Afghanistan: l'ONU appelle à rétablir les communications, au deuxième jour de coupure

Les Nations unies ont appelé mardi le gouvernement taliban à rétablir immédiatement l'accès à internet et aux télécommunications dans tout l'Afghanistan, 24 heures après qu'il ait été coupé.
"La coupure de l'accès a presque complètement isolé l'Afghanistan du reste du monde et risque de causer un préjudice considérable au peuple afghan, notamment en menaçant la stabilité économique et en exacerbant l'une des pires crises humanitaires au monde", a déclaré dans un communiqué la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA).
Cette coupure "constitue également une restriction supplémentaire à l'accès à l'information et à la liberté d'expression en Afghanistan", a ajouté la MANUA.
Le gouvernement taliban avait commencé au début du mois à couper les connexions internet haut débit dans certaines provinces afin de prévenir le "vice", sur ordre du chef suprême Hibatullah Akhundzada.
Lundi soir, le signal des téléphones portables et le service internet a progressivement diminué dans tout le pays, jusqu'à ce que la connectivité tombe à moins de 1% des niveaux habituels.
Les Afghans sont dans l'impossibilité de se contacter, les commerces en ligne et les systèmes bancaires sont paralysés, et la diaspora ne peut plus envoyer les fonds indispensables à leurs familles.
Des sources diplomatiques ont par ailleurs indiqué mardi à l'AFP que les réseaux mobiles étaient pour la plupart hors service.
"L'impact va se faire sentir dans la vie des Afghans", a déclaré aux médias à Genève le coordonnateur de l'action humanitaire de l'ONU en Afghanistan, Indrika Ratwatte, par satellite depuis Kaboul.
Il a indiqué que l'ONU se trouvait "dans une situation très difficile" en matière de communications, ses lignes fixes étant également hors service.
"Nous sommes en discussion avec le gouvernement afin d'obtenir une dérogation pour nos dispositifs de connectivités qui sont essentiels", a-t-il dit.
L'ONU, a-t-il ajouté, a essayé de contacter les autorités compétentes mais ces dernières rencontrent elles-mêmes "des difficultés de communication".
C'est la première fois que les communications sont coupées dans le pays depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, qui ont instauré de nombreuses restrictions conformément à leur interprétation de la loi islamique.
Vols annulés

Tous les vols ont été annulés mardi à l'aéroport de Kaboul, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des journalistes de l'AFP ont vu aussi des forces de sécurité talibanes utiliser des radios pour communiquer entre elles dans des bâtiments publics tels que l'aéroport et la poste.
"Je suis venu travailler ce matin, mais nous ne pouvons rien faire car les clients n'ont pas accès aux services bancaires en ligne, aux transactions, aux retraits d'argent ou aux autorisations de paiement", a déclaré à l'AFP à Kaboul un employé de banque qui a souhaité rester anonyme.
"Quand internet fonctionnait, nous ne nous rendions pas compte à quel point c'était important", a-t-il ajouté.
La poste n'a pas non plus pu fonctionner car elle avait besoin des services bancaires pour mener à bien ses activités, ont déclaré des employés à l'AFP.
La diaspora inquiète
"Je suis totalement coupé de ma famille à Kaboul", s'est inquiété un Afghan de 40 ans vivant à Oman qui a demandé à rester anonyme, joint par SMS par l'AFP. "Je ne sais pas ce qui se passe, je suis vraiment inquiet", a-t-il ajouté.
Le 16 septembre, Attaullah Zaid, le porte-parole de la province de Balkh (nord), avait annoncé l'interdiction complète de la navigation internet par fibre optique sur ce territoire.
"Cette mesure a été prise pour prévenir le vice et d'autres mesures seront mises en place dans tout le pays pour répondre aux besoins en matière de connectivité", avait-il écrit sur les réseaux sociaux.

A l'époque, les correspondants de l'AFP avaient signalé les mêmes restrictions dans les provinces de Badakhshan et Takhar (nord) ainsi qu'à Kandahar, Helmand, Nangarhar et Uruzgan (sud).
En 2024, Kaboul avait vanté les mérites de son réseau de fibre optique de 9.350 kilomètres, en grande partie construit par les anciens gouvernements soutenus par les Etats-Unis, comme une "priorité" pour rapprocher le pays du reste du monde et le sortir de la pauvreté.
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