Boursier.com : Toosla a abandonné ses objectifs 2025 qui apparaissaient désormais irréalisables : 85 ME de chiffre d'affaires et 35% de marge d'EBITDA... Quelle est la nouvelle feuille de route de Toosla?

Ces objectifs dataient de l'introduction en Bourse et n'étaient plus aujourd'hui compatibles avec l'environnement dans lequel nous évoluons, caractérisé notamment par la hausse des taux d'intérêts et l'inflation, et les performances passées. Après ma prise de fonction le 1er août 2023, Toosla change son fusil d'épaule et vise désormais une stratégie de croissance crédible à travers des objectifs 2024 clairs et précis, qui restent très ambitieux avec une croissance du chiffre d'affaires de 20% et un taux de marge d'EBITDA de 12% contre 7% en 2022 et 0% au 1er semestre 2023 plus cohérent avec une phase de développement maîtrisée.

Boursier.com : Dans ce contexte, qu'en est-il de la stratégie à l'international?

Avant de repartir à la conquête de l'international, nous pouvons encore grandir au plan national, sur un marché français qui pèse 4,3 milliards d'euros et dont les fondamentaux sont très sains. Nous ne comptons donc pas poursuivre l'expérience à Madrid. D'une part, parce que nous avons largement de quoi faire en termes de développement en France, mais aussi pour réaliser des économies, en l'occurrence une amélioration de 200 KE sur notre Ebitda. Toutefois, l'expérience a été profitable technologiquement et constitue un précédent sur lequel nous appuyer. Nous allons aussi passer d'un mode de déploiement en direct à un mode indirect en nous appuyant sur des affiliés indépendants.

Boursier.com : Le départ d'Eric Poncin de sa fonction de Président Directeur Général est-il lié à ce changement de stratégie ?

Eric Poncin reste membre du conseil d'administration et premier actionnaire. Il a fait partie de la décision unanime concernant la nouvelle trajectoire de Toosla incorporant les nouveaux objectifs financiers et la nouvelle gouvernance. A ce titre, Jean-François Boucher, co-fondateur et nouveau Président, est enthousiaste à l'idée de participer à cette nouvelle étape du développement de la société.

Boursier.com : Opérationnellement, comment comptez-vous adapter la flotte de véhicules aux nouveaux objectifs?

Nous visons trois leviers pour 2024 qui consistent à faire mieux et plus avec moins : une croissance maîtrisée, l'atteinte de la rentabilité et la préservation du cash. Pour ce faire, nous comptons maintenir notre flotte de véhicules autour de 600 et accentuer les rotations à Paris, donc augmenter le taux d'utilisation. Ensuite, nous voulons nous développer dans un certain nombre de grandes agglomérations françaises : Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Nice... Ce sont des villes qui offrent des synergies avec Paris car beaucoup de locations se font à l'issue d'un voyage en train ou en avion depuis ou vers Paris. Le dernier levier est le lancement prochain de MyToosla+, notre nouvelle offre d'abonnement automobile.

Boursier.com : Sous quelle forme allez-vous vous implanter en province?

En nouant des partenariats avec des loueurs indépendants déjà présents localement sous forme d'affiliation ou de franchise et pour qui, greffer notre plateforme doit faire sens. En fonctionnant de la sorte, nous bénéficions d'une flotte déjà existante. Donc, pas d'investissements, pas de charges mais des revenus et de l'Ebitda en plus.

Boursier.com : Vous allez lancer MyToosla+. De quoi s'agit-il ?

Il s'agit d'un abonnement d'un nouveau genre. La concurrence ne sait faire qu'une chose : demander au client de choisir une voiture pour toute l'année. L'idée innovante consiste à proposer un véhicule citadin, pour ses trajets quotidiens à travers plusieurs modèles et de donner la possibilité d'en changer pour s'adapter aux besoins : vacances, week-ends, évènements personnels ou professionnels... Nous proposerons plusieurs tarifs d'abonnements correspondant à plusieurs gammes de véhicules. Nous espérons lancer l'offre courant 2024.

Boursier.com : Vous faudra-t-il avoir recours au Marché dans les mois à venir?

La feuille de route définie à court terme, à horizon 2024, exclut tout appel au Marché en 2024.