Wall Street : Dow Jones au sommet avec UnitedHealth, mais Applied Materials plombe le Nasdaq
Deux salles, deux ambiances

Wall Street s'affiche en ordre dispersé avant bourse ce vendredi, le S&P 500 s'adjugeant 0,1% et le Dow Jones prenant 0,6%, sur les 45.000 points avec UnitedHealth, contre une baisse de 0,1% du Nasdaq avec Applied Materials. Hier, la cote américaine était parvenue à terminer à l'équilibre malgré la poussée inattendue des prix à la production du mois de juillet. L'indice PPI ajusté, hors alimentaire et énergie, affiche sa plus forte hausse en trois ans ! L'indice des prix à la production hors ajustements a affiché sur une base annuelle une hausse de 3,3%, la plus forte depuis février. Un rapport préoccupant qui intervient par ailleurs juste avant l'intervention de Jerome Powell, patron de la Fed, programmée dans à peine plus d'une semaine pour le symposium de Jackson Hole. En bref, le narratif des assouplissements monétaires qui dominait ces dernières semaines en prend un coup, même si dans le clan Trump, on continue de plaider pour une baisse agressive et rapide des taux. Le président américain juge ainsi que les taux de la Fed devraient se situer... à 1%, alors qu'ils sont actuellement entre 4,25 et 4,50%.
Scott Bessent, le Secrétaire américain au Trésor, avait estimé plus tôt cette semaine que les taux de la Fed devraient déjà être 150 ou 175 points plus bas. Bessent pense que la baisse des taux attendue pourrait débuter par un geste fort de 50 points de base en septembre et voit "une bonne chance" que cela se produise. En revanche, il ne juge pas nécessaire que la banque centrale américaine en revienne à des achats d'actifs à grande échelle... "Lorsqu'il s'agit de choisir un nouveau président de la Fed, c'est une question d'économie et de ce qui est le mieux pour le peuple américain. Je me concentre sur trois choses : la politique monétaire, la politique réglementaire et la rationalisation d'une Fed pléthorique qui met en péril son indépendance monétaire", a aussi lancé le responsable.
L'administration Trump envisagerait 11 candidats pour remplacer Jerome Powell, président de la Fed, à l'expiration de son mandat en mai, indiquait CNBC mercredi. Parmi les nouveaux candidats figureraient ainsi David Zervos, stratège en chef des marchés chez Jefferies, Larry Lindsey, ancien gouverneur de la Fed, et Rick Rieder, le directeur des investissements pour les titres à revenu fixe mondiaux chez BlackRock. Ils rejoignent une liste de huit autres candidats dont CNBC a confirmé l'existence, dont Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed chargée de la supervision, Christopher Waller, gouverneur de la Fed, et Philip Jefferson, vice-président de la Fed. Parmi les candidats figurent aussi Marc Summerlin, conseiller économique sous l'administration Bush, Lorie Logan, présidente de la Fed de Dallas, et James Bullard, l'ancien président de la Fed de St. Louis. Trump a par ailleurs récemment déclaré à CNBC lors d'une interview que Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national, et Kevin Warsh, ancien gouverneur de la Fed, figuraient sur sa liste.
Les responsables cités par CNBC ont décrit un processus délibératif au cours duquel le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, interrogera tous les candidats, ajustera la liste et transmettra la liste finale au président pour décision. La taille de la liste et le processus décrit suggèrent qu'une décision n'est pas imminente et pourrait prendre un temps considérable, ajoute CNBC, expliquant que les responsables n'ont pas souhaité fournir de calendrier. Bien que très critique à l'égard de Powell, Trump aurait abandonné l'idée de remplacer le président de la Fed avant la fin de son mandat en mai.
Les économistes interrogés par Reuters estiment qu'une baisse des taux d'intérêt de la Fed en septembre, la première cette année, suivie peut-être d'une autre avant la fin de l'année, reste la prévision de base dans un contexte d'inquiétudes croissantes quant à la santé de la première économie mondiale. L'inflation américaine est de nouveau en hausse, avec une pression à la hausse accrue attendue en raison des droits de douane de Trump. De plus, les chiffres de l'emploi ont été fortement révisés à la baisse sur les derniers mois, suggérant un affaiblissement du marché du travail. Les économistes s'en tiennent donc globalement à des perspectives plus prudentes que les traders de contrats à terme sur taux d'intérêt, dont les estimations suggèrent une quasi-certitude d'une baisse en septembre et une forte probabilité d'une autre, voire la possibilité d'une troisième d'ici la fin de l'année.
Une majorité de 61% des économistes sondés par Reuters, soit 67 sur 110, prédit que la Fed abaissera ses taux d'un quart de point à 4-4,25% le 17 septembre - une majorité plus large que lors de l'enquête de juillet. L'un d'eux prévoit une baisse de 50 points de base. Les 42 autres ont déclaré que la Fed maintiendrait ses taux. Plus de 60% des répondants, soit 68 sur 110, prévoient une ou deux baisses de taux cette année. Une majorité de près de 80% des économistes ayant répondu à une question supplémentaire, soit moins que l'échantillon habituel, a déclaré que l'impact des droits de douane sur l'inflation serait temporaire. Une majorité de 68% ne s'attend enfin pas à une érosion sérieuse de l'indépendance de la Fed pendant le reste du mandat de Powell.
La trêve commerciale entre la Chine et les États-Unis a rappelons-le été prolongée juste avant son expiration. Donald Trump a signé un décret suspendant jusqu'au 10 novembre à 12h01 l'entrée en vigueur des droits de douane annoncés plus tôt sur les produits importés de Chine. Trump a expliqué que les USA continueraient de discuter avec la Chine "pour répondre au manque de réciprocité commerciale dans les liens économiques et aux préoccupations de sécurité nationale et économique", ajoutant que Pékin continuait de prendre "des mesures significatives pour remédier aux régimes commerciaux non-réciproques et répondre aux préoccupations des États-Unis". Le président américain avait annoncé en avril que les produits provenant de Chine allaient être taxés à hauteur de... 145%. Pékin avait répliqué avec des droits de 125% sur les produits américains, ce qui avait alors fait craindre le pire. Mais l'heure semble désormais à l'apaisement. Les surtaxes douanières maintenues pour l'instant sont de 30% sur les produits chinois importés aux USA et de 10% sur les produits américains arrivant en Chine. Pékin a décrit la nouvelle trêve commerciale comme une mesure destinée à progresser dans la mise en oeuvre du consensus obtenu par Trump et Xi Jinping lors de leur entretien du début du mois de juin.
Sur le front géopolitique, Trump rencontrera Vladimir Poutine ce jour en Alaska afin de tenter de mettre un terme au conflit entre Russie et Ukraine. Le président américain a averti qu'il y aurait "des conséquences très graves" si Poutine n'acceptait pas un accord de cessez-le-feu plus tard cette semaine, à la suite d'un appel avec les dirigeants européens avant sa rencontre avec le président russe. Trump a également déclaré qu'il espérait profiter de la réunion du jour pour organiser une deuxième rencontre rapide avec le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky, après que ses alliés l'ont pressé d'organiser un tel sommet. "Il y a de fortes chances que nous ayons une deuxième réunion qui sera plus productive que la première", a déclaré Trump, semblant minimiser les attentes concernant la conclusion d'un accord de paix complet lors de ce sommet d'Anchorage, en Alaska, avec Poutine. Lors de l'appel avec ses alliés européens, Trump aurait assuré qu'il ne négocierait pas de territoires avec Poutine et qu'il inciterait le dirigeant russe à rencontrer Zelensky. Trump a réitéré sa déclaration selon laquelle il saurait rapidement si le président russe était sérieux dans ses négociations, et a affirmé que les États-Unis seraient disposés à contribuer à certaines garanties de sécurité, sans pour autant que Kiev soit pleinement membre de l'OTAN.
Sur le front économique, l'inflation préoccupait tout particulièrement hier. Alors que l'indice des prix à la consommation publié plus tôt cette semaine était ressorti globalement conforme aux prévisions des économistes, celui des prix à la production a surpris en forte augmentation, ce qui ravive le spectre de la stagflation et complique désormais plus encore la tâche de la Fed, qui semblait disposée désormais à assouplir sa politique. L'indice américain des prix à la production du mois de juillet a augmenté de 0,9% d'un mois sur l'autre contre 0,2% de consensus. Il grimpe de 3,3% sur un an, contre 2,6% de consensus et 2,3% un mois avant. Hors alimentaire et énergie, l'indice des prix à la production a également progressé bien plus que prévu, de 0,9% d'un mois sur l'autre et 3,7% sur un an.
Les ventes de détail aux USA pour le mois de juillet 2025, annoncées ce vendredi, ont augmenté comme attendu de 0,5% d'un mois sur l'autre et de 0,3% hors automobile, selon le rapport du jour. Hors automobile et essence, l'expansion ralentit à 0,2% en juillet contre 0,8% en juin et en données révisées.
L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York, qui vient lui aussi d'être publié, s'est établi positif à 11,9, bien plus que le consensus qui était proche de zéro. L'indicateur signale donc une expansion notable de l'activité manufacturière dans la région.
Autre statistique notable qui vient d'être publiée, l'indice des prix à l'import du mois de juillet a grimpé de 0,4% d'un mois sur l'autre, contre 0,1% de consensus, mais il régresse de 0,2% sur un an. L'indicateur des prix à l'export a comme attendu progressé de 0,1% par rapport à juin.
Ce vendredi, les opérateurs suivront aussi la production industrielle américaine de juillet (15h15, consensus Bloomberg stable, ou +0,1% pour la production manufacturière, 77,6% de taux d'utilisation des capacités) et l'indice préliminaire du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour le mois d'août (16h, consensus FactSet 62,2).
Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,7% à 63,5$. L'once d'or remonte de 0,2% à 3.342$. L'indice dollar cède 0,3% face à un panier de devises. Le bitcoin évolue autour des 119.000$.
Les valeurs
UnitedHealth s'envole avant bourse à Wall Street. L'assureur santé américain, dans la tourmente depuis des mois sur fond de suspension des prévisions financières, départ abrupt de son CEO Andrew Witty et enquête pour potentielle fraude Medicare, a tout de même attiré l'intérêt de plusieurs grands investisseurs, en particulier la firme Berkshire Hathaway de Warren Buffett qui a révélé avoir pris une participation de près de 1,6 milliard de dollars. Berkshire, qui continue de réduire sa position sur Apple - néanmoins toujours sa première participation -, a acheté plus de 5 millions de titres UnitedHealth. Le dossier a aussi attiré l'attention de divers investisseurs, dont Dodge & Cox qui a acquis presque autant de titres (4,7 millions), David Tepper, Renaissance ou encore Michael Burry.
Berkshire Hathaway a poursuivi en revanche ses cessions de titres Apple durant le deuxième trimestre, se débarrassant encore de 4 milliards de dollars d'actions du groupe à la pomme - qui reste sa principale participation. Berkshire a ainsi vendu encore 20 millions de titres Apple supplémentaires entre avril et juin selon les dernières déclarations de la firme d'investissement. La participation de la firme sur le dossier du groupe californien de Cupertino est ramenée à environ 280 millions d'actions, ce qui représente une position d'un peu plus de 65 milliards de dollars aux cours actuels - environ un cinquième du portefeuille actions du groupe de Buffett. Berkshire avait initié cet investissement dès 2016, avant de procéder à des cessions conséquentes en 2023 et 2024.
Applied Materials chute avant bourse à Wall Street, l'équipementier majeur américain de production de semi-conducteurs ayant livré en effet des prévisions décevantes de revenus pour le quatrième trimestre sur fond d'incertitude économique. 'Amat' prévoit pour le T4 fiscal des revenus de 6,7 milliards de dollars, plus ou moins 500 millions de dollars, alors que le consensus était de 7,3 milliards ! Le directeur financier Brice Hill explique ainsi que le groupe anticipe un recul des revenus sur la période avec la digestion des capacités en Chine et la demande non linéaire des clients de pointe, compte tenu de la concentration du marché et du calendrier de fabrication.
Sur le troisième trimestre juste clos, le groupe a affiché des revenus record de 7,3 milliards de dollars (+8%), légèrement au-dessus des attentes, pour un bénéfice ajusté par action de 2,48$ (2,34$ de consensus) et un bénéfice net de 1,78 milliard de dollars (+4%). Sur le quatrième trimestre, le bpa est anticipé entre 1,91 et 2,31$ et la marge brute ajustée est attendue à 48,1%.
Sandisk, le concepteur de disques durs, décrochait de 9% après bourse à Wall Street hier soir. Sur le trimestre clos fin juin, le groupe a affiché pourtant des comptes meilleurs que prévu, réalisant un bénéfice ajusté par action de 29 cents pour des revenus de 1,9 milliard de dollars (+12% en séquentiel). La guidance est un peu plus mitigée, le groupe envisageant pour le premier trimestre fiscal juste entamé un bénéfice ajusté par action allant de 70 à 90 cents. Les revenus sont cependant attendus au-dessus des attentes, entre 2,10 et 2,20 milliards de dollars sur la période.
Intel a pris 7,4% hier soir sur la place américaine et poursuivait sur sa lancée avant bourse ce jour, les opérateurs spéculant sur une éventuelle prise de participation du gouvernement US au capital du fragile géant des microprocesseurs. Bloomberg a ainsi rapporté que l'administration Trump serait en discussions avec le groupe en vue de cette prise de participation supposée. Intel est la seule entreprise américaine capable de fabriquer les puces les plus rapides aux États-Unis, bien que des concurrents comme Taiwan Semiconductor Manufacturing Company et Samsung possèdent également des usines aux USA, ajoute CNBC. Le président Trump en a appelé à la fabrication de davantage de puces et de hautes technologies aux États-Unis. La participation du gouvernement contribuerait à financer les usines qu'Intel construit actuellement dans l'Ohio, selon le rapport. Plus tôt cette semaine, le DG d'Intel, Lip-Bu Tan, accusé de conflit d'intérêt, a rendu visite à Trump pour s'expliquer sur son parcours, alors que ses intérêts dans diverses entreprises chinoises avaient été critiqués.
Accenture a conclu un accord pour l'acquisition de CyberCX, un fournisseur privé de services de cybersécurité de premier plan au service des organisations des secteurs privé et public en Australie, en Nouvelle-Zélande et à l'international. Cette acquisition, la plus importante d'Accenture à ce jour dans le domaine de la cybersécurité, renforcera considérablement les services de cybersécurité d'Accenture en Asie-Pacifique. Elle confortera la position de leader d'Accenture dans la région, améliorant sa capacité à renforcer la résilience des entreprises, à protéger les infrastructures critiques et à favoriser la réinvention sécurisée des entreprises dans un contexte réglementaire et de menaces de plus en plus complexe, indique le groupe. L'Australian Financial Review valorise cette transaction plus d'un milliard de dollars australiens, soit environ 650 millions de dollars américains.
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