Wall Street : en mode panique !
Nouvelle dégringolade des indices...
La purge se poursuit à Wall Street. Malgré des chiffres de l'emploi plutôt solides, la bourse américaine a ouvert en nette baisse, plombée par la guerre commerciale menée par Donald Trump. Le S&P 500 trébuche de 4,94% à 5.130 pts tandis que le Dow Jones cède 4,11% à 38.880 pts. Le Nasdaq plonge de 5,46% à 15.633 pts après sa chute de 5,97% jeudi et est désormais en baisse de plus de 20% par rapport à ses récents sommets, donc en 'bear market'. Signe de la nervosité ambiante, le Vix, le célèbre indice de la peur, s'envole encore de 33% au-dessus des 40.
Les vastes droits de douane annoncés par Donald Trump exacerbent les craintes d'une guerre commerciale totale et sont à même de bouleverser l'ordre mondial. Si le président américain s'est dit ouvert à une réduction de ces tarifs douaniers si d'autres pays venaient à offrir des propositions " phénoménales " lors des négociations, le marché s'inquiète désormais clairement des perspectives de la première économie mondiale, les économistes prévoyant une hausse des prix aux États-Unis et un ralentissement de la croissance, voire une récession.
Pékin n'a pas tardé à répliquer. La Chine est la première grande puissance à riposter aux nouveaux droits de douane américains par une série de mesures, notamment des taxes sur toutes les importations américaines et des contrôles à l'exportation de terres rares. Pékin imposera des droits de douane de 34% sur toutes les importations en provenance des États-Unis à compter du 10 avril, soit le même niveau que les droits de douane dits réciproques imposés par Trump sur les produits chinois, vient d'annoncer le ministère chinois des Finances. Une annonce qui ne devrait que renforcer les craintes d'une guerre commerciale généralisée...
"Le marché rejette catégoriquement cette politique tarifaire", a déclaré Ed Yardeni, président de Yardeni Research, sur 'Bloomberg TV'. "J'espère que le message que le marché boursier envoie à l'administration est entendu". "Le marché intègre dans ses prix la perspective d'une récession mondiale", résume George Saravelos, responsable mondial de la recherche sur les devises à la Deutsche Bank, qui estime que seules des annonces de banques centrales ou de soutien budgétaire pourraient stopper la correction en cours.
Les investisseurs délaissent les actifs à risque, cherchant refuge dans les obligations d'Etat, entraînant une chute des rendements obligataires à l'image du taux du 10 ans US tombé sous les 4% (-12,4 pb actuellement à 3,905%).
Les traders anticipent désormais que la Réserve fédérale américaine procèdera à quatre baisses de taux d'ici la fin de l'année, dont une de 25 points de base dès juin. Selon George Bory, stratégiste en chef d'Allspring Global Investments, "la Fed dispose de moyens considérables pour aider le marché". "Le marché mise désormais sur des baisses de taux supplémentaires, et potentiellement plus tôt", a-t-il dit, ajoutant qu'un assouplissement monétaire en juin semblait désormais acquis. Le spécialiste n'exclut pas une réduction du coût d'emprunt dès le mois de mai.
Dans ce contexte, la publication du rapport mensuel de l'emploi n'a que peu d'impact sur les indices. Les créations de postes non-agricoles se sont établies à 228.000 en mars, alors que le taux de chômage atteint 4,2% contre 4,1% auparavant. Le consensus se situait à 140.000 créations de postes et 4,1% de chômage... Les créations d'emplois dans le privé sont ressorties au nombre de 209.000, contre 135.000 de consensus. Le taux de participation à la force de travail s'est établi à 62,5%. Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,3% d'un mois sur l'autre et de 3,8% sur un an, très proche des attentes. Les créations de postes de février ont été revues en baisse à 117.000 contre 151.000 auparavant tandis que les chiffres de janvier ont été revus à +111.000, contre +125.000 précédemment.
Le discours de Jerome Powell, à 17h25, promet d'être très suivi. Le président de la Fed pourrait donner de précieux indices sur la politique à venir de la Banque centrale.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI chute encore de près de 9% à 61$. L'once d'or fin recule d'environ 2,2% à 3.044$, victime de prises de profits. L'indice dollar remonte de 0,6% face à un panier de devises...
Les valeurs
* DuPont de Nemours chute de 16%, le régulateur des marchés ayant annoncé l'ouverture d'une enquête sur le groupe en Chine pour violation présumée des lois antitrust. "Nous avons pris connaissance d'un rapport selon lequel l'Administration d'État pour la régulation du marché de la République populaire de Chine a ouvert une enquête. Nous prenons cette affaire très au sérieux et examinons les allégations contenues dans le rapport", a déclaré un porte-parole de la société.
* Apple abandonne encore 4%. La journée de jeudi n'a fait que peu d'heureux dans les salles de marché. Ceux qui ont eu le nez fin et joué la baisse de la tech américaine peuvent se réveiller avec le sourire ce matin. Apple a par exemple chuté de 9,2% hier à New York, du jamais-vu sur une séance depuis mars 2020 pour la firme à la pomme. Plus globalement, le Nasdaq 100 a plongé de 6% jeudi, effaçant 1.400 milliards de dollars de capitalisation boursière, et portant ses pertes au cours des six dernières semaines à 16%. L'indice 'Bloomberg,' qui suit les actions des "Sept Magnifiques", a lui abandonné 6,7%.
L'annonce, mercredi soir, par Donald Trump d'importants nouveaux droits de douane sur les produits importés aux Etats-Unis a provoqué une véritable sidération et exacerbe les craintes d'une guerre commerciale totale et d'une récession économique à l'échelle mondiale. Le président américain a imposé des droits de douane de 10% sur la quasi-totalité des produits importés outre-Atlantique et des taxes encore plus importantes sur les importations en provenance de dizaines de pays, dont les principaux partenaires commerciaux de Washington.
La Chine et Taïwan, pôles mondiaux de la fabrication de puces électroniques et de haute technologie, ont ainsi été frappés de taxes douanières de respectivement 54% et 32%. Les nouveaux pays producteurs comme le Vietnam et l'Inde sont eux confrontés à des taxes d'au moins 26%. C'est un scénario désastreux pour des entreprises comme Apple, Nvidia et Broadcom, piliers américains de la technologie, qui s'approvisionnent en composants matériels et utilisent principalement une main-d'oeuvre basée en Asie du Sud-Est. "C'est vraiment le scénario catastrophe pour le secteur technologique, et je ne pense pas que nous ayons vu la fin des ventes, car elles continueront de souffrir jusqu'à ce que nous obtenions plus de clarté ou un changement de politique", affirme à 'Bloomberg' Paul Stanley, directeur des investissements chez Granite Bay Wealth Management.
Les analystes sont globalement déconcertés par la vision de Trump de rapatrier les activités de fabrication aux États-Unis, une opération extrêmement coûteuse qui prendrait des années, voire des décennies. Apple, par exemple, pourrait avoir besoin de trois ans et de 30 milliards de dollars pour transférer seulement 10% de sa chaîne d'approvisionnement de l'Asie vers les États-Unis, selon les estimations de Dan Ives, analyste chez Wedbush. Le spécialiste affirme qu'une telle décision entraînerait des " perturbations majeures " et serait vouée à l'échec, compte tenu de la forte hausse du prix des iPhones produits aux États-Unis.
* Nike (-4,5%) évolue au plus bas depuis 2017. Les détaillants ont particulièrement souffert de l'annonce d'importants droits de douane visant plusieurs grands pays producteurs de chaussures et de vêtements, dont le Vietnam et l'Indonésie... Les États-Unis ont en effet imposé un tarif douanier réciproque de 46% sur les produits vietnamiens, de 49% sur ceux provenant du Cambodge, de 32% sur ceux venant d'Indonésie et de 36% sur ceux arrivant de Thaïlande. De quoi remettre en cause les chaînes d'approvisionnement des géants du textile qui profitent des faibles coûts de main-d'oeuvre dans ces pays.
* Citigroup (-9%). Les grandes banques américaines, particulièrement sensibles aux risques économiques, se sont également effondrées hier avec la chute des taux obligataires.
* Tesla plonge de près de 10%. Le constructeur automobile a annoncé en début de semaine avoir livré 336.681 véhicules lors du premier trimestre, bien en dessous des attentes. Les livraisons du constructeur automobile ont ainsi chuté de 13% sur un an, pénalisées par la controverse entourant les prises de position politiques du directeur général Elon Musk, la concurrence accrue et le vieillissement de la gamme de véhicules électriques du groupe. Les livraisons de véhicules au premier trimestre ont été bien inférieures aux estimations pessimistes de JP Morgan Chase & Co, " confirmant les dommages sans précédent que nous redoutions pour la marque". Le rapport sur les ventes " nous amène à penser que nous avons peut-être sous-estimé la réaction des consommateurs ", affirme la banque. JP Morgan s'attend désormais à ce que les bénéfices de Tesla au premier trimestre chutent à 36 cents par action, en deçà de sa projection précédente de 40 cents et de l'estimation moyenne des analystes de 46 cents.
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