Entretien avec Douglas Minder, Directeur Financier de Biotalys

Boursier.com : Biotalys est peu connu des investisseurs parisiens. Présentez-nous votre positionnement et vos produits.

Biotalys est une entreprise de technologie agricole (AgTech) développant des solutions innovantes pour protéger des cultures contre les champignons et insectes nuisibles. Nos solutions biocontrôle sont développés à base de protéines et visent à fournir des alternatives aux pesticides chimiques conventionnels pour un approvisionnement alimentaire plus durable et plus sûr. Sur la base de notre nouvelle plateforme technologique, nous développons un pipeline solide et diversifié de produits candidats efficaces avec un profil de sécurité favorable qui visent à lutter contre les principaux ravageurs et maladies des cultures tout au long de la chaîne de valeur, du sol à l'assiette.Par exemple, notre premier produit développé cible deux champignons : le botrytis et l'oïdium - deux maladies répandues dans les fruits et légumes de grande valeur tels que les raisins, les fraises, les tomates et les concombres. Des essais sur les champs en France, en Espagne, en Italie mais aussi aux États-Unis et ailleurs montrent que notre premier biofongicide fonctionne bien et dans certains cas même mieux que les produits chimiques. Le produit attend actuellement l'approbation réglementaire en Europe et aux États-Unis. Nous avons actuellement sept produits dans notre pipeline pour aider les agriculteurs à protéger leurs cultures, et ceux-ci devraient arriver sur le marché au cours de la prochaine décennie. Biotalys a été fondée en 2013 en tant que spin-off de l'Institut flamand de biotechnologie. La société est basée dans le cluster biotechnologique de Gand, en Belgique et est cotée sur Euronext Bruxelles.

Boursier.com : Que représentent, en valeur, les marchés que vous visez ?

Le marché mondial des fongicides et insecticides atteindra environ 50 milliards de dollars en 2030. Nous ciblons l'ensemble du marché, pas seulement le segment biologique. Nous pensons que les acteurs actuels du marché et les agriculteurs ont besoin de nouveaux outils capables de lutter contre les ravageurs et les maladies grâce à de nouveaux modes d'action. Quand notre premier produit sera commercialisé, il cible un segment d'environ 600 millions de dollars en Europe et aux États-Unis. Le deuxième produit cible déjà le double.

Boursier.com : Quelle est votre stratégie pour pénétrer des marchés qui semblent difficiles d'accès pour un nouvel entrant comme Biotalys ?

Nous ne vendrons pas nos produits nous-mêmes directement aux agriculteurs mais travaillerons en partenariat avec les plus grands acteurs. Ils disposent des canaux de distribution appropriés et nous nous concentrerons sur le développement de nouveaux produits. Nous pensons que de nombreux géants de l'agriculture ont besoin de nouveaux produits pour alimenter leurs réseaux, car nous constatons que les produits existants sont progressivement supprimés en raison des restrictions réglementaires et de la résistance. Par exemple, nous travaillons actuellement avec Syngenta, le leader mondial des insecticides, pour développer un nouveau produit contre les ravageurs nuisibles. Si nous réussissons, Syngenta commercialisera le produit tandis que nous percevrons certaines redevances sur les ventes.

Boursier.com : Biotalys est coté sur Euronext Bruxelles. Envisagez-vous une cotation à Paris ?

Non. Les investisseurs français peuvent déjà facilement acheter nos actions sur Euronext Bruxelles, il n'est donc pas nécessaire de procéder à une double cotation. Cela ne fera que diminuer nos liquidités. Notre plus gros investisseur est effectivement un fonds français : Sofinnova, un fonds leader dans le secteur des biotechs. Les investisseurs intéressés à venir nous rendre visite sont d'ailleurs les bienvenus : Gand n'est qu'à 3 heures de Paris et 1 heure de Lille, et même si la plupart d'entre nous sommes néerlandophones ou anglophones, nous pouvons vous accueillir avec plaisir en français.

Boursier.com : Quel est votre horizon de Trésorerie ? Vous faut-il lever des fonds dans les prochains mois ?

Nous venons de lever 15 million d'euros début de la semaine. Cela devrait nous donner les fonds nécessaires pour développer davantage notre technologie et notre pipeline, pendant que nous travaillons à obtenir l'enregistrement de notre premier produit commercial. C'est formidable de voir que nous avons pu attirer un nouvel investisseur de renom - ASR des Pays-Bas, qui investit à long terme en tant que fonds d'impact. Nous sommes également heureux de voir le soutien financier continu de la société belge Ackermans & van Haaren et du syndicat des agriculteurs. Le véhicule d'investissement des agriculteurs belges détient désormais environ 12% de notre entreprise. Ils savent que nous développons en fin de compte des produits pour leurs membres : les agriculteurs.