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En RDC, des quartiers submergés par les eaux "acides" de l'industrie minière

| AFP | 82 | Aucun vote sur cette news
Hélène Mvubu porte sa fille en marchant dans un champ pollué à Lubumbashi en République démocratique du Congo le 24 novembre 2025
Hélène Mvubu porte sa fille en marchant dans un champ pollué à Lubumbashi en République démocratique du Congo le 24 novembre 2025 ( Glody MURHABAZI / AFP )

Son champ desséché est envahi de détritus charriés par des eaux polluées et la petite fille dans ses bras est couverte de boutons: à Lubumbashi, capitale minière de la RDC, des milliers de Congolais se disent victimes des rejets toxiques de l'industrie minière.

Hélène Mvubu raconte subir depuis des années les effets des inondations d'eaux contaminées déversées par Congo Dongfang Mining (CDM), entreprise minière chinoise qui traite des minerais de cuivre et de cobalt dans les quartiers périphériques de la capitale de la province du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC).

"La nourriture que nous préparons devient amère, nos sources d'eau sont polluées", déplore cette agricultrice en arpentant sa parcelle située dans le quartier de Kamatete, où la canne à sucre jaunit sur pied.

Les puissances mondiales, notamment la Chine et les Etats-Unis, se livrent à une course aux minerais stratégiques en RDC, dont le sous-sol fournit plus de 70% du cobalt mondial, essentiel à la fabrication de batteries électriques et d'armement. Mais leur extraction est accusée de provoquer de graves dégâts sur l'environnement.

Le champ d'Hélène Mvubu se trouve en plein sur la voie de ruissellement des eaux de l'usine chinoise, dont la silhouette métallique s'élève à environ 2 km, au sommet d'une hauteur surplombant les quartiers résidentiels de Kamatete, Kasapa et Kamisepe.

Une femme vend de la nourriture et du charbon devant les murs de l'usine minière chinoise Congo Dongfang Mining (CDM) à Lubumbashi en République démocratique du Congo le 24 novembre 2025
Une femme vend de la nourriture et du charbon devant les murs de l'usine minière chinoise Congo Dongfang Mining (CDM) à Lubumbashi en République démocratique du Congo le 24 novembre 2025 ( Glody MURHABAZI / AFP )

L'ampleur de la pollution reste inconnue et la vaste concession de CDM, entourée d'un mur de béton et gardée par des policiers, est impénétrable. Seul constat: dès que les pluies arrivent, de grandes quantités d'eau rouge jaillissent de quatre bouches d'évacuation creusées sous l'enceinte.

Habitants et représentants de la société civile interrogés par l'AFP accusent CDM de profiter depuis des années des périodes de pluie pour déverser des eaux usées issues du traitement des déchets miniers.

Début novembre, des milliers de mètres cube d'eau rougeâtre ont déferlé une nouvelle fois du site de l'entreprise chinoise pendant deux jours. Et ce alors qu'aucune pluie n'était tombée.

Cette fois, l'inondation a suscité une telle indignation que les autorités congolaises ont dû agir en suspendant les activités du site et en désignant une commission d'enquête. Une décision rare dans un pays où les entreprises minières, notamment chinoises, opèrent généralement impunément et en toute opacité, souvent avec la complicité d'administrations locales.

"Ouvert les vannes"

Hortance Kiluba fait sa lessive à la main chez elle à Lubumbashi le 24 novembre 2025
Hortance Kiluba fait sa lessive à la main chez elle à Lubumbashi le 24 novembre 2025 ( Glody MURHABAZI / AFP )

"Tout le monde était étonné de voir que les eaux nous envahissaient alors qu'il n'avait pas plu", relève Hortance Kiluba, habitante de Kamitete occupée à laver son linge.

Selon Joseph Kongolo, membre de la commission d'enquête et coordinateur provincial de la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH), la société chinoise "a été trompée par la météo et a ouvert les vannes avant la tombée des pluies", rendant la supercherie évidente.

CDM a cependant affirmé que cette inondation avait été causée par la rupture accidentelle d'un bassin de rétention.

Selon plusieurs membres de la commission d'enquête, la pollution autour du site remonte toutefois à plusieurs années.

Aucune étude de toxicité des eaux déversées n'a encore été rendue publique, mais les habitants rencontrés par l'AFP disent avoir depuis longtemps remarqué leur nocivité.

Sur le marché local, Martiny, vendeuse de fruits et légumes, montre ses pieds et ses mains "abimés", selon elle, par cette eau "acide".

Le marché a été entièrement inondé début novembre. La cargaison de poissons séchés de Martiny, trempée et immangeable, pourrit encore dans une bassine.

Pour calmer la colère, des employés de CDM ont distribué masques et bouteilles d'eau aux riverains. Leurs pelleteuses s'activent par ailleurs pour refaire un tronçon de route défoncée par les eaux.

"C'est de la décoration", fustige un chef de quartier affirmant sous couvert de l'anonymat que la compagnie chinoise a payé certains responsables locaux pour faire admettre aux communautés la théorie d'un accident.

"Responsabilités partagées"

Des femmes vendent des marchandises au marché de Lubumbashi le 24 novembre 2025
Des femmes vendent des marchandises au marché de Lubumbashi le 24 novembre 2025 ( Glody MURHABAZI / AFP )

Un représentant de CDM contacté par l'AFP nie toute négligence de l'entreprise, assurant que les rejets "sont traités sur le site" et qu'il "ne peut donc y avoir eu de pollution antérieure" à novembre.

La filiale de la multinationale chinoise Zheijang Huayou Cobalt est depuis longtemps dans le collimateur des organisations locales de défense des droits.

Me Hubert Thiswaka, représentant de l'Institut des recherches en droits humains (IRDH) et lui aussi membre de la commission d'enquête, bataille depuis plusieurs années pour que CDM respecte ses obligations sociales et financières prévues par la loi: paiement de la redevance minière, construction d'hôpitaux et d'écoles...

"Curieusement, CDM a eu toute les autorisations pour s'installer au sommet de cette colline", d'où les pluies ruissellent naturellement vers les quartiers en contrebas, dit-il.

Si la société minière a démontré un "mépris des normes élémentaires" avec des "répercussions graves sur l'environnement", les "responsabilités sont partagées", a admis publiquement le ministre des Mines Louis Watum Kabamba, à l'issue des travaux de la commission. "Notre administration aurait dû jouer son rôle".

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