Hermès : mauvais coup
"Une déclaration d'indépendance"

Comme c'était à craindre, Donald Trump a frappé fort en annonçant relever tous azimuts les droits de douanes hier soir... Très exportateur, le secteur du luxe est en première ligne à Paris, Hermès perdant 3% à 2.351 euros ce jeudi matin. Parmi les réactions, Goldman Sachs reste 'neutre' avec un objectif ramené de 2.700 à 2.650 euros. Stifel avait auparavant réduit de 2% ses prévisions de chiffre d'affaires et d'EBIT pour le groupe de luxe sur les exercices 2025-2026, principalement en raison de variations de change défavorables depuis la dernière mise à jour de son modèle. Le broker a abaissé en conséquence son cours cible de 2.900 à 2.800 euros. Les atouts défensifs d'Hermès lui permettent de bien résister à la faiblesse persistante de la fréquentation des centres commerciaux en Chine et à la baisse de confiance des consommateurs aux États-Unis.
Le courtier pense ainsi que l'écart de croissance entre Hermès et le reste du secteur restera important en 2025 (notamment au premier semestre), principalement grâce à un pouvoir de fixation des prix inexploité (+6-7% en 2025), une forte visibilité de la maroquinerie (+6-7% de croissance des volumes) et une clientèle fidèle et aisée. Ces atouts devraient permettre à Hermès de mieux protéger ses marges au premier semestre 2025 que la plupart des enseignes que l'analyste suit. Hermès a démontré sa capacité à surperformer, aussi bien dans les bonnes que dans les mauvaises années, grâce à un potentiel de croissance des ventes attractif et relativement moins cyclique. Hermès bénéficie de la marge la plus élevée de la couverture de l'analyste, et dispose d'une marge de croissance supplémentaire grâce à une valeur de marque supérieure et à une forte productivité du commerce de détail...
"C'est notre déclaration d'indépendance"
En post-séance hier soir à New York, les indices ont chuté de 3 à 5% alors que Donald Trump a présenté des tableaux détaillant les nouveaux droits de douanes appliqués à chaque pays, tout en annonçant qu'il imposerait des taxes d'au moins 10% sur toutes les importations qui arrivent aux Etats-Unis, de quoi intensifier la guerre commerciale qu'il mène depuis son retour à la Maison blanche en janvier dernier...
Il est désormais attendu que les partenaires commerciaux des Etats-Unis annoncent ou mettent en oeuvre des mesures de rétorsion, avec la perspective d'une flambée des prix sur quasiment tous les produits. De quoi entrer dans une escalade redoutée par tous les investisseurs depuis plusieurs semaines... "C'est notre déclaration d'indépendance", a proclamé Donald Trump depuis un pupitre installé dans le jardin de la Maison blanche pour une cérémonie à l'occasion de ce qu'il a donc appelé le "Jour de la Libération". "Pendant des décennies, notre pays a été volé, pillé, violé et mis à sac par des pays, proches ou lointain, amis ou ennemis", a expliqué Donald Trump qui estime que les travailleurs et les industriels américains ont été lésés pendant des décennies par des accords de libre-échange qui ont alimenté la croissance d'un marché américain de 3.000 milliards de dollars pour les produits importés, avec un déficit commercial de plus de 1.200 milliards en matière de biens.
Le président américain a dévoilé un poster listant les droits de douane dits "réciproques" qu'il va mettre en oeuvre, tout en déclarant que ces taxes représentaient en fait la moitié des barrières commerciales et non-commerciales appliquées par les pays. Dans la liste, l'Union européenne et la Chine, sont visées respectivement par des droits de douane de 20% et de 34% sur leurs produits importés aux Etats-Unis. Les USA vont par ailleurs prélever 10% sur les produits britanniques, 24% sur les produits japonais ou encore 25% sur les sud-coréens. Selon les premiers éléments communiqués lors de la cérémonie, le taux maximal de 50% concerne le Lesotho en passant par 46% pour le Vietnam, 36% pour la Thaïlande, 32% pour Taïwan et l'Indonésie, 31% pour la Suisse, ou encore 30% pour l'Afrique du Sud...
Un haut représentant de la Maison blanche a déclaré que les taxes réciproques entreraient en vigueur le 9 avril à 00h01. Soixante pays figurent dans la liste des "principaux contrevenants", a-t-il ajouté. Les droits de douane dits de base, à hauteur de 10%, seront effectifs à partir de samedi...
Trop gentil ?
"Nous donnons enfin la priorité aux Américains", a poursuivi Donald Trump, évoquant toutefois "une réciprocité gentille" et non "totale" et exhortant les dirigeants étrangers à supprimer leurs droits de douane et à acheter des produits américains. "Les déficits commerciaux ne sont plus seulement un problème économique. Ils constituent une urgence nationale", a ajouté le président américain qui entend annoncer ultérieurement des droits de douane spécifiques sur les semiconducteurs, sur le secteur pharmaceutique et, potentiellement, sur les minerais critiques, a fait savoir un représentant de la Maison blanche...
Les économistes dans leur ensemble ont prévenu que ces mesures pourraient avoir pour effets de ralentir fortement l'économie mondiale, alimenter le risque d'une récession, et relever le coût de la vie. Les dirigeants européens ont quant à eux fait part de leur consternation et estimé que les consommateurs souffriraient d'une guerre commerciale qui ne bénéficierait à personne. "L'impact des droits de douane américains sera négatif pour le monde entier et la durée de cet impact variera en fonction de la portée, des produits visés, de la durée et de négociations, ou non", avait prévenu Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, plus tôt mercredi... Une grave perturbation du commerce mondial pourrait entraîner une hausse de l'inflation de plusieurs points de pourcentage au cours des premières années, tandis qu'un "découplage léger" aurait un impact inférieur à 1% mais pourrait prendre des années à se dissiper, a pour sa part estimé Isabel Schnabel, membre du conseil d'administration de la BCE.
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