Climat: le dépassement de l'objectif de 1,5 °C est "inévitable", selon le chef de l'ONU

L'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle sera inévitablement dépassé ces prochaines années, a admis mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à un mois de la tenue de la COP30 au Brésil.
"Une chose est claire: nous ne parviendrons pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C dans les prochaines années", a déclaré M. Guterres devant l'Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies à Genève, soulignant que "le dépassement est désormais inévitable".
Contenir le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle (1850-1900) est l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris de 2015.
Mais de nombreux climatologues conviennent que ce seuil sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, la planète continuant à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon. Le climat est déjà en moyenne 1,4°C plus chaud aujourd'hui, selon l'observatoire européen Copernicus.
M. Guterres a déclaré que les derniers plans nationaux pour réduire les émissions de carbone sont loin d'atteindre l'objectif de 1,5 °C et qu'un dépassement aurait des conséquences "dévastatrices".
L'ONU est en train d'évaluer ces plans, dont beaucoup manquent encore à l'appel, qui fixent un objectif de réduction des émissions de carbone pour 2035 et détaillent les moyens d'y parvenir.
M. Guterres a indiqué que les engagements couvrant 70 % des émissions mondiales entraineraient une réduction de la pollution carbone d'environ 10% d'ici 2035.
Or le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies souligne que les émissions doivent baisser de 60% d'ici 2035, par rapport aux niveaux de 2019, pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité.
"Bord du gouffre"
Les scientifiques soulignent l'importance de contenir le plus possible le réchauffement climatique, chaque fraction de degré supplémentaire entraînant plus de risques comme des vagues de chaleur ou la destruction de la vie marine.
Contenir le réchauffement à 1,5°C plutôt qu'à 2°C permettrait de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le Giec.
Estimant un peu plus tôt à la tribune de l'OMM que ces bouleversements menaient "notre planète au bord du gouffre", le chef de l'ONU a aussi réclamé aux gouvernements de nouveaux plans d'action nationaux "audacieux" pour le climat en vue de la prochaine COP.
"La science nous indique qu'une ambition bien plus grande est nécessaire", a relevé M. Guterres, appelant de nouveau les pays de la COP30 à "convenir d'un plan crédible pour mobiliser 1.300 milliards de dollars par an de financement climatique d'ici 2035 pour les pays en développement".
La COP30, qui se tient du 10 au 21 novembre à Belem, au Brésil, aura pour défi colossal d'unir les pays du monde pour ne pas relâcher l'action contre le changement climatique malgré les vents contraires comme le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris.
Désinformation
Un mois après que Donald Trump eut brocardé la science du climat à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, qualifiant le changement climatique de "plus grande arnaque jamais menée", M. Guterres a appelé à lutter contre la désinformation climatique.
"Partout, nous devons lutter contre la désinformation, le harcèlement en ligne et le greenwashing", le fait de se présenter comme plus vertueux pour l'environnement qu'en réalité, a déclaré le chef de l'ONU.
Sans la science et les données climatiques "lucides", le monde n'aurait jamais compris l'émergence de la "menace dangereuse et existentielle du changement climatique", a poursuivi M. Guterres, ajoutant que "les scientifiques et les chercheurs ne devraient jamais avoir peur de dire la vérité".
En outre, a-t-il insisté devant l'OMM, "les énergies renouvelables sont la source d'énergie nouvelle la moins chère, la plus rapide et la plus judicieuse. Elles représentent la seule voie crédible pour mettre fin à la destruction inexorable de notre climat".
L'OMM, qui célèbre son 75e anniversaire cette année, oeuvre pour que tous les pays soient couverts par des systèmes d'alerte précoce aux phénomènes météorologiques extrêmes d'ici 2027.
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