Wall Street recule, Powell temporise...
Cisco souffre, mais Disney grimpe !
Wall Street a reculé jeudi soir, s'éloignant de ses récents sommets. Le S&P 500 a cédé 0,60% à 5.949 pts, alors que le Dow Jones recule de 0,47% à 43.750 pts. Le Nasdaq a de nouveau reculé de 0,64% à 19.107 pts. Cisco (-2,1%) était sous pression suite à sa dernière publication, tandis que Disney (+6,2%) s'est distingué au contraire en vive hausse... Au lendemain de chiffres sans surprise de l'inflation des prix à la consommation, ceux des prix à la production sont ressortis également quasiment 'en ligne' - même si l'indice hors éléments volatils a progressé un peu plus que prévu... A noter aussi, des chiffres toujours résistants de l'emploi hebdomadaire.
Le bitcoin fléchit ce soir sous les 88.000$, à la suite de son rallye dans le sillage de l'élection de Donald Trump. Sur le Nymex, le baril de brut WTI regagne 0,5% à 68,60$. L'indice dollar gagne 0,1% face à un panier de devises.
Les responsables de la Fed ont multiplié les interventions depuis hier, mais c'est surtout Jerome Powell qui a eu ce soir le dernier mot : Le président de la Réserve fédérale américaine a déclaré qu'il n'était pas nécessaire pour l'institution de se précipiter pour réduire les taux d'intérêt, du fait de la croissance économique, de la solidité du marché de l'emploi et d'une inflation supérieure à l'objectif de 2%. Ces commentaires pourraient venir renforcer l'hypothèse que la Fed ralentira l'an prochain le rythme de son assouplissement monétaire par rapport à ce qui était anticipé au préalable... Si Powell a noté que les responsables de la Fed considéraient toujours l'inflation sur "une trajectoire durable vers les 2%" qui permettra à la banque centrale américaine de rapprocher "avec le temps" les taux du seuil de neutralité, il a ajouté que le rythme de cet assouplissement monétaire n'était "pas prédéterminé"..."L'économie n'envoie aucun signal indiquant que nous devons nous précipiter pour baisser les taux", a martelé le patron de la banque centrale US lors d'un événement organisé par la Fed de Dallas. "La solidité que nous constatons actuellement dans l'économie nous donne la capacité d'aborder nos décisions avec prudence".
Les responsables de la banque centrale tentent désormais d'évaluer l'impact potentiel des premières décisions que prendra Donald Trump début 2025, concernant particulièrement les baisses impôts et les hausses de droits de douane qui pourraient avoir un impact sur la croissance et sur le devenir de l'inflation US. En attendant, Jerome Powell a estimé que le tableau économique actuel était "remarquablement bon", avec notamment un taux de chômage toujours bas (4,1%) et une croissance annuelle de 2,5% "solide", supérieure aux estimations de la banque centrale américaine. Cependant, les principaux indicateurs de l'inflation se situent toujours "au-dessus des objectifs"...
En bourse, les investisseurs anticipent toujours une baisse des taux supplémentaire de 25 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed, des 17 et 18 décembre, mais commencent à ajuster leurs prévisions d'assouplissement monétaire pour l'an prochain, en raison de la récente victoire électorale de Donald Trump et des données toujours élevées de l'inflation...
Lorie Logan, la patronne de la Fed de Dallas, avait auparavant jugé que les modèles montraient que les taux des fed funds pourraient être déjà très proches de la neutralité. Il reste des baisses de taux à venir selon la responsable, mais la banque centrale américaine se rapprocherait donc du fameux taux "neutre", ni stimulant, ni restrictif... Logan a ajouté que les responsables de la Fed devaient procéder avec prudence en matière de politique monétaire et qu'il ne s'agirait pas de baisser les taux trop fortement, au-delà de ce taux neutre. Elle note que les progrès concernant l'inflation ont été larges.
Alberto Musalem, qui dirige la Fed de St. Louis, a estimé pour sa part que la politique monétaire devrait rester modérément restrictive tant que l'inflation reste au-dessus de l'objectif. Lors d'un événement de l'Economic Club de Memphis, il a noté en effet que le risque lié à l'inflation était accru du fait d'une économie plus forte. Il reste donc prudent, même s'il juge que l'objectif des 2% d'inflation demeure en vue.
Jeffrey Schmid, président de la Fed de Kansas City, a évoqué quant à lui les déficits plus élevés, qui pourraient signifier des taux plus élevés. Le responsable se montre lui aussi prudent concernant l'ampleur des baisses de taux à venir et le taux final. Sa confiance est néanmoins accrue à ce stade concernant le retour de l'inflation vers l'objectif des 2%. "Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'ajuster préventivement la politique monétaire", a aussi lancé Schmid.
La gouverneure de la Fed Adriana Kugler a enfin déclaré que les décideurs politiques devaient garder leur attention sur les objectifs d'inflation et d'emploi de la banque centrale, soulignant le refroidissement du marché du travail et des progrès plus lents vers l'objectif d'inflation de 2%. "Si des risques apparaissent qui freinent les progrès ou font réaccélérer l'inflation, il conviendra de suspendre la baisse de nos taux directeurs. Mais si le marché du travail ralentit soudainement, il faudra continuer à réduire progressivement les taux", a nuancé Kugler.
Sur le front économique aux États-Unis ce jeudi, l'indice des prix à la production d'octobre a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, alors que le consensus FactSet était de +0,2% sur un mois et +2,3% sur un an. Hors alimentation et énergie, le PPI a progressé un peu plus que prévu, de 0,3% d'un mois sur l'autre et 3,1% sur un an, contre des consensus de +0,2% et +3%, respectivement...
Les inscriptions au chômage ont légèrement reculé la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé, pour la semaine close au 9 novembre, des inscriptions au chômage au nombre de 217.000, en repli de 4.000 par rapport au niveau confirmé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 224.000.
Vendredi, les marchés suivront les ventes américaines de détail du mois d'octobre (14h30, consensus +0,4% en comparaison du mois antérieur, +0,3% également hors automobile et +0,4% hors automobile et essence). L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour novembre sera dévoilé à la même heure (consensus FactSet +0,7). Les prix à l'import et à l'export d'octobre seront aussi connus à 14h30 (consensus -0,1% pour les prix à l'import). Les chiffres de la production industrielle d'octobre seront annoncés à 15h15 (consensus -0,3%, taux d'utilisation des capacités estimé de 77,1%). Les stocks des entreprises pour septembre seront révélés à 16 heures (consensus +0,2%).
Les valeurs
Cisco (-2,1%) a publié hier soir des comptes supérieurs aux attentes et des prévisions mitigées. Le géant des équipements de réseaux accélère, mais pas aussi vite que ne l'espéraient les investisseurs. Pour le premier trimestre fiscal clos fin octobre, le groupe a publié des revenus de 13,8 milliards de dollars en recul de 6% en glissement annuel, légèrement au-dessus des anticipations de marché, pour un bénéfice ajusté par action de 91 cents à comparer à un consensus de 87 cents. Les commandes ont progressé de 20% sur la période, après une augmentation de 14% sur le trimestre antérieur. Cisco constate un net rebond des dépenses des entreprises dans tous les secteurs et dans toutes les zones géographiques, et profite des dépenses consacrées aux machines nécessaires au support de l'informatique IA. Le groupe est en avance sur son objectif d'un milliard de dollars pour les commandes des plus grands opérateurs de centres de données pour ce type d'équipement, indique le management. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe envisage des revenus allant de 13,75 à 13,95 milliards de dollars, ce qui dépasserait le consensus. Les revenus annuels pour l'exercice 2025 sont attendus entre 55,3 et 56,3 milliards de dollars, une révision en légère hausse, mais le milieu de fourchette reste inférieur au consensus.
Walt Disney grimpe de 6,2%. Le géant américain du divertissement a publié pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice de 460 millions de dollars et 25 cents par titre, contre 264 millions de dollars un an avant. Le bénéfice ajusté par action a atteint 1,14$ contre 1,09$ de consensus. Le groupe californien de Burbank a profité des résultats du streaming et de succès au box office tels que 'Deadpool & Wolverine' (Marvel) ou 'Inside Out 2' (Pixar). Les revenus ont progressé de 6% à 22,6 milliards de dollars, en ligne avec les anticipations de marché. Le bénéfice opérationnel du segment divertissement, comprenant les studios de cinéma et certaines branches TV, a quadruplé à près de 1,1 milliard de dollars, pour 10,8 milliards de revenus (+14%). Le segment DTC, comprenant Disney+ et Hulu, a affiché un profit opérationnel trimestriel de 253 millions de dollars, à comparer à une perte de 420 millions un an auparavant. Les revenus de cette branche ont progressé de 15% à 5,8 milliards. Les activités combinées de streaming, avec Disney+, Hulu et ESPN+, ont atteint enfin la rentabilité. La division 'expériences', comprenant parcs à thème, ligne de croisière et marchandises, ont enregistré un bénéfice opérationnel de 1,7 milliard en recul de 6%. Notons également que le nombre d'abonnés Disney+ a augmenté de 4% à près de 123 millions, au-dessus des attentes. Le groupe a terminé le trimestre avec 174 millions d'abonnés Disney+ Core et Hulu. Disney se dit bien positionné pour la croissance sur l'exercice entamé. Le bénéfice ajusté annuel par action est attendu en croissance de 6 à 9%. Le groupe envisage une croissance à deux chiffres de son bénéfice ajusté par action en 2026 et 2027. Pour 2025, le cash des opérations est attendu à 15 milliards de dollars environ.
JD.com (-6,5%), le groupe chinois de commerce en ligne, a affiché des revenus trimestriels en modeste croissance de 5% à 260 milliards de yuans, environ 36 milliards de dollars, pour un bénéfice net en progression de 48% à 11,7 milliards de yuans.
Tapestry (+12,8%) a retiré son offre de 8,5 milliards de dollars sur Capri (+4,4%), face à l'obstacle de la FTC (Federal Trade Commission). Le deal aurait réuni six marques majeures, Coach, Stuart Weitzman, Kate Spade, Versace, Michael Kors et Jimmy Choo, mais les régulateurs US ont finalement découragé Tapestry - qui annonce en guise de lot de consolation un programme de rachat d'actions de 2 milliards de dollars.
Hilton Worldwide (-1%), le groupe hôtelier américain, a annoncé une autorisation additionnelle de rachats d'actions de 3,5 milliards de dollars, portant à 4,8 milliards de dollars désormais le montant total des rachats autorisés. L'annonce intervient quelques jours après celle d'un abaissement de la guidance de revenu par chambre sur fond de ralentissement des dépenses de consommation.
AMD (-2,3%), le challenger de Nvidia (+0,3%) dans les puces d'IA, a annoncé son intention de supprimer 4% de ses effectifs, ce qui représenterait environ 1.000 postes... Le groupe entend concentrer ses ressources sur les marchés innovants tels que l'intelligence artificielle. Il dit vouloir "aligner ses ressources sur ses plus importantes opportunités de croissance" et prend donc un certain nombre de mesures ciblées. Les suppressions d'emplois se concentreront sur les postes de vente et de marketing dans des domaines tels que les ordinateurs grand public et les PC gaming, selon une source de Bloomberg proche du processus, qui a demandé à ne pas être identifiée car l'affaire est privée. Le groupe poursuit toutefois en parallèle certains recrutements...
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