Wall Street sur de nouveaux records ! L'IA plus forte que le 'shutdown'

Wall Street s'affiche encore dans le vert avant bourse ce jeudi, le Nasdaq s'adjugeant 0,6% et le S&P 500 0,3%, attendus sur de nouveaux sommets avec les espoirs de baisse des taux et la flambée des valeurs liées à l'IA. Le Dow Jones est plus calme, stable en pré-séance. Hier déjà, les indices avaient battu des records malgré le 'shutdown' et les mauvais chiffres de l'emploi privé.

C'est encore l'IA qui pourrait soutenir les indices aujourd'hui, avec notamment une belle valorisation de 500 milliards de dollars d'OpenAI dans le cadre d'une offre secondaire, ou encore une introduction en bourse réussie de Fermi... Pour les puristes, la firme Berkshire de Warren Buffett vient quant à elle de confirmer le rachat d'OxyChem pour près de 10 milliards de dollars.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,5% à 61,5$. L'once d'or fin avance encore de 0,5% à 3.886$, alors que Goldman Sachs juge que le rallye pourrait aller encore plus loin qu'il ne l'anticipait jusqu'à présent, avec l'intérêt des investisseurs privés. L'indice dollar cède 0,1% face à un panier de devises. Le bitcoin grimpe sur les 119.000$...

Le 'shutdown', le premier depuis 2018-2019, prend effet depuis hier en l'absence d'accord budgétaire au Congrès. Un tel blocage a retardé déjà les chiffres des dépenses de construction hier, et devrait encore perturber le calendrier des statistiques américaines avec notamment un possible report du rapport sur l'emploi américain attendu en principe vendredi (consensus FactSet 50.000 créations de postes non agricoles, 62.000 dans le privé, 4,3% de taux de chômage)... Tout dépendra de la durée de ce blocage, qui reste incertaine. Les opérateurs gardent en mémoire la durée historique du dernier shutdown de 2018-2019, de sept semaines durant le premier mandat de Trump, mais les choses pourraient être différentes cette fois...

Les Démocrates du Congrès et Trump se sont enlisés avant-hier dans une confrontation sur les dépenses de santé, entrainant une paralysie du gouvernement qui perturbe les services nationaux et met au chômage partiel des fonctionnaires fédéraux. Trump et les dirigeants du Congrès ont concentré leurs interventions publiques tout au long de la journée de mardi sur l'accusation mutuelle de la suspension du financement, note Bloomberg. Un dernier vote sur un projet de loi de dépenses provisoires a échoué mardi soir par 55 voix contre 45, les Républicains n'ayant pas obtenu les 60 sénateurs nécessaires pour surmonter le blocage démocrate, rappelle l'agence.

Le financement gouvernemental expirait avant-hier à minuit. Les travailleurs essentiels, comme les militaires, travailleront sans salaire, tandis que les employés fédéraux non essentiels seront mis au chômage partiel, détaille Bloomberg. Jusqu'à 750.000 fonctionnaires fédéraux pourraient être mis au chômage partiel temporaire même si Trump ne procède pas à des licenciements définitifs, selon une estimation du Congressional Budget Office relayée par Bloomberg. Trump a haussé le ton avant-hier en affirmant que son administration pourrait licencier définitivement beaucoup de fonctionnaires fédéraux en cas de 'shutdown'. Le gouvernement fédéral a généralement recours au chômage partiel temporaire en cas de suspension du financement, puis leur verse des arriérés de salaire à la fin du blocage, rappelle Bloomberg.

Sur le front économique aux USA hier, les États-Unis ont détruit pas moins de 32.000 emplois dans le privé au mois de septembre, selon le rapport d'ADP, alors que les économistes de la place anticipaient en moyenne 50.000 créations. Pire encore, les chiffres du mois d'août ont été révisés en forte baisse, à 3.000 destructions de postes contre 54.000 créations précédemment évaluées. De quoi alimenter les craintes d'un profond ralentissement du marché américain de l'emploi, mais aussi faire remonter les anticipations de baisse des taux.

"Malgré la forte croissance économique observée au deuxième trimestre, la publication de ce mois-ci confirme davantage ce que nous avons observé sur le marché du travail, à savoir que les employeurs américains ont été prudents en matière d'embauche", indique Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.

En septembre, ADP a procédé à son réétalonnage préliminaire annuel du Rapport national sur l'emploi, basé sur les résultats du Recensement trimestriel de l'emploi et des salaires pour l'année 2024. Ce réétalonnage a entraîné une réduction de 43.000 emplois en septembre par rapport aux données antérieures à l'étalonnage. La tendance est restée inchangée ; la création d'emplois a continué de ralentir dans la plupart des secteurs.

L'indice PMI manufacturier final américain de septembre publié hier s'est affiché comme attendu à 52, signalant une expansion de l'activité manufacturière nationale le mois dernier. La lecture préliminaire était également de 52 et celle du mois antérieur de 53... L'ISM manufacturier de septembre s'est établi à 49,1 contre un consensus FactSet de 49,4, ce qui signale en revanche une légère contraction de l'activité. L'indice des commandes nouvelles de l'ISM s'est affiché à 48,9 contre 51,4 un mois auparavant.

Ce jeudi, La dernière étude Challenger, Gray & Christmas sur le sujet a fait ressortir 54.064 licenciements annoncés en septembre, en baisse de 37% en comparaison du mois antérieur (85.979). Néanmoins, le bilan à ce stade de l'année demeure préoccupant, alors que les plans d'embauches sont par ailleurs les plus faibles depuis 2009. Le total des annonces de licenciements à ce stade de l'année ressort au plus haut depuis 2020, alors que les embauches sont donc au plus bas de 16 ans.

Les inscriptions au chômage pour la semaine close le 27 septembre, qui devaient être publiées à 14h30 ce jour, ont été reportées du fait du shutdown. Il devrait en être de même pour les commandes industrielles américaines d'août, qui étaient prévues à 16 heures aujourd'hui... Lorie Logan, patronne de la Fed de Dallas, interviendra quant à elle dans l'après-midi.

Enfin, demain, le rapport sur l'emploi devait tenir la vedette, mais les investisseurs devront sans doute se contenter de se rabattre sur l'indice PMI composite final de septembre (consensus 53,9 pour les services) et l'ISM des services (consensus 52), ou encore sur les interventions de John Williams et Philip Jefferson de la Fed.

Trump poursuit pendant ce temps ses attaques contre le patron de la Fed Jerome Powell, jugé trop lent à réagir et à baisser les taux. "Je crois vraiment que Jerome 'Too Late' Powell est un OBSTRUCTIONNISTE !", a ainsi lancé le président américain sur son réseau Truth Social... En attendant, le président des États-Unis peut d'une certaine manière se réjouir des très mauvais chiffres de l'emploi privé américain publiés hier par ADP, puisque les anticipations de baisse des taux viennent de fortement remonter. Selon l'outil FedWatch, il y a 99% de chances que la Fed réduise ses taux de 25 points de base le 29 octobre, à l'issue de la prochaine réunion, et un assouplissement supplémentaire d'un quart de point est aussi donné pour quasiment assuré pour le 10 décembre et la dernière réunion FOMC de l'année. Un assouplissement monétaire qui devrait se poursuivre en 2026, à moins bien entendu que l'inflation ne fasse encore des siennes.

Notons aussi que la Cour suprême a autorisé la gouverneure Lisa Cook de la Fed, dont Trump veut l'éviction, à rester en poste. La haute cour étudiera les arguments de l'administration Trump lors d'audiences prévues à partir de janvier. En attendant, Cook demeure donc au Conseil des gouverneurs de la banque centrale américaine.

Les valeurs

Microsoft. OpenAI a conclu un accord permettant à ses employés, actuels et anciens, de vendre pour environ 6,6 milliards de dollars d'actions de l'entreprise, valorisée à 500 milliards de dollars, selon une source de Bloomberg proche du dossier. Cette vente secondaire propulse ainsi le créateur de ChatGPT devant SpaceX d'Elon Musk. Le groupe de Sam Altman devient selon Bloomberg la startup la plus valorisée au monde. OpenAI était auparavant valorisé 300 milliards de dollars lors d'un tour de financement de 40 milliards de dollars mené par SoftBank.

Dans le cadre de cet accord, les employés d'OpenAI ont vendu des actions à un groupe d'investisseurs comprenant Thrive Capital, SoftBank, Dragoneer Investment Group, MGX (Abou Dhabi) et T. Rowe Price, a déclaré la source de Bloomberg, qui a requis l'anonymat, l'information étant confidentielle. Le montant total des parts admissibles vendues lors de l'offre secondaire est inférieur cependant aux plus de 10 milliards de dollars d'actions que la société avait autorisées à la vente, a indiqué la source proche du dossier de Bloomberg, s'exprimant sous couvert d'anonymat. Cela pourrait signifier que les employés, actuels et anciens, affichent leur confiance dans la viabilité à long terme de l'entreprise, a ajouté la personne. Cette étape coïncide avec une période charnière pour l'entreprise, en négociation avec Microsoft en vue de sa transformation en une société à but lucratif plus traditionnelle.

OpenAI a été fondée en 2015 en tant qu'organisme à but non lucratif voué à l'avancement de l'intelligence numérique "de la manière la plus susceptible de bénéficier à l'humanité toute entière", rappelle encore Bloomberg. Les changements prévus permettraient à l'entité à but non lucratif OpenAI existante de prendre le contrôle d'une nouvelle société d'utilité publique.

Tesla. Elon Musk a atteint les 500 milliards de dollars de "valeur nette" dans le classement de Forbes, nouveau record pour l'homme le plus riche de tous les temps, qui profite surtout de la flambée du cours de Tesla (+40% sur un mois). Musk a cofondé sept entreprises, dont le constructeur de voitures électriques Tesla, le fabricant de fusées SpaceX et la start-up d'intelligence artificielle xAI, résume Forbes sur le profil de l'homme d'affaires. Il détient environ 12% de Tesla, qu'il a initialement financé en 2004 et qu'il dirige en tant que DG depuis 2008. SpaceX, fondé en 2002, est valorisée à 400 milliards de dollars selon une offre privée d'août 2025. Elon Musk détient une participation estimée à 42%. Elon Musk a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars (valeur d'entreprise) en 2022. Il l'a fusionné avec xAI en mars, valorisant ainsi l'entreprise combinée à 113 milliards de dollars, dette comprise...

Forbes ne mentionne pas dans le profil le nouveau package de rémunération potentielle de Musk proposé par le board de Tesla, qui pourrait atteindre... 1.000 milliards de dollars sous réserve de nombreux objectifs de performance et valorisation du groupe.

Berkshire Hathaway, la firme de Warren Buffett, a confirmé un accord pour l'acquisition de l'activité pétrochimique d'Occidental Petroleum pour 9,7 milliards de dollars, dans le cadre d'une transaction entièrement en cash. Il s'agit de la plus importante transaction de Berkshire depuis l'acquisition d'Alleghany en 2022 pour 13,7 milliards de dollars. Après des années sans transactions importantes, passées à liquider progressivement des participations importantes comme sa position sur Apple, Buffett n'a donc pas encore tiré sa révérence. L'oracle d'Omaha, âgé de 95 ans, quittera ses fonctions de directeur général de Berkshire à la fin de l'année. Pour l'heure, il met à profit la trésorerie du conglomérat qui s'élevait à 344 milliards de dollars fin juin, niveau proche d'un record.

Occidental, soutenu par Berkshire, a annoncé près de 4 milliards de dollars de cessions d'actifs depuis le début de l'année dernière afin de rembourser sa dette. L'an dernier, le groupe a racheté son concurrent CrownRock pour 10,8 milliards de dollars. OxyChem, qui fabrique des produits chimiques de base tels que le chlore, l'hydroxyde de sodium et les produits vinyliques, devrait générer un bénéfice avant impôts de 800 à 900 millions de dollars cette année.

Occidental vendra OxyChem à Berkshire Hathaway pour un montant en numéraire de 9,7 milliards de dollars, sous réserve des ajustements de prix d'achat habituels. Occidental prévoit d'utiliser 6,5 milliards de dollars du produit de la transaction pour réduire sa dette et atteindre l'objectif de dette principale inférieure à 15 milliards de dollars fixé suite à l'annonce de son acquisition de CrownRock en décembre 2023. Une filiale d'Occidental conservera les passifs environnementaux hérités d'OxyChem, et Glenn Springs Holdings Inc. continuera de gérer les projets d'assainissement existants pour cette filiale. La transaction devrait être finalisée au quatrième trimestre 2025, sous réserve des approbations réglementaires et des autres conditions de clôture habituelles.

Netflix fléchit suite aux attaques récentes d'Elon Musk, qui juge les contenus du service de streaming bien trop "woke" et recommande de résilier son abonnement. Sur le réseau social X, le multimilliardaire a ainsi posté et reposté de nombreux messages incitant les utilisateurs à abandonner Netflix. L'homme d'affaires met surtout en avant le fait que le choix jugé "woke" des contenus de Netflix puisse nuire à l'équilibre des enfants. Musk a désormais 227 millions d'abonnés sur son réseau social X et chacun de ses messages porte un poids notable. "Résiliez Netflix pour la santé de vos enfants", avait lancé initialement le milliardaire sur X, réagissant à un message selon lequel la plateforme ferait la promotion d'un agenda woke ou trans.

Fermi vient de faire son entrée en bourse à Wall Street de manière spectaculaire. Le titre s'est envolé hier soir de 54,9% en clôture pour son "IPO" sur le Nasdaq, et la tendance semble vouloir se poursuivre ce jeudi. Fermi America a levé plus de 682 millions de dollars sur une valorisation voisine de 12,4 milliards de dollars sur la base du prix d'introduction. Son modèle économique est centré sur les centrales à gaz naturel et nucléaires, et le marché total adressable est jugé très important avec la révolution de l'IA exigeant une production accrue des réseaux énergétiques. Fermi a été cofondé par Rick Perry, ancien secrétaire du département américain de l'Énergie sous la première administration Trump, ainsi que Toby Neugebauer, son actuel DG.

Fermi a vendu 32,5 millions de titres à 21$ pièce lors de l'introduction, alors que la fourchette indicative allait de 18 à 22$. Le titre a clôturé hier à 32,53$ et il est attendu à près de 37$ avant bourse. Après sa flambée d'hier, la capitalisation boursière atteint plus de 19 milliards de dollars. Pas mal du tout pour un groupe créé... en janvier 2025, qui vient aussi de faire son entrée sur le LSE pour la plus grosse opération de la place londonienne depuis 2020 - pourquoi se priver. Le magazine Barron's tente de tempérer les ardeurs des marchés en évoquant "un pari risqué". Le projet Matador, projet phare de Fermi, devrait produire 1,1 gigawatt d'électricité d'ici fin 2026, et jusqu'à 11 GW à grande échelle, indique Reuters.

Apple prend de la hauteur vers ses sommets historiques, bénéficiant de source de marché d'un objectif relevé de Morgan Stanley, qui évoque un lancement plus solide que prévu pour l'iPhone 17. Morgan vise désormais 298$ contre 240$ auparavant, avec un conseil à 'surpondérer'. Le cycle de l'iPhone 17 serait selon le broker légèrement meilleur que prévu et augmente ses prévisions de revenus pour l'iPhone sur l'exercice 2026 (+3% en volume et +1% en prix). Une hausse de la production ne saurait tarder à en croire l'intermédiaire... Jefferies vient pour sa part de rehausser à 285$ son objectif sur Alphabet, évoquant le potentiel sous-estimé de Gemini.