Entretien avec David Etien, Directeur administratif et financier de Catana
Une quête permanente d'agilité et de flexibilité chez Catana

Boursier.com : Vous expliquez que les positions de la nouvelle administration américaine depuis janvier ont "balayé", selon votre terme, la reprise qui semblait s'amorcer. Craignez-vous que la situation difficile perdure encore longtemps sur votre marché?
D.E. : Les positions de la nouvelle administration américaine sur le plan géopolitique et économique partent un peu dans tous les sens et de manière violente, c'est le moins que l'on puisse dire. Cet effet " boule de flipper " attaque les conditions racines d'un bon climat économique à savoir la stabilité et la confiance. Dans ce contexte, l'attentisme est naturellement de rigueur. On peut tout de même imaginer que le réalisme et les intérêts supérieurs économiques l'emporteront progressivement sur cette deuxième partie d'année 2025. Par ailleurs, si nos clients " propriétaires " disposent de temps et peuvent facilement décaler leurs décisions d'achats, les loueurs professionnels (qui représentent + de 50% du marché) ont besoin de flottes renouvelées, ce qui pourrait porter un peu plus la demande, sous réserve qu'ils fassent une bonne saison estivale 2025. Maintenant, si nous voulons céder à la tentation de l'optimisme, nous avions réellement craint le pire en 2020 lors du COVID, et il y avait de quoi, or la réalité est que les choses s'étaient finalement assez vite rétablies et dans des proportions surprenantes, il faut aussi y être prêt. Mais notre devoir, que ce soit auprès de nos actionnaires que de nos salariés, est d'être transparent sur les situations et leurs risques, cela a toujours été notre ligne de conduite.
Boursier.com : Quel est le niveau des prises de commandes ?
D.E. : Très varié ! Le niveau de commandes est bon pour les plus grandes tailles et notre marque de grands voyages " CATANA ", nettement moins bon pour les petits et moyens bateaux. Mais globalement, le niveau de visibilité est encore très réduit sur l'exercice prochain d'où notre discours de prudence et de transparence pour une partie de 2025/2026. Mais nous avons encore du temps et des échéances commerciales proches pour accroître cette visibilité, ce d'autant que nous n'avons pas de stocks dans nos réseaux de distribution.
Boursier.com : Si la faiblesse de la demande perdure encore, votre feuille de route de long terme n'est-elle pas menacée?
D.E. : Pas du tout, bien au contraire. Disposer de bateaux régulièrement renouvelés, étendre notre panel à d'autres segments porteurs du marché (bateaux à moteur, unités de très grandes tailles) pour être plus forts et encore moins exposés aux fluctuations du marché, c'est au contraire la solution. Même si la situation du moment est complexe, nous avons l'habitude dans le secteur des cycles haut et bas, ce n'est ni la première fois, ni la dernière. Une chose est certaine, et c'est une constante historique, c'est que les acteurs du secteur qui ont été capables d'investir et se renforcer pendant les cycles bas se sont toujours créés des conditions de rebond très rémunératrices. Nous avons traversé dans le passé des crises bien plus graves avec bien moins d'atouts, nous n'avons donc aucune raison de paniquer et changer notre cap. Grâce à notre bonne gestion de la dernière décennie, nous avons aujourd'hui des leviers financiers pour le faire que ce soit sur la structure cotée mais aussi dans le groupe familial fondateur.
Boursier.com : De quelle façon parvenez-vous à ajuster votre production?
D.E. : Y compris dans les périodes fastes du marché, nous n'avons jamais caché notre quête permanente d'agilité et de flexibilité, conscients justement de l'existence de ces cycles. Pour ce faire, nous avons toujours fait en sorte que nos usines disposent, par le biais des CDD et des contrats d'intérims, d'une marge de manoeuvre sur nos effectifs d'au moins 30%. C'est donc sur ces leviers que nous agissons aujourd'hui pour ajuster nos productions. Nous essayons cependant de ne pas libérer trop vite nos effectifs qu'il faudra un jour ou un autre créer à nouveau, et nous savons que cela n'est guère aisé aujourd'hui. Cette tendance modérée au sur-effectif provoque parfois de la sous-productivité mais nous travaillons avant tout pour le long terme.
Boursier.com : Pourquoi le transfert sur Euronext Growth?
D.E. : Nous fêtons cette année nos 20 ans en bourse. Au cours de ces 20 années, nous avons malheureusement constaté sur le marché sur lequel nous étions un accroissement constant des contraintes réglementaires qui, outre leur coût et la bande passante qu'elles consomment sans réelle valeur ajoutée sur notre business model, devenaient de moins en moins en phase avec une entreprise de notre taille. L'époque n'étant pas à la simplification des normes, il nous est apparu plus raisonnable de ne pas trop s'exposer aux futures évolutions et rejoindre un marché réellement plus adapté à notre entreprise. Je crois d'ailleurs que si nous nous introduisions aujourd'hui en bourse, personne n'irait nous conseiller un autre marché que Growth.
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