Wall Street : court mais intense ?

Wall Street, en retrait mercredi avec un recul de 0,3% du DJIA et une baisse de 0,6% sur le Nasdaq Composite, marquait une pause pour Thanksgiving hier et ne rouvre aujourd'hui que pour une séance écourtée. La clôture est ainsi avancée à 19 heures, contre 22 heures, heure française, d'ordinaire. La tendance est marginalement positive en pré-séance, le S&P 500 s'accordant 0,2%, le Dow Jones 0,2% également et le Nasdaq 0,1%.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 0,8% à 69,2$. L'once d'or fin prend 0,7% à 2.659$. L'indice dollar recule de 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin campe sur les 97.000$, alors que Bloomberg nous apprend que les ETFs bitcoin d'émetteurs comprenant BlackRock et Fidelity Investments ont attiré 6,2 milliards de dollars à ce stade en novembre, contre un pic antérieur de 6 milliards de dollars en février sur fond d'euphorie autour du lancement de tels produits au début de l'année...

Avant-hier, la tendance était donc à la consolidation sur les sommets, après des records du Dow Jones et du S&P 500. Les "valeurs IA" fléchissaient dans le sillage des comptes un peu moins solides qu'attendu de Dell et HP Inc. Ce vendredi, l'actualité économique sera extrêmement réduite, aucune statistique américaine n'étant attendue. Il n'y aura pas non plus de publication marquante d'entreprise cotée à Wall Street.

Les ventes en ligne aux États-Unis pour la première moitié des fêtes de Thanksgiving ont augmenté d'environ 4% selon des données Salesforce, ce qui représente le double de la croissance de l'an dernier, à la même période. Néanmoins, les prévisions de ventes pour l'ensemble de la saison des fêtes de fin d'année sont bien plus prudentes. L'agence Reuters cite des études séparées de Deloitte et de la National Retail Federation, selon lesquelles la croissance devrait ressortir au plus bas de six ans.

Plus tôt cette semaine, les opérateurs avaient salué la nomination attendue de Scott Bessent au poste de Secrétaire au Trésor de l'administration Trump. Ils ont aussi pris connaissance hier des projets immédiats de droits de douane proposés par Donald Trump visant le Canada, le Mexique et bien entendu la Chine. L'ex-nouveau président qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a ainsi indiqué son intention de mettre en place, dès son arrivée début 2025, de nouveaux "tarifs douaniers". Ces droits de douane pourraient atteindre 25% sur les produits en provenance du Canada et du Mexique, et ce jusqu'à ce que les deux pays freinent le trafic de stupéfiants, fentanyl notamment, et les flux migratoires clandestins...

Par ailleurs, Donald Trump n'oublie donc pas la Chine et réserve à ses exportations des droits de douane majorés... "J'ai eu de nombreuses discussions avec la Chine au sujet des quantités massives de drogues, notamment de Fentanyl, envoyées aux États-Unis, mais en vain. Les représentants de la Chine m'ont dit qu'ils imposeraient la peine maximale, celle de la mort, à tout trafiquant de drogue surpris en train de faire cela, mais malheureusement, ils n'ont jamais donné suite et la drogue afflue dans notre pays, principalement via le Mexique, à des niveaux jamais vus auparavant. Jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent, nous imposerons à la Chine un tarif supplémentaire de 10%, au-dessus de tout tarif supplémentaire, sur l'ensemble de ses nombreux produits entrant aux États-Unis d'Amérique".

Le ministre mexicain de l'Economie Marcelo Ebrard évalue que ces droits de douane pourraient causer la perte de 400.000 emplois américains et ralentir la croissance des Etats-Unis. Cela serait selon lui comme "se tirer une balle dans le pied". Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a assuré pour sa part avoir eu un bon échange avec Trump à propos des liens "intenses et fructueux" entre les deux pays... Goldman Sachs a alerté d'ailleurs de potentielles "conséquences significatives" pour les consommateurs américains en cas de mise en place des tarifs douaniers prônés par Trump et visant Ottawa... La Chine a enfin dénoncé la décision de Trump, déplorant que les USA rejettent sur elle la responsabilité de la crise des opioïdes. "Imposer des droits de douane arbitraires à des partenaires commerciaux ne résoudra pas les problèmes de l'Amérique", a lancé He Yadong, porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Le marché new-yorkais n'a pas vraiment réagi cette semaine au compte rendu prudent de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed des 6 et 7 novembre dernier. Selon ces "Minutes", les responsables de la Fed sont ressortis partagés sur l'ampleur de futures baisses de taux d'intérêt, tout en estimant que le moment n'était pas opportun pour fournir des indications trop précises sur l'évolution de la politique monétaire aux États-Unis...

Sur le front économique aux USA mercredi, les commandes nouvelles de biens durables d'octobre se sont affichées en augmentation de 0,2% en comparaison du mois antérieur contre +0,5% de consensus... La deuxième estimation préliminaire du PIB américain du troisième trimestre a confirmé une croissance au rythme de 2,8%, en ligne avec les anticipations de marché, tandis que les dépenses personnelles de consommation ont augmenté sur un rythme de 3,5%, à comparer à un consensus de 3,7% et à une lecture initiale de 3,7% également... L'indice manufacturier régional PMI de Chicago du mois de novembre 2024 s'est affiché très inférieur aux attentes de marché, à 40,2, contre un consensus de place de 44 mesuré par FactSet.

Les revenus personnels des ménages américains du mois d'octobre 2024 ont augmenté de 0,6% en comparaison du mois antérieur, soit une progression deux fois plus importante que prévu, après une hausse de 0,3% en septembre. Les dépenses personnelles de consommation ont quant à elles progressé de 0,4% d'un mois sur l'autre, alors que le consensus était de 0,3%. L'indice des prix "core PCE" si suivi par la Fed, a augmenté de 0,3% par rapport à septembre et de 2,8% sur un an, en ligne avec les anticipations des économistes de la place.

Les valeurs

Microsoft. La Federal Trade Commission américaine a ouvert une enquête antitrust sur Microsoft portant sur "tout, depuis les activités de cloud computing et de licences de logiciels de l'entreprise jusqu'aux offres de cybersécurité et aux produits d'intelligence artificielle", selon Bloomberg. "Après plus d'un an d'entretiens informels avec des concurrents et des partenaires commerciaux, les autorités antitrust ont rédigé une demande détaillée pour forcer Microsoft à fournir des informations", précise Bloomberg, citant des personnes proches du dossier. La demande, qui compte des centaines de pages, aurait été adressée à l'entreprise après l'approbation de la présidente de la FTC, Lina Khan, a déclaré l'une des sources de Bloomberg.

Les avocats antitrust de la FTC devraient rencontrer les concurrents de Microsoft la semaine prochaine pour recueillir plus d'informations sur les pratiques commerciales de la firme de Redmond, selon deux autres personnes proches des projets citées par Bloomberg, mais qui ont demandé à ne pas être nommées s'agissant d'une question confidentielle. L'examen minutieux par la FTC des activités de cloud computing de Microsoft se serait intensifié après une série d'incidents de cybersécurité impliquant les produits de l'entreprise. L'entreprise est l'un des principaux sous-traitants du gouvernement, fournissant des milliards de dollars en logiciels et services cloud aux agences américaines, notamment au ministère de la Défense, rappelle encore Bloomberg.

Meta. Le président élu Donald Trump a dîné mercredi avec le patron de Meta (Facebook), Mark Zuckerberg, dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride. Ainsi, Zuckerberg a rencontré Trump et des membres de son équipe, ce qu'a confirmé à Bloomberg un représentant du géant des réseaux sociaux. Les détails des échanges ne sont pas connus. Le représentant a indiqué par ailleurs que Zuckerberg n'était pas resté pour Thanksgiving... La rencontre intervient alors que dans le clan républicain, de nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois contre la supposée censure de visions conservatrices par des plateformes majeures comme Facebook. Le réseau social avait d'ailleurs banni Trump durant sa précédente présidence, en janvier 2021, suite à l'assaut du Capitole. Trump avait ensuite accusé Zuckerberg d'avoir interféré dans l'élection présidentielle de 2020. Meta a restauré les comptes Facebook et Instagram de Trump en début d'année dernière.

Amazon aurait développé une IA générative capable de traiter images, vidéos et texte, réduisant ainsi un peu sa dépendance vis-à-vis de la startup Anthropic, l'une des vedettes du secteur dans laquelle le géant du commerce en ligne vient tout de même d'investir 4 milliards de dollars de plus - soit 8 milliards de dollars au total. 'The Information', citant une personne familière de la question, rapporte donc que le colosse de Seattle pourrait annoncer "Olympus" dès la semaine prochaine à l'occasion de la conférence client annuelle 'AWS re:Invent'. Il s'agirait surtout de montrer que le groupe n'est pas distancé par Microsoft / OpenAI et Google dans le domaine de l'IA, ce qui reste la perception la plus répandue. La nouvelle IA au nom de code Olympus serait capable de comprendre des scènes en images et vidéos, ainsi que d'aider les clients à rechercher des scènes spécifiques en utilisant un simple prompt. C'est du moins ce qu'indique The Information, citant des sources proches.

General Motors. S&P Global a indiqué que les tarifs douaniers US pourraient faire perdre jusqu'à 17% de leurs bénéfices ajustés annuels combinés aux constructeurs américains et européens. S&P s'inquiète donc des droits de douane prévus par Trump et visant notamment les importations de véhicules provenant d'Europe, du Mexique ou du Canada. L'agence prévient de possibles dégradations de notations de crédit. S&P ajoute que les constructeurs premium Volvo et Jaguar Land Rover, qui produisent surtout en Europe, ainsi que d'autres groupes tels que Stellantis ou General Motors, qui assemblent de gros volumes au Mexique et au Canada, comptent parmi les plus exposés. S&P explique que son scénario du pire comprend une taxe de 20% sur les importations aux USA de véhicules légers venant de l'Union européenne et du Royaume-Uni, ainsi que des droits de douane de 25% sur les importations provenant du Mexique et du Canada.