La conservatrice Sanae Takaichi devient la première femme Premier ministre du Japon

La nationaliste Sanae Takaichi a été nommée mardi Première ministre du Japon, devenant la première femme à occuper ce poste, grâce à une coalition parlementaire nouée la veille à l'issue de négociations de dernière minute.
Mme Takaichi, 64 ans, a été élue dès le premier tour par la chambre basse du Parlement nippon avec 237 voix, soit au-delà du seuil de la majorité absolue (233), puis ce choix a été confirmé à la chambre haute.
Contenant son émotion, la nouvelle Première ministre s'est inclinée plusieurs fois devant les députés.
Sa nomination deviendra officielle quand elle aura rencontré l'empereur Naruhito plus tard dans la journée.
Sanae Takaichi avait remporté le 4 octobre la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD), la formation de droite conservatrice au pouvoir quasiment sans interruption depuis 1955.

Mais le PLD, de plus en plus impopulaire notamment en raison d'un scandale financier, a perdu ces derniers mois sa majorité dans les deux chambres du Parlement.
Et son allié traditionnel, le parti centriste Komeito, a claqué la porte de leur coalition en place depuis 1999, mal à l'aise avec ce scandale et les opinions conservatrices de Mme Takaichi.
Pour assurer son élection à la tête du gouvernement et succéder au Premier ministre sortant Shigeru Ishiba, elle a donc formé lundi une alliance avec le Parti japonais pour l'innovation (Ishin), formation réformatrice de centre droit.
Inspirée par Margaret Thatcher -
Mme Takaichi, admiratrice de l'ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher, surnommée la "dame de fer", a promis un gouvernement avec un nombre de femmes "à la scandinave", contre deux seulement dans l'exécutif de Shigeru Ishiba.

L'une d'entre elles devrait être l'ultra-conservatrice Satsuki Katayama, ancienne ministre de la Revitalisation régionale, qui occupera le poste de ministre des Finances, selon des médias nippons.
Le Japon est classé 118e sur 148 dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur l'écart entre les sexes, et la Chambre basse du Parlement ne compte que 15% de femmes.
Mme Takaichi espère sensibiliser les Japonais aux difficultés liées à la santé des femmes et n'hésite pas à parler ouvertement de ses symptômes liés à la ménopause.
Ses positions politiques sur l'égalité hommes/femmes la placent néanmoins à droite d'un PLD déjà conservateur: elle s'oppose ainsi à la révision d'une loi obligeant les couples mariés à porter le même nom de famille, et soutient une succession impériale réservée aux hommes.
Dans la ville de Nara (ouest), dont Mme Takaichi est originaire, on salue son ascension: "Elle a vraiment gravi les échelons. Elle a travaillé dur pour en arriver là", juge Satoshi Sakamoto, un retraité de 73 ans.
"J'espère que cela apportera de réels changements, qu'elle fera du Japon un endroit plus facile à vivre pour les femmes", déclare à l'AFP Keiko Yoshida, 39 ans, employée de bureau.
Alors que le président américain Donald Trump doit se rendre au Japon la semaine prochaine, M. Sakamoto a dit vouloir que la nouvelle dirigeante "soit capable de dire clairement +non+ quand il le faut".
Parmi les possibles points de contention, les contours encore flous des 500 milliards de dollars d'investissements envisagés par le Japon dans le cadre de son accord commercial avec Washington.
M. Trump souhaite par ailleurs que Tokyo cesse d'importer de l'énergie russe et augmente ses dépenses de défense.
- Discours sur la Chine tempéré
Mme Takaichi sera aussi confrontée à la lutte contre le déclin démographique du Japon et la relance de la quatrième économie mondiale.
Par ailleurs, sa coalition avec le parti Ishin représente 231 sièges au Parlement, en dessous des 233 nécessaires pour la majorité absolue, et devra donc composer avec d'autres partis pour faire adopter ses textes de loi.
Sanae Takaichi s'est exprimée par le passé en faveur de l'augmentation des dépenses publiques, à l'instar de son mentor, l'ancien Premier ministre Shinzo Abe.
Bien qu'elle ait tempéré son discours ces dernières semaines sur son recours à des dépenses publiques massives pour relancer l'économie, sa victoire a propulsé la Bourse de Tokyo à des niveaux record.
Au plan international, elle a estimé par le passé que le Japon était "complètement méprisé par la Chine" et que Tokyo devait"faire face à la menace sécuritaire" posée par Pékin, tout en appelant à une plus grande coopération en matière de sécurité avec Taïwan.
Mme Takaichi a cependant récemment modéré son discours sur la Chine, et s'est prudemment abstenue la semaine dernière de se rendre au sanctuaire Yasukuni, symbole pour les voisins du Japon du passé militariste nippon.
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