Haute-Marne: une surveillante tuée au couteau, un collégien arrêté

Une surveillante est décédée mardi peu après avoir été poignardée par un élève de 14 ans lors d'un contrôle des sacs devant un collège à Nogent (Haute-Marne), suscitant une émotion immense dans les sphères éducatives et politiques.
Emmanuel Macron a évoqué "un déferlement de violence insensé", assurant sur X que le gouvernement est "mobilisé pour faire reculer le crime". Le Premier ministre François Bayrou a souhaité devant les députés que le gouvernement travaille à "l'expérimentation" de portiques de sécurité à l'entrée des établissements scolaires. M. Bayrou doit s'exprimer au journal de 20H00 de TF1.
La victime, assistante d'éducation au collège Françoise-Dolto de Nogent, âgée de 31 ans, a été touchée "par plusieurs coups de couteau" vers 08H00, "à l'arrivée des élèves, au moment d'un contrôle visuel des sacs en présence de la gendarmerie", a précisé le rectorat dans un communiqué. Elle n'a "malheureusement pas survécu à ses blessures".
L'adolescent, "un collégien de 14 ans qui n'avait pas d'antécédents judiciaires", a été immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents, a rapporté le procureur de Chaumont Denis Devallois, précisant qu'un gendarme a été légèrement blessé.
Le suspect a été placé en garde à vue.

"C'est un jeune d'une famille dont les deux parents travaillent, qui ne présente pas de difficultés particulières, qui était ambassadeur harcèlement", a déclaré sur place la ministre de l'Éducation Elisabeth Borne, soulignant la sidération de ses professeurs.
L'adolescent avait été "l'objet en début d'année de deux exclusions temporaires pour perturbation de la classe" mais n'avait pas posé de difficulté depuis, a-t-elle précisé après avoir rencontré des enseignants et élèves.
"L'enquête nous dira s'il y avait un problème de santé mentale ou si c'est autre chose", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau en déplacement dans l'Aisne, estimant que "la réponse ne peut pas être seulement sécuritaire".
L'académie de Reims a mis en place une cellule de soutien psychologique. Les cours ont été suspendus mardi et mercredi.
La surveillante, ancienne coiffeuse qui travaillait au collège depuis septembre, s'appelait Mélanie et elle était maman d'un petit garçon, selon l'une de ses cousines, Aurore. "C'était quelqu'un de très souriant, très gentil, la douceur incarnée", a-t-elle témoigné, déposant une rose.
Le contrôle de sacs était "prévu de longue date" conjointement avec la gendarmerie, "dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne", a précisé le rectorat à l'AFP.
Des contrôles aléatoires ont été mis en place après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un jeune devant un lycée dans l'Essonne.
"Phénomène"

Mme Borne a évoqué "des annonces que le Premier ministre pourra faire dans les prochaines heures", "notamment sur une meilleure régulation de la vente de ces armes blanches".
Fin mai, la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou (Horizons), qui a remis à M. Bayrou un rapport sur la détention d'armes blanches par des mineurs, estimait qu'elle est devenue "un phénomène" concernant "n'importe quel territoire" et des profils variés.
Lors des questions au gouvernement mardi, elle a exhorté François Bayrou à agir, préconisant notamment "d'interdire strictement la vente et la détention de tout type d'arme blanche par les mineurs" et d'instaurer des peines minimales.
Le Premier ministre lui a répondu que le gouvernement lui confierait une mission pour que ses préconisations puissent être "réalisées". Il a aussi souhaité que le gouvernement travaille à "l'expérimentation" de portiques de détection d'armes à l'entrée des établissements scolaires, une piste jugée irréaliste par de nombreux professionnels de l'éducation, et dont M. Retailleau a relativisé mardi l'efficacité.
Marine Le Pen a déploré la "banalisation de l'ultraviolence, encouragée par l'apathie des pouvoirs publics à y mettre fin".
A gauche, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé à "veiller à la santé mentale" des jeunes, en particulier des garçons, qui "s'enfoncent" dans la violence.
Côté syndical, des voix interrogent le rôle des surveillants dans ces opérations de contrôle. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a exprimé sa "colère de penser qu'une AED (assistante d'éducation, NDLR) était ainsi exposée, alors même que les AED ont une mission éducative et non pas de vigiles devant les établissements".
Pour Laurent Zameczkowski, porte-parole de la fédération de parents d'élèves Peep, "le véritable problème est la santé mentale de nos jeunes". Il a réclamé "un meilleur encadrement (...) notamment en terme d'infirmières, médecins scolaires".
Entre le 26 mars et le 23 mai, 6.000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux, selon le ministère de l'Éducation nationale.
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