L'Iran accélère la production d'uranium hautement enrichi selon l'AIEA

L'Iran a encore accéléré son rythme de production d'uranium hautement enrichi, selon un rapport confidentiel de l'AIEA, jugé "politique" par l'Iran au moment où il dit avoir reçu des "éléments" d'une proposition américaine pour un nouvel accord.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a noté une nette hausse de l'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, d'après un bilan d'étape consulté par l'AFP.
Le total s'élevait à 408,6 kg à la date du 17 mai, soit une augmentation de 133,8 kg sur les trois mois passés (à comparer +92 kg sur la période précédente).
Quant à la quantité totale d'uranium enrichi, elle dépasse désormais de 45 fois la limite autorisée par l'accord conclu en 2015 avec les grandes puissances, s'élevant à 9247,6 kg.
"Cette hausse considérable dans le seul Etat non-détenteur d'armes nucléaires à produire une telle matière suscite une forte inquiétude", écrit l'instance onusienne.
En réaction, le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé des conclusions "politiques", qui "ne présentent pas une évaluation complète et précise des facteurs ayant un impact sur la situation actuelle".
Dans un communiqué, il a accusé l'AIEA de "s'appuyer sur des sources d'information peu fiables et trompeuses fournies par le régime israélien".
De son côté, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a pas tardé à regretter que "malgré les innombrables avertissements de la communauté internationale", l'Iran soit "totalement déterminé à achever son programme d'armement nucléaire".
L'enrichissement au coeur des débats
Ce rapport a été divulgué alors que Washington et Téhéran mènent des discussions depuis plusieurs semaines pour tenter de trouver un nouvel accord et stopper l'escalade.
Samedi, l'Iran a dit avoir reçu des "éléments" d'une proposition américaine à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d'Oman et a affirmé par le voix de son ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, sur X, qu'il y répondra de manière appropriée".
Vendredi le président américain Donald Trump estimait qu'Iran et Etats-Unis étaient "assez proches d'un accord", un optimisme toutefois tempéré par M. Araghchi, "pas sûr" de l'"imminence" d'un accord.

Les négociations achoppent pour l'heure sur la question de l'enrichissement d'uranium: les Etats-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement.
Les pays occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran se défend d'avoir de telles ambitions militaires, mais souligne son droit au nucléaire civil.
Inspecteurs américains ?
Téhéran et Washington ont tenu le 23 mai à Rome le cinquième cycle de pourparlers sous la médiation d'Oman.

Aucune nouvelle date n'a pour le moment été fixée.
En cas d'accord avec Washington, l'Iran a affirmé mercredi qu'il pourrait autoriser sur son sol des inspecteurs américains de l'AIEA.
Il s'agirait d'une première depuis la Révolution islamique de 1979, selon le chercheur Ali Vaez, spécialiste de l'Iran à l'International Crisis Group, un cercle de réflexion américain.
L'AIEA a par ailleurs déploré samedi la coopération "moins que satisfaisante" de l'Iran, dans un second rapport préparé par l'instance onusienne à la demande cette fois des Occidentaux lors de leur résolution critique de novembre.
"L'Iran a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux, "ce qui a entravé les activités de vérification" dans trois sites non déclarés, à savoir Lavisan-Shian, Varamin et Turquzabad, déplore l'Agence.

Durant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait retiré unilatéralement son pays d'un accord international sur le nucléaire conclu en 2015 et rétabli de lourdes sanctions américaines.
En représailles, l'Iran s'est affranchi de certaines obligations, accélérant notamment l'enrichissement d'uranium bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord.
M. Trump cherche dorénavant à négocier un nouveau texte mais menace d'un recours à l'option militaire en cas d'échec de la diplomatie.
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