L’Italie à l’heure du vote
Dimanche prochain, les Italiens doivent se prononcer par referendum sur une réforme constitutionnelle qui pourrait apporter plus de stabilité gouvernementale dans ce pays. Pourquoi les marchés s’en angoissent ils ?
Le principal inconvénient de cette réforme est d’être proposée par M. Renzi, l’actuel président du conseil, qui semble avoir épuisé, comme nombre d’autres dirigeants européens, son capital confiance et sympathie.
Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en février 2014, le PIB italien a gagné environ 1,6 % et la consommation des ménages a augmenté de 3 % alors que le déficit public s’est réduit de 0,4 % et l’endettement de 43 MDE. Mais le regain de croissance est trop faible pour améliorer concrètement la vie des citoyens et l’endettement trop élevé pour tenter une politique de relance.
Le vote à ce referendum pourrait donc se transformer en un plébiscite pro ou anti Renzi qui pourrait déboucher, en cas d’un Non pressenti par les sondages, sur une déstabilisation de M Renzi , même s’il a cessé de lier son sort au résultat.
Les conséquences d’un Non
La question est de savoir, selon la force du vote de rejet, si M. Renzi se verra contraint à démissionner, si les élections législatives prévues en février 2018 pourraient être anticipées ou si un gouvernement intérimaire pourrait assurer l’exercice du pouvoir jusqu’à cette date.
Dans tous les cas, ce serait le retour d’une instabilité politique qui rendrait encore plus compliquée la mise au point des plans de sauvetage des banques italiennes en difficulté sous le poids des créances douteuses. L’éventualité de voir arriver au pouvoir le Mouvement 5 Etoiles (M5S), eurosceptique et anti establishment, suscite des inquiétudes du même ordre que celles qui prévalaient à l’encontre du Brexit.
Avec la distorsion entre une repentification programmée aux USA (taux à 10 ans montés à 2,4 %) et un laxisme monétaire persistant en Europe, le différentiel de taux déjà existant entre les taux des dettes souveraines de part et d’autre de l’Atlantique s’est accentué. Quant à la dette italienne, son taux à 10 ans est passé de 1,188 % à 2,135 % alors que le Bund allemand descendait à 0,19 %. Cette distorsion, image des écarts entre l’état de santé économique des pays à l’intérieur de la Zone euro, fragilise la cohésion de l’édifice européen et peut laisser craindre son implosion.
Jouant pleinement son rôle tutélaire, la BCE a affirmé qu’en cas de flambée des taux obligataires de l’Italie en réaction au résultat du referendum, elle augmenterait temporairement ses rachats de dette italienne. Le poids de l’Italie dans la Zone euro est important (3ème pays) et la vulnérabilité de son secteur bancaire met à mal la fiabilité de la monnaie européenne. Il est donc de plus en plus urgent qu’une solution soit trouvée pour leur recapitalisation.
Pourtant, comme après le vote pour le Brexit, on peut espérer que, passé la secousse, les marchés s’adaptent et que la récente tension sur les taux italiens ait déjà anticipé la nouvelle d’un Non. Cependant, face à cet événement, c’est le secteur bancaire qui devrait être le plus affecté, alors que BNP Paribas et Crédit Agricole ont des implantations locales significatives (respectivement 10 % et 3 % du marché local) et que Société Générale est davantage soumise à volatilité via ses importantes activités de marché. En cas de forte tension, la BCE, dont la prochaine réunion se tient le 8 décembre, serait en mesure de calmer le jeu.
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