Wall Street accélère en hausse avec les espoirs commerciaux et monétaires
Les investisseurs misent sur une baisse des taux en décembre. Par ailleurs, Trump et Xi se sont entretenus par téléphone...
La cote américaine accélère en hausse désormais dans le sillage de son rallye de vendredi. Le S&P 500 s'adjuge 1,25% à 6.685 pts, le Dow Jones 0,51% à 46.483 pts et le Nasdaq 2,07% à 22.733 pts. Les marchés se redressent malgré des inquiétudes relatives aux valorisations de l'IA - dont certaines ont toutefois déjà nettement corrigé à l'image d'AMD, de Nvidia, d'Oracle ou de Meta. Pendant ce temps, Alphabet (Google), longtemps considéré comme en retard dans le domaine, devient le nouvel "élu" des amateurs d'intelligence artificielle avec son modèle Gemini 3 et ses TPU.
Ainsi, la tendance s'améliore suite à la récente correction, alors que Wall Street sera fermé jeudi pour Thanksgiving et ne rouvrira vendredi que pour une demi-séance (clôture à 19 heures, heure française).
Vendredi dernier, les marchés avaient profité de la forte remontée des anticipations d'assouplissement monétaire, suite notamment aux commentaires du patron de la Fed de New York, John Williams, qui évoquait la possibilité d'une baisse de taux d'un quart de point en décembre lors de sa dernière intervention. Selon l'outil CME FedWatch, la 'proba' d'un assouplissement d'un quart de point le 10 décembre atteint maintenant 76,9%, contre 23,1% pour celle d'un statu quo...
Le gouverneur Christopher Waller de la Fed, l'un des candidats potentiels au poste de président de la banque centrale américaine, a estimé ce lundi que l'inflation avait augmenté aux États-Unis, mais devrait se modérer. Il évalue une inflation actuelle hors droits de douane d'environ 2,4 à 2,5%. Notre homme plaide toujours pour une baisse de taux en décembre, alors que sa préoccupation concerne essentiellement le marché du travail. Il explique que depuis la dernière réunion de la Fed, les données disponibles suggèrent peu d'évolution, l'inflation n'étant donc pas selon lui un gros problème. "L'inflation ne sera pas un problème majeur à l'avenir. Elle va commencer à se résorber", a assuré le responsable sur Fox Business.
Côté brokers, Barclays croit savoir que Jerome Powell pencherait plutôt pour une baisse des taux. Goldman Sachs anticipe également un assouplissement en décembre, puis deux autres bons gestes d'un quart de point en mars et juin 2026, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 3 et 3,25%.
Sur le front commercial, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré que l'UE devait modifier sa réglementation numérique pour parvenir à un accord visant à réduire les droits de douane sur l'acier et l'aluminium. "Nous sommes en discussion avec eux", a indiqué Lutnick lors d'un entretien avec Bloomberg Television. "En échange, nous conclurons un accord avantageux sur l'acier et l'aluminium". Lutnick et le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, étaient à Bruxelles ce lundi pour leur première visite officielle depuis la conclusion de l'accord commercial avec l'UE en juillet. Cet accord a instauré un droit de douane américain de 15% sur de nombreux produits européens, tandis que l'UE s'est engagée à supprimer les droits de douane sur les produits industriels américains ainsi que sur certains produits agricoles et alimentaires. Les deux parties se sont également engagées à poursuivre leurs efforts pour réduire d'autres droits de douane, notamment la taxe de 50% sur l'acier et l'aluminium européens.
"Malgré les sommes colossales engrangées par les États-Unis - des centaines de milliards de dollars - grâce aux droits de douane imposés aux autres pays, le plein bénéfice de ces droits n'a pas encore été mesuré. En effet, de nombreux acheteurs de biens et de produits, pour éviter de payer ces droits à court terme, constituent des stocks excédentaires. Cependant, cette fragilité s'accentue et bientôt, les droits de douane seront appliqués à tous les produits concernés, sans possibilité de contournement. Les sommes dues aux États-Unis exploseront, dépassant largement les niveaux historiques déjà atteints. Ces paiements seront sans précédent et propulseront notre nation sur une voie inédite. Nous sommes déjà le pays le plus prospère du monde, mais ce pouvoir tarifaire apportera aux États-Unis une sécurité et une richesse nationales jamais vues auparavant. Ceux qui s'opposent à nous servent des intérêts étrangers hostiles, incompatibles avec le succès, la sécurité et la prospérité des États-Unis. Ils se moquent bien de nous. J'attends avec impatience la décision de la Cour suprême des États-Unis sur cette question urgente et cruciale, afin que nous puissions continuer, sans interruption, à rendre sa grandeur à l'Amérique", a lancé Trump sur son réseau Truth Social.
En outre, l'agence chinoise Xinhua a indiqué que Donald Trump et Xi Jinping avaient échangé par téléphone ce matin. Xi affirme que les relations commerciales entre les deux pays ont conservé une dynamique positive, et que les USA et la Chine devraient élargir leur liste de coopération.
Les questions demeurent concernant l'impact du shutdown historique des services de l'administration fédérale américaine. Les statistiques parviennent progressivement avec retard. La semaine dernière, le rapport sur l'emploi de septembre a plutôt agréablement surpris, mais d'autres indicateurs montrent un marché du travail américain en difficulté.
Sur le calendrier économique cette semaine, on retrouve ce lundi l'indice manufacturier de la Fed de Dallas, qui ressort en territoire de contraction à -10,4. L'indice des prix à la production de septembre et les ventes de détail du même mois seront dévoilés demain, ainsi que les indices des prix des maisons FHFA et S&P Case-Shiller. L'indice de confiance des consommateurs du Conference Board pour le mois de novembre, les stocks et ventes des entreprises du mois d'août, les promesses de ventes de logements d'octobre ou l'indice manufacturier de la Fed de Richmond pour novembre, seront aussi publiés demain.
La journée est également chargée mercredi, avant la pause de Thanksgiving. Les opérateurs suivront les commandes de biens durables de septembre, les chiffres du PIB du 3e trimestre, la balance du commerce international des biens, les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice PMI de Chicago, les ventes de logements neufs, les revenus et dépenses des ménages, ainsi que le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains et que le Livre Beige économique de la Fed.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a indiqué sur NBC que l'administration Trump travaillait sur la réduction des coûts de santé aux États-Unis et qu'une annonce était prévue cette semaine. La semaine dernière, Trump a déclaré espérer mettre en place un plan d'ici le 30 janvier pour faire face à la forte hausse imminente des primes d'assurance maladie, due à l'expiration des subventions fin 2025. Le président américain s'oppose aux efforts du Congrès visant à prolonger les subventions élargies de l'Affordable Care Act - point de friction dans la fermeture du gouvernement américain qui a pris fin le 12 novembre - et privilégie l'envoi d'aide directement aux Américains, note Bloomberg.
Les publications de résultats se poursuivent par ailleurs, avec Agilent, Symbotic, Keysight Technologies, Woodward ou Zoom Communications, attendus après bourse ce lundi. Alibaba publiera demain avant bourse, tout comme NIO Inc, Analog Devices, J.M. Smucker, Burlington Stores, Best Buy et Dick's Sporting Goods. Dell Technologies, Autodesk, Workday, HP Inc., NetApp et Zscaler, annonceront après la clôture demain. Deere et Li Auto publieront mercredi.
Sur le front géopolitique, les États-Unis et l'Ukraine ont indiqué avoir mis au point une nouvelle version améliorée du plan de paix visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, qui modifierait le projet conçu précédemment par l'administration Trump. Suite à une réunion entre responsables américains et ukrainiens à Genève, les USA et l'Ukraine ont évoqué des discussions très productives qui devraient se poursuivre les jours prochains. Kiev et ses alliés s'étaient auparavant inquiétés des concessions majeures accordées à la Russie dans le cadre du plan en 28 points de l'administration américaine.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,5% à 58,1$. L'once d'or fin progresse de 0,6% à 4.092$. L'indice dollar grappille 0,1% face à un panier de devises. Le bitcoin se redresse pour sa part sur les 86.000$.
Les valeurs
Alibaba (+5%) grimpe à Wall Street, alors que son application Qwen a enregistré plus de 10 millions de téléchargements la semaine consécutive à son relancement, signe prometteur, selon Bloomberg, pour le développement à long terme d'un concurrent à ChatGPT d'OpenAI. Le titre du géant chinois du commerce en ligne profite de la publication de ces chiffres très encourageants sur le blog WeChat.
"Cette progression fulgurante fait suite à la refonte, ce mois-ci, des applications iOS et Android d'Alibaba, désormais regroupées sous la marque Qwen", note l'agence. Le lancement de Qwen illustre d'après Bloomberg "la rapidité d'adoption sans précédent des applications d'intelligence artificielle ces dernières années". L'agence ajoute que Qwen "figure parmi les applications à la croissance la plus rapide, notamment en Chine où ChatGPT n'est pas disponible". Alibaba intégrera progressivement des fonctionnalités d'IA agentique pour faciliter les achats en ligne, notamment sur sa plateforme phare Taobao, au cours des prochains mois, avec pour objectif de faire de Qwen un agent IA pleinement opérationnel. Bloomberg souligne que sous la direction de son DG, Eddie Wu, l'entreprise s'est repositionnée sur l'IA, une stratégie qui sera réévaluée lors de la réunion avec les investisseurs qui suivra la publication des résultats trimestriels demain.
Alphabet (+6%) accélère en hausse, pour une capitalisation boursière de plus de 3.800 milliards de dollars. La maison-mère de Google est désormais considérée comme l'un des grands vainqueurs dans l'intelligence artificielle, avec son nouveau modèle Gemini 3 tout juste lancé et ses TPU. Le titre atteint un nouveau record historique sur la place américaine.
Nvidia (+0,2%) peine en revanche depuis l'annonce de ses comptes trimestriels marqués pourtant par une forte croissance et une performance supérieure aux attentes. Les rumeurs vendredi relatives aux puces H200 en Chine n'ont absolument pas réveillé la valeur. Lutnick, secrétaire américain au Commerce, a indiqué sur Bloomberg News que les décisions relatives aux approbations des puces Nvidia en Chine relevaient directement de Donald Trump. Il a laissé entendre que l'administration Trump évaluait activement la question d'un assouplissement ou d'une restriction des règles d'exportation des puces d'IA. Bloomberg avait pour sa part indiqué vendredi que "les autorités américaines entamaient des discussions préliminaires sur la possibilité d'autoriser Nvidia à vendre ses puces d'intelligence artificielle H200 à la Chine, une décision potentiellement controversée qui constituerait une victoire majeure pour l'entreprise la plus valorisée au monde".
Nvidia investit par ailleurs dans Revolut par le biais de Nventures. La fintech Revolut a finalisé une vente d'actions valorisant l'entreprise à 75 milliards de dollars. La transaction a été menée par Coatue, Greenoaks, Dragoneer et Fidelity Management & Research Company, avec la participation d'un large groupe d'investisseurs de tout premier plan, dont Andreessen Horowitz (aussi connu sous le nom de a16z), Franklin Templeton et T. Rowe Price Associates. Cette vente comprenait également un investissement de NVentures (branche de capital-risque de Nvidia), renforçant la collaboration de Revolut avec le leader mondial de la technologie dans des domaines clés, notamment l'IA. Revolut a consacré plusieurs mois à la préparation de ce tour de table, qui conforte sa position de startup la plus valorisée d'Europe. L'entreprise, valorisée 45 milliards de dollars l'année dernière, a permis à ses employés de vendre leurs actions dans le cadre de cette transaction.
Notons que l'investisseur Michael Burry, qui a récemment pris des positions de vente à découvert sur Nvidia et Palantir via sa firme Scion Asset Management, a lancé un service Substack à 379$ par an, 'Cassandra Unchained', et y comparerait Nvidia au Cisco du début des années 2000, sous-entendant que le géant des puces d'IA pourrait connaître un sort similaire en bourse.
Tesla (+6,6%) rebondit vivement à Wall Street. De source de marché, Melius Research juge que l'avance du constructeur en matière de conduite autonome est sur le point d'atteindre un point critique susceptible d'entraîner une transformation majeure de la valeur du secteur. Le spécialiste du broker considère Tesla comme une valeur incontournable, car la généralisation de la conduite autonome pourrait selon lui métamorphoser le secteur et générer des centaines de milliards de dollars de revenus pour le groupe au cours des cinq prochaines années. Malgré une faible notoriété auprès du grand public, le logiciel FSD de Tesla, sa puce AI5 et son intégration verticale lui confèrent une avance croissante sur les constructeurs automobiles traditionnels. Melius prévient aussi qu'avec l'accélération de l'adoption des véhicules autonomes, les entreprises qui s'accrochent à des architectures obsolètes pourraient être confrontées à une restructuration brutale.
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