Devises : le yen au centre des attentions, Tokyo prêt à intervenir ?
Après la hausse des taux de la BoJ, la devise reste sous pression...
Une hausse des taux quasi inédite mais une monnaie qui reste au plancher. Trois jours après que la Banque du Japon (BoJ) a relevé ses taux d'intérêt de 0,5% à 0,75%, portant le coût du crédit à des niveaux plus vus depuis trente ans, le yen reste proche de ses plus bas historique face au dollar malgré un léger sursaut ce lundi. Une situation qui inquiète Tokyo et pourrait conduire à une nouvelle intervention du pays pour défendre sa devise.
Atsushi Mimura, principal responsable de la politique de changes, s'est dit " profondément préoccupé " par ce qu'il a qualifié de " mouvements brusques et unidirectionnels ", notamment après la réunion de politique monétaire de vendredi. "Nous prendrons les mesures appropriées face à ces fluctuations excessives".
Plus que le resserrement monétaire de la BoJ, les investisseurs se sont concentrés sur les déclarations de son gouverneur, Kazuo Ueda. Ce dernier a choisi de maintenir les options ouvertes plutôt que de soutenir ouvertement le yen en optant pour une hausse prudente des taux et en ne donnant que peu d'indications sur la suite des évènements. De nombreux acteurs du marché s'attendaient en effet à ce que le gouverneur confirme leur analyse selon laquelle K.Ueda continuerait de relever les taux tous les six mois, souligne 'Bloomberg'. Certains pensaient même qu'il pourrait laisser entendre jusqu'où la Banque du Japon souhaitait relever ses taux, en évoquant le taux d'intérêt neutre - celui qui ne stimule ni ne freine l'économie, et qui est souvent considéré comme le point final attendu des cycles de hausse ou de baisse des taux. Au lieu de cela, le professeur devenu gouverneur de la BoJ a adopté un ton pragmatique, déclarant que la Banque se rapprocherait progressivement du taux neutre plutôt que d'essayer de le déterminer à l'avance.
Le secrétaire général du Cabinet, Minoru Kihara, a également mis en garde contre la faiblesse persistante du yen et a souligné l'importance d'une évolution stable des devises, reflétant les fondamentaux. "Le gouvernement prendra les mesures appropriées contre les fluctuations excessives, y compris spéculatives", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Ces propos font suite à ceux de la ministre des Finances, Satsuki Katayama, qui avait annoncé vendredi soir que Tokyo réagirait de manière appropriée aux mouvements excessifs et spéculatifs du yen, soulignant ainsi l'inquiétude du gouvernement face aux fortes baisses de la devise, qui entraînent une hausse des prix des importations et du coût de la vie des ménages. Cette situation pose en effet problème au ministère japonais des Finances, qui a déjà dépensé quelque 100 milliards de dollars l'année dernière pour soutenir la monnaie lorsqu'elle s'est affaiblie à environ 160 yens pour un dollar, un niveau proche de celui d'aujourd'hui...
"La forte dépréciation du yen est perçue comme un facteur de hausse des rendements, car elle alimente les spéculations quant à un possible avancement du calendrier de la prochaine hausse des taux", affirme à 'Bloomberg' Keisuke Tsuruta, stratégiste senior en titres à revenu fixe chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities. Il ajoute que les rendements devraient rester élevés "compte tenu des conditions de marché après la réunion de la Banque du Japon et des inquiétudes budgétaires persistantes".
Le taux de référence des obligations d'État japonaises à 10 ans a atteint un niveau inédit depuis février 1999, montant au-dessus des 2%. Le rendement à 2 ans, encore plus sensible aux anticipations de politique monétaire, a quant à lui grimpé à son plus haut niveau depuis 1997.
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