Nvidia et AMD verseront à Washington 15% de leurs revenus sur la vente de puces IA à la Chine

Donald Trump a confirmé lundi que le géant américain des puces électroniques Nvidia avait accepté de verser au gouvernement américain 15% de ses recettes provenant de la vente de ses puces spécialisées pour l'intelligence artificielle (IA) H20 en Chine.
"Je leur ai dit (...), je veux que vous payiez quelque chose à notre pays, parce que je vous accorde une exemption", a déclaré le président des Etats-Unis à des journalistes à la Maison-Blanche, insistant sur le fait que le modèle de processeur graphique H20 n'est pas une puce de dernière génération.
Le PDG de Nvidia Jensen Huang a rencontré Donald Trump mercredi dernier à Washington et a accepté de reverser au gouvernement américain une partie de ses revenus, selon des informations initialement publiées dans le Financial Times, Bloomberg et le New York Times.
Cet arrangement très inhabituel dans le commerce international reflète la forte implication du chef d’État dans les activités des entreprises, notamment technologiques — de la pression exercée sur Apple pour relocaliser sa production aux États-Unis aux négociations autour de l'éventuelle vente de TikTok.
"Nous suivons les règles établies par le gouvernement américain pour notre participation aux marchés mondiaux", a indiqué Nvidia lundi dans une réponse écrite à l'AFP, sans mentionner les 15%.
AMD (Advanced Micro Devices), autre grand groupe américain spécialisé dans les microprocesseurs et puces avancées, a passé un accord similaire pour ses puces MI308, d'après les mêmes médias américains.
Puces moins perfectionnées
Nvidia, qui surfe sur la vague de l'IA générative déclenchée par OpenAI avec ChatGPT, est au cœur de la rivalité technologique entre Pékin et Washington.
La société californienne avait conçu les puces H20, moins perfectionnées que les puces avancées qu'elle vend à ses voisins de la Silicon Valley, afin de se conformer aux restrictions d'exportations de composants de pointe vers la Chine.
Les États-Unis cherchent en effet à tout prix à maintenir leur avance dans l'IA, par intérêt commercial et au nom de la sécurité nationale.
"Bien que nous n'ayons pas expédié de [puces] H20 en Chine depuis des mois, nous espérons que les règles de contrôle des exportations permettront à l'Amérique d'être compétitive en Chine et dans le monde entier", a commenté Nvidia dans son communiqué.
L'entreprise a également estimé que les États-Unis ne pouvaient pas se permettre de "répéter" leurs erreurs commises dans le domaine de la 5G et "perdre [leur] leadership en matière de télécommunications".
La puce IA américaine "peut devenir la norme mondiale si nous nous lançons dans la course", a assuré Nvidia.
Tribut "politique"
Le mois dernier, l'entreprise est devenue la première à dépasser les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, montrant à quel point les marchés misent sur l'IA, en train de révolutionner l'économie mondiale.
Début juillet, Nvidia a indiqué qu'il reprendrait les ventes de ses puces H20 en Chine, après que les autorités américaines ont levé certaines restrictions à l'exportation vers le pays asiatique.
Le fait de verser 15% des produits de la vente en Chine relève "en tous points d'une taxe politique qui ne dit pas son nom", estime Stephen Innes, analyste de SPI AM.
"Nvidia et AMD ont accepté de céder au gouvernement américain 15% des revenus de leurs ventes de puces en Chine en échange du ticket d'entrée en or que sont les licences d'exportation", a-t-il ajouté, relevant par ailleurs le mutisme de la société AMD.
Selon le New York Times, cet accord pourrait rapporter plus de 2 milliards de dollars au gouvernement américain.
Le président américain Donald Trump avait annoncé la semaine dernière qu'il comptait imposer 100% de droits de douane sur les "puces et semi-conducteurs". Il n'a pas précisé depuis la date d'entrée en vigueur de cette nouvelle taxe douanière.
"Mais la bonne nouvelle pour des entreprises comme Apple, c'est que si vous construisez (des usines) aux États-Unis ou vous êtes engagés à le faire, vous ne devrez pas payer", avait-il ajouté.
A ses côtés, le patron d'Apple Tim Cook venait de promettre 100 milliards de dollars d'investissements supplémentaires aux États-Unis et la mise en place d'un programme visant à fabriquer sur le sol américain des "composants stratégiques présents dans les produits Apple partout dans le monde".
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