Wall Street progresse avec les trimestriels, malgré les craintes commerciales
Retour à l'approche des sommets

Wall Street poursuit péniblement sa remontée à l'approche des sommets avant bourse ce jeudi, le S&P 500 s'adjugeant 0,5%, le Dow Jones 0,3% également et le Nasdaq 0,7%, avec notamment une solide publication de TSMC, bon baromètre de tendance notamment pour ses gros clients Nvidia ou Apple. La place américaine ne se laisse donc pas abattre, malgré des craintes commerciales persistantes et le shutdown. Les propos mesurés du patron de la Fed Jerome Powell plus tôt cette semaine ont accrédité par ailleurs la thèse d'une poursuite des assouplissements monétaires. La confusion règne en revanche concernant l'issue du bras de fer commercial sino-américain...
Donald Trump a confirmé hier que les tensions commerciales avec la Chine étaient bien une guerre commerciale. Interrogé par un journaliste lui demandant si les deux superpuissances se dirigeaient vers un conflit commercial prolongé, Trump a précisé : "Eh bien, vous êtes dans une guerre commerciale maintenant". Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent avait précédemment indiqué sur CNBC hier qu'une baisse du marché boursier n'affecterait pas les discussions commerciales entre Washington et Pékin. Il réagissait sans doute à un article du Wall Street Journal selon lequel la stratégie chinoise serait en quelque sorte de faire vaciller les marchés actions américains pour obtenir d'importantes concessions de Donald Trump. Le leader chinois Xi Jinping jugerait ainsi que l'économie américaine ne pourrait pas absorber un conflit commercial prolongé avec la deuxième économie mondiale, d'après des sources du WSJ proches du processus de décision chinois. La Chine maintiendrait donc une posture ferme du fait de cette conviction...
"Nous avons des choses plus puissantes que les contrôles à l'exportation de terres rares que les Chinois veulent mettre en place. Et pour être clair, il s'agit d'un conflit entre la Chine et le monde. Ce n'est pas un problème sino-américain. La bonne nouvelle, c'est que c'est la semaine du FMI. Beaucoup de mes homologues, voire tous, sont présents. Nous allons discuter avec nos alliés européens, l'Australie, le Canada, l'Inde et les démocraties asiatiques. Et nous allons apporter une réponse collective complète à cette question, car les bureaucrates chinois ne peuvent pas gérer la chaîne d'approvisionnement ou le processus de fabrication du reste du monde", a précisé Bessent lors d'une interview accordée à CNBC... Bessent qui a suggéré tout de même une prolongation de la trêve tarifaire entre les États-Unis et la Chine.
Trump prévoit toujours de rencontrer le président chinois Xi Jinping plus tard ce mois-ci lors d'un sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud... Vendredi, Trump a déclaré que les États-Unis imposeraient des droits de douane supplémentaires de 100% sur les produits chinois à compter du 1er novembre, en raison du projet de Pékin d'instaurer de nouveaux contrôles à l'exportation sur les terres rares. En début de semaine, Wall Street a poussé un soupir de soulagement lorsque Trump a évoqué une possible désescalade. "Ne vous inquiétez pas pour la Chine, tout ira bien ! Le très respecté président Xi a traversé une mauvaise passe", a-t-il écrit sur Truth Social. Depuis, la Chine a sanctionné des unités américaines d'une compagnie maritime sud-coréenne, tandis que Trump a menacé de restreindre davantage les échanges commerciaux avec ce pays en réponse à l'arrêt de ses achats de soja américain, par exemple en bloquant les importations d'huile de cuisson. Les États-Unis et la Chine vont par ailleurs imposer réciproquement des taxes portuaires supplémentaires aux entreprises de fret maritime qui livrent un éventail de produits.
Le représentant américain au Commerce Jamieson Greer s'est aussi exprimé ce jour et a annoncé son intention de renforcer l'implication des États-Unis dans le secteur des terres rares, le durcissement des règles d'exportation chinoises menaçant des secteurs clés, des véhicules électriques à la défense. Washington pourrait prendre des participations et accroître la relocalisation avec ses alliés, ravivant ainsi les tensions commerciales malgré la trêve tarifaire. Greer a averti que des droits de douane de 100% pourraient s'appliquer si Pékin maintient sa position. Greer qui note par ailleurs que la Chine se comporte comme si elle voulait un découplage des économies.
Sur le front économique cette semaine, de nombreux responsables de la Fed s'expriment encore, mais c'était surtout Jerome Powell qui retenait avant-hier l'attention à l'occasion de la réunion annuelle de la NABE (National Association for Business Economics) à Philadelphie. Il s'exprimait à propos des perspectives économiques et de la politique monétaire. Powell a jugé que l'économie se raffermissait, mais a souligné également les pressions pesant sur le marché du travail américain. Il a indiqué que les responsables de la Fed adopteraient une approche réunion par réunion pour décider d'une éventuelle baisse supplémentaire des taux, afin de tenir compte à la fois de la faiblesse du marché de l'emploi et de l'inflation, qui demeure bien supérieure à l'objectif des 2%. Enfin, Powell a fait allusion à une fin prochaine du resserrement monétaire (QT) quantitatif, qui consiste en une contraction du bilan de la Fed.
Raphael Bostic, Stephen Miran, Christopher Waller et Jeffrey Schmid de la Fed étaient aussi de la partie hier. Le gouverneur Miran a jugé que deux baisses supplémentaires de taux cette année étaient réalistes. Il note qu'il est anticipé que l'inflation ajustée revienne à l'approche de l'objectif des 2% dans les 18 prochains mois. Waller s'est montré convaincu à propos du fait que l'IA stimule le PIB. Thomas Barkin, Christopher Waller, Michael Barr, Michelle Bowman et Neel Kashkari interviendront encore ce jeudi. Enfin, Alberto Musalem prendra la parole vendredi pour le plus grand bonheur des fans de la Fed.
Hier soir, le Livre Beige de la Fed, résumé des conditions économiques régionales, a confirmé une perte récente d'élan de l'économie américaine au cours des deux derniers mois. L'activité a peu évolué durant les récentes semaines et les niveaux de l'emploi sont demeurés assez stables. Le Livre Beige dépeint globalement une économie US en faible croissance, ce qui reste cohérent avec l'hypothèse de nouvelles baisses de taux.
Ce jeudi, le programme économique était supposé chargé avec les inscriptions au chômage, l'indice des prix à la production et les ventes de détail, mais ces trois statistiques ont été reportées avec le shutdown. L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour le mois d'octobre a lui été publié et s'affiche lourdement négatif à -12,8 contre +3 de consensus FactSet, ce qui signale une nette contraction de l'activité manufacturière dans cette région.
Demain, sont en principe attendus les mises en chantier de logements et permis de construire, les prix à l'import et à l'export, ou bien la production industrielle.
Concernant le 'shutdown', la justice a mis un frein au plan de licenciements de Trump. Alors que plus de 4.000 agents fédéraux avaient reçu il y a quelques jours des notifications de réduction d'effectifs, une juge américaine a ordonné la suspension immédiate de ces mesures, comme le rapporte 'CNBC'. L'ordonnance bloque temporairement les licenciements et interdit également d'en notifier de nouveaux aux fonctionnaires représentés par les syndicats de la fonction publique à l'origine du recours. La juge Susan Yvonne Illston, du tribunal de district de Californie du Nord, a estimé que ces suppressions de postes enfreignaient la législation américaine. "Les activités entreprises ici sont contraires à la loi", a-t-elle affirmé lors de l'audience. "On ne peut pas agir ainsi dans un Etat de droit. Nous avons des lois, et ce qui est envisagé ici ne s'y conforme pas", a-t-elle ajouté.
Dans l'actualité des entreprises, la saison des trimestriels débute donc et ressort plutôt positive pour l'heure outre-Atlantique, avec en particulier des résultats de grandes banques majoritairement supérieurs aux attentes. TSMC, Charles Schwab, Intuitive Surgical, Interactive Brokers, Marsh & McLennan, Bank of New York Mellon, US Bancorp, CSX, The Travelers Companies, M&T Bank et KeyCorp, annoncent ce jeudi. American Express, Truist Financial, Comerica, Ally Financial, Regions Financial, Huntington Bancshares, State Street, Fifth Third Bancorp et SLB, publient demain.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,6% à 58,6$. L'once d'or fin avance encore de 0,7% à 4.238$. L'indice dollar abandonne 0,2% face à un panier de devises de référence.
Les valeurs
Taiwan Semiconductor Manufacturing Co, ou TSMC, géant taïwanais des puces sous contrat, a annoncé pour son troisième trimestre une vive croissance de 39% du bénéfice net, avec l'engouement persistant autour des semi-conducteurs utilisés pour les applications d'IA. Le groupe a dégagé un bénéfice net de plus de 452 milliards de dollars de Taïwan, soit environ 14,8 milliards de dollars américains. Une performance largement supérieure aux attentes puisque le consensus ne dépassait pas les 420 milliards de dollars taïwanais. Le groupe, qui compte Nvidia ou Apple parmi ses principaux clients, a par ailleurs battu le consensus de revenus avec une croissance de 30% à 990 milliards de dollars de Taïwan. Le bénéfice par action a grimpé quant à lui à 2,92$ par ADR sur ce trimestre clos fin septembre. Les revenus en dollars américains ont augmenté de 41% en glissement annuel et 10% en séquentiel, à 33,1 milliards.
F5 Inc poursuivait son recul après bourse à Wall Street hier soir, la société américaine de cybersécurité ayant subi un piratage. Le groupe avait indiqué avoir détecté un accès non autorisé à certains de ses systèmes par "un acteur national sophistiqué", mais assurait que la violation n'avait pas eu d'impact sur ses opérations. Bloomberg évoque pour sa part une faille "potentiellement catastrophique" chez cet important fournisseur américain de cybersécurité, qui aurait été imputée à des pirates informatiques soutenus par des États chinois, selon des sources proches du dossier.
F5 Inc, basé à Seattle, a révélé hier dans un document réglementaire que des pirates informatiques avaient piraté ses réseaux et obtenu un accès permanent et durable à certains systèmes. Les intrus ont volé des fichiers, notamment des portions de code source de la suite de services applicatifs BIG-IP de l'entreprise, largement utilisée par les entreprises du Fortune 500 et les agences gouvernementales, ainsi que des informations sur certaines failles susceptibles d'être exploitées pour cibler ses clients, note Bloomberg.
United Airlines recule avant bourse à Wall Street malgré l'annonce de bénéfices supérieurs aux attentes au troisième trimestre. La compagnie aérienne, qui a bénéficié de la reprise de la demande pour les tarifs de la classe économique de base, ainsi que de fortes ventes de billets premium, a dégagé un bénéfice ajusté de 2,78$ par action au cours du trimestre clos, contre 2,66$ de consensus. Les revenus d'exploitation ont atteint 15,23 milliards de dollars (+2,6%), légèrement sous les attentes (15,28 Mds$). Les revenus issus des classes premium ont progressé de 6%, tandis que ceux du programme de fidélité ont augmenté de 9%. United a également enregistré un coefficient d'occupation de 84,4 % sur le trimestre, inférieur aux 85,3% attendus par les analystes. La société basée à Chicago prévoit un bénéfice par action ajusté compris entre 3 et 3,50 dollars pour le quatrième trimestre, supérieur à la moyenne des attentes des analystes de 2,82$.
Salesforce remonte à Wall Street, alors que le leader des solutions CRM basées sur l'IA vient de livrer un objectif de chiffre d'affaires annuel 2030 de plus de 60 milliards de dollars. Cette guidance exclut l'impact de l'acquisition pour 8 milliards de dollars de l'éditeur de logiciels Informatica, selon une présentation réalisée par le groupe de Marc Benioff lors de son événement 'Dreamforce'. Les analystes tablaient pour 2030 sur des revenus annuels d'environ 58,4 milliards de dollars. Lors de sa dernière publication trimestrielle de septembre, Salesforce disait viser des revenus allant de 41,1 à 41,3 milliards de dollars pour l'exercice 2026 en cours. Plus tôt cette semaine, Salesforce avait annoncé un partenariat avec OpenAI "créant une nouvelle génération d'expériences pour les employés et les consommateurs, optimisées par les modèles Agentforce 360 et OpenAI Frontier de Salesforce".
Marsh & McLennan, le groupe américain de gestion des risques, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,85$ en croissance de 11% en glissement annuel et supérieur aux anticipations de marché, pour des revenus de 6,35 milliards de dollars en augmentation de 11% également, légèrement au-dessus des attentes. La croissance sous-jacente a été de 4% sur la période. Le bénéfice opérationnel a augmenté de 6% en GAAP et de 13% sur une base ajustée.
Bank of New York Mellon, l'établissement bancaire américain, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net applicable aux actionnaires ordinaires de 1,34 milliard de dollars en hausse de 21% et un bpa de 1,88$ en croissance de 25% en glissement annuel, pour des revenus record de 5,08 milliards de dollars en progression de 9%. Le revenu net d'intérêt a grimpé de 18% à 1,24 milliard de dollars. Le bénéfice ajusté par action a dépassé les attentes à 1,91$. Les revenus sont également meilleurs que prévu.
US Bancorp, la banque régionale américaine, a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,22$ en progression de 18% et des revenus record de 7,33 milliards de dollars en hausse de 7%, dépassant ainsi les anticipations de marché. Les revenus de commissions ont augmenté de 9,5%. Le bénéfice net s'est établi à 2 milliards de dollars sur la période, en croissance de près de 17% en glissement annuel. Le revenu net d'intérêt s'est établi à 4,25 milliards de dollars contre 4,17 milliards de dollars un an auparavant.
The Travelers Companies, qui figure parmi les principaux groupes d'assurance américains, a annoncé pour le 3e trimestre un bénéfice ajusté par action de 8,14$ en vive croissance de 55% en comparaison de l'an dernier, pour des revenus de 12,47 milliards de dollars en augmentation de 5%. Revenus et bpa sont ainsi supérieurs aux attentes. Le bénéfice net trimestriel atteint quant à lui 1,89 milliard de dollars, en hausse de près de 50%. Les primes nettes émises progressent de 1% à 11,47 milliards de dollars. Le ratio combiné grimpe à 87,3% et le ratio combiné sous-jacent atteint 83,9%.
M&T Bank, la banque régionale de Buffalo, a publié au titre de son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 4,87$ en augmentation de 19% et au-dessus du consensus (4,4$), pour des revenus de 2,52 milliards de dollars en croissance de 8% et également meilleurs que prévu. Les résultats ont été soutenus par les revenus de commissions et l'amélioration de la qualité de crédit. Le bénéfice net s'est affiché à 792 millions de dollars contre 721 millions un an auparavant. Le revenu net d'intérêt a atteint 1,76 milliard contre 1,73 milliard pour la période correspondante, un an avant.
Charles Schwab, le courtier californien, grimpe avant bourse à Wall Street suite à sa publication financière trimestrielle. Le groupe a dégagé sur le troisième trimestre un bénéfice ajusté par action de 1,31$ (+70%) contre 1,25$ de consensus, tandis que ses revenus ont totalisé 6,14 milliards de dollars (+27%), également plus élevés que prévu. Le bénéfice net est ressorti à 2,4 milliards de dollars soit 1,26$ par titre en GAAP, tandis que le profit net ajusté s'est élevé à 2,5 milliards de dollars ou 1,31$ par action. Le total des actifs clients a progressé de 17% à 11.590 milliards de dollars environ.
Nvidia. Le titre Foxconn grimpe ce jeudi en bourse, alors que le président du sous-traitant taïwanais de production électronique a indiqué avoir rencontré le management de la startup d'IA OpenAI et prévoit ensuite de s'entretenir avec Nvidia. Young Liu a déclaré que son entreprise avait rencontré le DG d'OpenAI Sam Altman et prévoyait maintenant de faire de même avec le fondateur et DG de Nvidia, Jensen Huang. Les discussions porteraient sur de potentielles collaborations futures. Liu a également souligné que l'intelligence artificielle n'en était qu'à ses débuts.
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