Wall Street revient flirter avec les sommets

Wall Street confirme de bonnes dispositions ce lundi, à l'approche des sommets en cette fin d'année. Le S&P 500 avance encore de 0,48% à 6.865 pts, le Dow Jones de 0,45% à 48.349 pts et le Nasdaq de 0,44% à 23.410 pts. Les marchés sont portés essentiellement par les espoirs de baisse des taux, alors que les derniers chiffres de l'inflation ont plutôt rassuré mais que l'emploi montre des signes de faiblesse. Les valorisations des géants de l'IA demeurent quant à elles discutées, sur fond d'accords circulaires et de questionnement au sujet de la demande finale. Quoi qu'il en soit, la place américaine semble depuis quelques jours vouloir tenter une fin d'année au plus haut...

Sur le front économique ce lundi à Wall Street, on retrouve juste l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago pour septembre, qui s'affiche à -0,21 contre -0,31 un mois avant.

Demain, les opérateurs suivront les commandes de biens durables d'octobre (consensus FactSet -1,2%, ou +0,2% hors transport), ainsi que les chiffres préliminaires du PIB américain du 3e trimestre (consensus +3,2%, +2,7% pour les dépenses de consommation, +2,9% pour l'indice des prix), que la production industrielle de novembre (consensus +0,1%, 76,7% de taux d'utilisation des capacités) ou que l'indice de confiance des consommateurs de décembre mesuré par le Conference Board (consensus 91,5). L'indice manufacturier de la Fed de Richmond sera aussi connu demain.

Mercredi, les investisseurs suivront également les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 20 décembre. Wall Street clôturera à 19 heures, heure française, pour ce 24 décembre, et sera fermé le 25 décembre pour Noël. Il n'y aura pas d'actualité économique vendredi. Le calendrier des publications trimestrielles d'entreprises est réduit voire inexistant cette semaine à Wall Street. Aucun groupe de plus d'un milliard de dollars de capitalisation ne devrait d'ailleurs publier de résultats avant l'année prochaine.

En ce qui concerne la Fed, l'outil CME FedWatch montre une probabilité de 19,9% d'un nouvel assouplissement monétaire d'un quart de point le 28 janvier 2026, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, contre 80,1% de 'proba' pour un statu quo. La baisse des taux devrait plutôt reprendre le 18 mars ou le 29 avril. Le taux des 'fed funds' se situe entre 3,50 et 3,75%. Donald Trump continue de plaider pour une forte baisse des taux de la banque centrale américaine. Le gouverneur de la Fed Stephen Miran, qui a été nommé par Trump et prévoit de rester éventuellement après la fin de son mandat si personne n'est confirmé à son poste au 31 janvier, estime que si la banque centrale n'ajuste pas sa politique, "nous courrons un risque croissant de récession".

Le nom du successeur de Jerome Powell, actuel patron de l'institution monétaire, devrait être connu rapidement, même si le mandat de Powell ne prend fin qu'en mai. Kevin Hassett est toujours considéré comme l'un des favoris pour le poste de président de la Fed, mais Donald Trump a aussi rencontré dernièrement l'ancien gouverneur de la Réserve fédérale, Kevin Warsh, et laissé flotter l'idée qu'il serait un bon candidat. Le président américain a ainsi cité les deux hommes comme ses candidats privilégiés pour succéder à Jerome Powell, lors d'une interview accordée au Wall Street Journal il y a quelques jours. "Nous aurons bientôt un bon président de la Fed qui souhaitera voir les taux d'intérêt baisser", a martelé Trump lors d'une réception à la Maison Blanche. "Mais nous luttons contre des taux d'intérêt élevés", a encore insisté Trump. Hassett, président du Conseil économique national américain, a précisé que Trump était l'un des nombreux experts qu'il serait légitime de consulter, même s'il ne faisait finalement que donner des conseils sur la politique monétaire. Néanmoins, l'entourage du président américain s'inquièterait du fait que son conseiller économique soit considéré comme trop proche de Trump pour prendre la direction de la Fed.

Hassett a déclaré hier que l'administration Trump s'attendait à ce que la Cour suprême des États-Unis statue en sa faveur dans l'affaire contestant la légalité des droits de douane. La décision de la Cour est susceptible d'invalider la plupart des nouveaux droits de douane, mais aussi de contraindre le gouvernement à rembourser jusqu'à 100 milliards de dollars, ce qui, selon Hassett, interrogé dans le cadre de l'émission 'Face the Nation', engendrerait d'importants problèmes. Le conseiller économique a indiqué par ailleurs que les chèques de remboursement de 2.000$ évoqués par Trump semblaient désormais beaucoup plus probables. "Cet été, je n'étais pas certain que le budget permette un tel versement, mais maintenant, j'en suis presque sûr", a lancé Hassett. Trump a aussi annoncé mercredi le versement d'une prime de 1.776$ à près de 1,5 million de militaires américains. "Nous avons gagné beaucoup plus d'argent que prévu grâce aux droits de douane", a ajouté le président américain.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 2,6% à 58$. L'once d'or fin gagne 1,8% à 4.418$. L'indice dollar fléchit de 0,3% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin hésite autour des 89.000$.

Les valeurs

Apple (-0,6%). Le vice-ministre chinois du Commerce, Li Chenggang, et le directeur des opérations d'Apple, Sabih Khan, ont discuté des activités de la firme américaine en Chine lors d'une réunion vendredi, selon un communiqué du ministère du Commerce publié ce lundi et relayé notamment par l'agence Reuters. Au cours de cette réunion, M. Li a déclaré que la Chine offrirait davantage d'opportunités aux entreprises étrangères, dont le groupe californien à la pomme Apple, et a exprimé l'espoir que le fabricant de l'iPhone poursuive sa collaboration avec des partenaires chinois et contribue au développement du marché chinois.

Nvidia (+1,2%) a informé ses clients chinois de son intention de commencer à livrer ses puces d'IA H200 en Chine avant les vacances du Nouvel An lunaire, à la mi-février, ont indiqué à Reuters trois sources proches du dossier. Le géant américain entend honorer les premières commandes grâce à ses stocks existants, les livraisons devant totaliser entre 5.000 et 10.000 modules, soit l'équivalent d'environ 40.000 à 80.000 puces H200, ont précisé les deux premières sources de l'agence.

Nvidia a également informé ses clients chinois de son intention d'augmenter ses capacités de production pour ces puces, les commandes pour ces nouvelles capacités étant ouvertes au deuxième trimestre 2026, a ajouté la troisième source. Une incertitude importante demeure, car Pékin n'a pas encore approuvé les achats de puces H200 et le calendrier pourrait être modifié en fonction des décisions gouvernementales. L'ensemble du plan est donc conditionné à l'approbation du gouvernement, selon l'une des sources. Ces livraisons prévues constitueraient les premières exportations de puces H200 vers la Chine depuis que Donald Trump a déclaré ce mois que Washington autoriserait de telles ventes moyennant une commission de 25%.

Clearwater Analytics Holdings bondit de 8,2% à Wall Street, sur une capitalisation de 7,8 milliards de dollars. Un groupe de sociétés de capital-investissement mené par Permira et Warburg Pincus a conclu en effet un accord pour acquérir le concepteur de logiciels d'investissement et de comptabilité pour environ 8,4 milliards de dollars, dette comprise. Permira et Warburg Pincus ont scellé un accord pour racheter Clearwater à 24,55$ par action en numéraire, ce qui représente une prime de 47% sur les cours du 10 novembre, avant les informations faisant état d'une vente potentielle. Le deal annoncé hier inclut la participation d'investisseurs minoritaires, dont Francisco Partners et Temasek. L'accord prévoit une période de recherche d'acquéreurs potentiels s'achevant le 23 janvier, durant laquelle Clearwater pourra solliciter et évaluer d'autres propositions - avec une prolongation possible de 10 jours pour certains candidats. La transaction devrait être finalisée au cours du premier semestre 2026.

Netflix (-1%) a refinancé une partie d'un prêt-relais de 59 milliards de dollars destiné à financer son acquisition potentielle de Warner Bros. Discovery (+3%). Bloomberg indique que le géant du streaming a obtenu une ligne de crédit renouvelable de 5 milliards de dollars et deux prêts à terme à tirage différé de 10 milliards de dollars chacun pour refinancer une partie du prêt-relais contracté pour son offre sur Warner Bros., selon un document déposé ce lundi. Il reste ainsi 34 milliards de dollars disponibles pour la syndication, précise Bloomberg. Netflix a conclu un accord début décembre valorisant les actifs studio et de streaming de Warner Bros. à 82,7 milliards de dollars.

Paramount Skydance (+7%) a par la suite lancé une offre publique d'achat hostile. Ces offres concurrentes impliquent des opérations de dette de plusieurs milliards de dollars, parmi les plus importantes de la dernière décennie selon l'agence. La semaine dernière, Warner Bros. a conseillé à ses actionnaires de rejeter l'offre de Paramount et de privilégier le deal Netflix. Warner Bros. a qualifié l'offre de Paramount pour l'ensemble de la société, qui comprend 54 milliards de dollars d'engagements de dette, d'inférieure et d'inadéquate, jugeant par ailleurs son financement trop risqué.

Larry Ellison, le fondateur d'Oracle et père de David Ellison, patron de Paramount Skydance, a accepté pour sa part de garantir personnellement 40,4 milliards de dollars du financement en fonds propres nécessaire à l'offre de Paramount Skydance pour l'acquisition de Warner Bros Discovery, selon un document déposé lundi et dont Reuters a pris connaissance. Paramount a précisé que les conditions modifiées de l'offre restaient inchangées, à 30 dollars par action et entièrement en numéraire.

Honeywell (-0,5%) a annoncé prévoir une charge exceptionnelle d'environ 470 millions de dollars au quatrième trimestre, liée à un éventuel règlement du litige l'opposant à Flexjet. Reuters rappelle que la société d'aviation privée Flexjet a intenté une action en justice contre Honeywell en mars 2023, l'accusant de rupture de contrat de maintenance de moteurs d'avion. Flexjet réclamait des dommages et intérêts forfaitaires pour les retards de réparation des moteurs et affirmait que ces dommages continuaient de s'accumuler mensuellement pour les moteurs en attente de réparation.

Honeywell a également revu ses prévisions pour l'exercice en cours, prévoyant de classer son unité Advanced Materials comme activité abandonnée à compter du quatrième trimestre 2025, suite à la scission réussie de Solstice Advanced Materials. Le conglomérat de Caroline du Nord prévoit désormais un bénéfice ajusté pour l'année compris entre 9,70 et 9,80$ par action, contre une guidance précédente de 10,60 à 10,70$.