Au procès Jubillar, les proches de l'infirmière disparue à la barre

Les frères, la sœur et plusieurs membres de la famille de Delphine Jubillar témoignent mardi devant la cour d'assises du Tarn, de leur relation avec l'infirmière, dont le corps reste introuvable depuis fin 2020, espérant des aveux de Cédric Jubillar accusé du meurtre de son épouse.
Après l'audition des enquêteurs de personnalité, de plusieurs gendarmes, d'une pléiade d'experts et d'un procureur, les parties civiles, souvent gagnées par l'émotion depuis le début du procès, vont se succéder à la barre et probablement interpeller l'accusé.
Pour Laurent de Caunes, avocat d'un frère de Delphine Jubillar née Aussaguel, "il est important que les parties civiles puissent parler de ce qui s'est passé, des circonstances qui ont accompagné la disparition de Delphine. Ils la connaissaient très bien".
"Les parties civiles sont très anxieuses à l'idée de devoir affronter la cour d'assises et de croiser le regard de Cédric Jubillar", avertit Mourad Battikh, un autre avocat de proches de Delphine Jubillar.
Interrogé la semaine dernière par la présidente de la cour d'assises sur sa ligne de défense, Cédric Jubillar a démenti, à deux reprises, toute implication dans la disparition de son épouse, qui envisageait de refaire sa vie avec un autre homme.
Espoir d'aveux
Un changement de posture de l'accusé est vivement espéré dans les rangs des parties civiles. "On attend tous l'interrogatoire de Cédric Jubillar (prévu vendredi 10 octobre, ndlr), en espérant des aveux", poursuit Me Battikh dont les clients attendent "que les trois semaines qui auront précédé conduisent Cédric Jubillar à dire la vérité".

Alors qu'elle préparait les fêtes de Noël et qu'un couvre-feu était en vigueur à partir de 20h00, la mère de famille de 33 ans a disparu de sa maison de Cagnac-les-Mines, un village près d'Albi, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Après le signalement de la disparition, de vastes recherches ont été menées, sans résultat, pour tenter de retrouver cette infirmière travaillant de nuit dans une clinique d'Albi, mais qui était de repos ce jour-là.
Lundi, la deuxième semaine du procès du peintre-plaquiste de 38 ans a débuté par l'audition de l'ancien procureur de Toulouse, Dominique Alzéari, qui avait annoncé la mise en examen de l'accusé le 18 juin 2021, lors d'une conférence de presse émaillée d'"inexactitudes" selon la défense.
"A partir de votre intervention, il a fallu qu'on rétablisse un bon nombre de vérités", lui reproche Alexandre Martin, avocat de la défense.
Le magistrat a balayé les accusations, affirmant n'avoir évoqué que des "éléments objectivés, vérifiables, avérés" à ce stade de l'enquête, reconnaissant toutefois d'"éventuelles approximations".
Procureur critiqué
"Avez-vous conscience que vous énoncez des éléments faux?", a enchaîné l'autre conseil de l'accusé, Emmanuelle Franck, énumérant selon elle des "erreurs" dans les horaires d'appels téléphoniques, la connaissance par l'accusé de l'existence d'un amant, le fait que le couple faisait chambre à part, le faible nombre de pas effectués par l'accusé alors qu'il était censé chercher sa femme...
"Ce sont les éléments dont je disposais", "parce que c'étaient des éléments qui avaient été portés à ma connaissance", a tour à tour répondu M. Alzéari.

Derrière ses avocats, adossé à son siège, Cédric Jubillar, vêtu d'une veste zippée noire, assiste impassible aux échanges.
Laurent Boguet, avocat des enfants de Delphine et Cédric Jubillar, relève que l'accusé n'a pas prononcé un mot lundi. "Quand on crie son innocence, on peut faire usage de la parole", a-t-il réagi après la journée d'audience.
D'après lui, les témoignages des experts en téléphonie auditionnés lundi après-midi permettent de conclure que "le téléphone de Delphine n'a manifestement pas bougé du domicile", alors que les avocats de la défense tentent de démontrer le contraire.
Les avocats de Cédric Jubillar, estime Me Boguet, s'efforcent de semer "un brouillard de guerre", toutes les occasions sont bonnes "pour décrédibiliser l'enquête, c'est leur stratégie".
Les trois juges et six jurés composant la cour d'assises se prononceront le 17 octobre pour la condamnation ou l'acquittement de l'accusé, à l'issue de quatre semaines d'audiences.
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