Wall Street incertain, après de nouveaux chiffres de l'emploi

Wall Street consolide ce jeudi non loin des sommets, le S&P 500 fléchissant de 0,05% à 6.847 pts, le Dow Jones de 0,02% à 47.876 pts et le Nasdaq de 0,05% à 23.443 pts. La cote américaine est revenue vers ses plus hauts historiques, effaçant la récente correction qui faisait suite à des inquiétudes sur les valorisations de l'IA. Le Bitcoin se redresse vers les 93.000$. Les derniers chiffres de l'emploi privé américain d'ADP sont ressortis hier sans relief, mais cela alimente également les espoirs d'assouplissement monétaire. L'étude Challenger sur les annonces de licenciements, dévoilée ce jour, montre aussi un marché de l'emploi sous pression. En revanche, les inscriptions hebdomadaires au chômage tout juste publiées se sont affichées en forte baisse, de manière inattendue.

Donald Trump a confirmé avant-hier les rumeurs en laissant entendre que son choix se porterait bien sur Kevin Hassett pour succéder à Jerome Powell à la tête de la banque centrale américaine. Il avait déjà indiqué qu'il avait choisi le prochain président de la Fed, après avoir souligné qu'il attendait de son candidat une baisse des taux. "Je sais qui je vais choisir", avait déclaré Trump, qui n'a cessé de critiquer Powell pour son inaction en matière d'assouplissement monétaire, et aurait donc trouvé le candidat idéal pour remplacer l'actuel timonier de la Fed.

Kevin Hassett, actuel directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche et principal conseiller économique de Trump, était déjà pressenti pour succéder à Powell. Le président américain a très clairement laissé entendre avant-hier à la Maison Blanche que son conseiller était potentiellement le futur leader de la Fed. "J'imagine qu'un potentiel président de la Fed est également présent... Avons-nous le droit de dire cela ?", a ainsi lancé Trump avant de désigner "Kevin". Interrogé sur CBS il y a quelques jours, Hassett avait refusé de commenter la rumeur, mais avait évoqué une réaction positive des marchés à l'annonce du choix imminent de Trump. "Nous avons eu une excellente enchère de bons du Trésor, les taux d'intérêt ont baissé et je pense que les Américains pourraient s'attendre à ce que le président Trump choisisse quelqu'un qui les aiderait à obtenir des prêts automobiles moins chers et un accès plus facile aux prêts hypothécaires à des taux plus bas", avait précisé Hassett sur CBS.

Concernant les dépenses en ligne de Thanksgiving, les Américains ont déboursé 14,25 milliards de dollars lors du Cyber Monday selon un rapport Adobe Analytics repris par Reuters, ce qui porte le total des ventes en ligne pour le week-end de Thanksgiving à 44,2 milliards de dollars. Les dépenses ont augmenté de 7,7% pendant la période de cinq jours entre Thanksgiving et le Cyber Monday, contre une hausse de 8,2% l'an dernier...

Les marchés tablent sur une baisse de taux d'un quart de point le 10 décembre à l'issue de la prochaine réunion FOMC (probabilité de 87% selon l'outil CME FedWatch), ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 3,50 et 3,75%. Les assouplissements monétaires devraient se poursuivre progressivement l'année prochaine, selon le même outil.

Les chiffres de l'emploi privé américain d'ADP pour le mois de novembre sont ressortis extrêmement déprimés hier. Les employeurs privés ont ainsi détruit 32.000 postes le mois dernier. En novembre, les embauches ont été particulièrement faibles dans les secteurs de la production manufacturière, des services professionnels et aux entreprises, de l'information et de la construction. "Le marché de l'emploi a été instable ces derniers temps, les employeurs devant composer avec la prudence des consommateurs et un contexte macroéconomique incertain. Si le ralentissement observé en novembre a été généralisé, il a été principalement dû à un repli sur les petites entreprises", ajoute Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.

Les suppressions d'emplois ont dépassé 1,17 million sur onze mois aux États-Unis, selon Challenger, Gray & Christmas ce jeudi, soit une hausse de 54% par rapport à la même période en 2024. En novembre, 71.321 suppressions ont été recensées selon le rapport, principalement dans les secteurs des télécommunications, des technologies, de l'agroalimentaire et des services. Les nouvelles données de Challenger montrent que les intentions d'embauche restent faibles. Les annonces de licenciements en novembre progressent donc de 23,5% en glissement annuel, mais elles se comparent plus avantageusement aux 153.064 du mois antérieur.

Les inscriptions au chômage ont fortement reculé la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé pour la semaine close au 29 novembre des inscriptions au chômage au nombre de 191.000, en repli de 27.000 par rapport au niveau de la semaine antérieure et au plus bas depuis trois ans. Le consensus était positionné à 219.000.

Les commandes industrielles du mois de septembre 2025 aux États-Unis ont augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre, en ligne avec le consensus de marché, après une progression révisée à +1,3% pour le mois d'août.

Enfin, demain, les revenus et dépenses des ménages (et l'indice des prix 'core PCE' très suivi par la Fed), ainsi que l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan et que les chiffres du crédit à la consommation, feront l'actualité.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Salesforce, Snowflake, UiPath et Guidewire, publiaient après la clôture hier soir. Kroger, Hewlett Packard Enterprise, Ulta Beauty, Dollar General, Samsara, DocuSign, Hormel Foods, Brown Forman, Rubrik ou The Cooper Companies, dévoilent leurs derniers chiffres ce jour.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,4% à 59,2$. L'once d'or fin grappille 0,1% à 4.206$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises.

Les valeurs

Salesforce (+1,3%), fournisseur mondial de solutions logicielles de gestion de la relation client "basées sur l'IA", a annoncé pour son 3e trimestre des revenus de 10,26 milliards de dollars (+9%), en ligne avec le consensus, et un bénéfice ajusté par action de 3,25$, nettement au-dessus des attentes. Le groupe fait état d'une obligation de performance restante actuelle de 29,4 milliards de dollars, en hausse de 11% et à taux de change constant. Le chiffre d'affaires des abonnements et du support au troisième trimestre atteint 9,7 milliards de dollars, en hausse de 10% sur un an et de 9% à taux de change constant. La marge opérationnelle ajustée ressort à 35,5%. Le flux de trésorerie disponible se situe à 2,2 milliards de dollars, en hausse de 22%.

Le groupe relève ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'exercice 2026 entre 41,45 et 41,55 milliards de dollars, en hausse de 9% à 10%, et d'environ 9% à taux de change constant dont environ 80 points de base de contribution d'Informatica. Salesforce met à jour sa prévision de marge opérationnelle GAAP pour l'exercice 2026 à 20,3% et maintien sa prévision de marge opérationnelle non-GAAP à 34,1%. Marc Benioff, PDG, ajoute : "Nos produits Agentforce et Data 360 sont les principaux moteurs de cette croissance, avec un chiffre d'affaires annuel récurrent (ARR) de près de 1,4 milliard de dollars, soit une progression fulgurante de 114% sur un an. Nous comptons désormais plus de 9.500 contrats Agentforce payants et 3.200 milliards de tokens traités, ce qui confirme notre position de leader dans la construction de l'entreprise agentique et la génération de résultats concrets"...

"La dynamique du troisième trimestre et l'adoption continue d'Agentforce confortent notre progression vers l'atteinte de notre objectif de plus de 60 milliards de dollars de chiffre d'affaires organique et de notre objectif de croissance rentable de 50% d'ici à l'exercice 2030", a déclaré Robin Washington, directrice financière et des opérations.

Snowflake (-10,7%), groupe d'hébergement de données dans le cloud qui "facilite l'IA d'entreprise", corrige à Wall Street du fait d'une guidance jugée prudente. Le groupe a pourtant scellé un deal IA de 200 millions de dollars avec Anthropic et un partenariat avec Accenture via la formation d'Accenture Snowflake Business Group, destiné à aider plus d'entreprises à réinventer leurs activités avec la puissance du cloud, de l'IA et de la data. Sur le 3e trimestre, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 35 cents, au-dessus du consensus, pour des revenus de 1,21 milliard de dollars à comparer aux 942 millions de dollars de l'an dernier. Les revenus produits ont grimpé de 29% à 1,16 milliard. L'obligation restante de performance atteint 7,9 milliards, en croissance de 37%. Sur l'exercice 2026, les revenus produits sont attendus en croissance de 28% à 4,446 milliards, pour une marge opérationnelle ajustée de 9%.

"Snowflake a réalisé un nouveau trimestre solide, avec un chiffre d'affaires produits de 1,16 milliard de dollars, en hausse de 29% sur un an, et des engagements de performance restants totalisant 7,88 milliards de dollars, en progression de 37% sur un an", a déclaré Sridhar Ramaswamy, DG de Snowflake. "Snowflake est la pierre angulaire des stratégies de données et d'IA de nos clients, générant un impact commercial concret à grande échelle. Snowflake Intelligence, notre agent d'IA pour entreprises, a connu la plus forte progression de son histoire et transforme la manière dont les entreprises interagissent avec leurs données, en fournissant des informations exploitables en temps réel".

Guidewire (-2,2%), éditeur américain de logiciels et solutions cloud pour l'assurance IARD, a publié pour son 1er trimestre fiscal un bénéfice net de 31 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 66 cents, en ligne avec le consensus, pour des revenus de 333 millions de dollars (+27%) quant à eux au-dessus des attentes des analystes. Les revenus d'abonnements et de support ont augmenté de 31% à 222 millions de dollars. Le revenu annuel récurrent à fin octobre s'est établi à 1,063 milliard de dollars. Sur le trimestre entamé, clos en janvier, les revenus sont attendus entre 339 et 345 millions de dollars, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 68 à 74 millions. Pour l'exercice, le groupe envisage des revenus de 1,403 à 1,419 milliard de dollars, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 266 à 282 millions. Le cash flow opérationnel annuel est attendu entre 355 et 375 millions de dollars.

UiPath (+18%), groupe software d'automatisation robotisée des processus, a affiché un solide 3e trimestre fiscal, réalisant des revenus en croissance de 16% à 411 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 16 cents. Les comptes ont ainsi dépassé les attentes des analystes sur la période. Pour le trimestre entamé, clos en janvier, le groupe envisage un chiffre d'affaires allant de 462 à 467 millions, assez proche des attentes du consensus.

Brown-Forman (+3,7%), le géant américain des boissons alcoolisées connu pour sa marque Jack Daniel's, perd du terrain avant bourse à Wall Street sur des comptes jugés mitigés. Au deuxième trimestre clos fin octobre, le chiffre d'affaires a diminué de 5% pour s'établir à 1 milliard de dollars (-2% à périmètre constant) par rapport à la même période de l'exercice précédent. Le résultat d'exploitation a reculé de 10% à 305 millions de dollars et le bénéfice par action dilué a diminué de 14% à 0,47$. Sur les six premiers mois de l'exercice, le chiffre d'affaires a diminué de 4% pour s'établir à 2 milliards de dollars, alors que le résultat d'exploitation a reculé de 9% à 565 millions. Le groupe maintient ses prévisions pour l'exercice.

Hormel Foods (+2,6%), le groupe alimentaire américain, a publié pour son 4e trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 32 cents, supérieur au consensus de place, pour des revenus de 3,19 milliards de dollars (+2% en organique) quant à eux un peu courts. Le bénéfice opérationnel ajusté a été de 245 millions de dollars. La perte nette trimestrielle a représenté 56 millions de dollars. Pour l'exercice 2026, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 1,43 et 1,51$, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 1,06 à 1,12 milliard de dollars. Les revenus sont anticipés entre 12,2 et 12,5 milliards de dollars.

Dollar General (+11,8%), le détaillant discount américain, a annoncé pour le 3e trimestre des comptes plutôt robustes, affichant sur la période des revenus en croissance de 4,6% à 10,65 milliards de dollars et un bénéfice dilué par action en augmentation de 44% à 1,28$. La croissance à comparable sur la période a représenté 2,5%. Le bénéfice opérationnel a grimpé de 31% à 426 millions de dollars. Le groupe se permet par ailleurs de doper ses prévisions financières annuelles. Il table désormais sur un bénéfice par action allant de 6,30 à 6,50$ sur l'exercice, une croissance des ventes à comparable comprise entre 2,5 et 2,7%, et une progression des ventes totales de 4,7 à 4,9%.

Kroger (-6,7%) régresse à Wall Street ce jour, alors que le groupe américain de grande distribution a affiché au 3e trimestre une perte de 1,3 milliard de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,05$, légèrement supérieur au consensus, pour des revenus totalisant 33,9 milliards de dollars, quant à eux inférieurs aux attentes. Le groupe prévoit un bpa annuel allant de 4,75 à 4,80$.

Nvidia (+1,6%). Donald Trump a déclaré hier avoir rencontré Jensen Huang, le DG de Nvidia,et a indiqué que le dirigeant du géant des puces d'IA était au courant de sa position sur les contrôles à l'exportation. Le président américain a salué le travail du groupe. Trump préparerait des discussions de haut niveau avec la Chine afin de prendre une décision sur l'autorisation de la commercialisation locale des puces H200 du groupe de Huang. Le CEO de Nvidia a indiqué pour sa part qu'il ne savait pas si Pékin allait accepter ces puces d'intelligence artificielle, dans l'hypothèse où les USA assoupliraient leurs restrictions. "Nous ne pouvons pas dégrader les puces que nous vendons à la Chine", a aussi glissé Huang.

Meta (+4,2%) grimpe à Wall Street, alors que selon Bloomberg, le groupe de Mark Zuckerberg pourrait réduire très significativement les ressources allouées au développement du métavers. D'après l'agence, la maison-mère de Facebook et d'Instagram aurait évoqué des réductions budgétaires potentielles pouvant atteindre 30% l'année prochaine concernant le métavers. Bloomberg News cite des personnes familières des discussions. Wall Street n'a jamais vraiment apprécié cette initiative du groupe, qui investit massivement à la fois dans les produits d'IA et dans le métavers, un environnement virtuel partagé. L'agence Reuters rappelle que depuis 2020, la division de réalité augmentée a dépensé plus de 60 milliards de dollars.

Meta a par ailleurs débauché le plus éminent responsable du design d'Apple, un coup de maître selon Bloomberg, alors que le géant des réseaux sociaux entend se positionner sur le marché des appareils grand public dotés d'intelligence artificielle. La maison-mère de Facebook a recruté ainsi Alan Dye, qui dirigeait l'équipe de conception d'interfaces utilisateur d'Apple depuis 2015. Apple le remplacera par Stephen Lemay, designer de longue date, indique Bloomberg. "Steve Lemay a joué un rôle essentiel dans la conception de toutes les interfaces majeures d'Apple depuis 1999", a déclaré Tim Cook, DG d'Apple. "Il a toujours placé la barre très haut en matière d'excellence et incarne la culture de collaboration et de créativité d'Apple", a ajouté le CEO du groupe à la pomme.

Amazon (-1,9%) se préparerait à étendre son réseau de livraison national américain et à abandonner son partenariat de longue date avec le service postal américain US Postal (USPS), a rapporté le Washington Post ce jeudi, citant trois personnes au courant du sujet. Le 'WaPo' rappelle qu'Amazon a longtemps été le tout premier client de l'US Postal Service et que le détaillant en ligne leader a rapporté encore plus de 6 milliards de dollars de revenus annuels à l'agence cette année. Une rupture des liens pourrait faire du géant du e-commerce le principal service de livraison du pays et compromettre gravement la viabilité financière à long terme de l'USPS, note le Washington Post, détenu par le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos.

Raytheon, une filiale de RTX (+1,8%), a par ailleurs conclu un accord de collaboration stratégique avec Amazon Web Services (AWS) afin d'améliorer significativement le traitement des données satellitaires et les opérations de contrôle de mission. Grâce à cette initiative, Raytheon fournira à ses clients "les capacités spatiales essentielles à la réalisation de leurs objectifs de sécurité nationale".

Palantir (+0,2%) a dévoilé aujourd'hui 'Chain Reaction', décrit comme "le système d'exploitation de l'infrastructure d'IA américaine". Le groupe explique que le goulot d'étranglement de l'innovation en IA est désormais la puissance et le calcul. Les partenaires fondateurs de Chain Reaction incluent CenterPoint Energy et Nvidia. "La construction d'infrastructures énergétiques est le défi industriel de notre génération", a déclaré Tristan Gruska, responsable de l'énergie et des infrastructures de Palantir. "Mais le logiciel sur lequel le secteur s'appuie n'a pas été construit pour ce moment. Nous avons passé des années à déployer tranquillement des systèmes qui permettent aux centrales électriques de fonctionner et aux réseaux de se fiabiliser. 'Chain Reaction' est le résultat de la construction à partir de la base pour les exigences de l'IA".