Wall Street dans le vert, malgré l'extrême pessimisme des Américains

Wall Street pointe dans le vert pour l'heure ce mardi et semble vouloir poursuivre son rebond de la veille. Le S&P 500 prend 0,29% à 5.784 pts, le Dow Jones 0,18% à 42.661 pts et le Nasdaq 0,46% à 18.272 pts. Hier soir, le Dow Jones avait pris plus de 1,4% et le Nasdaq près de 2,3%, avec un rebond de 11,9% de Tesla... Les indices avaient profité hier du semblant d'accalmie concernant la guerre commerciale, alors que selon le Wall Street Journal, la Maison blanche reverrait un peu sa copie sur les droits de douane du 2 avril. Ainsi, les tarifs douaniers sur des secteurs industriels comme l'automobile et les puces électroniques ne devraient plus être annoncés à cette date, même si les principaux partenaires commerciaux continueront d'être frappés par des droits de douane dits réciproques.

L'administration Trump 2.0 restreindrait donc son approche concernant les droits de douane devant entrer en vigueur début avril, omettant probablement une série de droits de douane spécifiques à certains secteurs et appliquant des prélèvements réciproques à un groupe ciblé de pays qui représentent l'essentiel du commerce extérieur avec les États-Unis, selon le WSJ. Trump a aussi laissé entendre en fin de semaine dernière qu'il serait flexible en ce qui concerne la série de droits de douane attendue au début du mois prochain.

Le président américain avait auparavant promis des tarifs douaniers réciproques, ainsi que des tarifs spécifiques additionnels dès le 2 avril. "Ils nous font payer et nous leur faisons payer, et en plus de cela, sur les voitures, sur l'acier et sur l'aluminium, nous allons avoir des tarifs supplémentaires", avait lancé Trump il y a quelques jours. "Le 2 avril est un jour de libération pour notre pays", avait ajouté le leader américain sur Truth Social. "Nous récupérons une partie de la richesse que des présidents, très, très stupides, ont cédée, ignorant totalement ce qu'ils faisaient", lançait alors le dirigeant américain.

Le locataire de la Maison blanche a déjà imposé des droits de douane de 20% aux importations chinoises, ainsi qu'une taxe de 25% sur l'acier et l'aluminium. Il a aussi annoncé des droits de douane de 25% sur les produits canadiens et mexicains, mais a ensuite proposé une prolongation d'un mois pour les produits conformes à l'accord commercial nord-américain négocié lors de son premier mandat. Trump a également déclaré que l'énergie et la potasse canadiennes ne seraient frappées "que" d'une taxe de 10%. Enfin, le front est aussi ouvert du côté de l'Europe, mais le Commissaire européen au Commerce doit se rendre à Washington pour rencontrer demain le Secrétaire US au Commerce Howard Lutnick.

Enfin, Trump a déclaré hier que tout pays achetant du pétrole ou du gaz vénézuélien paierait des droits de douane de 25% sur tous ses échanges commerciaux avec les États-Unis ! Ce "droit de douane secondaire" entrerait en vigueur le 2 avril. Sur Truth Social, Trump a expliqué qu'il imposait cette mesure car le Venezuela aurait envoyé aux États-Unis des dizaines de milliers de personnes de nature très violente...

L'Inde est ouverte pour sa part à une réduction des droits de douane sur plus de la moitié des importations américaines d'une valeur de 23 milliards de dollars dans la première phase d'un accord commercial que les deux pays négocient, ont déclaré à Reuters deux sources gouvernementales. Il s'agirait de la plus forte réduction des tarifs douaniers depuis des années, visant à éviter des droits de douane réciproques. New Delhi souhaiterait donc atténuer l'impact des droits de douane réciproques internationaux imposés par Trump et qui entreront en vigueur le 2 avril. Dans une analyse interne, l'Inde aurait estimé que ces droits de douane réciproques toucheraient 87% de ses exportations totales vers les États-Unis, d'une valeur de 66 milliards de dollars, ont déclaré à Reuters deux sources gouvernementales. Dans le cadre de l'accord, l'Inde est disposée à réduire les droits de douane sur 55% des marchandises américaines qu'elle importe, actuellement soumises à des droits de douane allant de 5 à 30%, ont déclaré les deux sources, qui ont requis l'anonymat.

Sur le front économique à Wall Street ce mardi, l'indice S&P Case-Shiller '20-City' ajusté du prix des maisons pour janvier a augmenté de 0,5% d'un mois sur l'autre (+0,1% hors ajustements), alors que l'indice de la FHFA a augmenté de 0,2% par rapport au mois antérieur et de 4,8% sur un an.

Les ventes de logements neufs aux États-Unis pour le mois de février 2025 sont ressorties au nombre de 676.000, contre un consensus de place de 678.000 mesuré par FactSet et une lecture de 664.000 un mois auparavant, en données révisées.

L'indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board pour le mois de mars, qui vient aussi d'être publié, s'est établi à 92,9 contre un consensus de 94,5. Il était de 98,3 un mois plus tôt. Ainsi, la confiance des consommateurs américains recule pour le quatrième mois consécutif en mars, les ménages US n'ayant jamais été aussi pessimistes à propos de l'avenir en 12 ans selon l'étude. L'indice des anticipations, qui mesure les prévisions de court terme concernant les revenus, l'activité et les conditions du marché du travail, est tombé de 9,6 points à 65,2 ! L'indice de la situation présente a reculé à 134,5, en baisse de 3,6 points.

Enfin, l'indice manufacturier régional de la Fed de Richmond pour le mois de mars est ressorti négatif à -4, contre -2 de consensus FactSet et +6 en février.

Les commandes de biens durables de février seront dévoilées mercredi.

Jeudi, la journée sera assez active du point de vue économique, avec les chiffres finaux du PIB américain du quatrième trimestre (consensus +2,4%), la balance du commerce international de biens de février, les inscriptions au chômage pour la semaine close le 22 mars, les promesses de ventes de logements de février, ou encore l'indice manufacturier de la Fed de Kansas City. Enfin, vendredi, il faudra suivre les revenus et dépenses des ménages pour février et l'indice d'inflation "core PCE" si cher à la Fed, ainsi que l'indice final du sentiment des consommateurs américains pour le mois de mars.

Quelques responsables de la Fed interviendront par ailleurs durant la semaine, notamment John Williams ce mardi, Alberto Musalem mercredi, Thomas Barkin jeudi ou encore Raphael Bostic vendredi.

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, KB Home a publié hier soir. McCormick, GameStop et Rumble sont attendus ce jour. Cintas, Paychex, Dollar Tree, Chewy et Jefferies Financial Group, publient mercredi. Lululemon et Walgreens Boots Alliance annonceront jeudi.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 0,1% à 69,2$. L'once d'or fin grappille 0,5% à 3.028$. L'indice dollar cède 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin se maintient sur les 88.000$, alors que BlackRock a lancé son premier ETF adossé au BTC en Europe et que Trump Media & Technology Group va s'associer à Crypto.com pour lancer des ETF adossés à des actifs numériques. Le rendement du T-Bond à 10 ans évolue à environ 4,33%... Pour finir, l'outil CME FedWatch montre des probabilités équivalentes, voisines de 31%, pour des scénarios de baisse de taux de 50 points et 75 points de base cette année.

Les valeurs

McCormick (-0,7%) perd du terrain à Wall Street, alors que le géant américain des assaisonnements et épices a publié pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 162 millions de dollars et un bénéfice par action de 60 cents, à comparer à un consensus de 64 cents. Les revenus ont été de 1,61 milliard de dollars sur la période close, en ligne avec le consensus de marché, avec une croissance organique de 2% tirée par les volumes. Le groupe prévoit pour l'exercice un bénéfice ajusté par action allant de 3,03 à 3,08$. Les ventes consolidées sont attendues stables ou en hausse jusqu'à +2%.

KB Home cède 3,6% en bourse ce mardi. Le groupe a réduit en effet sa guidance sur fond de chute du moral des consommateurs. Pour son premier trimestre fiscal, le spécialiste américain de l'immobilier a réalisé un bénéfice net de 110 millions de dollars et un bénéfice par action de 1,49$, contre 1,56$ de consensus. Les revenus ont totalisé quant à eux 1,39 milliard de dollars (-5%), contre 1,5 milliard de consensus. Les livraisons ont reculé de 9% à 2.770 unités, tandis que le prix moyen de vente a augmenté de 4% à 500.700$. Les commandes nettes ont corrigé de 17% à 2.772 unités, alors que la valeur du backlog de fin de période a été de 2,2 milliards de dollars, en recul de 21%.

"Les consommateurs doivent composer avec les inquiétudes liées à l'accessibilité financière et aux incertitudes liées aux enjeux macroéconomiques et géopolitiques, ce qui les ralentit dans leurs décisions d'achat", a déclaré Jeffrey Mezger, président-directeur général. "Au début de la saison des ventes de ce printemps, la demande a été plus faible que d'habitude, malgré une forte fréquentation dans nos communautés. Mi-février, nous avons pris des mesures (...) afin d'offrir le meilleur rapport qualité-prix, et les acheteurs ont bien accueilli ces ajustements". Sur l'exercice 2025, le groupe anticipe des revenus immobiliers allant de 6,6 à 7 Mds$, un prix moyen de vente allant de 480.000 à 495.000$ et une marge opérationnelle d'environ 9,4%.

Alibaba (-0,1%). Le président d'Alibaba Group Holding, Joe Tsai, a mis en garde contre la formation d'une potentielle bulle dans la construction de centres de données. Selon lui, le rythme de cette construction pourrait dépasser la demande initiale de services d'IA. Le milliardaire, cité par Bloomberg, évoque la ruée des grandes entreprises technologiques, des fonds d'investissement et d'autres entités pour ériger des bases de serveurs. Nombre de ces projets sont construits sans cible précise, a déclaré Tsai, repris par Bloomberg, à l'occasion du Sommet mondial de l'investissement HSBC à Hong Kong ce mardi. Alibaba, qui a annoncé en février son plein investissement dans l'IA, prévoit d'investir plus de 380 milliards de yuans ou 52 milliards de dollars sur les trois prochaines années.

Tesla (-0,1%). La part de marché de Tesla en Europe a poursuivi sa contraction en février par rapport à l'année précédente, ce qui marque un deuxième mois de recul selon les données publiées par l'ACEA. Les ventes du constructeur texan de voitures électriques ont régressé malgré la hausse des immatriculations de véhicules électriques sur le continent, alors que la concurrence s'intensifie et que le ralentissement des économies européennes freine les ventes totales de voitures. Le groupe d'Elon Musk a vendu 42,6% de voitures en moins en Europe depuis le début de l'année, selon les données ACEA. Tesla détenait 1,8% du marché total et 10,3% du marché des VE à batterie en février, contre 2,8% et 21,6%, respectivement, l'an dernier. Le constructeur a vendu moins de 17.000 véhicules dans l'UE, au Royaume-Uni et dans les pays de l'Association européenne de libre-échange, contre plus de 28.000 en février 2024.

Apple (+1,1%). La Commission européenne serait selon Reuters sur le point de clore son enquête sur les options du navigateur d'Apple pour l'iPhone, après que le groupe californien à la pomme a apporté certaines modifications. L'agence cite des sources ayant connaissance de la question. L'exécutif européen avait ouvert une enquête sur Apple en mars de l'an dernier en vertu de la législation européenne sur les marchés numériques, la fameuse DMA, craignant que la conception du navigateur d'Apple pour iPhone n'empêche les utilisateurs de passer à un navigateur ou à un moteur de recherche rival. La Commission devrait selon Reuters annoncer sa décision au début de la semaine prochaine.

Meta (+2,1%). Le propriétaire de Facebook et Instagram envisagerait de proposer un abonnement payant au Royaume-Uni, permettant aux utilisateurs de se passer des publicités sur ses plateformes, comme l'a rapporté la 'BBC' lundi. Cette initiative ferait suite à une série de discussions avec le régulateur britannique sur la protection des données personnelles. Si elle est mise en oeuvre, l'abonnement payant offrirait une expérience sans publicité à ceux qui choisissent de ne pas voir leurs données collectées.