Clôture Wall Street : prudence des marchés malgré la baisse des taux

En clôture de marché, Wall Street termine sur une note prudente ce mercredi. Les marchés américains consolident sur leurs sommets malgré la décision de la Fed de baisser les taux.
Ainsi, le S&P 500 est en petite baisse de -0,10% à 6.600 pts. Le Dow Jones grimpe de +0,57% à 46.018 pts. En séance, les valeurs industrielles ont d'ailleurs établi un nouveau record indiciel à 46.261,95 pts. Le Nasdaq se tasse de -0,33% à 22.261 pts, emporté par les pressions sur le dossier Nvidia.

Les marchés ont décroché dans le sillage d'une annonce de baisse des taux en ligne avec les attentes et déjà bien intégrée dans les cours. Les indices newyorkais se sont ensuite repris au fil des échanges... Sans surprise, la Banque centrale américaine a réduit ses taux de 25 points de base, ce qui ramène les 'Fed funds' entre 4 et 4,25%, un niveau toujours trop élevé pour Donald Trump.
D'ailleurs, Stephen Miran -la voix de Trump au sein de l'institution, fraîchement choisi pour le poste de gouverneur de la Fed par le Président des Etats-Unis- n'a pas caché sa déception et s'est ouvertement affiché en faveur d'une réduction des taux de 50 points de base.
La décision prise aujourd'hui par la Fed n'est pas anecdotique, car il s'agit d'une première baisse des taux d'intérêt américains depuis 9 mois.

Les responsables de la Fed, qui admettent une dégradation du marché du travail, continuent d'anticiper un fort ralentissement de la croissance par rapport à 2024, puisqu'ils la situent à +1,6% en 2025. Ils sont un peu moins négatifs qu'auparavant (+1,4% précédemment estimé), mais leurs anticipations de croissance sont encore bien loin des performances de 2024 (+2,8%).

Le Sénat américain a confirmé Stephen Miran, conseiller de Trump, au poste de gouverneur de la Fed, juste avant que ne débute la réunion monétaire. Miran remplace l'ancienne gouverneure Adriana Kugler, qui a quitté la Fed en août. Son départ a offert à Trump une nouvelle opportunité d'imposer ses idées au sein d'une banque centrale qui tente de défendre son indépendance.
En revanche, Donald Trump n'a pu obtenir l'éviction de la gouverneure Lisa Cook, accusée d'avoir utilisé deux propriétés qu'elle avait achetées comme résidences principales, ce qui lui aurait permis d'obtenir des conditions de prêt plus avantageuses. Une cour d'appel a rejeté la tentative de Trump de destituer Lisa Cook.

Sur le front économique aux Etats-Unis, les mises en chantier de logements aux Etats-Unis pour le mois d'août 2025 sont ressorties au rythme de 1,307 million, contre 1,37 million de consensus et 1,429 million pour la lecture révisée du mois antérieur. Les permis de construire sont ressortis à 1,312 million, contre 1,37 million de consensus et 1,362 million un mois auparavant.

L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta du mois de septembre s'est établi à 2,3%, comme le mois précédent. Il s'agit d'une mesure mensuelle des anticipations d'inflation à un an du point de vue des firmes.

Les cours pétroliers limitent leurs pertes après l'annonce d'une très forte baisse des réserves de brut aux Etats-Unis la semaine passée. D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont chuté de 9,3 millions de barils lors de la semaine close le 12 septembre, à 415,4 millions de barils. Les stocks d'essence ont reculé de 2,3 millions de barils et ceux de produits distillés ont grimpé de 4 millions de barils.

Sur le front commercial, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent et Trump ont laissé entendre que les Etats-Unis et la Chine étaient parvenus à un accord sur le sort de TikTok. Sur Truth Social, le président américain a indiqué qu'un accord avait été conclu concernant une certaine entreprise "que les jeunes de notre pays souhaitaient vivement sauver". "La grande réunion commerciale en Europe entre les États-Unis et la Chine s'est très bien déroulée ! Elle se terminera prochainement", a ajouté le président américain. "Je m'entretiendrai avec le président Xi vendredi. Nos relations restent très solides !", a tenu à rassurer Trump...

Trump a déclaré par ailleurs s'être entretenu avec le Premier ministre indien Narendra Modi afin d'apaiser les tensions dans un contexte de conflit autour des droits de douane et des achats de pétrole russe par New Delhi, note Bloomberg. Trump a évoqué un entretien "formidable" avec le dirigeant indien, dont il a salué le "travail extraordinaire" et à qui il a souhaité un bon anniversaire, ajoute l'agence. "Narendra : Merci pour votre soutien pour mettre un terme à la guerre entre la Russie et l'Ukraine !" Etats-Unis et Inde ont repris leurs négociations commerciales cette semaine, avec des discussions qualifiées de positives. Trump avait décidé le mois dernier d'imposer des droits de douane de 50% sur les exportations du pays. Le président américain avait doublé le taux de droits de douane de 25% sur les produits indiens, afin de sanctionner également New Delhi pour ses achats d'énergie russe. Sur le réseau social X, Modi a indiqué qu'il soutenait les initiatives de Trump vers une résolution pacifique du conflit en Ukraine.

Les pétroles reculent. La référence américaine, le baril de brut WTI, rend -0,77% à 64,02$. Le Brent de mer du Nord cède -0,82%, à 67,93$.
Le dollar s'apprécie de +0,45% face à la monnaie européenne, et s'échange 0,8467 euro.
L'once d'or reste ferme, malgré un repli de -0,81% la ramenant à 3.659,94$.
Le Bitcoin redonne -1,07% à 115.586$.

Dans l'actualité économique de demain jeudi aux USA, les investisseurs suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 13 septembre, ainsi que l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie et l'indice des indicateurs avancés du Conference Board...

Les valeurs

* Lyft (+13,13% à 22,84$). Waymo, leader des robotaxis, a annoncé que ses véhicules autonomes commenceraient à transporter des passagers à Nashville (Tennessee), l'année prochaine, et s'associe à Lyft plutôt qu'à son récent partenaire Uber. Le projet Nashville prévoit que les demandes de courses en robotaxis seront d'abord limitées à l'application de Waymo, puis étendues à celle de Lyft plus tard l'an prochain.

* Workday (+7,2% à 234,88$). Le groupe américain spécialiste des applications cloud dans le domaine des ressources humaines s'envole à Wall Street, alors que l'investisseur activiste Elliott Management a indiqué avoir bâti une position de plus de 2 Mds$ au capital. Elliott soutient le management actuel de Workday, un fait pas si fréquent pour l'activiste. La firme d'investissement vante les qualités du DG et du directeur financier du groupe, ainsi que les progrès importants des dernières années. L'investisseur se dit confiant dans le plan stratégique de plusieurs années de Workday et sa capacité à créer de la valeur à long terme.
Hier, le groupe a par ailleurs annoncé le rachat pour 1,1 Md$ du groupe actif dans l'IA, Sana, ce qui représente sa 3e opération annoncée en 2 mois dans l'intelligence artificielle, après Flowise et Paradox.

* Microsoft (+0,19% à 510,02$). Le groupe investira 30 Mds$ au Royaume-Uni pour "propulser l'avenir de l'IA", a annoncé hier le géant software de Redmond sur son blog officiel. A l'occasion de la visite d'État du président Trump, Microsoft "est fier de réaffirmer son engagement profond et durable envers le Royaume-Uni, un engagement qui établit une nouvelle référence en matière de collaboration technologique transatlantique". Microsoft annonce cet investissement de 30 Mds$ dans l'infrastructure d'IA et les opérations courantes au Royaume-Uni sur une période de 4 ans, de 2025 à 2028. Il s'agit de l'engagement financier le plus important jamais pris au Royaume-Uni. Il comprend 15 Mds$ d'investissements pour développer l'infrastructure cloud et d'IA du Royaume-Uni. "Cet investissement nous permettra de construire le plus grand supercalculateur du pays, doté de plus de 23 000 GPU Nvidia, en partenariat avec Nscale", ajoute Microsoft.
Cet investissement vise non seulement à répondre à la demande des clients, mais aussi à renforcer les liens économiques bénéfiques des deux côtés de l'Atlantique, insiste le groupe. Il marque également une avancée significative dans le partenariat technologique entre le Royaume-Uni et les États-Unis, "démontrant à quel point une collaboration étroite favorise les progrès réalisés dans le cadre des plans d'action pour l'IA du président Donald Trump et du Premier ministre Keir Starmer"... Royaume-Uni et USA sont convenus d'un pacte technologique destiné notamment à renforcer les liens dans l'IA et l'énergie nucléaire civile, note Reuters. Plusieurs grandes entreprises américaines, dont évidemment Microsoft, mais aussi Salesforce, AWS (Amazon), Oracle ou BlackRock, ont promis des investissements majeurs.

* Manchester United (-6,28% à 15,38$). Séance difficile à Wall Street pour le club de football anglais qui a revu à la baisse ses prévisions de résultats annuels. Sur le nouvel exercice en cours, le groupe anticipe désormais un Ebitda ajusté compris entre 180 et 200 millions de livres sterling, contre 180 à 190 M£ précédemment pour des revenus allant de 640 à 660 M$ (660 à 670 M£ auparavant). Le Club explique avoir "mis en oeuvre un plan de transformation visant à améliorer son efficacité opérationnelle. Les bénéfices de ce plan devraient se faire sentir sur l'ensemble de ses revenus et de ses coûts au cours de l'exercice 2026 ". Sur le 4e trimestre de l'exercice clos, ManU essuie une perte nette ajustée de 5,4 M£ pour des revenus de 164,2 M$. L'Ebitda ajusté a atteint 37,5 M£. Sur l'ensemble de l'année, le club de Premier League enregistre une perte de 33 M£, sa 6e consécutive !

* Nvidia (-2,62% à 170,29$). L'action est dans une 3e séance consécutive de repli, retrait une nouvelle sur de l'actualité en provenance de Chine... Selon le Financial Times, le régulateur chinois de l'Internet a interdit aux plus grandes entreprises technologiques du pays d'acheter les puces d'intelligence artificielle de Nvidia. Pékin accentue ainsi ses efforts pour renforcer son industrie domestique et concurrencer les Etats-Unis, explique le FT. La Cyberspace Administration of China (CAC) a sommé, cette semaine, les compagnies locales, dont ByteDance et Alibaba, d'interrompre leurs tests et commandes de la nouvelle puce d'IA RTX Pro 6000D d'IA conçue par Nvidia pour le marché chinois, et dédiée surtout aux tâches d'inférence. Le FT cite à ce sujet trois sources ayant connaissance de la question.
Plusieurs compagnies avaient indiqué qu'elles allaient commander des dizaines de milliers de RTX Pro 6000D et avaient commencé à tester et vérifier le travail avec les fournisseurs de serveurs de Nvidia, d'après les sources du FT. Mais après avoir reçu la notification de la CAC, ces compagnies ont informé leurs fournisseurs qu'ils devaient arrêter le travail. L'interdiction irait au-delà des exigences antérieures des régulateurs qui se concentraient sur la puce H20, autre puce d'IA de Nvidia dédiée à la Chine. La décision intervient après que les régulateurs chinois ont conclu que les puces domestiques atteignaient des performances comparables à celles des modèles de Nvidia utilisés en Chine...
face à cette situation compliquée, Jensen Huang prône la patience. Le fondateur et dirigeant du géant américain des puces a indiqué aux journalistes à Londres ce mercredi qu'il entendait discuter de la capacité du groupe à faire des affaires en Chine avec Donald Trump ce soir à l'occasion de sa visite d'État au Royaume-Uni. "Nous ne pouvons être au service d'un marché que si le pays veut de nous", a glissé Huang, cité par le FT. "Je suis déçu de ce que je vois, mais ils ont des agendas plus importants à régler, entre la Chine et les États-Unis, et je comprends cela".

* Oracle (-1,71% à 301,41$). L'éditeur mondial de logiciels d'entreprise consolide après sa forte progression du mois de septembre sur des prévisions impressionnantes et des spéculations autour de la vente de TikTok. Pourtant, selon le Wall Street Journal, Oracle, Silver Lake et Andreessen Horowitz feraient partie d'un consortium d'investisseurs qui pourraient prendre le contrôle des opérations américaines de l'application chinoise de vidéos courtes à hauteur de 80%.

* General Mills (-0,77% à 48,18$). Le groupe alimentaire américain aux marques Géant Vert, Häagen-Dazs, Nature Valley, Yoplait, Cheerios ou Old El Paso a annoncé pour son 1er trimestre fiscal des revenus de 4,52 Mds$, légèrement au-dessus des anticipations de marché, pour un bénéfice ajusté par action de 86 cents (-20%) également supérieur aux attentes et un bénéfice net de 1,2 Md$ environ. Les ventes sont en recul de 7% en données consolidées et 3% en organique, tandis que le bénéfice opérationnel ajusté a décliné de 18% à 711 millions de dollars. La marge opérationnelle ajustée ressort à 15,7% (17,8% un an avant). Le groupe maintient ses prévisions sur l'exercice 2026, tablant sur une évolution organique des ventes allant de -1% à +1% et un bpa ajusté dilué en retrait de 10 à 15%.