Wall Street résiste malgré la guerre commerciale avec la Chine
... et le 'shutdown'

Wall Street a terminé sur une note positive mercredi, sauf le Dow Jones (-0,04% à 46.253 pts), le S&P 500 regagnant 0,4% à 6.671 pts et le Nasdaq +0,66% à 22.670 pts, malgré des craintes commerciales persistantes avec la Chine et le 'shutdown' qui plombe toujours les Etats-Unis... Les propos mesurés et prudents du patron de la Fed Jerome Powell semblent avoir rassuré les investisseurs, accréditant la thèse d'une poursuite des assouplissements monétaires. La guerre commerciale reste malgré tout un sujet majeur de préoccupation qui a fait redescendre les indices de leurs plus hauts niveaux du jour : si les États-Unis veulent se battre, la Chine le fera jusqu'au bout.. a prévenu Pékin. Les indices américains ont bénéficié malgré tout des solides résultats de Bank of America ou encore de Morgan Stanley. Pendant ce temps, le 'shutdown' entre dans sa troisième semaine et les responsables politiques américains, dont le Secrétaire au Trésor Bessent, préviennent désormais de l'impact économique potentiel...
Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a indiqué pour sa part sur CNBC qu'une baisse du marché boursier n'empêcherait pas les États-Unis de prendre des mesures fortes contre la Chine, ou du moins n'affecterait pas les discussions commerciales entre Washington et Pékin. "Nous ne négocierons pas car la bourse est en baisse", a lancé le dirigeant, qui réagit sans doute à un article du Wall Street Journal selon lequel la stratégie chinoise serait en quelque sorte de faire vaciller les marchés actions américains pour obtenir d'importantes concessions de Donald Trump. Ainsi, la Chine parierait qu'elle pourrait gagner cette guerre commerciale en utilisant le talon d'Achille de Trump, à savoir sa fixation sur les marchés financiers ! Le leader chinois Xi Jinping jugerait ainsi que l'économie américaine ne pourrait pas absorber un conflit commercial prolongé avec la deuxième économie mondiale, d'après des sources du WSJ proches du processus de décision chinois. La Chine maintiendrait donc une posture ferme du fait de cette conviction...
"Nous avons des choses plus puissantes que les contrôles à l'exportation de terres rares que les Chinois veulent mettre en place. Et pour être clair, il s'agit d'un conflit entre la Chine et le monde. Ce n'est pas un problème sino-américain. La bonne nouvelle, c'est que c'est la semaine du FMI. Beaucoup de mes homologues, voire tous, sont présents. Nous allons discuter avec nos alliés européens, l'Australie, le Canada, l'Inde et les démocraties asiatiques. Et nous allons apporter une réponse collective complète à cette question, car les bureaucrates chinois ne peuvent pas gérer la chaîne d'approvisionnement ou le processus de fabrication du reste du monde", a précisé Bessent ce jour lors d'une interview accordée à CNBC...
Sur le terrain, les Etats-Unis et la Chine vont imposer réciproquement des taxes portuaires supplémentaires aux entreprises de fret maritime qui livrent un éventail de produits, note Reuters. Pékin dit avoir commencé à prélever de nouveaux frais de port aux navires détenus, opérés ou construits aux Etats-Unis ou battant pavillon américain. L'annonce intervient selon Reuters après que l'administration Trump a fait part plus tôt cette année de son intention de relever les taxes imposées aux navires liés à la Chine. Les nouvelles taxes américaines devaient également entrer en vigueur ce mardi.
Côté indicateurs économiques, l'indice manufacturier régional dit 'Empire State' de la Fed de New York pour le mois d'octobre 2025 s'est établi en territoire positif à 10,7, alors que le consensus FactSet était proche de zéro. L'indicateur se situait à -8,7 en septembre. L'indice d'octobre traduit donc un retour à l'expansion de l'industrie manufacturière dans la région considérée.
Jeudi, le programme est supposé chargé avec les inscriptions au chômage, l'indice des prix à la production, les ventes de détail, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, les stocks des entreprises, ainsi que l'indice du marché immobilier, mais bon nombre de ces statistiques devraient être reportées du fait du 'shutdown'. Enfin, vendredi, sont en principe attendus les mises en chantier de logements et permis de construire, les prix à l'import et à l'export, ou bien la production industrielle.
Dans l'actualité des entreprises, la saison des trimestriels débute comme d'habitude avec les valeurs financières. TSMC, Charles Schwab, Intuitive Surgical, Interactive Brokers, Marsh & McLennan, Bank of New York Mellon, US Bancorp, CSX, The Travelers Companies, M&T Bank et KeyCorp, annonceront leurs comptes jeudi. American Express, Truist Financial, Comerica, Ally Financial, Regions Financial, Huntington Bancshares, State Street, Fifth Third Bancorp et SLB, publieront leurs résultats vendredi.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI pointe à 58,80$. L'once d'or fin accroche un nouveau record à 4.215$, en hausse de 1,9%. L'indice dollar perd 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin revient à 111.200$.
Les valeurs
Apple (+0,6%) va renforcer ses investissements en Chine et intensifier sa coopération avec ce pays, a déclaré le directeur général du groupe californien, Tim Cook, au ministre local de l'Industrie lors d'une réunion aujourd'hui à Pékin. Reuters reprend à ce sujet un résumé des propos du ministère. Ces déclarations interviennent alors que le groupe à la pomme tente de réagir aux droits de douane américains sur les expéditions en provenance de pays comme la Chine et l'Inde, ses centres de production habituels, en portant ses investissements déjà importants aux États-Unis à 600 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années, rappelle Reuters. Apple ferait par ailleurs pression sur le gouvernement indien pour qu'il modifie sa législation fiscale afin de s'assurer que l'entreprise ne soit pas imposée sur la propriété des machines haut de gamme pour iPhone qu'elle fournit à ses sous-traitants, indique Reuters. Ce problème est considéré comme un obstacle à son expansion future, selon certaines sources de l'agence. Cette initiative coïncide avec la présence croissante d'Apple en Inde, qui se diversifie au-delà de la Chine. Counterpoint Research indique que la part de l'iPhone sur le marché indien a doublé pour atteindre 8% depuis 2022. Et si la Chine représente toujours 75% des expéditions mondiales d'iPhone, la part de l'Inde a quadruplé pour atteindre 25% depuis 2022, ajoute Reuters. Les sous-traitants d'Apple en Inde, Foxconn et Tata, ont investi des milliards de dollars dans l'ouverture de cinq usines, mais des millions de ces dépenses servent à acquérir des machines coûteuses pour l'assemblage d'iPhone, note l'agence.
Nvidia (-0,1%), alors que le groupe britannique Nscale a annoncé avoir signé un accord avec Microsoft portant sur un total d'environ 200.000 puces d'IA de Nvidia. Le Financial Times croit savoir que cet accord entre Nscale et Microsoft atteindrait un montant allant jusqu'à 14 milliards de dollars. Nscale a annoncé aujourd'hui cette signature d'un contrat étendu avec Microsoft portant sur environ 200.000 GPU Nvidia GB300 d'infrastructure d'IA Nvidia hyperscale en Europe et aux États-Unis, dans le cadre de l'un des plus importants contrats d'infrastructure d'IA jamais signés. Ce projet est réalisé en collaboration avec Dell Technologies. Basé en Europe et opérant à l'échelle mondiale, Nscale est un fournisseur de cloud d'IA verticalement intégré, disposant de centres de données en propre et en colocation, de clusters de GPU, ainsi que de services d'orchestration et d'IA. En répondant à la forte demande des entreprises en matière de GPU, Nscale développe des plateformes d'infrastructure d'IA avancées pour fournir à ses clients la technologie nécessaire à leurs avancées futures. L'accord sera exécuté par l'intermédiaire des opérations détenues par Nscale et de la coentreprise de Nscale avec Aker ASA... Notons aussi que la firme HSBC vient de doper à 320$ son objectif sur Nvidia tout en passant à l'achat.
BlackRock (+0,7%). L'AIP, MGX et Global Infrastructure Partners (BlackRock) constituent un consortium qui va procéder à l'acquisition de 100% du capital d'Aligned Data Centers auprès de fonds d'infrastructure privés gérés par Macquarie Asset Management et ses partenaires co-investisseurs. Cette transaction "favorisera le développement des infrastructures cloud et d'IA de nouvelle génération et représente une valeur d'entreprise d'Aligned d'environ 40 milliards de dollars", selon le communiqué du jour. Le consortium acheteur comprend donc BlackRock, mais aussi Nvidia, Microsoft et xAI. Le consortium d'investissement AIP vise initialement 30 milliards de dollars de capitaux propres, avec un potentiel d'atteindre 100 milliards de dollars, dette comprise. Il s'agit du premier investissement d'AIP. La transaction devrait être finalisée au premier semestre 2026. "Avec cet investissement dans Aligned Data Centers, nous concrétisons notre objectif de fournir l'infrastructure nécessaire pour propulser l'avenir de l'IA", a déclaré Larry Fink, DG de BlackRock et président d'AIP. AIP a été fondé par BlackRock, Global Infrastructure Partners (GIP), filiale de BlackRock, MGX, Microsoft et Nvidia, afin de développer les capacités de l'infrastructure d'IA et de contribuer à façonner l'avenir de la croissance économique axée sur l'IA. Parmi ses principaux investisseurs figurent aussi la Kuwait Investment Authority et Temasek. Aligned Data Centers conçoit et exploite des centres de données pour hyperscalers et entreprises.
OpenAI, la startup vedette de l'IA à l'origine de ChatGPT, travaille de son côté sur de nouvelles lignes de revenus, des partenariats de dette, et planifie de nouvelles levées de fonds, dans le cadre d'une stratégie sur cinq ans visant à couvrir... plus de 1.000 milliards de dollars de dépenses promises, rapporte ce mercredi le Financial Times. OpenAI dispose d'environ 800 millions d'utilisateurs réguliers, mais seulement 5% sont des abonnés payants déboursant environ 20$ mensuels. Pourtant, OpenAI s'est donc engagé à dépenser plus de 1.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, l'entreprise ayant tout récemment conclu des contrats pour plus de 26 gigawatts de capacité de calcul avec Oracle, Nvidia, AMD ou encore Broadcom. Une infrastructure dont le coût sera largement supérieur à la capacité financière actuelle de la startup. Pour combler ce manque, OpenAI fait preuve de créativité selon le Financial Times. Son plan quinquennal prévoit l'exploration de contrats gouvernementaux, les outils d'achat, les services vidéo, le matériel grand public, et même la possibilité de devenir un fournisseur informatique grâce à son projet de centre de données Stargate.
ASML (+3,1%), le géant néerlandais des machines de photolithographie destinées à l'industrie des semi-conducteurs, a rassuré par sa publication du jour, affichant au troisième trimestre des revenus de 7,5 milliards d'euros, mais le groupe fait toujours face à des challenges avec le potentiel déclin des ventes chinoises l'an prochain. Le groupe, qui capitalise sur le développement accéléré de l'IA et la forte demande liée, a affiché au T3 un bénéfice net de 2,1 milliards d'euros et une marge brute de 51,6%. Les commandes nettes trimestrielles ont été de 5,4 milliards d'euros, dont 3,6 milliards d'euros pour les systèmes EUV. ASML envisage pour son quatrième trimestre 2025 des ventes totales allant de 9,2 à 9,8 milliards d'euros, pour une marge brute allant de 51 à 53%. Enfin, le groupe "ne s'attend pas à ce que les ventes totales 2026 soient inférieures à celles de 2025". Ainsi, le groupe maintiendrait ses ventes malgré la faiblesse chinoise attendue.
Bank of America (+4,3%) a publié pour son troisième trimestre 2025 un bénéfice net de 8,5 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,06$, pour des revenus de 28,1 milliards de dollars en croissance de 11% en glissement annuel. Le revenu net d'intérêt a augmenté de 9% à 15,2 milliards de dollars. Les commissions de banque d'investissement ont dépassé les 2 milliards de dollars, en vive croissance de 43%. Le bénéfice dilué par action a grimpé de 31% en comparaison de l'an dernier. Le consensus de place sur la période était de 95 cents de bénéfice par action pour 27,5 milliards de dollars de revenus.
PNC Financial Services (-3,9%), la banque régionale américaine, a publié ce mercredi pour son troisième trimestre un bénéfice par action de 4,35$ à comparer à un consensus d'environ 4$, pour des revenus de 5,92 milliards de dollars également au-dessus des attentes de marché. Le bénéfice par action progresse de 25% en glissement annuel et les revenus augmentent de 9%. Le revenu net d'intérêt a atteint 3,65 milliards contre 3,41 milliards un an plus tôt. Le bénéfice net s'est établi à 1,82 milliard contre 1,51 milliard sur la période comparable de l'an dernier. Rappelons que le groupe avait annoncé le mois dernier le rachat programmé de FirstBank pour 4,1 milliards de dollars en numéraire et en actions.
Morgan Stanley (+4,7%) a dégagé au troisième trimestre un bénéfice par action de 2,80$ et des revenus de 18,2 milliards de dollars, alors que le consensus se situait à 2,1$ par titre et 16,7 milliards de dollars, respectivement. Le bénéfice net a également dépassé les anticipations d'analystes à 4,8 milliards de dollars. La banque fondée il y a 90 ans a donc particulièrement bien 'performé' sur le trimestre, avec également un ROTCE de 23,5%. Ted Pick, PDG, ajoute : "Notre société intégrée a réalisé un trimestre exceptionnel, avec de solides performances dans chacune de nos activités à l'échelle mondiale. La gestion de patrimoine a enregistré une marge avant impôts de 30% et a récupéré 81 milliards de dollars de nouveaux actifs nets. Les résultats de la division Titres institutionnels ont été portés par notre activité Actions et par un rebond de l'activité de banque d'investissement. Le total des actifs clients de la gestion de patrimoine et d'investissement a atteint 8.900 milliards de dollars".
Abbott (-2,4%), le groupe pharmaceutique américain, a publié pour son troisième trimestre fiscal 2025 un bénéfice par action tout juste en ligne avec les attentes à 1,30$ sur une base ajustée, pour des revenus quant à eux un peu courts à 11,37 milliards de dollars, en croissance de 7% en glissement annuel. L'activité a progressé de 15% dans les appareils médicaux et plus de 20% dans le diabète, mais l'activité diagnostics a régressé de 7% environ avec la chute des revenus de tests Covid. Le groupe table toujours sur une croissance organique des ventes de 7,5 à 8% 'hors covid', alors que le bpa ajusté de l'exercice est anticipé entre 5,12 et 5,18$, guidance entourant le consensus...
Tesla (+1,3%) fait l'actualité ce mercredi alors que s'approche le dénouement concernant le package de rémunération d'Elon Musk de 56 milliards de dollars de 2018, qui avait été bloqué par une cour du Delaware. Les avocats du multimilliardaire réclameront donc ce jour à la Cour suprême du Delaware de rétablir sa rémunération de 56 milliards de dollars, cette bataille entrant dans sa phase finale près de deux ans après qu'un juge de première instance a annulé la rémunération record. Reuters note que l'affaire pourrait avoir des conséquences considérables pour l'État du Delaware, son droit des sociétés et sa Cour de chancellerie, autrefois lieu privilégié pour les litiges commerciaux.
Prologis (+6,3%), géant américain de la gestion d'entrepôts et de bâtiments logistiques, a affiché pour son troisième trimestre un bénéfice par action de 82 cents en recul de 24%, mais nettement supérieur au consensus, pour des revenus de 2,06 milliards de dollars en augmentation de 9% en glissement annuel, également au-dessus des attentes. Le FFO ajusté par action a été de 1,49$, en hausse de 4%. "Notre record de locations ce trimestre souligne la solidité et la résilience de notre plateforme", a déclaré Hamid R. Moghadam, cofondateur et DG de Prologis.
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