Wall Street s'écroule avec les '7 Magnifiques'
Wall Street devrait prendre une claque assez mémorable en début de séance ce lundi...
Wall Street devrait prendre une claque assez mémorable en début de séance ce lundi. Le Nasdaq chute de 5,7% désormais en pré-séance, le S&P 500 de près de 4,3% et le Dow Jones de 3,1%. Les pertes se creusent depuis quelques instants. Les investisseurs sont en mode panique désormais, alors que les grandes valeurs technologiques, qui avaient soutenu le rallye depuis le début de l'année, retombent lourdement. Parmi les grandes victimes du jour, Nvidia s'écroule sur la rumeur d'un report de sa puce d'IA B200, tandis qu'Apple dévisse sur la nouvelle d'une très forte baisse de la participation de Berkshire Hathaway, la firme d'investissement de Warren Buffett dont le groupe à la pomme est la première position...
Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède près de 2% à 72,1$. L'once d'or fin abandonne 2,5% à 2.405$. L'indice dollar chute de 0,8% face à un panier de devises. Le Bitcoin n'échappe pas à la purge, en très forte baisse de 18% sur 24 heures sur les 50.000$...
Wall Street avait déjà été plombé vendredi par les mauvais chiffres de l'emploi et des résultats décevants de grands groupes de la place, à l'image d'Amazon et d'Intel. Ainsi, le S&P 500 avait perdu 1,84% et le Nasdaq 2,43%...
Le narratif a basculé sur les marchés américains depuis le début de l'été, Wall Street ayant affiché son pire mois de juillet depuis 10 ans. Les craintes d'une récession l'emportent désormais sur les espoirs d'assouplissement monétaire... Les dernières données macroéconomiques ont largement contribué à refroidir les marchés : Les chiffres de l'emploi américain du mois de juillet 2024 sont ressortis très inférieurs aux attentes. Ainsi, les créations de postes non-agricoles se sont affichées au nombre de 114.000 seulement (175.000 de consensus et 179.000 pour la lecture révisée en baisse du mois de juin). La précédente lecture de juin était de 206.000. Le taux de chômage a grimpé à 4,3% (4,1% de consensus et 4,1% un mois avant). Les créations de postes dans le privé ont été de 97.000 (160.000 de consensus FactSet). Le taux de participation à la force de travail a peu évolué à 62,7%. Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 3,6% sur un an, une hausse un peu moins importante que prévu.
Mercredi, Jerome Powell, patron de la Fed, avait laissé entendre qu'un assouplissement monétaire allait bien débuter en septembre. La Fed avait évoqué à cette occasion "quelques progrès supplémentaires concernant l'inflation", tandis que Powell avait jugé qu'une baisse de taux en septembre pourrait être "sur la table". On se doute qu'il s'agit désormais d'une certitude. Il est même extrêmement probable, compte tenu de la rapidité de la chute des marchés, qu'un tel assouplissement intervienne avant la réunion régulière de septembre. L'outil FedWatch du CME Group montre pour le 18 septembre une hypothèse dominante sur les taux dans la fourchette 4,75-5%, 50 points de base en dessous du niveau actuel. Cela pourrait passer par une baisse musclée en septembre, mais aussi par deux gestes d'un quart de point, avec peut-être un premier mouvement avant la réunion FOMC si la panique se confirme sur les marchés... L'outil FedWatch montre une probabilité de 56% pour la fourchette 4-4,25% sur les taux en fin d'année, soit une baisse de 125 points de base !
La dégradation de la situation géopolitique au Proche-Orient contribue aussi à alourdir l'ambiance sur les places financières... Ce matin sur les marchés asiatiques, le SSE chinois a perdu 1,54%, l'indice taïwanais a plongé de 8,35%, et le Nikkei s'est effondré de 12,4% ! L'indice Kospi sud-coréen a décroché de 8,8% !
Sur le calendrier économique américain ce lundi, l'indice PMI composite final américain du mois de juillet sera communiqué à 15h45 (consensus 55, avec un indice des services attendu à 56). L'ISM des services de juillet sera connu à 16 heures (consensus 51). Mary Daly de la Fed interviendra dans la soirée.
Parmi les autres rendez-vous de la semaine, la balance du commerce international des biens et services sera dévoilée demain, alors que les opérateurs suivront mercredi le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie concernant les stocks pétroliers domestiques, ainsi que les chiffres du crédit à la consommation.
En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, la chute se poursuit pour les "7 Magnifiques". Nvidia plonge de 14% (!) et Apple de 9,8% en pré-séance. Microsoft perd 5%, Alphabet 6,4% et Amazon... 8,3%. Meta corrige de 8,8%. Tesla abandonne enfin 10% !
The Carlyle Group, BioNTech et Tyson Foods publient leurs résultats financiers avant bourse à Wall Street ce jour, tandis que CSX, Palantir ou Williams Companies annoncent après la clôture. Amgen, Caterpillar, Uber Technologies, Airbnb, Zoetis, Duke Energy, Marathon Petroleum, Super Micro Computer, Yum! Brands et Constellation Energy, publient demain. Walt Disney, McKesson, Rockwell Automation, Hilton Worldwide, Occidental Petroleum, Shopify, CVS Health, Equinix, Emerson ou Monster Beverage, sont attendus mercredi. Eli Lilly, Alibaba, Gilead Sciences, Take-Two Interactive ou Parker-Hannifin, annonceront jeudi.
Les valeurs
Apple, première capitalisation mondiale, perd donc un dixième de sa valeur boursière pour l'heure en pré-séance à Wall Street ! Berkshire Hathaway, la firme d'investissement de Warren Buffett, a réduit sa participation sur Apple à 84 milliards de dollars durant le deuxième trimestre contre près de 140 milliards de dollars auparavant ! Ainsi, Berkshire a profité du rallye d'Apple fait d'espoirs de monétisation de l'intelligence artificielle pour se délester grandement de sa toute première participation. L'annonce intervient au pire moment pour le groupe californien à la pomme, alors que les indices dévissent outre-Atlantique et que la psychologie de marché vient de passer du côté sombre. Certains spécialistes tentent de relativiser, avançant que cet ajustement brutal de la participation de Berkshire relève plutôt de la gestion du risque et du money management, alors qu'Apple s'affichait au plus haut historique sans justification fondamentale du point de vue de la croissance.
Berkshire a ainsi renforcé sa montagne de cash à près de 277 milliards de dollars, alors que la firme se montre visiblement très défensive dans le contexte actuel. Vendredi, la séance avait déjà été délicate à Wall Street avec une chute de 2,4% du Nasdaq, suite à un rapport sur l'emploi américain très inférieur aux attentes, signalant un potentiel ralentissement économique prononcé. Il est désormais très peu probable que la Fed attende jusqu'à septembre et à sa réunion conventionnelle pour réduire ses taux...
Berkshire Hathaway a vendu pour près de 76 milliards de dollars de titres, selon la balance des mouvements du deuxième trimestre. La firme d'Omaha a surtout vendu près de la moitié de sa participation sur le dossier de la première capitalisation mondiale Apple, ce qui perturbe les investisseurs. Pour le trimestre clos, Berkshire a dégagé un bénéfice opérationnel de 11,6 milliards de dollars, contre environ 10 milliards sur la période correspondante, l'an dernier. Le bénéfice net du deuxième trimestre a reculé de 16% à 35,9 milliards de dollars. Les gains sur le portefeuille d'investissement ont décliné de 27% à 18,8 milliards de dollars.
Concernant Apple, Berkshire détient encore près de 400 millions d'actions pour une valeur de 84 milliards de dollars. Berkshire avait commencé à réduire la voilure au premier trimestre, mais Warren Buffett avait alors indiqué lors de la réunion annuelle des actionnaires de son groupe toute sa confiance dans le management d'Apple et la qualité du groupe.
Berkshire a aussi réduit tout récemment sa position sur Bank of America, ce qui devrait peser sur le titre ce jour. Les ventes s'élèvent à 3,8 milliards de dollars depuis mi-juillet. Pourtant, sur le deuxième trimestre, la participation de Berkshire sur BofA avait augmenté en revanche de 5% pour s'établir à 41,1 milliards de dollars en fin de période. Les valeurs des participations sur American Express (plus de 35 milliards de dollars en fin de trimestre et Coca-Cola (25,5 milliards de dollars) ont quant à elles progressé durant le deuxième trimestre. La participation au capital de Chevron atteignait 18,6 milliards en fin de trimestre contre 19,4 milliards trois mois plus tôt.
Nvidia, la star de l'IA, décroche de 14% avant bourse à Wall Street, de retour sous les 100$ ! Selon The Information, le groupe de Jensen Huang aurait repoussé en effet d'au moins trois mois la sortie de la puce d'IA Blackwell B200, impactant Microsoft, Google et Meta. The Information explique ce report par des défauts de conception découverts tard dans le processus de production, et évoque un "snafu" ("Situation Normal : All Fucked Up", ou "Tout va bien, c'est le bordel"), expression se rapportant à une situation, on l'aura compris, délicate...
Il s'agirait donc d'une mauvaise surprise susceptible d'affecter les plans des clients majeurs du groupe, Microsoft, Alphabet et Meta, "qui ont collectivement commandé des puces d'une valeur de plusieurs dizaines milliards de dollars", ajoute The Information, citant deux personnes ayant aidé à produire les puces et le hardware lié. Nvidia aurait informé la semaine dernière Microsoft, ainsi qu'un autre leader du cloud, du report concernant la puce IA la plus avancée de sa série Blackwell. The Information cite un employé de Microsoft, ainsi qu'une autre personne ayant une connaissance directe de la question.
La fameuse puce B200 doit remplacer la puce H100 hautement populaire de Nvidia, qui a dopé ses ventes et ses profits durant la récente période, avec l'incroyable demande des marchés de l'intelligence artificielle. Le leader de l'IA effectuerait désormais de nouveaux tests avec Taiwan Semiconductor Manufacturing Co., son sous-traitant de production. Un porte-parole de Nvidia n'a pas voulu commenter les informations faisant état d'un retard, déclarant à The Information par courrier électronique que "la production est en passe d'augmenter" plus tard cette année.
AMD perd aussi 8% en pré-séance à Wall Street, Intel 7% (après un plongeon historique de 26% vendredi sur l'annonce des suppressions de 15% de ses postes et de très mauvais résultats), Broadcom 10% et Qualcomm 6,5%. TSMC plonge de plus de 11% avant bourse sur la cote américaine...
Taiwan Semiconductor Manufacturing Company s'effondre donc, dans le sillage de sa baisse ce matin sur le marché taïwanais, l'indice Taiex dévissant de 8,35% à Taipei, sa pire chute depuis 1967 selon Bloomberg. TSMC est une valeur phare de l'intelligence artificielle, en tant que sous-traitant majeur de Nvidia, AMD et Apple. Il s'agit du plus grand fabricant mondial de puces sous contrat. Le ministère taïwanais des Finances, responsable du fonctionnement des fonds de stabilisation financière, a déclaré, cité par Bloomberg, qu'il surveillerait de près le développement des marchés nationaux et étrangers...
BioNTech, le partenaire allemand de Pfizer dans les vaccins Covid-19, perd 6% avant bourse à Wall Street. Le groupe a affiché des revenus trimestriels de 129 millions d'euros, en recul de 23% en glissement annuel avec de plus faibles ventes de vaccins. La perte nette trimestrielle s'est creusée quant à elle à 808 millions d'euros, quatre fois plus élevée que l'an dernier, sur la même période. Le groupe évoque sa forte position financière, tandis que la majeure partie des dépenses R&D concernent désormais des activités non liées au Covid, principalement dans l'oncologie et l'ARN messager. Un premier lancement est espéré en oncologie en 2026... Le groupe maintient une guidance de revenus de 2,5 à 3,1 milliards d'euros sur l'exercice en cours. BioNTech a terminé le trimestre avec 18,5 milliards d'euros de cash et équivalents.
The Carlyle Group a publié pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 148 millions de dollars soit 40 cents par titre, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 78 cents, inférieur aux attentes de marché (83 cents selon Bloomberg). Les revenus du gestionnaire d'actifs ont totalisé 1,07 milliard de dollars pour le trimestre clos, alors que les revenus ajustés ont été de 789 millions de dollars. Le bénéfice distribuable a reculé à 343 millions de dollars pour le trimestre clos contre 389 millions un an auparavant. Notons par ailleurs que Quantum Capital Group a annoncé l'acquisition auprès de Carlyle du producteur indépendant américain d'énergie Cogentrix Energy, pour 3 milliards de dollars environ.
Tyson Foods, le groupe alimentaire américain, a publié pour son troisième trimestre fiscal des revenus totaux de 13,35 milliards de dollars, contre 13,14 milliards un an avant. Le bénéfice opérationnel est repassé dans le vert à 341 millions de dollars. Le bénéfice opérationnel ajusté a quasiment triplé à 491 millions. Le bénéfice ajusté par action a atteint 87 cents contre 15 cents seulement un an plus tôt. Le consensus était de 65 cents de bénéfice ajusté par action pour 13,24 milliards de dollars de revenus. Le groupe a terminé le trimestre avec un niveau de liquidité d'environ 4,8 milliards de dollars à fin juin 2024.
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