Le CAC 40 pas plus volatil que les autres Bourses
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a récemment publié une étude approfondie sur la volatilité du CAC 40. Contrairement à une perception parfois répandue, l’indice parisien ne se distingue pas par des variations particulièrement marquées par rapport à d’autres grandes places financières occidentales. L’analyse, basée sur une décennie de données, révèle des tendances globales et fournit des explications sur l’évolution de cette volatilité.
Le CAC 40 face à ses homologues internationaux
Sur les dix dernières années, le CAC 40 n’a pas connu de « décrochages » plus fréquents ou plus importants que les indices des autres marchés occidentaux. Toutefois, des épisodes récents, notamment en 2023, attirent l’attention sur des variations ponctuelles importantes. En effet, les dix valeurs les plus volatiles de l’indice ont enregistré des baisses journalières impressionnantes, allant de -8,9 % à -59,2 %.
Cette année-là, l’AMF a comptabilisé neuf variations à la baisse d’au moins 10 % concernant sept valeurs du CAC 40, soit une augmentation notable par rapport aux trois en 2022 et aux six en 2021. Cependant, ces épisodes restent relativement rares, surtout si l’on compare aux années précédentes : entre 2013 et 2017, les cas de baisses équivalentes étaient beaucoup moins fréquents, oscillant entre un et quatre par an.
L’étude conclut ainsi que ces décrochages, bien que spectaculaires, ne sont ni spécifiques au CAC 40 ni symptomatiques d’une fragilité unique de la Bourse de Paris. Ils s’inscrivent dans une tendance globale observée également aux États-Unis et dans le reste de l’Europe.
Des valorisations élevées et des performances concentrées
L’AMF avance plusieurs explications pour comprendre ces variations accentuées. Tout d’abord, les valorisations des actions ont atteint des niveaux très élevés, notamment après la reprise économique post-crise sanitaire. Cette situation, couplée à des attentes de marché élevées, a exacerbé les réactions des investisseurs face aux mauvaises nouvelles. Une publication de résultats financiers jugée décevante peut entraîner une correction importante, ce qui s’est traduit par des baisses spectaculaires sur certaines valeurs en 2023.
Par ailleurs, la performance globale des indices est de plus en plus concentrée sur une poignée de valeurs dominantes. Par exemple, l’étude note qu’en 2023, seulement onze valeurs du Stoxx Europe 600 ont représenté à elles seules 50 % des gains de l’indice. Ce phénomène de concentration, qui reflète une récompense accrue pour les entreprises jugées performantes et une sanction plus sévère pour celles qui déçoivent, contribue à une volatilité accrue au sein des indices.
En outre, cette dynamique engendre une décorrélation des valeurs au sein d’un même indice, accentuant les écarts de performance entre les différents titres. Ainsi, si certaines valeurs atteignent des sommets, d’autres subissent des variations négatives marquées, souvent influencées par des résultats financiers inférieurs aux attentes ou des événements exogènes.
Une tendance globale
L’un des points saillants de l’étude de l’AMF est que cette augmentation de la fréquence des baisses journalières de 10 % ou plus n’est pas spécifique au marché parisien. Elle est également perceptible sur d’autres places financières, notamment aux États-Unis et dans le reste de l’Europe. Les variations marquées observées sur le CAC 40 s’inscrivent donc dans une dynamique mondiale qui reflète les nouvelles réalités des marchés financiers, marquées par des valorisations élevées, une concentration des performances et une réactivité accrue des investisseurs.
Tableau : Évolution des variations journalières à la baisse du CAC 40 (2021-2023)
Année |
Nombre de variations à la baisse ≥ 10 % |
Observations |
---|---|---|
2021 |
6 |
Variations limitées, post-crise sanitaire |
2022 |
3 |
Stabilisation relative |
2023 |
9 |
Hausse marquée, amplifiée par des valorisations élevées |
Que retenir pour les investisseurs ?
Face à ces constats, l’étude de l’AMF met en lumière la nécessité pour les investisseurs de comprendre les dynamiques actuelles des marchés. La volatilité accrue, bien que spectaculaire, reste un phénomène global et lié à des évolutions structurelles des marchés. Ainsi, elle ne doit pas être perçue comme une spécificité de la Bourse de Paris.
Pour les investisseurs, il est essentiel d’intégrer cette volatilité dans leurs décisions, en surveillant de près les publications financières des entreprises et en diversifiant leurs portefeuilles pour limiter les risques associés à la concentration des performances.
👉 Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’intégralité du rapport de l’AMF ici.