Wall Street efface ses pertes avec les espoirs commerciaux

Wall Street revient proche de l'équilibre avant bourse ce vendredi, suite aux commentaires de Donald Trump laissant entendre que les tarifs douaniers de 100% sur la Chine ne seront pas maintenus. Le président américain a confirmé par ailleurs qu'il allait bien s'entretenir avec Xi Jinping dans deux semaines. La Chine a de son côté adopté aussi ces dernières heures un ton un peu plus souple. Le S&P 500 est donc désormais pratiquement stable en pré-séance, alors qu'il perdait jusqu'à 1,4% il y a quelques heures. Le Dow Jones pointe en hausse de 0,1% avant bourse. Le Nasdaq ne perd plus que 0,3%...

Les inquiétudes demeurent toutefois concernant le segment bancaire. Les valeurs financières, dont Zions Bancorp, Jefferies et Western Alliance, ont corrigé déjà hier, les investisseurs s'inquiétant de l'exposition de ces établissements. Zions a passé une charge de 50 millions de dollars pour deux prêts relatifs à sa division California Bank & Trust. Western Alliance a pour sa part déposé une plainte alléguant une fraude de la part de l'emprunteur concernant une facilité de crédit renouvelable accordée à une entité appelée Cantor Group V LLC. Ces inquiétudes plus générales sur le segment bancaire font suite à deux faillites importantes en septembre, celle de Tricolor et celle de First Brands. Western Alliance a tenu toutefois à préciser que ses annonces n'avaient rien à voir avec les deux acteurs de l'automobile. Jefferies Financial Group a pour sa part été affecté en bourse, car un fonds de sa division de gestion d'actifs détiendrait 715 millions de dollars de créances dues par les clients de First Brands... Le DG de Jefferies, Richard Handler, et son président Brian Friedman, ont souligné que l'exposition de la firme était "facilement absorbable" et que l'impact sur les actions et la perception du crédit de la société était "significativement exagéré". Une exposition évaluée plutôt à 43 millions de dollars en comptes clients et 2 millions de dollars d'intérêts sur les prêts bancaires de First Brands.

Le CEO de JP Morgan, Jamie Dimon, a fait son mea culpa cette semaine en marge de la présentation des comptes de la première banque américaine, en évoquant les pertes subies suite à la chute de Tricolor Holdings, déclarant que "ce n'était pas notre meilleur moment". JPM a comptabilisé une charge de 170 millions de dollars liée à ses prêts de gros à Tricolor. "Je ne devrais pas le dire, mais lorsqu'on voit un cafard, il y en a probablement d'autres. Il faut être prévenu", avait ajouté Dimon, soulevant la question de l'exposition plus générale des banques aux institutions financières non bancaires.

Donald Trump semble quant à lui 'calmer le jeu' sur le front commercial. Il a déclaré ce jour que la menace de droits de douane élevés sur les produits chinois n'était... "pas tenable". Une désescalade apparente plutôt appréciée à Wall Street. "Mais c'est le montant", a-t-il ajouté lors d'une interview sur Fox Business. "Ce n'est probablement pas tenable, vous savez, cela pourrait tenir, mais ils m'ont forcé à le faire". Pourtant, avant-hier encore, Trump avait confirmé que les tensions commerciales avec la Chine restaient vives, déclarant à un journaliste qui lui demandait si les deux pays se dirigeaient vers une guerre commerciale prolongée : "Eh bien, vous êtes dans une guerre commerciale maintenant".

C'est donc la confusion qui règne encore et toujours sur ce dossier commercial sino-américain, mais la dernière interprétation des marchés est que l'issue sera favorable. Le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent avait d'ailleurs précédemment indiqué qu'une prolongation de la trêve tarifaire entre les États-Unis et la Chine était possible. Trump a confirmé ce vendredi qu'il rencontrerait le dirigeant chinois Xi Jinping plus tard ce mois-ci - lors d'un sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud... "Je pense que nous allons bien nous entendre avec la Chine", a déclaré le président américain. La Chine a accusé pour sa part hier les États-Unis d'avoir provoqué une panique injustifiée au sujet des contrôles à l'exportation de terres rares imposés par Pékin, selon un article du journal d'État chinois Global Times.

Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent avait précédemment indiqué sur CNBC qu'une baisse du marché boursier n'affecterait pas les discussions commerciales entre Washington et Pékin. Il réagissait sans doute à un article du Wall Street Journal selon lequel la stratégie chinoise serait en quelque sorte de faire vaciller les marchés actions américains pour obtenir d'importantes concessions de Donald Trump. Le leader chinois Xi Jinping jugerait ainsi que l'économie américaine ne pourrait pas absorber un conflit commercial prolongé avec la deuxième économie mondiale, d'après des sources du WSJ proches du processus de décision chinois. La Chine maintiendrait donc une posture ferme du fait de cette conviction...

"Nous avons des choses plus puissantes que les contrôles à l'exportation de terres rares que les Chinois veulent mettre en place... Et pour être clair, il s'agit d'un conflit entre la Chine et le monde. Ce n'est pas un problème sino-américain. La bonne nouvelle, c'est que c'est la semaine du FMI. Beaucoup de mes homologues, voire tous, sont présents. Nous allons discuter avec nos alliés européens, l'Australie, le Canada, l'Inde et les démocraties asiatiques. Et nous allons apporter une réponse collective complète à cette question, car les bureaucrates chinois ne peuvent pas gérer la chaîne d'approvisionnement ou le processus de fabrication du reste du monde", avait précisé Bessent lors d'une interview accordée à CNBC...

Sur le front économique ce vendredi, les mises en chantier de logements et permis de construire, ainsi que les prix à l'import et à l'export, qui étaient attendus à 14h30, ont été reportés du fait du shutdown. La Fed devait quant à elle publier à 15h15 les chiffres de la production industrielle de septembre (consensus +0,1% avec un taux d'utilisation des capacités de 77,3%), mais ces chiffres ont aussi été repoussés. Alberto Musalem de la Fed doit par ailleurs intervenir aujourd'hui. Hier soir, la balance budgétaire américaine de septembre a bien été publiée et a fait ressortir un excédent copieux de 198 milliards de dollars, bien plus élevé qu'attendu.

Dans l'actualité des entreprises, la saison des trimestriels se poursuit et ressort plutôt positive pour l'heure outre-Atlantique, avec en particulier des résultats de grandes banques majoritairement supérieurs aux attentes - bien que ces dernières soient de plus en plus questionnées par les analystes au sujet de leurs expositions. American Express, Truist Financial, Comerica, Ally Financial, Regions Financial, Huntington Bancshares, State Street, Fifth Third Bancorp et SLB, publieront leurs comptes ce jour...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,3% à 57,6$. L'once d'or fin se tasse à 4.315$, en retrait de 0,2%. L'indice dollar grappille 0,1% face à un panier de devises.

Les valeurs

Interactive Brokers, le courtier en ligne américain, a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 57 cents, des revenus de 1,65 milliard de dollars en GAAP et des revenus ajustés de 1,61 milliard de dollars, alors que le consensus se situait à 54 cents de bpa ajusté et 1,54 milliard de revenus. Le bpa ajusté grimpe ainsi de 43% et les revenus augmentent de 21% en glissement annuel. Le revenu net d'intérêt progresse de 21% à 967 millions de dollars, également bien au-dessus des anticipations d'analystes. Le nombre de comptes clients augmente de 32% à 4,13 millions.

CSX, le groupe ferroviaire américain, a publié pour le troisième trimestre un bénéfice net de 694 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 44 cents, au-dessus des attentes de marché, pour des revenus en revanche un peu courts à 3,59 milliards de dollars. Un an avant, le bpa ajusté se situait à 46 cents et les revenus étaient de 3,62 milliards de dollars. Le bénéfice opérationnel ajusté a reculé de 8% à 1,25 milliard de dollars. CSX prévoit toujours une croissance globale des volumes cette année, malgré une conjoncture économique contrastée. Les clients sont confrontés à l'incertitude et aux difficultés liées à l'évolution des politiques commerciales, aux prix mondiaux des matières premières, à la hausse des taux d'intérêt et à la faiblesse du marché du transport routier.

American Express a annoncé ce vendredi pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice par action de 4,14$, au-dessus des attentes et en hausse de 19%, pour des revenus totalisant 18,43 milliards de dollars, en croissance de 11% en glissement annuel. Le consensus était logé à 4$ de bénéfice ajusté par action pour 18,05 milliards de dollars de revenus. Le bénéfice net est ressorti à 2,90 milliards de dollars, en croissance de 16% par rapport à l'an dernier. Le groupe dope par ailleurs ses prévisions financières 2025, avec la dynamique renforcée des cartes Platinum et les lancements de nouveaux produits. Il anticipe désormais sur l'exercice une croissance des revenus allant de 9 à 10%, pour un bénéfice par action compris entre 15,20 et 15,50$.

Truist Financial, l'établissement bancaire de Caroline du Nord, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal des comptes supérieurs aux attentes, dégageant un bénéfice ajusté par action de 1,04$ et des revenus de 5,24 milliards de dollars, en croissance respectivement de 7% et 2% en glissement annuel, par rapport au trimestre comparable de l'an dernier. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires ordinaires s'est affiché à 1,3 milliard de dollars environ sur la période close. Le revenu net d'intérêt a atteint 3,63 milliards de dollars, contre 3,60 milliards un an avant.

State Street, la banque régionale américaine, a annoncé pour son troisième trimestre un bénéfice ajusté par action de 2,78$ pour des revenus de 3,55 milliards de dollars. Le bénéfice par action augmente de 23% en glissement annuel et les revenus progressent de 9%. Le bénéfice net est ressorti à 861 millions de dollars. Les actifs sous garde/administration atteignent un record de 51.700 milliards de dollars et les actifs sous gestion s'élèvent à 5.470 milliards de dollars environ.

SLB, ex-Schlumberger, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net part du groupe de 739 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 69 cents, supérieur de 3 cents au consensus des analystes de la place, pour des revenus de 8,93 milliards de dollars en ligne avec les anticipations. Les revenus du colosse des services pétroliers ont augmenté de 4% séquentiellement, mais baissé de 3% en glissement annuel. Le bénéfice net pdg a régressé de 27% en séquentiel et de 38% en comparaison de l'an dernier. L'Ebitda ajusté s'est établi à 2,06 milliards de dollars, stable séquentiellement mais en recul de 12% en glissement annuel.

Nvidia. xAI, la startup d'IA d'Elon Musk, travaillerait sur un contrat de location-achat portant sur 20 milliards de dollars de puces Nvidia. Selon un article de 'The Information', la startup d'intelligence artificielle de Musk étudierait donc un accord de location-acquisition de 20 milliards de dollars pour des puces Nvidia, qui s'inscrirait dans le cadre de sa stratégie de construction de Colossus 2, son deuxième grand centre de données à Memphis. xAI afficherait ainsi une approche différente de ses rivaux OpenAI ou Anthropic, qui s'appuient en grande partie sur des partenariats cloud pour leur puissance de calcul.

xAI, pour financer ce projet, s'appuierait sur Valor Equity Partners, un soutien historique de Musk, pour lever des capitaux. Valor créerait une structure ad hoc composée de 7,5 milliards de dollars de capitaux propres et de 12,5 milliards de dollars de dette pour acquérir les puces Nvidia. Ces puces seraient louées à xAI avec une option d'achat à l'expiration du bail. Nvidia, qui adore investir dans ses propres clients, apporterait jusqu'à 2 milliards de dollars de capitaux propres à cette structure ad hoc selon 'The Information'.

Fifth Third Bancorp, la banque régionale américaine qui va racheter Comerica pour 11 milliards de dollars, a publié sur le trimestre clos un bénéfice ajusté par action de 93 cents, supérieur aux attentes de marché, pour des revenus de 2,31 milliards de dollars et un bénéfice net de 608 millions de dollars. Le revenu net d'intérêt T4 est attendu stable ou en hausse de 1% en séquentiel, par rapport au 3e trimestre.

Ally Financial a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,15$ et des revenus de 2,17 milliards de dollars, alors que son bénéfice net s'est élevé à 371 millions de dollars. Le spécialiste américain des services financiers, de la banque en ligne et du financement automobile, a affiché un record d'originations dans le crédit automobile consommateurs et poursuit sa croissance dans la banque digitale.

Micron prévoit de cesser de fournir des puces de serveur aux centres de données chinois, l'entreprise n'ayant pas réussi à se remettre de l'interdiction gouvernementale de 2023 frappant ses produits dans les infrastructures chinoises critiques, ont déclaré deux sources de Reuters informées de la décision. Micron a été le premier fabricant de puces américain à être ciblé par Pékin, une mesure perçue comme relevant de représailles face à une série de restrictions imposées par Washington visant à entraver les progrès technologiques de l'industrie chinoise des semi-conducteurs. Micron continuera de vendre à deux clients chinois disposant d'importantes activités de centres de données hors de Chine, dont Lenovo.