Clôture Wall Street : les marchés et les pétroles décrochent
L'or bien ancré au-dessus des 4.000$...

Fin de semaine tendue à Wall Street, dans un contexte de 'shutdown' gouvernemental et de retour des tensions commerciales entre Washington et Pékin. En clôture ce vendredi, le S&P 500 décroche de -2,71%, revenant à 6.552 pts (-2,79% en glissement hebdomadaire). Le Dow Jones flanche de -1,90% à 45.479 pts, pour un repli cumulé de -2,6% des valeurs industrielles sur la semaine. Le Nasdaq plonge de -3,56% à 22.204 pts (-3,21% en hebdomadaire).
L'incertitude prévaut sur les marchés, alors que leur valorisation et en particulier celle des valeurs IA commence par ailleurs à inquiéter. Le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, a prévenu d'un risque de 30% de correction du marché dans les 6 à 24 mois, se disant "bien plus inquiet que d'autres". Une intervention aussitôt critiquée par le Secrétaire au Trésor Scott Bessent. Ce dernier a indiqué que le Trésor américain était prêt à prendre des mesures exceptionnelles pour assurer si nécessaire la stabilité du marché. Des propos qui semblent bien étranges lorsque les marchés actions alignent les records historiques...
Dixième jour de 'shutdown' outre-Atlantique, et pour l'heure sans la moindre ébauche d'issue. En effet, les législateurs américains ne parviennent toujours pas à s'accorder. A Washington, Donald Trump soutient la position selon laquelle aucune négociation ne serait engagée avec les Démocrates sur les subventions aux soins de santé avant la réouverture du gouvernement. Le président américain durcit d'ailleurs le ton et a menacé de suspendre le versement des arriérés de salaire des fonctionnaires fédéraux en chômage partiel, alors qu'il avait auparavant agité la menace de licenciements parmi ces fonctionnaires. Néanmoins, quelques Républicains ont signalé leur volonté de négocier sur la question des subventions de santé que les Démocrates voudraient préserver.
Les Démocrates affirment qu'ils ne soutiendront pas le projet de loi s'il ne se préoccupe pas des subventions de l'Affordable Care Act qui expireront fin 2025, ainsi que des coupes budgétaires dans Medicaid mises en oeuvre par la loi de finances du second mandat de Trump... Le Sénat a rejeté à plusieurs reprises déjà un projet de loi provisoire adopté par la Chambre des représentants visant à maintenir le gouvernement en activité, projet qui ne prévoyait pas les subventions réclamées par les Démocrates. Trump a imputé, sur les réseaux sociaux, la responsabilité de l'impasse aux Démocrates et les a appelés à la modération, tout en disant rester ouvert à des négociations... après la réouverture du gouvernement.
D'autre part, la macroéconomie ne rassure pas... La semaine dernière, le rapport mensuel gouvernemental sur l'emploi, qui devait être annoncé vendredi, a été repoussé. Les stocks de grossistes et les inscriptions hebdomadaires au chômage attendus hier ont aussi été reportés. L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains pour le mois d'octobre 2025, publié ce vendredi, s'est établi à 55, contre un consensus de 54 et une lecture de 55,1 un mois auparavant. La composante de la situation actuelle ressort à 61 et celle des perspectives à 51,2. L'indice des anticipations d'inflation s'est affiché à 4,6% en octobre (4,7% un mois plus tôt)... En outre, selon Bloomberg, le Bureau des statistiques du travail prévoit de publier l'indice des prix à la consommation de septembre d'ici la fin du mois, ce qui devrait fournir un peu plus de visibilité économique et monétaire.
Les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed publiées mercredi soir ont indiqué que le comité était divisé sur l'évolution des taux, l'essentiel du débat portant sur le ralentissement du marché du travail et la persistance des pressions inflationnistes. Théoriquement, une baisse des taux contribue à stimuler l'investissement et l'embauche, même si elle risque de relancer la croissance des prix. La plupart des responsables ont jugé qu'il serait probablement approprié de poursuivre l'assouplissement monétaire jusqu'à la fin de l'année 2025, même si le calendrier et l'ampleur exacts des baisses demeurent une source d'incertitude, selon le compte rendu...
Par ailleurs, la succession de Jerome Powell s'organise. Le Secrétaire au Trésor Scott Bessent interroge en particulier les candidats potentiels à propos des taux et des assouplissements monétaires quantitatifs.
Le mois dernier, la banque centrale a abaissé ses taux d'un quart de point à 4-4,25% afin de soutenir un marché du travail en difficulté, au risque toutefois de raviver l'inflation. Selon l'outil FedWatch du CME, il y a 81,3% de probabilité que les taux terminent l'année entre 3,5 et 3,75%.
Dans l'actualité commerciale, Trump et Xi Jinping manoeuvrent selon Bloomberg pour exercer une influence en vue de leur prochaine rencontre et de l'expiration de la trêve commerciale sino-américaine, "au risque d'une escalade des tensions entre les deux plus grandes économies mondiales". La Chine a dévoilé cette semaine de nouvelles restrictions drastiques sur ses exportations de terres rares et d'autres matériaux essentiels, faisant écho aux mesures prises en avril en réponse aux droits de douane imposés par Trump lors du 'Jour de la Libération'. Ces mesures interviennent alors que Pékin continue de renoncer à acheter du soja américain, accentuant ainsi la pression économique sur les communautés agricoles qui ont largement voté pour Trump en 2024, note Bloomberg.
Le ministère local des Transports a annoncé, ce vendredi, que la Chine commencerait à percevoir des droits portuaires sur les navires appartenant à des entreprises et des particuliers américains, ainsi que sur les navires de fabrication américaine. Ces taxes entreront en vigueur le 14 octobre, date à laquelle Washington prévoit de facturer les escales des grands navires chinois dans les ports américains.
L'offensive de Pékin fait suite à une série de mesures prises par l'administration Trump visant la 2e économie mondiale. Outre les taxes maritimes prévues, des responsables à Washington auraient, selon Bloomberg, proposé ces derniers jours d'interdire aux compagnies aériennes chinoises de survoler la Russie à destination et en provenance des Etats-Unis, et d'élargir les sanctions pour empêcher davantage d'entreprises comme Huawei d'accéder aux produits américains soumis à restrictions.
Les pétroles terminent la semaine en chute libre. Le baril de brut WTI décroche de -5,37% en clôture ce vendredi, plongeant sous les 60$ à 58,2$ (-5,76% sur la semaine). Le Brent de mer du Nord décroche de -4,91% à 62,03$. Le baril de référence en Europe se tasse de -5,28% en glissement hebdomadaire.
Le dollar remonte de +0,94% cette semaine face à l'euro. Le billet vert s'échange désormais 0,8619 euro.
Nouvelle très belle semaine pour l'once d'or, qui gagne +4,14% en glissement hebdomadaire... Le métal jaune prend encore +1,06% ce vendredi, désormais bien ancré au-dessus des 4.000$ l'once. L'or termine ainsi la semaine à 4.018$, après un record hebdomadaire et historique logé, mercredi, à 4.59,03$ !
Le Bitcoin se reprend de 0,17%, et termine la semaine à 121.727$.
Les valeurs
* Applied Digital (+16,05% à 33,99$). Le groupe a publié des comptes meilleurs que prévu avec les gains de nouveaux budgets. Sur le trimestre clos fin août 2025, le groupe a réalisé des revenus de 64 millions de dollars en croissance de 84%, à comparer à un consensus de 50 M$. La perte par action sur le trimestre est ressortie à 3 cents sur une base ajustée, mais les analystes anticipaient un déficit bien plus élevé. Les services de centres de données du groupe tournent à plein régime avec la demande provenant des applications d'IA générative. Applied Digital a bouclé en août un nouvel accord de location avec CoreWeave pour 150 MW supplémentaires dans le Dakota du Nord. Le chiffre d'affaires total prévu des contrats de location s'élève ainsi à environ 11 milliards de dollars, dont 7 Mds$ provenant des deux premiers contrats de location de 15 ans avec CoreWeave annoncés plus tôt cette année, note Reuters.
* Levi Strauss (-12,55% à21,45$). L'action décroche malgré l'impact positif des efforts de redressement du groupe sur les comptes et une révision en hausse des perspectives. Pour son 3e trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus en croissance de 7% à 1,54 Mds$, avec une performance de 6% sur la zone Amériques, une progression de 5% en Europe et une croissance de 12% en Asie. Les revenus DTC ('direct to consumer') ont augmenté de 11% en données publiées et 9% en organique, tandis que les revenus de gros se sont appréciés de 3% en données publiées et 5% sur une base organique. Le bénéfice ajusté dilué par action a été de 34 cents contre 33 cents un an avant. Le bénéfice net des opérations continues a été de 122 M$ et le bénéfice net ajusté de 136 millions. Le consensus était de 30 cents de bpa ajusté pour 1,5 Md$ de revenus. Le groupe table désormais sur un bpa ajusté annuel allant de 1,27 à 1,32$, et envisage une croissance des revenus publiés de 3% environ, avec une progression organique de 6%.
* Qualcomm (-7,29% à 153,59$). L'action décroche alors que la Chine vient d'ouvrir une enquête antitrust sur le groupe concernant l'acquisition de la firme israélienne Autotalks. Reuters cite à ce sujet l'Administration d'État chinoise pour la régulation du marché, qui a déclaré que l'enquête examinerait si Qualcomm avait violé la loi antitrust chinoise en ne déclarant pas légalement certains détails de son acquisition du concepteur de puces israélien. Le groupe californien de San Diego avait annoncé en juin la finalisation de l'accord pour un rachat d'Autotalks, fabricant de puces de communication destinées à prévenir les accidents de la route, sans en dévoiler le montant. Le groupe américain avait précédemment annoncé en 2024 qu'il renoncerait à son offre sur Autotalks, faute d'avoir obtenu les autorisations réglementaires dans les délais, rappelle Reuters. En 2015, le géant des puces pour téléphones mobiles avait déboursé 975 millions de dollars pour résoudre une affaire antitrust chinoise...
Pékin a déjà accusé le mois dernier Nvidia d'une violation de la loi anti-monopole chinoise. Reuters juge que ces deux enquêtes pourraient exacerber les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, alors que ces deux pays semblent peiner à dépasser une trêve tarifaire. Trump et Xi Jinping doivent se rencontrer lors d'un sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud à la fin du mois.
* Nvidia (-4,89% à 183,16$). Après avoir touché un plus haut historique à 195,62$ en cours de séance à Wall Street, l'action termine en repli marqué sur une capitalisation globale proche de 4.500 milliards de dollars. Une partie de la séance, l'action a été soutenue par des notes de brokers et un rapport de Bloomberg selon lequel les Etats-Unis auraient approuvé l'exportation de puces du groupe d'une valeur de plusieurs milliards de dollars vers les Emirats arabes unis... La situation demeure toutefois compliquée en Chine, où la répression douanière contre les puces d'IA Nvidia serait renforcée selon le Financial Times.
Pékin aurait ainsi accru ses restrictions à l'importation de puces afin de réduire la dépendance des entreprises technologiques nationales aux produits américains, tels que les processeurs d'intelligence artificielle de Nvidia, indique le FT ce jour. Des équipes de douaniers auraient été mobilisées dans les principaux ports du pays ces dernières semaines pour effectuer des contrôles rigoureux sur les expéditions de puces, selon des sources du FT proches du dossier. Ces inspections auraient été lancées afin de s'assurer que les entreprises locales cessent leurs achats de puces Nvidia spécifiques à la Chine, conformément aux directives des autorités de régulation. Les régulateurs chinois, dirigés par l'Administration du cyberespace de Chine (CAC), ont ordonné le mois dernier aux grandes entreprises technologiques, dont ByteDance et Alibaba, de suspendre les commandes et les tests des produits Nvidia, selon le rapport. Le FT ajoute que les contrôles douaniers ont été élargis pour inclure tous les produits semi-conducteurs avancés.
En revanche, le Sénat américain a adopté des limites aux exportations de puces d'intelligence artificielle pour Nvidia et AMD (-1,26% à 80,77$) vers la Chine. Les fabricants de puces d'IA devraient garantir aux entreprises américaines un accès prioritaire à leurs produits avant la Chine, selon la loi adoptée par le Sénat. Les sénateurs ont approuvé cette mesure dans le cadre de leur projet de loi annuel sur la politique de défense, mais Bloomberg souligne que son adoption reste incertaine. La Chambre des représentants a adopté sa version en septembre sans la clause relative au contrôle des exportations, et les législateurs des deux chambres doivent maintenant négocier un texte final qui pourrait ne pas inclure cette disposition.
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