Wall Street : Oracle chute et pèse sur la tendance

Le vert n'aura pas tenu longtemps. Wall Street pique du nez en début de séance, sans réel catalyseur, pénalisée par la chute d'Oracle dont les investissements massifs dans l'IA continuent à susciter l'inquiétude. Le S&P 500 perd 0,65% à 6.757 pts, le Dow Jones cède 0,16% à 48.038 pts et le Nasdaq chute de 1,03% à 22.874 pts. Les investisseurs continuent à analyser les chiffres de l'emploi d'octobre et de novembre, une série de données affectées par le récent 'shutdown' et difficiles à interpréter. Dans ce contexte, l'indice américain des prix à la consommation de novembre sera particulièrement surveillé jeudi (consensus +0,3% d'un mois sur l'autre et +3,1% sur un an, +0,3% et +3% hors alimentaire et énergie). D'autant plus que la Réserve fédérale a rarement été aussi partagée entre les craintes concernant l'emploi et les risques d'une inflation encore élevée.

"La réaction mitigée aux données sur l'emploi devrait se reproduire - après tout, les problèmes de qualité des données relatives aux effectifs salariés s'appliquent également à l'IPC", explique à 'Bloomberg' Ian Lyngen de BMO Capital Markets. "Au moins dans la mesure où il y aura un scepticisme raisonnable, quelle que soit la manière dont les données seront finalement présentées".

Chris Waller, gouverneur de la Réserve fédérale et candidat au remplacement de Jerome Powell, a déclaré ce jour que la Fed dispose encore d'une marge de manoeuvre pour baisser les taux, évoquant une possibilité de " 50 à 100 points de base ". Si les investisseurs ont perçu ses propos comme plus accommodants, le responsable a également averti qu'il n'y avait pas lieu de précipiter les choses face à une inflation élevée. John Williams, de la Réserve fédérale de New York, autre figure clé de la politique monétaire, s'exprimera lors d'une autre intervention. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité actuelle d'une baisse de taux supplémentaire le 28 janvier 2026 à l'issue de la prochaine réunion du FOMC se situe désormais à 22,1%, contre 77,9% pour un statu quo.

Dans l'actualité des entreprises, Micron, Toro Company, General Mills ou Jabil annoncent leurs trimestriels ce jour. Accenture, Nike, Cintas, Birkenstock, FactSet, Darden Restaurants, CarMax, KB Home, BlackBerry ou FedEx, seront de sortie jeudi. Paychex, ConAgra et Carnival annonceront enfin vendredi.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI (contrat janvier) rebondit de 1,9% à 56,3$. Donald Trump a ordonné mardi le blocus de tous les pétroliers visés par des sanctions entrant ou quittant le Venezuela, accentuant davantage la pression sur le gouvernement du président Nicolas Maduro, pour lequel il s'agit d'une source importante de revenus. L'administration Trump préparait par ailleurs une nouvelle série de sanctions contre le secteur énergétique russe afin d'accroître la pression sur Moscou si le président Vladimir Poutine rejette le projet d'accord de paix avec l'Ukraine. L'once d'or avance de 0,75% à 4.335$. L'indice dollar limite désormais ses gains à 0,1% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin remonte de 1,7%, au-dessus des 89.400$.

Les valeurs

* Warner Bros. Discovery (-1%) a repoussé l'offre hostile de 108,4 milliards de dollars de Paramount Skydance, affirmant que la société n'a pas fourni de garanties de financement adéquates. Le Conseil d'administration a déterminé à l'unanimité que l'offre n'est pas dans le meilleur intérêt de WBD et de ses actionnaires et qu'elle ne répond pas aux critères d'une "proposition supérieure" par rapport aux termes de l'accord de fusion conclu avec Netflix. Dans une lettre aux actionnaires, divulguée dans un document réglementaire, le Conseil écrit que Paramount a "systématiquement induit en erreur" les actionnaires de Warner Bros en leur faisant croire que son offre de 30 dollars par action était entièrement garantie, ou "soutenue", par la famille Ellison, dirigée par le milliardaire et DG d'Oracle, Larry Ellison. "Ce n'est pas le cas, et cela ne l'a jamais été", ajoute le CA au sujet de la garantie de l'offre de Paramount, soulignant que cette dernière présentait "de nombreux risques importants". Les documents fournis par Paramount "comportent des lacunes, des failles et des limitations qui vous exposent, vous, nos actionnaires, ainsi que notre entreprise, à des risques", indique également le CA. Le Conseil juge donc également l'offre de Paramount " inférieure " à l'accord de fusion conclu avec Netflix. La proposition de 27,75 dollars par action faite par le géant du streaming pour les studios de cinéma et de télévision de Warner Bros, sa bibliothèque et le service de streaming HBO Max est un accord contraignant qui ne nécessite aucun financement par capitaux propres et comporte des engagements de dette solides, écrit le CA.

* General Mills gagne du terrain (+2,2%), recherché après une publication trimestrielle meilleure que prévu et la confirmation de ses objectif annuels. Le groupe alimentaire américain aux marques Géant Vert, Häagen-Dazs, Nature Valley, Yoplait, Cheerios ou Old El Paso a fait état d'un bpa ajusté de 1,10$ sur le trimestre clos le 23 novembre, contre 1,03$ de consensus, pour des ventes nettes en repli de 7% à 4,86 milliards de dollars (vs 4,78 Mds$ attendus). La marge brute ajustée s'est établie à 34,8% contre 34% de consensus. "Les consommateurs à revenus faibles et moyens continuant à ressentir une pression économique importante, nous avons constaté qu'ils effectuaient une plus grande proportion de leurs achats alimentaires sur des promotions plutôt qu'à des prix courants", a déclaré le directeur général, Jeff Harmening. Afin de stimuler les ventes malgré un moral des consommateurs incertain, General Mills a baissé ses prix sur environ deux tiers de ses activités de vente au détail en Amérique du Nord, a indiqué l'entreprise. La direction a maintenu sa prévision d'une baisse de 10% à 15% de son bpa ajusté cette année, et de ventes nettes organiques comprises entre une hausse et une baisse de 1%. "Forts d'une dynamique positive au premier semestre et confiants dans nos plans visant à poursuivre l'amélioration au cours du reste de l'année, nous confirmons nos perspectives pour l'exercice 2026", a indiqué le groupe.

* OpenAI serait en pourparlers préliminaires avec le géant américain Amazon.com pour lever au moins 10 milliards de dollars dans le cadre d'une opération qui pourrait valoriser la star de l'IA à plus de 500 milliards de dollars. Selon une source proche du dossier citée par 'Bloomberg', l'accord envisagé permettrait à OpenAI d'adopter la puce Trainium d'Amazon. Les discussions n'en seraient toutefois qu'à leurs débuts et les conditions pourraient évoluer, selon cette même source. Si Nvidia domine le marché des puces puissantes nécessaires à la création de plateformes d'IA, des développeurs comme Meta Platforms commencent à explorer les offres concurrentes, notamment celles de Google (Alphabet). La puce Trainium est un élément clé de la stratégie d'Amazon pour se démarquer dans le domaine de l'IA, en complément de sa division cloud, rappelle l'agence. Selon l'entreprise, les puces Trainium sont capables d'effectuer les calculs intensifs des modèles d'IA de manière plus économique et plus efficace que les processeurs graphiques (GPU) leaders du marché de Nvidia. Amazon Web Services est le premier fournisseur de puissance de calcul et de stockage de données à la location, mais peine à maintenir sa position dominante auprès des développeurs d'IA face à la concurrence intense de géants comme Microsoft, l'un des principaux soutiens d'OpenAI.

OpenAI et Amazon ont déjà annoncé le mois dernier un accord en vertu duquel AWS fournira à la startup 38 milliards de dollars de puissance de calcul dans le cloud sur sept ans. Cette annonce portait principalement sur des centaines de milliers de puces Nvidia. 'The Information', qui a été le premier à faire état des discussions entre OpenAI et Amazon, a révélé que le financement d'Amazon pourrait ouvrir la voie à une levée de fonds plus large impliquant d'autres investisseurs.

* Ford Motor (-2%) La marche arrière du constructeur automobile dans l'électrique n'est pas une bonne nouvelle pour ses partenaires. Preuve en est, LG Energy Solution vient d'indiquer que le constructeur automobile a annulé un accord de 9.600 milliards de wons (6,5 milliards de dollars) portant sur l'achat de batteries. Ford a notifié la firme asiatique de l'annulation de la commande mercredi, a indiqué la société sud-coréenne dans un document réglementaire déposé à Séoul. Cette décision intervient après l'annonce par Ford d'une provision de 19,5 milliards de dollars liée à une restructuration en profondeur de son activité véhicules électriques.

* Oracle trébuche de 5% à la suite d'un article du 'Financial Times' annonçant que Blue Owl Capital ne financera pas un projet de centre de données de 10 milliards de dollars du géant du logiciel dans le Michigan. Selon le quotidien financier, qui cite trois sources proches du dossier, l'accord est au point mort suite à l'impasse des négociations. Blackstone aurait entamé des discussions pour intervenir en tant que partenaire financier, mais n'a pas encore signé d'accord pour investir dans le centre de données d'Oracle. Cette information intervient alors le groupe informatique fait face à des inquiétudes croissantes concernant l'augmentation de sa dette et ses dépenses massives en matière d'intelligence artificielle. Oracle a voulu rassurer après la sortie de cette information, insistant sur le fait que l'accord concernant le data center du Michigan est toujours en bonne voie, sans l'implication de Blue Owl. La firme a expliqué que son partenaire Related Digital avait simplement choisi un autre partenaire financier qu'il jugeait plus approprié. Pas suffisant pour rassurer...

* SpaceX a informé ses employés qu'elle entamait une période de silence réglementaire ('quiet period'), selon des sources proches du dossier citées par 'Bloomberg'. Cette décision rapproche le constructeur de fusées et de satellites de sa très attendue introduction en bourse prévue pour 2026. Conformément aux exigences de la Securities and Exchange Commission (SEC), SpaceX a demandé à ses employés de s'abstenir de tout commentaire, discussion ou autre communication concernant les projets d'introduction en bourse de l'entreprise, notamment sur des sujets tels que sa croissance ou sa valorisation, selon les sources de l'agence, citant le contenu d'un courriel interne. Cette restriction concerne les réseaux sociaux, les interviews, les conférences et les apparitions publiques, a précisé l'une des sources. La firme fondée par Elon Musk souhaiterait lever bien plus de 30 milliards de dollars à New York. Une opération qui valoriserait l'entreprise à environ 1.500 milliards de dollars et constituerait la plus importante introduction en bourse de tous les temps. A ce jour, la plus importante IPO de l'histoire a été réalisée en 2019 par le géant saoudien Saudi Aramco qui avait alors levé plus de 29 Mds$.

* Apollo Global Management pourrait se séparer de sa filiale aéronautique Atlas Air Worldwide Holdings dans le cadre d'une opération qui valoriserait l'entreprise à plus de 12 milliards de dollars, dette comprise. Selon les 'traditionnelles' sources proches du dossier de 'Bloomberg', d'autres acteurs du secteur et des sociétés de capital-investissement auraient manifesté un intérêt préliminaire pour Atlas Air, société non cotée en bourse. Les discussions seraient en cours et Apollo pourrait décider de conserver l'actif plus longtemps. Un groupe d'investisseurs mené par Apollo a repris Atlas Air pour environ 5,2 milliards de dollars, dette comprise, en 2022.