Wall Street tente un rebond, saluant les chiffres de l'inflation !

Wall Street accélère avant bourse ce jeudi, le S&P 500 s'accordant 0,8%, le Dow Jones 0,5% et le Nasdaq 1,4% ! Les opérateurs se remettent à espérer un rallye de fin d'année depuis quelques instants, sur des chiffres de l'inflation laissant de la marge à la Fed pour baisser ses taux. Micron se distingue tout particulièrement sur le segment technologique, le géant des mémoires ayant livré d'excellentes prévisions. Un certain soulagement semble donc poindre, mais les marchés demeurent nerveux suite à la correction des derniers jours menée par les 'stars' boursières de l'IA.

L'autre moteur essentiel des marchés demeure la politique monétaire, alors que persiste le narratif d'une faiblesse significative du marché du travail. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'une nouvelle baisse de taux le 28 janvier à l'issue de la prochaine réunion monétaire se situe maintenant à 26,6%, contre 73,4% de 'proba' d'un statu quo. Parmi les derniers responsables de la Fed à s'exprimer, le gouverneur Christopher Waller juge que les baisses de taux doivent se poursuivre, le marché du travail étant très faible, pratiquement sans création d'emplois, et l'inflation devant se résorber dans les prochains mois. Le président de la Réserve fédérale d'Atlanta, Raphael Bostic, a déclaré au contraire hier que l'inflation était actuellement plus préoccupante que le marché du travail. Il s'exprimait à la Chambre de commerce du comté de Gwinnett.

Les chiffres de l'inflation américaine pour le mois de novembre 2025 ont très agréablement surpris ce jeudi, l'IPC s'affichant en hausse de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 2,7% sur un an, contre respectivement +0,3% et +3% de consensus. Hors alimentaire et énergie, l'indice des prix à la consommation s'affiche également moins élevé que prévu, en augmentation de 0,2% d'un mois sur l'autre et 2,6% sur un an.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 13 décembre, qui viennent aussi d'être publiées, se sont établies au nombre de 224.000 selon le Département américain au Travail, contre un consensus de 200.000.

L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie pour décembre s'est établi à -10,2 contre un consensus FactSet de +3,5. Il signale donc une vive contraction de l'activité manufacturière dans la région considérée.

L'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour novembre sera révélé à 16 heures (consensus stable). Enfin, l'indice manufacturier de la Fed de Kansas City pour décembre sera annoncé à 17 heures.

Demain, les marchés suivront encore les reventes de logements existants aux Etats-Unis pour le mois de novembre (consensus FactSet 4,14 millions), l'indice final du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour le mois de décembre (consensus 53,7), mais aussi les revenus et dépenses des ménages pour le mois de novembre avec leur indice des prix 'core PCE' très suivi par la Fed.

Notons par ailleurs que Donald Trump a vanté hier soir son bilan et ses réalisations en tant que président tout en taclant Joe Biden, qu'il décrit comme responsable de la poussée de l'inflation. "Il y a onze mois, j'ai hérité d'un désordre, et je répare les dégâts", a affirmé le président américain lors d'une allocution en prime time à la Maison Blanche. Trump n'a pas annoncé de décision majeure ou concrète, mais a noté qu'il n'était pas assez félicité pour ses succès en matière d'immigration, de commerce ou d'inflation. Globalement, une intervention qui n'aura pas beaucoup fait avancer le schmilblick.

Ailleurs dans le monde, les marchés suivent aujourd'hui la décision de la BCE, qui a laissé ses taux inchangés et relevé ses prévisions de croissance. Ils surveilleront demain celle de la Banque d'Angleterre, qui devrait pour sa part baisse ses taux pour Noël.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Accenture, Cintas, Darden Restaurants, FactSet Research Systems, Birkenstock ou CarMax, publient leurs comptes avant bourse ce jeudi, tandis que Nike, FedEx ou Heico annoncent après la clôture. Paychex, Carnival, ConAgra et Lamb Weston, dévoileront leurs derniers chiffres avant bourse demain.

Les valeurs

Micron, spécialiste américain des semi-conducteurs actif dans les produits mémoires (mémoires dynamiques, flash, etc.) et les systèmes semi-conducteurs, s'envolait après bourse à Wall Street hier soir. Le groupe a publié des résultats trimestriels largement supérieurs aux anticipations et des prévisions tout simplement impressionnantes. Sur le premier trimestre fiscal juste clos, le bénéfice ajusté par action s'est établi à 4,78$ contre un consensus de 4$ à peine, tandis que les revenus ont grimpé de 57% à 13,64 milliards de dollars avec la demande pour les produits mémoires liés à l'IA. Les revenus se situaient à 11,32 milliards un trimestre avant et 8,71 milliards sur la période correspondante de l'an dernier. Le bénéfice net a grimpé à 5,24 milliards de dollars en GAAP ou 5,48 milliards sur une base ajustée. Le cash flow opérationnel a presque triplé en comparaison de l'an dernier à 8,41 milliards de dollars.

"Au premier trimestre fiscal, Micron a enregistré un chiffre d'affaires record et une nette progression de ses marges, tant au niveau de l'entreprise que dans chacune de ses divisions", a déclaré Sanjay Mehrotra, président-directeur général de Micron Technology. "Nos prévisions pour le deuxième trimestre reflètent des résultats exceptionnels en matière de chiffre d'affaires, de marge brute, de bénéfice par action et de flux de trésorerie disponible, et nous anticipons une poursuite de cette amélioration de nos performances jusqu'à la fin de l'exercice 2026. Le leadership technologique de Micron, son portefeuille de produits différenciés et son excellence opérationnelle font de nous un acteur incontournable de l'IA, et nous investissons pour répondre aux besoins croissants de nos clients en matière de mémoire et de stockage".

Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe de Boise, Idaho, envisage en effet des revenus de 18,7 milliards de dollars, plus ou moins 400 millions de dollars, alors que le consensus était de 14,2 milliards. La marge brute est attendue à 67%, plus ou moins 1%, ou bien 68% sur une base ajustée. Le bénéfice dilué ajusté par action est enfin anticipé à 8,42$, plus ou moins 20 cents, près du double du consensus, alors que les prix des mémoires flambent sur fond d'approvisionnements tendus et de boom de la demande provenant des centres de données.

Accenture, le géant du consulting, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2026 un niveau de new bookings de 20,9 milliards de dollars en augmentation de 12% en glissement annuel et en dollars, ou de +10% en devises locales. Les commandes nouvelles d'IA avancée ont été de 2,2 milliards. Les revenus trimestriels ont augmenté de 6% à 18,7 milliards de dollars. La marge opérationnelle ajustée a progressé de 30 points de base à 17%. Le bénéfice ajusté par action s'est amélioré de 10% à 3,94$. Le free cash flow trimestriel a représenté 1,5 milliard.

Accenture maintient ses prévisions de croissance du chiffre d'affaires annuel de 2 à 5% en monnaie locale. Hors impact estimé à 1% de son activité auprès du gouvernement fédéral américain, la société maintient ses prévisions de croissance du chiffre d'affaires de 3 à 6% en monnaie locale. Le groupe vise désormais une marge opérationnelle GAAP de 15,2 à 15,4%, en progression de 50 à 70 points de base, et maintient sa guidance de marge opérationnelle ajustée de 15,7 à 15,9%, en progression de 10 à 30 points de base. Le groupe confirme ses prévisions de bénéfice par action ajusté compris entre 13,52 et 13,90$, en hausse de 5 à 8%.

CarMax, le détaillant américain en véhicules d'occasion, plonge avant bourse à Wall Street. Le groupe a publié pour son troisième trimestre un bénéfice net de 62 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 51 cents, dépassant le consensus, pour des revenus de 5,79 milliards de dollars également meilleurs que prévu. Les marchés sanctionnent toutefois les pressions attendues sur les marges. CarMax a présenté ses prévisions préliminaires pour le quatrième trimestre fiscal 2026, détaillant les mesures visant à améliorer ses performances commerciales. L'entreprise prévoit d'accroître sa compétitivité prix en réduisant les marges sur les véhicules d'occasion vendus au détail au cours de ce trimestre. Elle envisage également d'augmenter ses dépenses marketing par unité vendue par rapport à l'année précédente, mais dans une moindre mesure qu'au troisième trimestre.