La Norvège remet les activités minières sous-marines à plus tard
La Norvège, qui avait fait des vagues en devenant le premier pays d'Europe à décider d'ouvrir ses fonds marins aux activités minières, va repousser de quatre ans l'attribution de premières licences d'exploration, un report dans lequel les défenseurs de l'environnement veulent voir un "coup de grâce".
Au terme d'un compromis dont les dernières briques se sont mises en place dans la nuit de mardi à mercredi, le gouvernement travailliste, minoritaire, a cédé à certains de ses alliés politiques en acceptant de ne "pas lancer le premier appel d'offres pour l'exploitation des minerais des fonds marins au cours de la présente législature" qui court jusqu'en 2029.
"Cela devrait être le coup de grâce pour l'industrie minière des grands fonds en Norvège", a réagi Haldis Tjeldflaat Helle chez Greenpeace. "Aucun gouvernement réellement engagé dans une gestion durable des océans ne peut soutenir l'exploitation minière des fonds marins", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
En 2024, le Parlement norvégien avait donné son feu vert à l'ouverture d'une partie des fonds marins de l'Arctique à la prospection minière.
Ce vote semblait devoir faire du pays un des premiers États au monde à autoriser l'exploitation commerciale de ses ressources minérales sous-marines.
Il avait provoqué de nombreuses protestations chez les scientifiques, les défenseurs de l'environnement mais aussi au Parlement européen favorable à un moratoire international.
Tous s'inquiètent des effets de telles activités minières sur les écosystèmes dans les abysses, encore largement méconnus.
De son côté, le gouvernement norvégien fait valoir l'importance de ne pas dépendre de pays comme la Chine, poids lourd du domaine, notamment pour l'approvisionnement en minéraux essentiels à la transition énergétique.
Selon une évaluation officielle datant de 2023, les fonds marins norvégiens recéleraient notamment 38 millions de tonnes de cuivre et 45 millions de tonnes de zinc, ainsi que des volumes "significatifs" d'éléments de terres rares.
Ces métaux entrent dans la composition des batteries, des éoliennes, des ordinateurs ou encore des téléphones portables.
Décision "très préjudiciable"
Le gouvernement comptait attribuer dès 2025 des licences de prospection, arguant qu'une exploration était nécessaire pour recueillir les connaissances qui font actuellement défaut.
Mais il se heurte à l'opposition de plusieurs petits partis de gauche ou écologistes hostiles à l'extraction minière sous-marine et dont l'appui est indispensable pour former une majorité au Parlement.
Afin de faire adopter leur projet de budget 2026 qui sera examiné vendredi, les travaillistes ont ainsi dû se résoudre à un nouveau report de la prospection minière sous-marine.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les deux derniers partenaires se sont ralliés à ce compromis, cimentant ainsi une majorité parlementaire.
Ce report "constitue une victoire historique pour la nature, la science et la pression de l'opinion publique", a salué WWF dans un communiqué.
Les industriels norvégiens, qui rongeaient leur frein en attendant de pouvoir commencer la prospection, ont quant à eux regretté une décision "très préjudiciable".
"Les acteurs qui misaient sur les minerais des fonds marins pourraient être contraints de se tourner vers des projets internationaux dans l'attente de conditions politiques plus prévisibles" en Norvège, a réagi auprès de l'AFP Egil Tjåland, secrétaire général du Forum norvégien pour les minéraux marins.
Directrice générale de la start-up Adept, Anette Broch Mathisen Tvedt a aussi jugé "préoccupant que de petits partis dictent l'avenir de la Norvège et mettent en jeu des industries stratégiquement importantes".
D'autres projets d'extraction minière sous-marine existent ailleurs dans le monde.
Les îles Cook notamment, en coopération avec la Chine, ont attribué en 2022 des licences d'exploration à trois entreprises.
Et la société canadienne The Metals Company veut exploiter les eaux internationales dans l'océan Pacifique, sans l'approbation de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), en s'appuyant sur une loi américaine réactivée par Donald Trump.
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