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Casinos en ligne: "pas de pandémie ludique" en cas d'autorisation (J-P Martignoni-Hutin)

| AOF | 743 | Aucun vote sur cette news
Casinos en ligne: "pas de pandémie ludique" en cas d'autorisation (J-P Martignoni-Hutin)
Credits  ShutterStock.com


"Il n’y aurait pas de pandémie ludique" suite à une légalisation des casinos sur internet. C’est ce qu’affirme le sociologue Jean-Pierre G. Martignoni-Hutin, chercheur associé au Centre Max Weber de l’université Lyon-2 et spécialiste des jeux de hasard & d’argent. Dans un entretien accordé à AOF, il détaille les conséquences prévisibles d’une libéralisation encadrée du secteur des casinos en ligne. L'amendement retiré par le gouvernement ces derniers jours pourrait réapparaître dans une phase plus avancée de l'examen du budget après concertation.

Le projet gouvernemental de libéralisation des casinos en ligne vous-a-t-il surpris ?

Cette annonce peut paraître soudaine, opportuniste, mais au sein de l'UE, la France est le seul pays avec Chypre à ne pas avoir libéralisé totalement le secteur. Cette fin de la prohibition des casinos en ligne est donc dans la logique des choses au niveau européen. La France aime bien les exceptions culturelles mais en l'occurrence il s'agit d'une erreur rétrograde. Les machines à sous et les jeux de casino sur internet auraient pu être autorisés dès 2011 comme l'ont été le poker, les paris hippiques et sportifs, pour répondre à l'évolution des comportements de nos concitoyens vis à vis du numérique, dans ce domaine comme dans d'autres.

Le secteur des casinos terrestres est vent debout contre cette mesure…

Les groupes casinotiers et leur syndicat professionnel Casinos de France voient cette autorisation comme leur arrêt de mort, mais ils disaient déjà cela en 2011, et leurs casinos sont encore très actifs aujourd'hui… Il est possible de comprendre ce lobbying mais leur position ne tient pas. Ils sont contre les casinos et les bandits manchots en ligne, sauf si ce sont eux qui les exploitent. Certes cette libéralisation va accroitre la concurrence, mais les casinotiers seront les mieux placés pour exploiter la synergie entre casinos en dur et casinos virtuels. En outre, rien ne remplacera jamais l'ambiance du casino, les riches socialités et sociabilités des établissements de jeux, sans parler de leurs multiples autres activités.

Qu'attendez-vous d'une libéralisation du secteur ?

La fin de la prohibition des casinos en ligne va créer un nouveau marché. N'oublions pas que, selon l'Autorité Nationale Des Jeux (ANJ), 3 à 4 millions de personnes ont joué sur des sites illégaux en 2023: le marché est sans doute beaucoup plus large. Un certain nombre de Français aimeraient jouer aux machines à sous sur internet mais avec raison ne le font pas, dissuadés par l'absence de garantie sur la sécurité, et la présence probable d'acteurs mafieux…

L'encadrement légal des casinos en ligne permettra-t-il de lutter contre l'offre illégale ?

C'est dans la logique historique du rapport interdiction/marché illégal. La prohibition a toujours entrainé la création d'un marché parallèle. Cette libéralisation va peu ou prou assécher le marché gris, ce qui devrait réjouir Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de l'ANJ, car elle pourra ainsi jouer un rôle d'information et de prévention en direction de ces joueurs, actuellement sans aucune protection. Son opposition paraît totalement contradictoire avec ses intérêts.

La fiscalité sera-t-elle déterminante?

Absolument. Si elle est trop forte ce sera contre-productif pour lutter contre l'offre illégale. Il faut que les joueurs repentis et les nouveaux joueurs qui vont jouer légalement aux machines à sous sur internet n'aient plus aucune raison de le faire sur le marché gris. En outre la France, entrant tardivement dans ce marché, se doit d'être attractive et pas seulement pour les joueurs français, car par définition ce marché est mondial.

L'ANJ devrait donc voir son rôle évoluer…

Oui et je crois que le régulateur est capable d'encadrer les nouveaux opérateurs. Le problème c'est que l'ANJ fait de la politique, et qu'elle est dominée par la doxa du jeu comme pathologie, porté par certaines associations. Nous ne pouvons que dénoncer cette politique  sanitaire et néo-prohibitionniste, car elle multiplie les mesures autoritaires, comme la censure en 2022 de la publicité Winamax qui  véhiculait "le message selon lequel les paris sportifs peuvent contribuer à la réussite sociale".

Nous ne pouvons également que regretter un déficit démocratique en matière de politique des jeux. L'ANJ n'a pas à se substituer aux politiques comme en témoignent les mesures prises contre deux jeux citoyens, la censure du loto de la biodiversité en 2022, les mesures liberticides contre le loto du patrimoine en 2023, plus une kyrielle de mesures autoritaires et règlementaires contre les opérateurs et notamment contre la FDJ, contre les joueurs.

L'ANJ a donc tort de surprotéger les joueurs, qui seraient moins exposés qu'on ne le croit…

L'ANJ et sa présidente voient le jeu comme une drogue, une addiction, une maladie... J'y vois l'influence d'addictologues qui sont en conflit d'intérêt dans cette affaire. Sur le jeu problématique rappelons qu'il y a 70 000 interdits de jeux en France pour 30 millions de joueurs. Le joueur interdit volontaire est surprotégé pendant trois ans, et après cette période s'il ne se manifeste pas, son interdiction est reconduite par tacite reconduction : ce dispositif n'existe dans aucun autre domaine. Il est impossible de se faire interdire de Coca Cola ou de MacDonald's, alors même que la "malbouffe" est un vrai problème de santé publique bien plus grave que les jeux d'argent

La libéralisation des casinos en ligne n'entrainera pas de "pandémie ludique" contrairement à ce qu'affirment certains addictologues qui prônent par ailleurs l'ouverture de salles de shoot. En France la moitié des citoyens ne jouent pas, et tout le monde ne va pas commencer à jouer aux machines à sous sur internet après cette légalisation.

La légalisation des casinos en ligne serait donc une mesure bénéfique et sans risque…

Les gagnants d'une telle ouverture seront les Français qui auront plus de choix, plus de liberté. En tant que sociologue je me méfie des sondages, mais ils reflètent souvent une opinion très favorable à une offre en ligne régulée et sécurisée. Il est possible de considérer démocratiquement que celui qui est contre les casinos en ligne a toujours la possibilité de ne pas jouer.

Les jeux sont aussi un vrai patrimoine national...

Historiquement la France est un grand pays de jeux, avec bien sûr le PMU et la filière hippique, mais aussi nos plus de 200 casinos qui enregistrent des millions d'entrées chaque année et attirent des milliers touristes étrangers, ainsi que la Française des Jeux et ses 30 000 points de vente dans plus de 11 000 communes. Ces trois grands acteurs du marché ludique national sauront s'adapter, entre histoire et modernité.

L'exécutif est donc fidèle à sa mission en appelant le secteur des jeux à contribuer à l'effort national...

Les  jeux d'argent on toujours participé au bien commun, comme en témoignent les débats parlementaires de 1933 qui ont abouti à la réintroduction de la loterie, avec pour objectif d'aider les victimes des calamités agricoles et les "gueules cassées" de la Grande Guerre. Souhaitons que nos députés et sénateurs contemporains soient à la hauteur de cette histoire.

Les casinos et machines à sous sur internet peuvent parfaitement participer à l'effort national: l'acceptation sociale de cette fiscalité positive sera par ailleurs plus grande que la fiscalité punitive traditionnelle.



Propos recueillis par Matthieu Richard-Molard

source : AOF

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