Wall Street hésite sur les sommets, S&P stable
A la veille d'une échéance commerciale cruciale avec la Chine

Wall Street hésite sur ses sommets historiques ce lundi, le S&P 500 se stabilisant à 6.385 pts (-0,07%), contre un gain de 0,10% sur le Nasdaq à 21.471 pts et un recul du Dow Jones de 0,35% à 44.021 pts. Les investisseurs demeurent prudents mais optimistes, alors que la cote américaine s'affiche sur ses records à la veille de la fin de la trêve commerciale entre Washington et Pékin. Les opérateurs anticipent une nouvelle prolongation de 90 jours permettant aux deux superpuissances de poursuivre sereinement les négociations. Par ailleurs, les marchés prendront connaissance cette semaine d'un indicateur clé d'inflation, ainsi que des résultats trimestriels de Cisco ou d'Applied Materials.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,1% à 64$. L'once d'or recule de 1,6% à 3.345$. L'indice dollar gagne 0,4% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin remonte sur ses sommets sur les 120.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans ressort à 4,27%.
La semaine dernière, les indices ont été essentiellement soutenus par les espoirs de baisse de taux outre-Atlantique, alors que Trump a annoncé son intention de nommer le président du Comité des conseillers économiques de la Maison blanche, Stephen Miran, en tant que gouverneur de la banque centrale américaine, pour occuper le siège laissé vacant par Adriana Kugler durant les derniers mois de son mandat. La Maison blanche cherche néanmoins toujours un remplaçant permanent à ce poste, suite à la démission inattendue de Kugler annoncée plus tôt ce mois. Il s'agit donc comme attendu d'une solution provisoire. Le mandat de Kugler expirait fin janvier 2026. La nomination de Miran doit encore être validée par le Sénat.
Trump étudie par ailleurs ses options pour remplacer Jerome Powell, le patron de la Fed, dont le mandat s'achève le 15 mai. Le gouverneur de la Fed Christopher Waller apparaît comme le candidat idéal pour occuper le poste de président de la banque centrale parmi les conseillers du président, expliquait Bloomberg la semaine dernière. Kevin Warsh, ancien responsable de la Fed, et Kevin Hassett, actuel directeur du Conseil économique national de Trump, resteraient également en lice... Pendant ce temps, la gouverneure Michelle Bowman, également vice-présidente de la supervision, s'est exprimée en faveur d'une approche proactive en matière de taux, évoquant trois baisses potentielles cette année. Bowman et Waller s'étaient tous deux exprimés lors de la dernière réunion monétaire en faveur d'une réduction des taux... Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité actuelle d'une baisse des taux le 17 septembre à l'issue de la prochaine réunion monétaire se situe à 86,5%...
En ce qui concerne la guerre commerciale, les propos de Trump ont ravivé l'espoir d'une possible reprise prochaine des échanges bilatéraux entre la Chine et les États-Unis, alors que Pékin est confronté à la date limite du 12 août, qui correspond à l'expiration de sa trêve tarifaire avec les États-Unis. L'administration Trump a indiqué à plusieurs reprises qu'elle serait probablement prolongée... Trump a déclaré pour sa part espérer que la Chine augmenterait massivement ses achats de soja américain. "La Chine s'inquiète de sa pénurie de soja", a écrit Trump sur Truth Social ce jour. "J'espère que la Chine quadruplera rapidement ses commandes de soja. C'est aussi un moyen de réduire considérablement le déficit commercial de la Chine avec les États-Unis". Le président américain a également remercié le dirigeant chinois Xi Jinping sans en préciser les raisons...
Notons par ailleurs que Nvidia et AMD auraient convenu de verser 15% de leurs revenus issus des ventes de puces IA chinoises au gouvernement américain dans le cadre d'un accord visant à obtenir des licences d'exportation, selon Bloomberg et le FT. Nvidia prévoit de partager 15% des revenus issus des ventes de son accélérateur IA H20 en Chine. AMD verserait la même part des revenus du MI308, a ajouté cette personne, qui a requis l'anonymat pour discuter des délibérations internes. L'accord reflète selon Bloomberg "les efforts constants du président américain Donald Trump pour obtenir des compensations financières pour l'Amérique en échange de concessions commerciales". Son administration s'est montrée disposée à assouplir les conditions commerciales, comme les droits de douane, en échange d'investissements massifs aux États-Unis. Bloomberg qui ajoute que Pékin, de plus en plus hostile à l'idée que des entreprises chinoises déploient le H20, ne sera probablement pas favorable à l'idée d'une taxe sur les puces. Yuyuantantian, un compte de réseau social affilié à la Télévision centrale chinoise (CCT) d'État qui diffuse régulièrement la vision de Pékin, a d'ailleurs fustigé dimanche les supposées vulnérabilités et l'inefficacité de la puce en matière de sécurité.
Le cabinet taïwanais négocie toujours des droits de douane plus avantageux après l'imposition d'une taxe de 20% par le président américain Donald Trump, a déclaré ce lundi le vice-Premier ministre Cheng Li-chiun, cité notamment par Reuters. "L'objectif de Taïwan est d'obtenir des États-Unis un taux de droits de douane plus avantageux et plus raisonnable", a affirmé le dirigeant lors d'un point de presse. Cheng a ajouté que Taïwan espérait poursuivre ses négociations tarifaires parallèlement à une enquête américaine sur la sécurité nationale, menée en vertu de l'article 232 de la loi sur l'expansion commerciale de 1962, indique Reuters, qui rappelle que Taïwan affiche le sixième déficit commercial le plus important avec les États-Unis, dont 90% proviennent des semi-conducteurs. Le groupe taïwanais TSMC est le premier fabricant mondial de puces électroniques sous contrat et produit notamment pour Nvidia. Les tarifs pour les semi-conducteurs, l'électronique ainsi que les technologies de l'information et de la communication, qui constituent la majeure partie des exportations de Taïwan vers les États-Unis, seront soumis à des tarifs sectoriels américains distincts et restent encore à définir, note l'agence.
Sur le front géopolitique, quelques espoirs sont également permis, alors que Trump a annoncé qu'il rencontrerait Vladimir Poutine le 15 août en Alaska afin de tenter de mettre un terme au conflit entre Russie et Ukraine. Le président américain a précisé que les parties concernées et notamment le président ukrainien Volodimir Zelensky, seraient proches d'un accord de cessez-le-feu. Devant les journalistes à la Maison Blanche vendredi, Trump avait toutefois glissé qu'un éventuel accord comprendrait des échanges de territoires "pour le bien des deux parties". Zelensky a affirmé pour sa part avant-hier que l'Ukraine ne pouvait enfreindre sa constitution concernant des sujets territoriaux. Le Kremlin a lui confirmé la tenue d'un sommet avec Trump pour "discuter des options permettant de parvenir à une résolution pacifique à long terme de la crise ukrainienne". Reuters indique que Poutine revendique quatre régions ukrainiennes, Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, ainsi que la péninsule de Crimée annexée en 2014. Bloomberg a précisé de son côté que des responsables américains et russes négociaient un accord entérinant l'occupation par Moscou des territoires pris à l'Ukraine lors de l'invasion, information démentie par la Maison Blanche.
Dans l'actualité économique, pas de statistique ce lundi, mais les opérateurs suivront demain très attentivement le rapport de juillet sur les prix à la consommation (consensus +0,2% d'un mois sur l'autre et +2,8% sur un an, +0,3% et +3% hors alimentaire et énergie). Thomas Barkin, Jeffrey Schmid, Austan Goolsbee et Raphael Bostic de la Fed, interviennent demain et mercredi. La balance budgétaire américaine de juillet sera connue demain soir. Jeudi, les investisseurs surveilleront notamment les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 9 août, ainsi que l'indice des prix à la production de juillet (consensus +0,2% d'un mois sur l'autre et +2,6% sur un an). La journée de vendredi sera particulièrement chargée, avec les ventes de détail, l'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York, les prix à l'import et à l'export, ainsi que la production industrielle américaine et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.
Dans l'actualité des entreprises, Monday.com et Barrick Mining publient ce lundi. H&R Block, eToro, Pony AI, Smithfield Foods, CAVA, Circle Internet, Tencent Music, Cardinal Health et CoreWeave (après bourse), annoncent leurs derniers résultats financiers trimestriels demain. Cisco (après la clôture) sera de la partie mercredi, avec Venture Global et Elbit Systems. Applied Materials (après bourse), Deere, NetEase, JD.com ou Tapestry, dévoileront leurs comptes jeudi.
Concernant les brokers, Citigroup vient de doper son objectif de fin d'année sur l'indice large S&P 500 à 6.600 pts, contre 6.300 auparavant, avec la solidité des résultats des entreprises. En revanche, l'enquête mensuelle de Bank of America reprise par Bloomberg montre qu'un nombre record de gestionnaires de fonds jugent Wall Street trop onéreux après la forte hausse enregistrée depuis les creux d'avril. Environ 91% des participants à l'enquête trouvent ainsi les actions américaines surévaluées, soit la proportion la plus élevée jamais enregistrée depuis 2001... UBS Global Research demeure prudent mais rehausse de 5.500 à 6.100 pts son objectif sur le S&P à fin 2025...
Les valeurs
Nvidia (+0,2%) et AMD (+2,4%) sont donc à suivre, alors que les deux groupes auraient convenu de verser aux États-Unis 15% du chiffre d'affaires des ventes de puces liées à l'IA à la Chine, ajoutant ainsi une dimension de monétisation supplémentaire et inattendue à la politique tarifaire de Trump.
Tesla (+3,7%) a déposé auprès de l'autorité britannique de régulation de l'énergie une demande de licence pour fournir de l'électricité aux foyers du Royaume-Uni, indique CNN Business. Si elle était approuvée, cette demande permettrait à Tesla de concurrencer de nombreuses grandes entreprises énergétiques qui fournissent actuellement ce service aux ménages en Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse. La demande a été déposée à la fin du mois dernier par Tesla Energy Ventures Limited, basée à Manchester. Le document officiel a été signé par Andrew Payne, cité comme directeur de l'entreprise. Tesla propose également des solutions de stockage d'énergie par batterie et de l'énergie solaire. L'année dernière, l'entreprise a vu son chiffre d'affaires provenant de la vente de cellules solaires, batteries et d'autres produits énergétiques presque doubler, note CNN.
Intel (+3,9%). Lip-Bu Tan, le DG d'Intel, effectue une visite ce lundi à la Maison Blanche selon le Wall Street Journal, alors que Donald Trump en a appelé la semaine dernière à sa démission pour conflits d'intérêts. Le WSJ cite des personnes familières de la question. Tan devrait avoir une conversation approfondie avec Trump afin d'expliquer son parcours personnel et professionnel, et pourrait proposer des pistes de collaboration entre Intel et le gouvernement américain. Le patron d'Intel espèrerait ainsi obtenir l'approbation de Trump en démontrant son engagement envers les États-Unis et en affirmant l'importance de préserver les capacités de production d'Intel.
La semaine dernière, Tan a déclaré bénéficier du soutien total du conseil d'administration du géant des processeurs, répondant ainsi aux attaques du président américain. Tan a contacté la Maison Blanche afin de clarifier ce qu'il a qualifié de désinformation concernant son passé, selon une lettre adressée au personnel et publiée sur le site Internet d'Intel. "Je partage pleinement l'engagement du président à promouvoir la sécurité nationale et économique des États-Unis", a indiqué le CEO. "Nous collaborons avec l'administration pour traiter les questions soulevées et nous assurer qu'elle dispose des faits", a ajouté le patron d'Intel.
Barrick Mining (-3,6%), le groupe minier nord-américain, a annoncé pour son deuxième trimestre un bénéfice ajusté par action supérieur aux attentes de marché à 47 cents (+47%), pour des revenus quant à eux quelque peu décevants à 3,68 milliards de dollars (+16%). Le bénéfice net trimestriel s'est établi à 811 millions de dollars. Les cash flow se sont améliorés avec la production plus forte d'or et de cuivre. Le groupe a par ailleurs musclé ses rachats d'actions (+87% en séquentiel) et son dividende (+50%). Le management maintient sa guidance 2025, mais note que les coûts sont sensibles aux prix des métaux.
Monday.com décroche de 27% à Wall Street, alors que la plateforme multi-produits qui gère tous les aspects essentiels du travail a annoncé pour son deuxième trimestre des revenus de 299 millions de dollars en croissance de 27%, au-dessus du consensus, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 1,09$ également meilleur que prévu. La guidance est toutefois prudente, le groupe tablant sur des revenus du troisième trimestre allant de 311 à 313 millions de dollars, en hausse de 24 à 25%. Les revenus annuels sont anticipés entre 1,224 et 1,229 milliard, contre 1,23 milliard de consensus. Le bénéfice opérationnel ajusté annuel est attendu entre 154 et 158 millions de dollars, soit une marge d'environ 13%. Le free cash flow ajusté est programmé entre 320 et 326 millions.
AMC Entertainment (+6,5%), la chaîne américaine de cinémas, a dépassé les estimations de marché en termes de revenus au deuxième trimestre, grâce à des blockbusters américains comme 'Minecraft, le film' et 'Lilo & Stitch'. Ainsi, le chiffre d'affaires du deuxième trimestre a progressé de 35,6% pour atteindre 1,40 milliard de dollars. Adam Aron a déclaré que l'entreprise continuerait de déployer davantage d'écrans équipés des technologies IMAX, Dolby Cinema, Prime, iSense, XL et Laser. La perte nette trimestrielle est ressortie à 4,7 millions de dollars, contre 32,8 millions de dollars un an plus tôt. L'Ebitda ajusté a grimpé à 189,2 millions de dollars contre 38,5 millions de dollars un an avant. Le free cash flow s'affiche positif à 89 millions de dollars, contre une perte de 79 millions un an auparavant.
Micron (+3,7%), le concepteur américain de puces mémoires, a déclaré s'attendre à ce que son chiffre d'affaires pour ce trimestre se situe désormais entre 11,1 et 11,3 milliards de dollars, contre ses prévisions précédentes allant de 10,4 à 11 milliards de dollars. Le groupe anticipe un bénéfice par action trimestriel allant de 2,78 à 2,92$, contre une guidance antérieure allant de 2,35 à 2,65$. La marge brute ajustée est attendue à 44,5%, plus ou moins 0,5%. Ces prévisions révisées "reflètent une amélioration des prix, notamment en matière de DRAM, et une exécution solide", indique le groupe, qui bénéficie de la solide demande pour ses produits utilisés dans les infrastructures d'IA.
Paramount, une filiale de Skydance Corporation (-0,5%), et TKO Group Holdings (+6,8%), société de sport et de divertissement haut de gamme, ont annoncé ce lundi la signature d'un accord de droits médiatiques d'une durée de sept ans. Paramount deviendra ainsi le diffuseur exclusif de tous les événements UFC aux États-Unis. À compter de 2026, Paramount distribuera en exclusivité l'intégralité du programme de l'UFC, soit 13 événements numérotés phares et 30 Fight Nights, via sa plateforme de streaming direct, Paramount+. Le contrat, d'une durée de sept ans et débutant en 2026, a une valeur annuelle moyenne (VAM) de 1,1 milliard de dollars. Le calendrier de paiement du contrat est davantage axé sur la fin de l'accord.
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