Entretien avec Indranil Ghosh, Vice-président de KKO International
Pour 2026, KKO International vise une croissance d'environ 30% de son chiffre d'affaires

Boursier.com : Après la production de cacao, KKO International s'est lancé dans la transformation il y a deux ans. Quel bilan tirez-vous de ce développement ? Que vous apporte cette nouvelle brique ?
I.G. : Le bilan est extrêmement positif! La première phase de notre stratégie, la production de fèves traçables, a été un apprentissage intense. En un peu plus de deux ans, nous avons réussi à passer du statut de simple producteur à celui d'acteur intégré, capable de transformer les fèves en produits semi-finis. Les résultats parlent d'eux-mêmes : notre chiffre d'affaires a été multiplié par plus de trois entre 2023 et 2024, notre résultat d'exploitation est devenu positif de plusieurs millions d'euros, et, pour la première fois, nous avons dégagé un résultat net bénéficiaire. Mais au-delà des chiffres, cette nouvelle brique permet à KKO International de changer d'échelle : plus de marge, plus de contrôle de qualité, et une vraie visibilité commerciale auprès de nos clients européens. L'activité de transformation ouvre la voie à la phase suivante : diversification de nos produits et consolidation de notre position d'acteur intégré de référence.
Boursier.com : Vous souhaitez aller plus loin, avec une offre en chocolaterie. Quels seraient vos clients ? A quelle échéance voulez-vous lancer l'offre ?
I.G. : Après la mise en service de notre usine de masse de cacao (SHOKKO), la prochaine étape consiste à aller plus loin dans la chaîne de valeur avec une offre en chocolaterie. La chocolaterie nous permettra d'élargir la palette de produits à destination de nos clients : industriels, marques, distributeurs spécialisés, qui recherchent une traçabilité complète et une qualité premium. Notre cible principale reste, bien évidemment, tournée vers l'exportation. A horizon de 10-12 mois, une fois la montée en charge de notre usine de transformation consolidée, l'expérience acquise en matière de qualité et de sécurité alimentaire, nous lancerons rapidement et de manière crédible cette nouvelle activité à plus forte marge.
Boursier.com : Après un premier semestre à 9,5 ME de chiffre d'affaires, êtes-vous dans les clous pour parvenir aux 20 ME visés sur l'ensemble de 2025 ? Que peut-on attendre pour 2026 et au-delà étant donné vos nouveaux développements ?
I.G. : Le premier semestre 2025, avec 9,5 MEUR de chiffre d'affaires, est conforme à notre feuille de route et reflète la montée en puissance de SHOKKO. Pour l'ensemble de l'année, nous maintenons notre objectif d'environ 20 MEUR, car la saisonnalité de nos ventes et la montée en charge progressive de la nouvelle usine devraient contribuer significativement au chiffre d'affaires sur le second semestre. Pour 2026, nous visons une croissance soutenue de notre chiffre d'affaires de 30% environ, grâce à la pleine capacité industrielle et à l'élargissement de notre portefeuille clients européens. Au-delà, la stratégie est claire : consolider notre position de transformateur fiable en Côte d'Ivoire, diversifier progressivement nos produits et renforcer notre intégration Tree-To-Bar. L'enjeu n'est pas uniquement de croître en volume, mais de bâtir une trajectoire rentable, durable et traçable qui s'inscrive sur le long terme.
Boursier.com : Votre présence en Côte d'Ivoire et la volatilité du prix du cacao ne sont-ils pas des freins pour séduire les investisseurs ?
I.G. : La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao : être présent ici, au coeur de la matière première, n'est pas une faiblesse mais une force. Cela nous permet de sécuriser nos approvisionnements, de maîtriser la traçabilité et de travailler au plus près des communautés locales. Quant à la volatilité du prix du cacao, c'est un paramètre structurel du secteur, que tous les acteurs doivent gérer. La différence, c'est que nous ne sommes pas un simple producteur agricole exposé aux cours, mais un acteur intégré : grâce à SHOKKO, notre usine de transformation, nous créons de la valeur ajoutée qui amortit les fluctuations. En résumé, notre implantation en Côte d'Ivoire est un atout stratégique, et notre modèle intégré nous permet de transformer un risque de volatilité en avantage compétitif. C'est ce qui séduit justement les investisseurs : nous apportons de la visibilité et de la résilience dans une industrie par nature cyclique.
Boursier.com : Que comptez-vous faire du teck, valorisé dans votre Bilan ?
I.G. : Nos plantations de teck sont comptabilisées comme actifs biologiques au bilan. C'est un projet de long terme : ces arbres atteignent leur maturité économique au bout de 15 à 20 ans. Nous détenons actuellement plus de 270 000 tecks valorisés près de 11 MEUR et dont 60% ont plus de 4 ans. Cette plantation continue de prendre de la valeur avec le temps et devrait, à terme, atteindre les 500 000 arbres. L'objectif n'est pas de générer un flux de trésorerie immédiat, mais de créer une réserve de valeur qui diversifie notre modèle centré sur le cacao. Concrètement, ce patrimoine forestier nous apporte plusieurs bénéfices : il sécurise la diversification d'actifs, il contribue à nos engagements environnementaux (stockage de carbone, lutte contre la déforestation) et il représente une option stratégique pour l'avenir, que ce soit via la valorisation du bois, du carbone ou des produits dérivés. En résumé, le teck n'est pas destiné à financer nos opérations courantes, mais constitue un atout patrimonial et durable qui viendra renforcer la valeur du groupe au fil du temps.
Boursier.com : Avez-vous les moyens financiers de vos ambitions ou vous faudra-t-il faire appel au marché pour des développements futurs ?
I.G. : Nos ambitions sont réalistes et progressives, et nous les conduisons avec rigueur financière. Nous avons toujours veillé à avancer étape par étape, en alignant nos ressources sur nos priorités stratégiques. Le marché peut être une opportunité, mais c'est avant tout la solidité de notre modèle qui guide nos choix.
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