Wall Street s'offre un sursaut, alors que Trump baisse d'un ton sur la Chine
Apaisement des tensions ?

Wall Street rebondit fortement ce lundi, le S&P 500 s'adjugeant 1,34% à 6.640 pts, le Dow Jones 1,06% à 45.961 pts et le Nasdaq 1,80% à 22.603 pts, avec le fameux "TACO trade". L'acronyme TACO signifie 'Trump Always Chickens Out', ce qui se traduirait en quelque sorte par "Trump se déballonne toujours". Une expression qui avait pris de l'ampleur en mai 2025 lorsque Trump était rapidement revenu sur ses menaces de droits de douane du 'jour de la Libération'. Vendredi, les indices américains avaient décroché (-1,9% sur le DJIA et -3,56% pour le Nasdaq) suite à la menace de nouveaux droits de douane de 100% sur la Chine au 1er novembre, mais le président américain, qui est sans doute plus à l'écoute de Wall Street qu'il ne veut le prétendre, a tenté ensuite de radoucir le ton.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 1,6% à 59,9$. L'once d'or fin prend encore 2% à 4.097$, sur un nouveau sommet. L'indice dollar s'accorde 0,3% face à un panier de devises. Le bitcoin se redresse vers les 115.000$ après sa grosse faiblesse de vendredi.
"Ne vous inquiétez pas pour la Chine, tout ira bien ! Le très respecté président Xi vient de traverser une mauvaise passe. Il ne veut pas de dépression pour son pays, et moi non plus. Les États-Unis veulent aider la Chine, pas lui nuire !", a donc indiqué Trump hier, soucieux sans doute de 'calmer un peu le jeu' suite à son message de vendredi sur Truth Social dans lequel il affirmait que la Chine avait pris une position extrêmement agressive sur le commerce en adressant au monde entier une lettre "extrêmement hostile" indiquant que le pays allait dès le 1er novembre imposer de larges contrôles à l'export sur pratiquement tous les produits. Trump avait alors évoqué une attitude jamais observée en termes de commerce international et une "disgrâce morale". Sur la base de ces supposées positions sans précédent de Pékin, Trump avait déclaré qu'à partir du 1er novembre - "ou bien plus tôt" sous réserve des actions ou changements futurs décidés par la Chine -, les États-Unis allaient imposer des droits de douane supplémentaires de 100% sur la Chine. Il indiquait également que Washington allait imposer des contrôles à l'export sur tous les logiciels critiques.
Mais Trump semble donc depuis revenir quelque peu sur ses positions. Il a aussi déclaré que la date limite du 1er novembre pour l'imposition des droits de douane sur la Chine était "une éternité". Il a souligné qu'il n'avait pas annulé l'entretien prévu avec son homologue chinois Xi Jinping.
La Chine a déclaré pour sa part dimanche ne pas craindre une guerre commerciale avec les États-Unis, après que Trump a promis d'imposer de nouveaux droits de douane punitifs sur les importations chinoises. Un porte-parole du ministère chinois du Commerce, cité par CNBC, a accusé les États-Unis de faire "deux poids, deux mesures", suite à la promesse faite vendredi par Trump d'imposer des droits de douane supplémentaires de 100% sur ces importations après l'imposition par la Chine de nouveaux contrôles à l'exportation de minéraux de terres rares. Les menaces délibérées de droits de douane élevés ne sont pas la bonne façon de s'entendre avec la Chine, a déclaré le porte-parole. "La position de la Chine sur la guerre commerciale est cohérente : nous ne la souhaitons pas, mais nous n'en avons pas peur", a-t-il ajouté. Le porte-parole a déclaré que les États-Unis avaient longtemps outrepassé le concept de sécurité nationale, abusé du contrôle des exportations, pris des mesures discriminatoires à l'encontre de la Chine et imposé des mesures juridictionnelles unilatérales à long terme sur divers produits, notamment les semi-conducteurs et les puces. La liste de contrôle du commerce des États-Unis couvre plus de 3.000 articles, soit plus de trois fois les quelque 900 articles figurant sur la liste chinoise des biens à double usage contrôlés à l'exportation, a précisé le porte-parole, repris par CNBC.
La situation demeure donc très évolutive sur ce front commercial sino-américain, mais les derniers commentaires de Trump ont quelque peu calmé les marchés... Trump et Xi Jinping doivent se rencontrer lors d'un sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud à la fin du mois. Le président américain avait remis cette rencontre en question vendredi compte tenu de la posture commerciale de la Chine, mais il a donc ensuite précisé qu'il n'avait pas annulé le meeting.
Bloomberg explique par ailleurs ce jour que selon les analystes, la nouvelle série de restrictions imposées par la Chine sur l'exportation de batteries pourrait avoir des conséquences majeures sur les entreprises américaines. Pékin a déjà utilisé les terres rares comme un outil dans sa guerre commerciale, mais grâce à sa position dominante dans le secteur des batteries, la Chine aurait identifié un autre levier dans les négociations commerciales, les États-Unis ayant de plus en plus besoin de stockage d'énergie pour alimenter leurs centres de données et stabiliser le réseau électrique...
Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a indiqué ce jour que "tout était sur la table" sur le front commercial concernant la Chine. Il se dit toutefois confiant dans une désescalade, suite aux récentes tensions, et espère rencontrer son homologue chinois en Asie avant l'entretien entre Donald Trump et Xi Jinping. Dans une interview accordée à Fox Business, il souligne que les USA ont agressivement résisté aux contrôles à l'exportation de la Chine. "C'était une démarche provocatrice", a jugé le Secrétaire au Trésor, qui note qu'il y a eu une communication importante au cours du week-end. "Il y aura de nombreuses réunions d'équipe", a insisté Bessent. "Ils ne nous donneront ni ordres ni contrôle", assure-t-il.
"Nous avons déjà pris contact avec nos alliés et nous les rencontrons cette semaine", a aussi lancé le responsable, qui juge que 'c'est la Chine contre le monde"... "Nous ne laisserons pas les restrictions à l'exportation imposées par la Chine perdurer", a aussi asséné Bessent, qui attend "le soutien de l'Inde et d'autres pays". Il pense que la Chine reste ouverte à la discussion sur ce sujet, mais si cela n'était pas le cas, les États-Unis "disposent de leviers importants sur lesquels ils peuvent agir" et "pourraient agir de manière plus agressive que la Chine".
Sur le front économique cette semaine, de nombreux responsables de la Fed s'expriment encore, avec Anna Paulson ce lundi, Susan Collins demain, Raphael Bostic mercredi, ou encore Thomas Barkin et Neel Kashkari jeudi. L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York et le Livre Beige de la Fed sont attendus mercredi. Jeudi, le programme est supposé chargé avec les inscriptions au chômage, l'indice des prix à la production, les ventes de détail, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, les stocks des entreprises, ainsi que l'indice du marché immobilier, mais bon nombre de ces statistiques pourraient être reportées du fait du 'shutdown' persistant. Enfin, vendredi, sont en principe attendus les mises en chantier de logements et permis de construire, les prix à l'import et à l'export, ou bien la production industrielle.
Dans l'actualité des entreprises, la saison des trimestriels débute avec surtout les valeurs financières. Fastenal publie ses comptes trimestriels aujourd'hui. JP Morgan, Johnson & Johnson, Wells Fargo, Goldman Sachs, BlackRock, Citigroup, Domino's Pizza ou Albertsons, annoncent mardi. ASML, Bank of America, Morgan Stanley, Abbott, Progressive Corporation, Prologis, PNC Financial, Kinder Morgan, United Airlines, Synchrony Financial, Citizens Financial Group, JB Hunt et First Horizon, publient mercredi. TSMC, Charles Schwab, Intuitive Surgical, Interactive Brokers, Marsh & McLennan, Bank of New York Mellon, US Bancorp, CSX, The Travelers Companies, M&T Bank et KeyCorp, annoncent jeudi. American Express, Truist Financial, Comerica, Ally Financial, Regions Financial, Huntington Bancshares, State Street, Fifth Third Bancorp et SLB (ex-Schlumberger), publient vendredi.
Les valeurs
Broadcom (+9,8%) rebondit à Wall Street, alors qu'OpenAI s'est associé au groupe pour produire ses premières puces d'intelligence artificielle. OpenAI et Broadcom co-développeront des systèmes incluant des accélérateurs et des solutions Ethernet Broadcom pour une évolutivité verticale et horizontale, indiquent les partenaires. Broadcom déploiera des racks d'accélérateurs et de systèmes réseau d'IA. Le déploiement est prévu pour le second semestre 2026 et devrait être achevé fin 2029. Cet accord est le dernier d'une série d'investissements massifs dans les puces d'IA. OpenAI avait dévoilé déjà la semaine dernière un accord de fourniture de puces d'IA de 6 gigawatts avec AMD, incluant une option d'achat de participation dans le fabricant de puces allant jusqu'à 9% du capital, quelques jours après avoir révélé que Nvidia prévoyait d'investir jusqu'à 100 milliards de dollars dans la start-up d'IA et de lui fournir des systèmes de centres de données d'une capacité d'au moins 10 gigawatts.
OpenAI et Broadcom ont annoncé une collaboration portant sur 10 gigawatts d'accélérateurs d'IA personnalisés. OpenAI concevra les accélérateurs et les systèmes, qui seront développés et déployés en partenariat avec Broadcom. En concevant ses propres puces et systèmes, OpenAI peut intégrer directement au matériel les connaissances acquises lors du développement de modèles et de produits de pointe, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux niveaux de capacité et d'intelligence. Les racks, entièrement dimensionnés avec Ethernet et d'autres solutions de connectivité de Broadcom, "répondront à la forte demande mondiale en matière d'IA, avec des déploiements dans les installations d'OpenAI et les centres de données partenaires".
Fastenal (-5,8%), acteur américain des fournitures industrielles, a publié pour son troisième trimestre fiscal des revenus totalisant 2,13 milliards de dollars, en croissance de 11,7% en glissement annuel, pour un bénéfice opérationnel de 441 millions en augmentation de 14% et un bénéfice net de 335 millions de dollars en hausse de 13%. Le bpa dilué net a été de 29 cents, en hausse de 12%. Des résultats qui ressortent un peu courts, puisque le consensus était de 30 cents de bpa ajusté trimestriel pour 2,13 milliards de dollars de revenus.
JP Morgan Chase (+2,4%) a indiqué être prête à investir jusqu'à 10 milliards de dollars sur dix ans dans des titres et participations de capital-risque liées à des compagnies opérant dans des industries clés aux Etats-Unis telles que la défense, l'intelligence artificielle ou les minéraux. Ces plans s'inscrivent dans une stratégie plus large de "sécurité et résilience" de la plus grande banque américaine, qui entend engager 1.500 milliards de dollars de financements et de dépenses dans des secteurs essentiels à la sécurité nationale et économique des États-Unis et de leurs pays alliés, précise Yahoo! Finance, citant le patron de l'établissement Jamie Dimon selon lequel il s'agit là d'accélérer les investissements dans ces industries critiques où les États-Unis et leurs alliés sont freinés sur le plan national et excessivement dépendants des chaînes d'approvisionnement étrangères.
Microsoft (+0,7%) et le géant japonais SoftBank seraient en pourparlers en vue d'un investissement dans le groupe britannique de technologie de conduite autonome Wayve, selon le Financial Times, qui évoque des discussions de la firme avec des investisseurs pour lever jusqu'à 2 milliards de dollars. La startup britannique pourrait alors être valorisée environ 8 milliards de dollars, d'après les sources du FT.
Salesforce (+1,2%) a annoncé que sa plateforme d'intelligence artificielle Agentforce 360 allait être disponible mondialement sur sa suite d'outils cloud pour aider ses clients à automatiser leurs tâches courantes. "Agentforce 360 ??connecte les humains, les agents et les données sur une plateforme unique et fiable", a déclaré Marc Benioff, DG de Salesforce. Agentforce 360 ??compte 12.000 clients. Salesforce a également annoncé que son outil de messagerie Slack permettrait aux employés d'utiliser l'IA conversationnelle dans les chats pour collecter des données et effectuer des tâches, avec des contrôles d'entreprise et des garde-fous... Salesforce a aussi annoncé son intention d'investir... 15 milliards de dollars à San Francisco sur les cinq prochaines années afin d'y soutenir l'innovation IA et le développement de la force de travail.
Amazon (+1,2%) a annoncé lundi l'embauche de 250.000 personnes pour la période des fêtes dans ses réseaux de distribution et de transport aux États-Unis, soit le même nombre que les deux dernières années, alors que le géant du e-commerce se prépare à une augmentation des commandes. Le groupe embauchera des employés à temps plein et à temps partiel à 23$ de l'heure avec des avantages sociaux, tandis que les travailleurs saisonniers gagneront un salaire moyen de plus de 19$ de l'heure, a indiqué le géant du e-commerce.
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