Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      
7 593.87 PTS
+0.5 %
7 560.5
+0.87 %
SBF 120 PTS
5 770.34
+0.57 %
DAX PTS
22 496.98
+0.32 %
Dow Jones PTS
40 669.36
+0.35 %
19 571.02
+0.13 %
1.133
+0. %

Avec les avocats commis d'office de Bobigny, le contre-la-montre de la défense d'urgence

| AFP | 112 | Aucun vote sur cette news
Des juges ouvrent une audience de procès en présence d'avocats et de membres du public dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis
Des juges ouvrent une audience de procès en présence d'avocats et de membres du public dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis ( Ludovic MARIN / AFP/Archives )

"Ça y est, ils commencent à s'agiter", soupire la coordinatrice Sophie Schwilden en voyant un numéro du parquet de Bobigny l'appeler frénétiquement de bon matin. Pour la permanence d'avocats commis d'office, le combat de la défense annonce une énième journée au pas de charge dans le deuxième tribunal de France.

Dans cette usine judiciaire siégeant sur l'un des départements les plus pauvres et criminogènes, un commando de cinq représentants du barreau de Seine-Saint-Denis se relaie chaque jour pour assurer la défense d'adultes sans avocat qui sont poursuivis devant le tribunal.

Violences conjugales, vente de cigarettes à la sauvette, vols avec effraction, agressions, trafic de drogues... Dès 08H00 du matin, dans les locaux de l'ordre attenant à la salle des pas perdus, la coordinatrice du jour, Sophie Schwilden, 60 ans, passe en revue les tableaux de personnes poursuivies envoyés la veille au soir par le parquet.

Avec trois dossiers par commis d'office, la journée s'annonce presque tranquille selon les standards de Bobigny, tribunal emblématique d'une justice surchargée.

Sur des ordinateurs portables, les avocates de permanence - toutes des femmes ce jour-là - prennent rapidement connaissance des pièces des dossiers qui leur sont attribués par la coordinatrice.

Une juge ouvre un dossier dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis
Une juge ouvre un dossier dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis ( Ludovic MARIN / AFP/Archives )

"Malheureusement, ce sont des personnes qui n'ont pas nécessairement les moyens, il faut pouvoir leur fournir une défense de qualité", explique sans décrocher les yeux de son écran Me Myriam Driouch, 35 ans, qui prend régulièrement des permanences pour leur "adrénaline".

Presque aussitôt, les téléphones se mettent à sonner tous azimuts: les procureurs, installés deux étages plus haut, appellent pour savoir quand ils pourront aller au dépôt du tribunal notifier les poursuites aux mis en cause détenus.

"Je descends !" Une à une, les avocates disparaissent dans les sous-sols pour s'entretenir avec leurs clients en cellule avant leur présentation au parquet.

En quelques minutes à peine, elles doivent leur expliquer le déroulement de la procédure, les briefer et trouver des éléments favorables pour contrebalancer le dossier constitué par le ministère public.

"On essaye de prendre contact avec les gens dont on nous a donné les coordonnées pour obtenir le maximum d'éléments", raconte Sophie Schwilden, "par définition ils n'ont aucun moyen d'organiser leur défense car ils n'ont aucun contact avec l'extérieur".

"Frustrant"

12H45, les audiences de comparutions immédiates s'ouvrent dans un quart d'heure. Au téléphone avec la compagne d'un client addict au crack, Me Lamiae Hafdi court pour imprimer une attestation manuscrite grossièrement photographiée au téléphone portable par son interlocutrice.

Une barre et un micro dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis
Une barre et un micro dans une salle d'audience du palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis ( Ludovic MARIN / AFP/Archives )

"On n'a pas le temps d'appeler les membres de la famille, de nous entretenir bien, d'apprendre à connaître vraiment le client qu'on a. La défense d'urgence est un peu frustrante parfois", confie en coup de vent cette jeune avocate qui a prêté serment il y a deux ans.

À la mi-journée, une volée de mails du parquet informe la permanence qu'elle récupère trois dossiers supplémentaires, des "dépôts midi" dans le jargon.

Écartelée entre les deux chambres de comparutions immédiates, une permanencière ouvre le bal avec un dossier de violences conjugales alcoolisées à la 18e chambre, redescend au dépôt pour s'entretenir avec des clients qu'elle n'a pas encore pu voir, faute d'effectifs policiers suffisants, puis remonte à la surface pour continuer sa journée avec deux dossiers à défendre à la 17e chambre.

À la 18e, Myriam Driouch vient tout juste de plaider la cause d'un homme qui a fracturé le poignet de sa copine lorsqu'elle apprend qu'elle doit aussi récupérer à la volée le cas d'une "mule", une jeune Brésilienne arrêtée à Roissy avec de la cocaïne. L'affaire est prévue pour passer en procès mais était passée sous le radar de la permanence.

"Je suis vraiment une poisseuse sans nom", lâche-t-elle, les yeux levés au ciel. Elle compulse le dossier en quatrième vitesse, inutile d'espérer un renvoi: "le tribunal va me dire +mais maître, de toute façon nous sommes là jusqu'à minuit+".

Des panneaux indiquent les salles d'audience au palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis
Des panneaux indiquent les salles d'audience au palais de justice de Bobigny, le 15 janvier 2024 en Seine-Saint-Denis ( Ludovic MARIN / AFP/Archives )

Pendant ce temps, sac à dos bordeaux jeté sur une épaule, la coordinatrice Sophie Schwilden virevolte entre les différents étages du tribunal.

Un moment, elle ferraille avec une procureure sur la peine dans une CRPC (plaider coupable), l'instant d'après elle se précipite à l'homologation devant une juge de cette procédure. Quelques minutes plus tard, ce sont les modalités d'un contrôle judiciaire dans un autre dossier qu'elle négocie devant un juge des libertés et de la détention.

À 21h, après un ultime dossier de conduite sans permis pour un jeune atteint de troubles psychiatriques, la permanence a fini d'écoper. Dans la boîte mail, les tableaux du parquet pour le lendemain s'accumulent déjà. Le même combat recommence.

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote

Jusqu'à
170€ de prime offerte*

Pour toute 1ère adhésion avant le 30 avril 2025 inclus, avec un versement initial investi à 30 % minimum sur un (ou des) support(s) d'investissement en unités de compte, non garanties en capital.
*SOUS CONDITIONS

Ces contrats présentent un risque de perte en capital.
Information publicitaire à caractère non contractuel.

Actions les plus vues

Classement des actions les plus vues, pour la période du jeudi 24 avril 2025 au mercredi 30 avril 2025, des marchés Euronext Paris, Bruxelles, Amsterdam, Growth Paris, NASDAQ et NYSE sur le site et l'application Bourse Direct.

CONTENUS SPONSORISÉS
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 30/04/2025

Miriam Haley, l'une des accusatrices au procès d'Harvey Weinstein dans les couloirs de la cour criminelle de Manhattan, à New York, le 30 avril 2025 ( POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP )"Je…

Publié le 30/04/2025

Aomar Ait Khedache (au centre) au début de son procès à Paris le 28 avril 2025 ( Bertrand GUAY / AFP )D'Aomar Ait Khedache, on retient le cliquetis entêtant de sa canne, le silence de la cour…

Publié le 30/04/2025

Nicolas Bedos à la sortie de son procès à Paris le 8 février 2024 pour agression sexuelle. ( Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP/Archives )L'acteur et réalisateur français Nicolas Bedos,…

Publié le 29/04/2025

L'ex-Premier ministre français Francois Fillon (g) et son avocat Antonin Levy à la cour d'appel de Paris, le 29 avril 2025 ( Bertrand GUAY / AFP )Une peine de quatre ans de prison avec sursis a…

Publié le 28/04/2025

(g-d) Kanye West, Kim Kardashian et sa soeur Kourtney Kardashian assistent à un défilé de mode à Paris, le 29 septembre 2016 ( ALAIN JOCARD / AFP/Archives )En 2016, une…

À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 30/04/2025

La Bourse de New York a terminé en hausse, soutenue par une vague de publications de résultats d'entreprises et la parution de plusieurs indicateurs économiques. 

Publié le 30/04/2025

Le groupe prépare de nouvelles ouvertures de points de vente.

Publié le 30/04/2025

Publication du T1 2025 Memscap a publié hier un chiffre d'affaires du premier trimestre en repli de -18,9 % à 3,1 M€, en deçà de nos attentes. L’activité…

Publié le 30/04/2025

Le groupe d’investissement Eurazeo a annoncé l’acquisition du solde des titres Kurma Partners, une société de gestion française spécialisée dans les biotechnologies et l’innovation…

L'ouverture de votre compte Bourse Direct est gratuite et s'effectue en ligne en quelques minutes.

Dans le cas d'un transfert de compte, Bourse Direct prend en charge 100% de vos frais, à hauteur de 200 € par compte.