Wall Street progresse après le verdict de la Fed
Une baisse des taux, et une pause en vue
Wall Street a finalement progressé mercredi, après le verdict monétaire de la Fed et la traditionnelle conférence de presse de Jerome Powell. Le Dow Jones s'est avancé de 1,05% à 48.057 pts, tandis que le Nasdaq a pris 0,33% à 23.654 pts. Le S&P 500 a grimpé de 0,67% à 6.886 pts. Pendant ce temps, le bras de fer se poursuit entre Paramount et Netflix, qui convoitent Warner Bros. Discovery. Paramount Skydance a annoncé en début de semaine une offre hostile en cash à 30$ par action (108 milliards de dollars de valeur d'entreprise !), tout en critiquant vivement la proposition jugée "incertaine et inférieure" de Netflix.
Mais l'événement du jour se déroulait donc du côté de la Réserve fédérale américaine qui a comme prévu abaissé ses taux directeurs à l'issue d'un vote de son conseil monétaire de nouveau marqué par d'importantes divisions. La Fed a laissé entendre qu'elle ralentirait probablement le rythme de réduction de ses coûts d'emprunt dans les mois à venir dans l'attente de signaux plus clairs sur le marché de l'emploi, tandis que l'inflation "reste quelque peu élevée". La banque centrale US a ainsi ramené l'objectif de taux des "fed funds" dans une fourchette de 3,50% à 3,75%, soit une nouvelle baisse de 25 points de base après celle de septembre et d'octobre. Parmi les voies dissidentes, Austan Goolsbee, le président de la Fed de Chicago et Jeffrey Schmid, celui de l'antenne de Kansas City, ont voté en faveur d'un statu quo monétaire. L'économiste Stephen Miran, choisi par Donald Trump, a opté à nouveau pour une réduction d'un demi-point de pourcentage. Au cours de la conférence de presse qui a suivi les annonces de la Fed, son président Jerome Powell a estimé que l'institution était "bien positionnée" pour répondre aux défis économiques à venir, refusant toutefois de donner des indications quant à une nouvelle baisse des taux dans un avenir proche. "Je tiens à souligner qu'après avoir abaissé notre taux directeur de 75 points de base depuis septembre et de 175 points de base depuis septembre dernier, le taux des fonds fédéraux se situe désormais dans une large fourchette de prévisions correspondant au taux neutre et que nous sommes bien placés pour patienter et observer la manière dont l'économie évolue", a-t-il déclaré. "La politique monétaire n'est pas prédéterminée et nous prendrons nos décisions réunion après réunion", a-t-il ajouté. Les nouvelles projections de la banque centrale américaine montrent une position médiane avec une seule baisse de taux d'un quart de point en 2026, comme dans les perspectives présentées en septembre. Concernant l'évolution des prix, la Fed voit l'inflation ralentir à environ 2,4% à la fin de l'année prochaine, malgré une accélération attendue de la croissance économique au-dessus de 2,3% et un taux de chômage à 4,4%. Jerome Powell a souligné au cours de sa conférence de presse que la prochaine décision de la Fed ne serait probablement pas un relèvement des taux, au regard des nouvelles projections des responsables de la banque centrale. "Je ne pense pas qu'une hausse des taux soit le scénario de base de qui que ce soit", a-t-il dit.
Du côté des indicateurs US, l'indice du coût de l'emploi publié pour le 3e trimestre s'est affiché en hausse de 0,8% d'un trimestre sur l'autre et de 3,5% en glissement annuel, soit une progression moins élevée que le consensus.
Le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains pour la semaine close le 5 décembre a fait ressortir une baisse de 1,8 million de barils des stocks de brut en comparaison de la semaine antérieure, une progression de 6,4 millions de barils des stocks d'essence et une augmentation de 2,5 millions de barils des stocks de produits distillés.
Jeudi, le programme économique reste relativement chargé, avec la balance du commerce international des biens et services, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 6 décembre, l'indice des prix à la production, ainsi qu'une étude trimestrielle sur les services. Enfin, la semaine se terminera par une belle brochette de responsables de la Fed vendredi, Austan Goolsbee, Beth Hammack et Anna Paulson prenant la parole.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI pointe à 58$. L'once d'or fin régresse revient à 4.210$. L'indice dollar se tasse de 0,1% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin retombe vers les 90.000$.
Les valeurs
Nvidia (-0,6%). Les géants technologiques chinois ByteDance et Alibaba auraient sollicité Nvidia en vue de l'achat de puces d'intelligence artificielle H200, suite à la déclaration du président américain Donald Trump autorisant son exportation vers la Chine auprès de clients sélectionnés, ont indiqué à Reuters quatre sources proches du dossier. Les entreprises chinoises seraient désireuses de passer "d'importantes commandes" pour cette puce, la deuxième plus puissante de Nvidia, si Pékin leur donne son accord, ont précisé deux des sources de l'agence. Cependant, elles restent préoccupées par l'approvisionnement et attendent des éclaircissements de la part de Nvidia, a ajouté une source. Selon deux autres sources de Reuters proches de la chaîne d'approvisionnement de Nvidia, la production actuelle de puces H200 serait très limitée, le géant américain se concentrant plutôt sur ses gammes Blackwell et Rubin, les plus avancées. Avant la décision de Trump d'autoriser l'exportation vers la Chine des puces H200 fabriquées à Taïwan, la puce d'IA la plus performante pouvant être légalement exporté vers ce pays était la H20. La H200 est près de six fois plus puissante. Le gouvernement chinois n'a pas encore réagi clairement à l'annonce récente de Trump. Ces derniers mois, il a interdit aux centres de données financés par l'État et aux entreprises technologiques chinoises d'acheter les puces d'IA de Nvidia, comme l'a rapporté Reuters, ce qui a fortement impacté la part de marché de Nvidia en Chine. Selon 'The Information', les autorités chinoises ont réuni ce mercredi des représentants d'entreprises telles qu'Alibaba, ByteDance et Tencent afin de leur demander d'évaluer leurs besoins concernant la H200. Les responsables auraient indiqué aux entreprises qu'elles seraient informées prochainement de la décision de Pékin.
Nvidia a développé une technologie de géolocalisation permettant d'identifier le pays d'utilisation de ses puces, selon des sources de l'agence Reuters proches du dossier. L'initiative pourrait contribuer à empêcher la contrebande de ses puces d'intelligence artificielle vers les pays où leur exportation est interdite, ajoute l'agence. Cette fonctionnalité, dont Nvidia a fait la démonstration en privé ces derniers mois mais qu'elle n'a pas encore commercialisée, prendrait la forme d'une mise à jour logicielle optionnelle. Elle exploiterait les capacités de calcul confidentielles de ses GPU, ont précisé les sources de Reuters. Néanmoins, ces demandes de vérification de localisation aux États-Unis ont également conduit l'autorité chinoise de cybersécurité à interroger Nvidia sur la présence éventuelle de portes dérobées dans ses produits, permettant aux USA de contourner les dispositifs de sécurité de ses puces. "Ce climat d'incertitude réglementaire est revenu sur le devant de la scène cette semaine, après que le président américain Donald Trump a annoncé son intention d'autoriser les exportations vers la Chine de la puce Nvidia H200", note l'agence. Nvidia a fermement nié la présence de portes dérobées dans ses puces. Des experts en logiciels ont affirmé qu'il serait possible pour Nvidia de mettre en place un système de vérification de localisation des puces sans compromettre la sécurité de ses produits, indique encore Reuters.
Notons aussi des révélations concernant la startup chinoise d'IA DeepSeek, qui utiliserait des puces Nvidia Blackwell interdites en Chine dans sa course à la construction de son prochain modèle, selon 'The Information'. Ainsi, la jeune pousse chinoise développerait son nouveau modèle en utilisant des milliers de puces Blackwell avancées du groupe américain, dont l'exportation est strictement interdite en Chine. 'The Information' cite à ce sujet pas moins de six sources au fait de la situation. Ces puces auraient donc été introduites de manière clandestine, TI évoquant une "opération complexe" dans le cadre de laquelle les produits auraient d'abord été expédiés vers des centres de données de pays où ils sont autorisés, avant un démantèlement des serveurs et un acheminement en pièces détachées vers la Chine.
Alibaba (+1,8%) prend de la hauteur à Wall Street, alors que le futur modèle IA de Meta (-1%) utiliserait son outil Qwen. Bloomberg croit ainsi savoir que le groupe de Mark Zuckerberg entraînerait son futur modèle d'IA 'Avocado' en s'appuyant sur des systèmes tiers, notamment Qwen, Gemma de Google et gpt-oss d'OpenAI. L'agence cite des personnes proches du projet.
Amazon (+1,7%), le géant américain du e-commerce entend investir plus de 35 milliards de dollars en Inde d'ici 2030 afin d'y développer ses activités en renforçant ses capacités en IA et en augmentant ses exportations, a indiqué aujourd'hui le groupe de Seattle, cité par Reuters. Hier, Microsoft s'était déjà engagé à 17,5 milliards de dollars d'investissements IA et cloud dans le pays d'ici 2030. Google prévoit de son côté 15 milliards de dollars d'engagements sur cinq ans pour la construction de centres de données d'IA. Les investissements d'Amazon sont stratégiquement alignés sur les priorités nationales de l'Inde et se concentreront sur le développement des capacités en IA, l'amélioration des infrastructures logistiques, le soutien à la croissance des PME et la création d'emplois. Le groupe d'Andy Jassy, qui fait face à la concurrence locale de Flipkart ou de Reliance, avait déjà annoncé un investissement de 26 milliards de dollars il y a deux ans en Inde. Amazon prévoit la création... d'un million d'emplois supplémentaires en Inde d'ici 2030. Le groupe de commerce en ligne dit avoir contribué à générer plus de 20 milliards de dollars d'exportations pour les vendeurs indiens au cours des dix dernières années et entend atteindre les 80 milliards de dollars d'ici 2030 selon Reuters.
Palantir (+3,3%). La Marine américaine a conclu un accord avec Palantir pour une refonte de la maintenance des sous-marins grâce à l'IA, indique le Wall Street Journal. Ce contrat, d'une valeur de 448 millions de dollars, attribué à la société de gestion de données, vise à rendre les chaînes d'approvisionnement plus rapides et plus efficaces d'après le WSJ. Les quatre chantiers navals publics de la "Navy" et deux chantiers navals privés non identifiés collaboreraient ainsi avec Palantir sur le programme 'Ship OS' s'inscrivant dans un plan visant à améliorer l'efficacité grâce à une meilleure exploitation des données. Le programme Shipbuilding Operating System collectera des données issues des nouveaux systèmes de construction et de maintenance afin de rationaliser la construction navale et la réparation de la flotte actuelle, selon la Marine. "Chaque constructeur naval partenaire disposera d'outils d'IA performants qui optimiseront son travail en temps réel. Chaque fournisseur du réseau sera connecté grâce à une logistique intelligente", a déclaré le secrétaire à la Marine, John Phelan, aux côtés d'Alex Karp, DG de Palantir.
GameStop, l'ex-meme stock vedette de Wall Street, perd 4,3%. Le détaillant en jeux vidéo a affiché pour son 3e trimestre des revenus très nettement inférieurs aux attentes à 821 millions de dollars, contre 987 millions de dollars de consensus et 860 millions de dollars pour la période correspondante de l'an dernier. Le bénéfice opérationnel passe toutefois dans le vert à 41 millions de dollars environ, contre une perte de 33 millions de dollars un an plus tôt. Le bénéfice net a grimpé à 77 millions de dollars contre 17 millions de dollars un an auparavant. Le bénéfice net ajusté, enfin, s'est élevé à 139 millions de dollars contre 26 millions sur le 3e trimestre de l'exercice antérieur. Le niveau de cash et équivalents en fin de période se situait à 8,8 milliards de dollars, contre 4,6 milliards un an plus tôt. La détention en bitcoin était valorisée 519 millions de dollars en fin de 3e trimestre.
Chewy (+1,5%). Le détaillant en ligne américain en produits animaliers a publié pour son 3e trimestre des revenus supérieurs aux attentes à 3,12 milliards de dollars (+8,3%), pour un bénéfice ajusté par action de 32 cents également au-dessus du consensus. Le bénéfice net sur le trimestre clos est ressorti à 59 millions de dollars. L'Ebitda ajusté a progressé à 181 millions de dollars pour un taux de marge de 5,8%, en augmentation de 100 points de base.
Casey's General Stores (-5,3%), la chaîne américaine d'épicerie fléchit à Wall Street. Pour le 2e trimestre fiscal, le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 5,53$, au-dessus des attentes, pour des revenus de 4,51 milliards de dollars en revanche moins élevés qu'attendu. Le chiffre d'affaires ressortait à 3,95 milliards de dollars un an auparavant. Le bénéfice net a progressé de 14% à 206 millions de dollars. L'Ebitda a grimpé de 17% à 410 millions. L'Ebitda de l'exercice 2026 devrait progresser de 15 à 17%. Casey's anticipe désormais une hausse de 3 à 4% de ses ventes à périmètre comparable et une marge brute de 41 à 42%. Les ventes de carburant à périmètre comparable devraient varier de -1% à +1%. Les charges d'exploitation totales devraient augmenter d'environ 8 à 10%. La société prévoit d'ouvrir au moins 80 magasins au cours de l'exercice 2026.
Intel (+0,7%) a perdu un recours contre l'amende antitrust de 376 millions d'euros infligée il y a deux ans déjà par l'UE, mais l'addition a été réduite d'un tiers par la deuxième juridiction européenne. La Commission européenne avait prononcé cette amende en 2023 après que le Tribunal eut annulé une précédente sanction de 1,06 milliard d'euros infligée en 2009. L'amende de 376 millions d'euros concernait des paiements effectués par Intel à HP, Acer et Lenovo pour bloquer ou retarder la commercialisation de produits concurrents entre novembre 2002 et décembre 2006. Ces paiements, qualifiés de restrictions déguisées, avaient donc été sanctionnés. Le Tribunal a confirmé la décision de la Commission de 2023, tout en réduisant l'amende à 237 millions d'euros compte tenu de la portée des restrictions.
GE Vernova (+15,6%) s'envole à Wall Street ! Le fournisseur d'équipements de production d'électricité a indiqué lors d'une journée investisseurs à New York que le dividende allait doubler. Le groupe élargit par ailleurs son programme de rachats d'actions et relève ses prévisions financières sur plusieurs années. Le conseil d'administration a approuvé un dividende trimestriel de 0,50$, le double du dividende trimestriel précédent. Il sera versé le 2 février 2026 aux actionnaires inscrits au registre le 5 janvier. Le 'board' a approuvé une augmentation de l'autorisation de rachat d'actions à 10 milliards de dollars, contre 6 milliards précédemment. GE Vernova prévoit désormais un chiffre d'affaires de 52 milliards et une marge d'Ebitda ajusté de 20% d'ici 2028. Le carnet de commandes total est attendu à environ 200 milliards d'ici fin 2028, incluant un doublement du carnet de commandes lié à l'électrification (à 60 milliards).
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