Wall Street flambe avec Nvidia et Walmart !

Wall Street accélère en hausse ce jeudi, au lendemain de résultats et prévisions particulièrement solides du géant de l'IA, Nvidia, qui conforte ainsi sa place de première capitalisation mondiale et rassure aussi des marchés tétanisés ces derniers jours par la crainte d'une bulle de l'intelligence artificielle. Walmart réconforte aussi avec une solide guidance. Notons également la publication tardive du rapport sur l'emploi américain de septembre, qui s'affiche bien meilleur que prévu du point de vue des créations de postes... Le S&P 500 s'envole de 1,82% désormais à 6.763 pts, alors que le Nasdaq flambe de 2,45% à 23.117 pts. Le Dow Jones grimpe de 1,48% à 46.819 pts. Hier, les indices avaient longuement hésité malgré le soutien d'Alphabet, dopé par le lancement très apprécié de son modèle d'IA le plus ambitieux, Gemini 3 - Alphabet qui prend encore 4,6% ce jour.

Le narratif de la bulle de l'IA a donc un peu de plomb dans l'aile. Le leader sectoriel Nvidia a démontré que la demande restait très importante et accélérait même encore pour ses produits, tandis qu'Alphabet, longtemps perçu comme en retard par rapport aux startups phares du secteur et notamment OpenAI, est maintenant considéré comme un "gagnant" évident de ce nouvel écosystème. Cela ne dissipe pas complètement les inquiétudes relatives aux niveaux exorbitants de dépenses des géants technologiques américains et de startups pourtant largement déficitaires, ni celles concernant des accords aux apparences circulaires, dans le cadre desquels de grands groupes de la 'tech' investissent massivement dans des sociétés clientes. Mais la place américaine manifeste quoi qu'il en soit ce matin un certain soulagement.

En revanche, les anticipations monétaires pour la réunion de la Fed du 10 décembre ont largement basculé vers un statu quo, scénario qui présente selon l'outil CME FedWatch une probabilité de 58,2%, contre 41,8% de 'proba' d'une baisse de taux d'un quart de point. Il faut dire que les Minutes de la précédente réunion de la Fed, publiées hier soir, ont fait référence de manière insistante au risque de résurgence de l'inflation. Plusieurs participants ont certes jugé qu'une baisse additionnelle de taux pourrait être appropriée en décembre, mais "de nombreux participants" ont suggéré que selon leurs prévisions économiques, il serait plutôt approprié de maintenir les taux inchangés pour le reste de l'année. Tous les participants se sont accordés sur le fait que la politique monétaire n'était pas sur une trajectoire préétablie et dépendrait d'une large palette de données économiques nouvelles et de l'évolution des perspectives, ainsi que de l'équilibre des risques.

La présidente de la Réserve fédérale de Cleveland, Beth Hammack, s'exprimant ce jeudi, a déclaré que la baisse des taux d'intérêt pour soutenir le marché du travail pourrait prolonger la période d'inflation supérieure à l'objectif et accroître les risques pour la stabilité financière.

Michael Barr, gouverneur de la Fed, disserte ce jeudi au sujet de l'intelligence artificielle à l'occasion du FinRegLab AI Symposium 2025 à Washington. Il juge que l'IA génère déjà des gains significatifs en matière de PIB, même si elle ne se traduit pas encore par des gains de productivité. Il constate aussi que les tendances des marchés actions influencent les décisions d'achat des consommateurs les plus aisés. Malgré les perturbations de court terme, il juge que l'intelligence artificielle devrait apporter des bénéfices globaux. L'IA serait donc probablement globalement positive, selon le gouverneur...

Donald Trump a laissé entendre avant-hier qu'il avait déjà bien avancé dans son choix parmi les candidats pour le poste de prochain président de la Fed. "Je crois savoir déjà qui je choisirais", a lancé Trump aux journalistes dans le Bureau ovale, concernant le successeur de Jerome Powell dont le mandat s'achève en mai. Le président américain a réaffirmé sa préférence pour le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, qui a cependant décliné. Désignant Bessent, Trump a indiqué : "Je l'apprécie, mais il ne prendra pas le poste. Il refusera". "Nous avons des noms surprenants et des noms plus classiques dont tout le monde parle", a glissé Trump. "Et nous pourrions opter pour la solution classique. Il est bon, de temps en temps, de suivre le politiquement correct", a ajouté le président américain. Les cinq candidats présélectionnés sont les gouverneurs de la Fed Christopher Waller et Michelle Bowman, l'ancien gouverneur de la Fed Kevin Warsh, le directeur du NEC Kevin Hassett et le responsable des titres à revenu fixe de BlackRock, Rick Rieder. Bessent dirige le processus d'entretiens. Il a indiqué que Trump rencontrerait prochainement les candidats. Le responsable du Trésor devrait avoir terminé ses entretiens du deuxième tour d'ici Thanksgiving.

Sur le front économique ce jour, le rapport sur l'emploi américain de septembre vient d'être publié avec beaucoup de retard du fait du 'shutdown'. Les créations de postes non-agricoles se sont établies au nombre de 119.000, deux fois plus élevées que prévu (consensus 50.000 selon FactSet), tandis que le taux de chômage est remonté à 4,4%, contre un consensus de 4,3%. Les créations de postes dans le privé sont ressorties au nombre de 97.000. Le taux de participation à la force de travail s'est établi à 62,4%. Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 3,8% sur un an...

Les inscriptions au chômage ont reculé plus fortement que prévu la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail vient en effet d'annoncer, pour la semaine close au 15 novembre, que les inscriptions au chômage se sont élevées à 220.000, en repli de 8.000 par rapport au niveau de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 227.000. La moyenne à quatre semaines ressort à 224.250, en baisse de 3.000. Enfin, le nombre de chômeurs indemnisés sur la semaine close le 8 novembre ressort à 1,974 million (1,930 million de consensus), en hausse de 28.000 sur sept jours.

L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour octobre est ressorti à -1,7 contre un consensus proche de zéro, ce qui signale une légère contraction de l'activité manufacturière dans la région considérée. L'indice était toutefois nettement plus déprimé en septembre, à -12,8.

Les reventes de logements existants aux États-Unis pour le mois d'octobre 2025 se sont établies à 4,1 millions d'après la National Association of Realtors (NAR), contre 4,085 millions de consensus FactSet et 4,05 millions un mois avant, en lecture révisée.

L'actualité des entreprises cette semaine est dominée par Nvidia et les publications des détaillants. Nvidia et Palo Alto Networks publiaient hier soir. Walmart, Intuit, NetEase, Ross Stores, Veeva, Copart, Vipshop Holdings, Gap et Warner Music Group annoncent ce jeudi. BJ's Wholesale publiera demain.

Les valeurs

Nvidia (+4%). Le groupe de Jensen Huang a affiché au 3e trimestre une performance une fois de plus impressionnante, réalisant un chiffre d'affaires de 57 milliards de dollars contre environ 55 milliards de consensus, et un bénéfice ajusté par action de 1,30$ supérieur de 5 cents aux anticipations de brokers. Les revenus totaux ont augmenté de 62% en glissement annuel, alors que les revenus de centres de données se sont envolés de 66% à 51,2 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté par action a grimpé de 60%. Les revenus du 4e trimestre sont attendus entre 63,7 et 66,3 milliards de dollars, contre 62 milliards de consensus.

"Les ventes de Blackwell explosent et les GPU cloud sont en rupture de stock. La demande en puissance de calcul ne cesse de croître et de s'amplifier, tant pour l'entraînement que pour l'inférence, avec une croissance exponentielle. Nous sommes entrés dans le cercle vertueux de l'IA. L'écosystème de l'IA se développe rapidement : de nouveaux créateurs de modèles fondamentaux, de nouvelles startups spécialisées, dans davantage de secteurs et de pays. L'IA est partout, elle fait tout, simultanément", a lancé Huang, fondateur et DG du géant des puces d'IA.

Nvidia a donc fait état d'un chiffre d'affaires record pour le troisième trimestre clos le 26 octobre 2025, de 57 milliards, en hausse de 22% par rapport au trimestre précédent et de 62% par rapport à il y a un an. Pour le trimestre, les marges brutes consolidée et ajustée étaient respectivement de 73,4% et 73,6%. Le bénéfice net ajusté a été de 31,8 milliards de dollars, contre 25,8 milliards sur le trimestre antérieur et 20 milliards de dollars un an avant. Ainsi, le résultat net augmente de 23% en séquentiel et de 59% en glissement annuel pour le trimestre clos. Pour le quatrième trimestre de l'exercice 2026, le chiffre d'affaires est donc attendu à 65 milliards, plus ou moins 2%, tandis que la marge brute ajustée est anticipée à 75%, plus ou moins 50 points de base.

Le DG de Nvidia a directement critiqué les analystes et commentateurs qui évoquent le risque d'une bulle, soulignant la position exceptionnellement forte de son entreprise. "On parle beaucoup de bulle de l'IA. De notre point de vue, nous voyons les choses très différemment", a asséné Huang lors de la conférence de présentation des résultats. Le dirigeant a affirmé que Nvidia était bien positionné pour réussir "à chaque étape de l'IA, du pré-entraînement au post-entraînement, en passant par l'inférence".

La directrice financière Colette Kress, a déclaré que les ventes de Blackwell continuaient de progresser tandis que Rubin resterait en bonne voie pour atteindre son plein potentiel au second semestre 2026. "Nous avons actuellement une visibilité sur un chiffre d'affaires de 500 milliards de dollars pour Blackwell et Rubin, du début de cette année jusqu'à la fin de l'année civile 2026", a déclaré Kress, ajoutant que "le GB300 a dépassé le GB200 et a contribué à hauteur d'environ deux tiers au chiffre d'affaires total de Blackwell. La transition vers le GB300 s'est déroulée sans problème".

Les avis de brokers sont majoritairement positifs après ces annonces, avec notamment, de sources de marché, un cours-cible de 352$ d'Evercore ISI, des objectifs de 275$ de Baird, Bernstein ou Barclays, une cible à 270$ de Citi, des objectifs de 250$ de Jefferies, JP Morgan ou Goldman Sachs (...).

Palo Alto Networks (-2,3%), le géant californien de la sécurité informatique, a publié des comptes du premier trimestre légèrement au-dessus des attentes, affichant des revenus de 2,5 milliards de dollars (+16%) et un bénéfice ajusté par action de 93 cents, tandis que le consensus de marché se situait à 90 cents. Palo Alto a par ailleurs légèrement relevé ses anticipations annuelles de ventes. Le RPO, mesure des revenus futurs des contrats existants, a augmenté de 24% pour atteindre 15,5 milliards de dollars. Le bénéfice net ajusté a été de 662 millions de dollars, contre 545 millions de dollars pour le trimestre comparable de l'an dernier.

"Notre excellent début d'exercice a été marqué par des résultats exceptionnels sur tous les indicateurs et d'importantes réussites en matière de plateformes", a déclaré Nikesh Arora, PDG. "Notre solide moteur d'innovation, associé aux acquisitions stratégiques de CyberArk et Chronosphere, nous positionne comme le partenaire de référence en matière de données et de sécurité à l'ère de l'IA"... "Nous avons continué à exceller dans notre exécution en ce début d'année, comme en témoignent notre forte croissance du chiffre d'affaires et notre efficacité opérationnelle", a déclaré Dipak Golechha, directeur financier. "Cette croissance rentable et soutenue s'est traduite par une nouvelle marge opérationnelle supérieure à 30% au cours du dernier trimestre et renforce notre confiance dans l'atteinte d'une marge de flux de trésorerie disponible ajustée supérieure à 40% pour l'exercice 2028". Palo Alto a annoncé par ailleurs son intention d'acquérir Chronosphere, une plateforme d'observabilité pour les datacenters à l'ère de l'IA, pour un montant de 3,35 milliards de dollars.

NetEase (+2,4%), le groupe Internet chinois coté à Wall Street, fléchit avant bourse suite à sa publication financière trimestrielle. Pour son 3e trimestre, le groupe a affiché un bénéfice de 1,2 milliard de dollars environ et un bénéfice ajusté par action de 2,07$, pour des revenus de 4 milliards de dollars en augmentation de 8,2%. Sur une base ajustée, le bénéfice net part du groupe a été de 9,5 milliards de yuans ou 1,3 milliard de dollars. "Nous avons réalisé un nouveau trimestre d'excellentes performances, confirmant notre forte croissance en Chine et notre popularité croissante à l'international", a déclaré M. William Ding, directeur général de NetEase.

Walmart (+6,2% !). Le géant américain de la grande distribution vient de réviser à la hausse ses prévisions avant la cruciale saison des fêtes de fin d'année. Le groupe de Bentonville, Arkansas, a annoncé pour son 3e trimestre fiscal 2026 des revenus en croissance de 5,8% ou 6% à devises constantes, à 179,5 milliards de dollars, tandis que ses ventes mondiales dans le e-commerce ont progressé de 27%. Le taux de marge brute a augmenté de 2 points de base avec Walmart US. Le bénéfice opérationnel a peu évolué en glissement annuel, tandis que le bénéfice ajusté par action a représenté 62 cents. Le consensus était logé à 60 cents de bénéfice ajusté par action pour 178 milliards de dollars de revenus. Les ventes à comparable sur le marché américain ont augmenté de 4,5%, mieux que le consensus qui s'établissait à environ 4%. Le trafic a progressé de 1,8%, tandis que le panier moyen a augmenté de 2,7% dans les magasins domestiques.

En termes de perspectives, le groupe envisage désormais une croissance du chiffre d'affaires de l'exercice 2026 allant de 4,8 à 5,1%, un bénéfice opérationnel ajusté en hausse de 4,8 à 5,5%, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action allant de 2,58 à 2,63$. Walmart a aussi fait état ce jeudi de plans de transfert de cotation du Nyse vers le marché technologique du Nasdaq. Le titre ferait ses débuts sur le Nasdaq Global Select Market dès le 9 décembre prochain, sous le même symbole, 'WMT'.

Jacobs Solutions (-5,3%), le groupe de Dallas actif dans les services techniques et de construction, a annoncé pour son 4e trimestre fiscal un bénéfice net de 138 millions de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 1,75$ (+28%), nettement supérieur aux anticipations de brokers. Les revenus trimestriels bruts se sont établis à 3,15 milliards, en croissance de 6,6%, tandis que les revenus ajustés ont augmenté de 5,8% à 2,2 milliards de dollars. Sur l'exercice clos, le bénéfice net a totalisé 313 millions de dollars pour des revenus de plus de 12 milliards. Le groupe envisage, pour l'exercice entamé, un bénéfice par action allant de 6,90 à 7,30$ sur une base ajustée (+16% en milieu de fourchette). Le backlog s'est affiché à 23,1 milliards de dollars, en hausse de 5,6%.

Warner Music Group (-2,1%) a publié ce jeudi pour son 4e trimestre fiscal 2025, clos fin septembre, des revenus en croissance de 15% ou 13% à devises constantes, des revenus digitaux en hausse de 8%, ainsi qu'un bénéfice net de 109 millions de dollars, plus que doublé en glissement annuel. Le cash flow des activités opérationnelles a été de 231 millions de dollars, en repli de 24%. Les revenus trimestriels ont atteint un plus haut historique de 1,87 milliard de dollars. Le bénéfice ajusté par action a quasiment triplé à 21 cents, mais le consensus était encore plus élevé.

Verizon (-0,5%), l'opérateur télécom américain, a annoncé les suppressions de plus de 13.000 emplois, sa plus importante vague de licenciements jamais enregistrée, dans le cadre d'une restructuration visant évidemment à réduire les coûts. Le groupe a également indiqué son intention de convertir 179 boutiques en propre en franchises et de fermer un magasin. Dans une note adressée aux employés et relayée notamment par Reuters, le nouveau DG de Verizon, Dan Schulman, a donc expliqué que l'entreprise allait réduire ses effectifs de plus de 13.000 personnes au sein de l'organisation et diminuer significativement ses dépenses liées à la sous-traitance et aux services externes. "Notre structure de coûts actuelle limite notre capacité à investir significativement dans notre proposition de valeur client", écrit Schulman dans cette note consultée par Reuters.

Un porte-parole de l'opérateur cité par Reuters confirme les coupes dans les effectifs, le groupe ajoutant que ces mesures ne seraient pas dues à l'utilisation de l'intelligence artificielle... Reuters et d'autres médias avaient évoqué la semaine dernière des coupes encore plus sévères portant sur environ 15.000 postes au sein de l'opérateur, dont la majeure partie parmi les effectifs américains.

Abbott (-2,2%), le géant pharmaceutique américain, et Exact Sciences (+17,6%), ont annoncé aujourd'hui la signature d'un accord définitif portant sur l'acquisition d'Exact Sciences par Abbott. Cette opération permettra à Abbott de se positionner comme leader sur le segment en forte croissance du diagnostic du cancer "et d'aider ainsi des millions de personnes supplémentaires". Aux termes de l'accord, les actionnaires d'Exact Sciences recevront 105$ par action ordinaire, ce qui représente une valeur totale d'environ 21 milliards de dollars. Ensemble, les deux entreprises "accéléreront l'innovation, élargiront l'accès à des diagnostics qui changent la vie et aideront un plus grand nombre de personnes à détecter et à prendre en charge le cancer à un stade précoce, lorsqu'il est plus facile à traiter", selon le communiqué du jour.

Abbott acquerra la totalité des actions en circulation d'Exact Sciences au prix de 105$ par action ordinaire, en numéraire, pour une valeur totale equity d'environ 21 milliards et une valeur d'entreprise estimée à 23 milliards. Le financement d'Abbott prévoit la reprise de la dette nette d'Exact Sciences, estimée à 1,8 milliard de dollars. La finalisation de l'opération est prévue au deuxième trimestre 2026 et est soumise à l'approbation des actionnaires d'Exact Sciences, ainsi qu'à l'obtention des autorisations réglementaires applicables et aux autres conditions de clôture habituelles. L'opération a été approuvée à l'unanimité par les conseils d'administration des deux sociétés. Exact Sciences prévoit un chiffre d'affaires supérieur à 3 milliards de dollars cette année, avec un taux de croissance organique des ventes à 15%.