Wall Street : encore des records ?
La cote américaine attendue dans le vert sur ses sommets historiques

Wall Street s'affiche de nouveau en territoire positif avant bourse ce vendredi. Les indices sont attendus ainsi sur de nouveaux records, le S&P 500 s'adjugeant 0,1%, le Dow Jones 0,2% et le Nasdaq 0,1%. Les espoirs de baisse des taux et le moteur spéculatif de l'IA soutiennent les marchés actions, malgré le 'shutdown' et les mauvais chiffres de l'emploi privé publiés cette semaine... Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,4% à 60,7$. L'once d'or fin prend 0,4% à 3.870$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises. Le bitcoin remonte sur les 120.000$.
Le 'shutdown' se poursuit et pourrait être mis à profit par Donald Trump pour opérer des coupes. Le président américain envisage de supprimer des milliers d'emplois fédéraux avant une réunion avec son directeur du Budget, Russell Vought, alors que la Maison Blanche cherche à accentuer la pression sur les démocrates pour mettre fin à la paralysie du gouvernement. C'est du moins ce qu'affirme Bloomberg et que semble confirmer Karoline Leavitt. "Il y aura probablement des milliers de suppressions d'emplois", a déclaré hier l'attachée de presse de la Maison Blanche, précisant que toute l'équipe de la Maison Blanche travaillait à identifier les coupes budgétaires possibles. "Nous allons examiner les agences qui ne correspondent pas aux valeurs de l'administration et qui, selon nous, gaspillent l'argent des contribuables", a-t-elle ajouté.
Ces commentaires font suite à l'annonce faite par Trump sur les réseaux sociaux, hier, de son intention de rencontrer Vought afin de déterminer "lesquelles des nombreuses agences démocrates, dont la plupart sont des arnaques politiques, il recommande de supprimer, et si ces suppressions seront temporaires ou permanentes". Les Républicains agitent ainsi la menace de coupes budgétaires permanentes dans la bureaucratie fédérale pour inciter les Démocrates à voter en faveur de la réouverture du gouvernement. Ainsi, la Maison Blanche a annoncé que des licenciements pourraient survenir prochainement.
Le débat reste toutefois entier parmi les experts budgétaires, à propos de la légalité de coupes permanentes en période de 'shutdown'. Le président de la Chambre des représentants Mike Johnson a rencontré Trump à la Maison Blanche hier. Il défend les coupes budgétaires potentielles de Trump et impute la responsabilité du non-respect des crédits budgétaires aux Démocrates. "S'ils maintiennent le gouvernement fermé, la situation deviendra de plus en plus difficile", a déclaré Johnson, cité par Bloomberg.
Russell Vought a commencé à suspendre les dépenses consacrées aux projets de transport en commun à New York et aux programmes d'énergie propre dans les États qui ont voté pour Kamala Harris en 2024, indique Bloomberg. Les mesures prises par la Maison Blanche vont bien au-delà de ce qui est courant lors d'un 'shutdown', où de nombreux fonctionnaires fédéraux sont généralement mis au chômage partiel puis perçoivent des arriérés de salaire une fois le gouvernement financé, note encore Bloomberg. Le Congressional Budget Office estime qu'environ 750.000 employés seront mis au chômage partiel pour un coût de 400 millions de dollars par jour en pertes de salaire durant le blocage.
Ce premier 'shutdown' depuis 2018-2019 a pris effet mercredi en l'absence d'accord budgétaire au Congrès. Un tel blocage a retardé déjà plusieurs statistiques notables, dont les dépenses de construction, les inscriptions au chômage ou encore les commandes industrielles. La publication du rapport sur l'emploi américain attendue ce vendredi (consensus FactSet 50.000 créations de postes non agricoles, 62.000 dans le privé, 4,3% de taux de chômage) a aussi été repoussée.
La durée de ce blocage reste incertaine. Les opérateurs gardent en mémoire la durée historique du dernier shutdown de 2018-2019, de sept semaines durant le premier mandat de Trump... Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a accusé les Démocrates de négocier "comme des terroristes", selon des déclarations à CNBC jeudi, ajoutant que les Républicains réclamaient une prolongation "propre" du financement public. Les Démocrates cherchent à inclure des subventions aux soins de santé dans ce projet de loi de dépenses. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a déclaré sur CBS que les Démocrates "suppliaient" les Républicains de négocier mais qu'il n'y avait eu jusqu'à présent aucune discussion...
Le Sénat doit reprendre ses travaux ce vendredi, mais le chef de file des républicains au Sénat John Thune a déclaré qu'il était peu probable que la Chambre tienne des votes pendant le week-end. L'impasse pourrait donc perdurer au moins jusqu'au début de la semaine prochaine, voire plus longtemps.
Sur le front économique aux USA hier, la dernière étude Challenger, Gray & Christmas sur le sujet a fait ressortir 54.064 licenciements annoncés en septembre, en baisse de 37% en comparaison du mois antérieur (85.979). Néanmoins, le bilan à ce stade de l'année demeure préoccupant, alors que les plans d'embauches sont par ailleurs les plus faibles depuis 2009. Le total des annonces de licenciements à ce stade de l'année ressort au plus haut depuis 2020, alors que les embauches sont donc au plus bas de 16 ans.
Ce vendredi, le rapport sur l'emploi devait tenir la vedette, mais les investisseurs devront plutôt se rabattre sur l'indice PMI composite final de septembre (consensus 53,9 pour les services) et l'ISM des services (consensus 52), ou encore sur les interventions de John Williams, Lorie Logan et Philip Jefferson de la Fed.
Le président de la Fed de New York, John Williams, s'est opposé ce jour à l'idée selon laquelle les banques centrales recourraient à des outils "non conventionnels" lorsqu'elles cherchent à influencer l'économie par le biais de politiques de bilan. S'exprimant à l'occasion d'un événement à Amsterdam, le responsable a jugé que la politique monétaire était généralement comprise à travers un prisme trop étroit, celui de la fixation des taux d'intérêt, alors que d'autres mesures telles que les orientations prospectives et les politiques de bilan seraient donc jugées non conventionnelles et donc un peu suspectes. Il juge donc cette conception étriquée, alors que la Fed a essuyé des critiques pour son recours aux achats d'actifs et à l'extension de la taille de son bilan.
Williams a cité des études économiques qui décrivent l'efficacité de politiques telles que les achats d'actifs, même lorsque les taux à court terme sont très bas. "Il ne s'agit pas de politiques d'urgence, de crise ou de mesures radicales, mais de politiques qui s'inscrivent dans la longue tradition de la théorie et de la pratique monétaires", a affirmé Williams... Notons que dans le clan Trump, qui semble pourtant favorable à une certaine "largesse" monétaire, le secrétaire au Trésor Scott Bessent ainsi que le candidat potentiel au remplacement de Jerome Powell, l'ex-gouverneur Kevin Warsh, ont amplement critiqué les programmes de rachats d'actifs de la Fed en tant qu'outil monétaire.
Le président américain Donald Trump a déclaré hier que son administration envisageait de distribuer des chèques de remboursement aux contribuables américains, financés par les recettes de ses nouveaux droits de douane ! Une déclaration audacieuse en pleine paralysie administrative américaine du fait du 'shutdown' - lui même dû à l'absence d'accord budgétaire avec le clan démocrate. Dans une interview accordée à OAN News, Trump a quoi qu'il en soit décrit ces paiements potentiels comme une sorte de "dividende" pour les citoyens américains. "Nous pourrions également verser des sommes à la population, presque comme un dividende au peuple américain (...). Nous pensons à 1.000 à 2.000 dollars. Ce serait formidable", a lancé Trump, qui avait déjà émis en juillet une telle idée de remboursement d'impôt sous forme d'un dividende lié aux économies du DOGE d'Elon Musk.
Trump poursuit pendant ce temps ses attaques contre le patron de la Fed Jerome Powell, jugé trop lent à réagir et à baisser les taux. "Je crois vraiment que Jerome 'Too Late' Powell est un OBSTRUCTIONNISTE !", a ainsi lancé le président américain sur son réseau Truth Social... En attendant, le président des États-Unis peut d'une certaine manière se réjouir des très mauvais chiffres de l'emploi privé américain publiés avant-hier par ADP (32.000 destructions de postes), puisque les anticipations de baisse des taux viennent de fortement remonter. Selon l'outil FedWatch, il y a 98% de chances que la Fed réduise ses taux de 25 points de base le 29 octobre, à l'issue de la prochaine réunion, et un assouplissement supplémentaire d'un quart de point est aussi donné pour quasiment assuré pour le 10 décembre et la dernière réunion FOMC de l'année.
Notons aussi que la Cour suprême a autorisé la gouverneure Lisa Cook de la Fed, dont Trump veut l'éviction, à rester en poste. La haute cour étudiera les arguments de l'administration Trump lors d'audiences prévues à partir de janvier. En attendant, Cook demeure donc au Conseil des gouverneurs de la banque centrale américaine.
Sur le front commercial, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a évoqué une "avancée majeure" attendue lors du prochain cycle de négociations avec la Chine. Le point important à retenir est une rencontre informelle entre Trump et Xi Jinping lors d'un sommet en Corée du Sud prévu fin octobre, selon Bessent, interviewé par CNBC. Il a ajouté que ses propres négociations commerciales avec le vice-Premier ministre He Lifeng, qui constituent le cinquième cycle de négociations, devraient aboutir à cette "avancée majeure". Bessent a souligné que les négociations se dérouleraient avant l'expiration prévue le 10 novembre de la trêve sur les droits de douane les plus élevés imposés plus tôt cette année. Malgré cette trêve, la Chine a réduit ses achats de certains produits agricoles tels que le soja américain.
Les valeurs
BlackRock. Global Infrastructure Partners est en pourparlers avancés pour acquérir Aligned Data Centers, soutenu par Macquarie, ciblant un bénéficiaire majeur de l'essor des dépenses en IA dans ce qui serait l'une des plus grosses transactions de l'année, selon des sources de Bloomberg. Aligned pourrait être valorisé environ 40 milliards de dollars dans le cadre de cette transaction. Un accord pourrait être annoncé d'ici quelques jours, ont ajouté les sources de Bloomberg sous couvert d'anonymat, l'information étant confidentielle. MGX, une société d'investissement en IA créée par le fonds souverain Mubadala Investment Co., serait également impliquée dans les négociations et investirait indépendamment dans le cadre d'une transaction, a précisé l'une des sources. Mubadala a déjà investi séparément dans Aligned.
GIP, qui fait désormais partie de BlackRock, n'a pas encore conclu d'accord final et certains détails pourraient changer, ou les négociations pourraient encore s'achever sans transaction, ont indiqué les sources de Bloomberg. L'acquisition d'Aligned par GIP pour 40 milliards figurerait parmi les cinq plus importantes transactions mondiales de l'année, selon les données compilées par Bloomberg. GIP détient déjà CyrusOne, une entreprise de centres de données basée à Dallas, avec KKR. Les deux entreprises ont privatisé CyrusOne lors d'une transaction en 2021 valorisant l'entreprise à environ 15 milliards de dollars. Aligned, présent aux États-Unis et en Amérique du Sud et basée à Plano, au Texas, gère et développe actuellement 50 campus et 78 centres de données, note Bloomberg.
Applied Materials, le géant américain des équipements de production de semi-conducteurs, a prévenu d'un impact de 600 millions de dollars sur les revenus de l'exercice 2026 du fait de l'élargissement par les États-Unis de leur liste restreinte d'exportations, impactant son activité en Chine. Le groupe prévoit également un impact d'environ 110 millions de dollars sur son chiffre d'affaires du quatrième trimestre. 'Amat' a déclaré dans un document que la nouvelle règle rendrait plus difficile l'exportation de certains produits et la fourniture de pièces et services spécifiques à certains clients basés en Chine sans licence.
Le Département américain au Commerce a élargi lundi la liste noire d'exportation aux filiales détenues majoritairement par des sociétés cotées, sévissant ainsi contre les entreprises chinoises et étrangères qui utilisent des unités et des filiales pour contourner certaines restrictions américaines à l'export, explique l'agence Reuters. Le groupe avait publié au 3e trimestre un solide chiffre d'affaires de 7,3 milliards de dollars, au-dessus des attentes.
Microsoft. Hitachi a grimpé de 10,3% ce vendredi matin à Tokyo, au plus haut de six mois sur l'annonce d'un partenariat avec la startup vedette de l'IA OpenAI. L'accord stratégique implique une collaboration dans les domaines de l'énergie et du réseau électrique, des équipements de refroidissement, du stockage, ainsi que la plateforme de solutions numériques Lumada, selon un représentant d'Hitachi cité par Bloomberg. Hitachi et OpenAI ont signé un protocole d'accord hier, a précisé l'entreprise japonaise sur le réseau social X. Bloomberg note que la collaboration croissante avec les entreprises américaines alimente la hausse des actions technologiques japonaises, qui a déjà contribué à propulser les indices boursiers du pays vers des sommets. Fujitsu prend pour sa part 3,7% à Tokyo avec l'extension de son partenariat stratégique avec Nvidia "pour créer une infrastructure d'IA complète qui intègre des agents d'IA".
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