enquête préliminaire sur ses pratiques commerciales... Donald Trump a imposé précédemment à la Chine des droits de douane massifs, avant de les abaisser à 30%. Il a aussi menacé de fermer l'application de réseau social TikTok, mais un accord semble désormais trouvé sur le sujet. La Chine a réagi avec des droits de douane de 10% et en lançant des enquêtes antitrust contre de grandes entreprises américaines.
Meta, la maison-mère de Facebook, a lancé ses dernières lunettes connectées, équipées d'un écran intégré. Mark Zuckerberg, fondateur et patron du groupe, a présenté hier le gadget lors de l'événement annuel de l'entreprise destiné aux développeurs en Californie. Les "Meta Ray-Ban Display" seront commercialisées ce mois à partir de 799$. Elles sont dotées d'un petit écran numérique intégré au verre droit pour les tâches de base, suffisamment grand toutefois pour regarder une vidéo ou lire un fil de discussion. Un écran qui peut afficher des SMS, des appels vidéo, des itinéraires détaillés sur des cartes et des résultats visuels de requêtes adressées au service d'IA de Meta, énumère Bloomberg. "L'écran subtilement intégré peut également servir de viseur pour l'appareil photo du téléphone ou pour la lecture de musique", ajoute l'agence.
GE Healthcare, le concepteur de dispositifs médicaux, étudierait avec des conseillers ses options, notamment la cession d'une participation dans sa filiale chinoise, selon des sources proches du dossier de Bloomberg News. Une transaction potentielle pourrait valoriser les actifs à plusieurs milliards de dollars. Bloomberg ajoute que les considérations sont préliminaires et qu'aucune décision définitive n'a été prise. Les tensions politiques, la concurrence intérieure et le ralentissement de la croissance économique chinoise érodent la confiance des entreprises américaines opérant dans ce pays asiatique, indique pour sa part Reuters.
Darden Restaurants, le groupe américain de restauration connu notamment pour la chaîne Olive Garden, décroche avant bourse à Wall Street. Le groupe a publié au titre de son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté de 258 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,97$, à comparer à un consensus de 2$. Les revenus sont ressortis en revanche conformes aux anticipations des analystes à 3,04 milliards de dollars (+10,4% avec 4,7% de hausse à comparable). Darden table désormais sur un bénéfice ajusté annuel par action allant de 10,50 à 10,70$. Le consensus se situait à 10,69$.
FactSet a publié ses comptes du quatrième trimestre. La plateforme numérique financière globale a annoncé pour le trimestre clos des revenus de 597 millions de dollars, en croissance de 6,2% en glissement annuel, portant les revenus annuels à 2,32 milliards de dollars (+5,4%). Le bénéfice ajusté trimestriel par action s'est affiché à 4,05$, en hausse de 8,3%. Le consensus de bénéfice ajusté par action se situait à 4,15$ sur le trimestre. Les revenus sont néanmoins meilleurs que prévu. Le groupe fournit sa guidance pour l'exercice 2026, tablant sur une croissance organique ASV de 4 à 6% et des revenus GAAP allant de 2,423 à 2,448 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté de l'exercice 2026 est anticipé entre 16,90 et 17,60$, ce qui ressortirait inférieur ici encore au consensus.
Oracle. L'agence de notation Moody's demeure prudente concernant Oracle, malgré son très généreux carnet de commandes et un deal d'environ 300 milliards de dollars avec la startup à l'origine de ChatGPT, OpenAI, pour l'achat de puissance de calcul sur environ cinq ans. Moody's Ratings, dont l'analyse est reprise notamment par Reuters, a signalé plusieurs risques potentiels liés aux 300 milliards de dollars de contrats d'intelligence artificielle récemment signés par Oracle, sans toutefois prendre de décision en matière de notation à l'encontre du géant du software d'entreprise. Moody's souligne en particulier le "risque de contrepartie" lié au fait qu'Oracle dépende d'engagements importants d'un petit nombre de clients du secteur de l'IA pour financer son modèle économique.
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