Wall Street hésite après une inflation "en ligne", sur fond d'offensive commerciale de Trump
Incertitude sur le rythme des assouplissements monétaires

Wall Street s'affiche quelque peu hésitant ce vendredi, en phase de flottement malgré les chiffres "en ligne" de l'inflation. Le S&P 500 regagne 0,12% à 6.613 pts, mais le Nasdaq perd 0,14% à 22.354 pts. Le Dow Jones avance de 0,27% à 46.071 pts. La place américaine avait été chahutée hier après une révision en hausse des chiffres du PIB du deuxième trimestre outre-Atlantique et des statistiques par ailleurs solides des commandes de biens durables et de l'emploi. Ces bonnes "stats" ont fait retomber les anticipations de baisse des taux, ce qui a quelque peu perturbé les marchés l'espace d'une séance. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'une baisse de taux de 50 points de base au total d'ici la fin de l'année a reculé à 64% environ, contre 32,5% de 'proba' d'une baisse d'un quart de point seulement...
Plus tôt cette semaine, les commentaires prudents du patron de la Fed à propos des marchés actions avaient refroidi les opérateurs. Jerome Powell intervenait mardi à l'occasion d'un déjeuner de la Chambre de Commerce de Greater Providence à Warwick dans l'État de Rhode Island. Il a affiché sa prudence, dans un contexte difficile mêlant ralentissement économique, faiblesse du marché de l'emploi et inflation persistante. Powell a également souligné que les prix des actifs financiers, comprenant les actions, se situaient à des niveaux "assez élevés". "Nous examinons les conditions financières globales et nous nous demandons si nos politiques affectent les conditions financières de manière à atteindre notre objectif", a précisé Powell.
Le leader de la Fed a par ailleurs expliqué que la banque centrale américaine devait trouver un équilibre entre les risques concernant l'emploi et ceux relatifs à l'inflation. Face à ce dilemme, la Fed a tout de même réduit ses taux d'un quart de point la semaine dernière, les ramenant entre 4 et 4,25%. Les marchés et les responsables de l'institution monétaire (du moins leur prévision médiane) tablent encore sur deux baisses d'un quart de point cette année, mais les dernières statistiques plaident pour une certaine modération.
Ainsi, la progression du PIB américain pour le deuxième trimestre 2025, en lecture finale, a été révisée hier à +3,8%, contre un consensus de 3,3% et une lecture antérieure de 3,3% également. Les dépenses personnelles de consommation sont quant à elles ressorties en progression au rythme de 2,5%... "De grands chiffres économiques ont été publiés (3,8% !) et témoignent de notre réussite, mais nos taux d'intérêt sont trop élevés ! Sans Jerome 'Too Late' Powell, nous serions actuellement à 2% et en voie d'équilibrer notre budget. La bonne nouvelle, c'est que nous surmontons son incompétence et que notre pays s'en sortira bientôt mieux que jamais !", s'est empressé de commenter Trump sur Truth Social.
Les commandes de biens durables pour le mois d'août, également publiées hier, se sont établies en augmentation de 2,9% par rapport au mois antérieur contre -0,5% de consensus. Elles étaient en recul de 2,7% sur le mois antérieur. Hors transport, ces commandes d'août augmentent de 0,4% contre -0,2% de consensus.
Même le marché américain de l'emploi semble se tenir mieux que prévu, puisque, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 20 septembre se sont affichées à 218.000 contre 235.000 de consensus, ce qui marque une baisse de 14.000 en comparaison de la semaine antérieure.
L'inflation PCE américaine, très suivie par la Fed, s'est établie finalement ce jour totalement conforme aux attentes de marché. L'indice des prix PCE a progressé de 0,3% d'un mois sur l'autre et 2,7% sur un an. L'indice ajusté, dit "core PCE", a augmenté comme attendu de 0,2% par rapport au mois antérieur et 2,9% sur un an... Les revenus personnels des ménages pour le mois d'août se sont affichés en hausse de 0,4%, contre 0,3% de consensus, tandis que les dépenses personnelles de consommation ont progressé de 0,6% contre 0,4% de consensus.
L'indice final du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de septembre 2025 s'est affiché à 55,1, contre un consensus de place de 55,9 mesuré par FactSet et une lecture antérieure de 55,4.
Thomas Barkin et Michelle Bowman de la Fed prennent la parole aujourd'hui. Le président de la Fed de Richmond, Barkin, a déclaré qu'il voyait des risques limités de forte hausse du chômage ou de l'inflation. "Notre priorité est l'équilibre", a ajouté le dirigeant lors d'une allocution prononcée au Peterson Institute for International Economics. La baisse d'un quart de point des taux opérée lors de la réunion de la semaine dernière devrait contribuer à soutenir le marché du travail tout en maintenant la pression sur l'inflation, juge le responsable.
Sur le front commercial, Trump a donc signé hier un décret officialisant l'approbation par le gouvernement américain de la scission des activités américaines de TikTok de la société chinoise ByteDance dans le cadre d'un accord évalué à 14 milliards de dollars. Trump a signé le décret affirmant que le projet est conforme aux exigences d'une loi de 2024 demandant que la plateforme de vidéos courtes se sépare de ses activités américaines pour des raisons de sécurité nationale, sous peine de fermeture. Il s'agit désormais d'obtenir l'approbation finale de la Chine et de conclure l'accord jusqu'à la mise en oeuvre d'un cadre technique complexe. La Maison Blanche a promis cette semaine la création d'une nouvelle coentreprise contrôlée par des investisseurs américains qui détiendront la majorité du capital et des sièges à son conseil d'administration. La nouvelle alliance devrait donc être contrôlée par un groupe d'investisseurs américains menés par Oracle, ainsi que par la société de capital-risque Andreessen Horowitz et le géant du capital-investissement Silver Lake.
"La chose fondamentale que nous voulions obtenir, c'est le maintien des activités de Tiktok mais aussi la garantie que la vie privée des Américains serait protégée", a ajouté le vice-président J.D. Vance. "J'ai parlé au président Xi Jinping. Nous avons eu une bonne discussion. Je lui a dit ce que nous faisions. Il m'a dit de continuer", a pour sa part affirmé Trump, selon lequel le projet sera "totalement piloté par des Américains". Le président américain a évoqué encore les noms de Michael Dell et Rupert Murdoch, ainsi que "quatre ou cinq investisseurs de classe mondiale" qui prendraient part à l'alliance attendue. Oracle doit pour sa part sécuriser une nouvelle version américaine de l'algorithme de TikTok afin de garantir que le contenu soit exempt de toute manipulation ou surveillance abusive.
Le prix avancé de 14 milliards de dollars est indicatif et sera ultimement fixé par les acquéreurs. Il surprend toutefois par sa faiblesse, alors que des estimations antérieures se rapprochaient des 40 milliards de dollars comme le note Bloomberg. Même selon les estimations les plus prudentes, l'activité américaine - le marché le plus lucratif de l'entreprise avec 170 millions d'utilisateurs actifs - génère un chiffre d'affaires de plus de 10 milliards de dollars par an d'après les estimations de Bloomberg. Avec cette valorisation de 14 milliards, TikTok US afficherait un ratio sur chiffre d'affaires d'environ 1,4, comparable à celui d'entreprises matures à faible croissance. À titre de comparaison, Bloomberg constate que Meta (Facebook, Instagram...) se négocie à environ 10 fois son chiffre d'affaires, tandis qu'Alphabet (Google, YouTube...) se négocie à 8 fois les revenus.
L'accord TikTok, qui doit être finalisé dans les 120 jours, transformerait TikTok US en une nouvelle coentreprise où la participation de ByteDance serait réduite à moins de 20%. "Bien que Trump ait déclaré que son homologue chinois Xi Jinping avait donné son feu vert, Pékin n'a pas encore annoncé publiquement son accord", rappelle Bloomberg.
Trump a aussi annoncé sur Truth Social une nouvelle série de droits de douane, frappant pharmacie, meubles ou poids-lourds. "À compter du 1er octobre 2025, nous imposerons un tarif de 100% sur tout produit pharmaceutique de marque ou breveté, sauf si une entreprise construit actuellement son usine de fabrication pharmaceutique aux États-Unis", a ainsi lancé le président américain.
"À compter du 1er octobre 2025, nous imposerons un droit de douane de 50% sur tous les meubles de cuisine, meubles-lavabos et produits associés. De plus, nous appliquerons un droit de douane de 30% sur les meubles rembourrés. Cette mesure s'explique par l'afflux massif de ces produits aux États-Unis par des pays tiers. Il s'agit d'une pratique très déloyale, mais nous devons protéger notre processus de fabrication, notamment pour des raisons de sécurité nationale", a aussi lancé Trump sur son réseau social.
"Afin de protéger nos grands constructeurs de poids lourds de la concurrence extérieure déloyale, j'imposerai, à compter du 1er octobre 2025, un droit de douane de 25% sur tous les 'gros !' camions fabriqués ailleurs dans le monde. Ainsi, nos grands constructeurs de poids-lourds, tels que Peterbilt, Kenworth, Freightliner, Mack Trucks et d'autres, seront protégés des assauts des perturbations extérieures", a aussi déclaré le président américain...
Et ce ne serait pas tout, puisque le Wall Street Journal croit savoir que l'administration Trump envisagerait un nouveau plan visant à réduire la dépendance américaine à l'égard des puces fabriquées à l'étranger, dans l'espoir de stimuler la production nationale et de remodeler les chaînes d'approvisionnement mondiales. Selon les informations du quotidien financier, l'objectif de cette politique est de faire en sorte que les fabricants de semi-conducteurs fabriquent aux États-Unis autant de semi-conducteurs que leurs clients en importent auprès de producteurs étrangers. Les entreprises qui ne maintiennent pas un ratio de 1:1 au fil du temps devraient s'acquitter de droits de douane, selon des sources proches du sujet citées par le WSJ.
Trump a insisté par ailleurs selon Reuters sur le fait que la Corée du Sud fournirait des milliards de dollars d'investissements d'avance, malgré les affirmations de Séoul selon lesquelles elle subirait une crise si elle se conformait aux exigences américaines sans garanties. En juillet, la Corée du Sud s'est engagée à verser 350 milliards de dollars à des projets américains, mais a refusé de répondre aux demandes américaines de contrôle sur ces fonds, rappelle l'agence. Les responsables sud-coréens affirment que les négociations visant à officialiser leur accord commercial sont dans l'impasse. Plus tôt ce mois-ci, Trump a officialisé un accord avec le Japon, abaissant les droits de douane sur les importations d'automobiles et d'autres produits japonais, contre 550 milliards de dollars d'investissements japonais dans des projets américains. Les responsables américains ont pressé Séoul de suivre cet exemple. "Nous avons 550 milliards de dollars au Japon, 350 milliards en Corée du Sud. C'est une première étape", a déclaré Trump aux journalistes hier dans le Bureau ovale. La Corée du Sud affirme cependant ne pas pouvoir structurer ses investissements de la même manière que le Japon...
Enfin, notons que la menace du 'shutdown', arrêt des activités gouvernementales aux USA, fait son retour à l'approche du 1er octobre. La Maison Blanche a demandé aux agences fédérales d'envisager des licenciements massifs et permanents si le Congrès ne parvient pas à voter un budget au plus tard le 30 septembre, selon Politico. La note précise que les licenciements pourraient se concentrer sur des domaines non conformes aux priorités du président. Les options seraient limitées pour éviter une paralysie de l'État fédéral et parvenir à un accord de dernière minute, même si les Républicains sont majoritaires aux deux chambres du Congrès. Trump doit encore obtenir sept voix démocrates du Sénat, ce qui semble compliqué compte tenu des exigences du clan adverse, qui réclame notamment le rétablissement de centaines de milliards de dollars de dépenses de santé. Trump s'est refusé à rencontrer les Démocrates à moins qu'ils ne "deviennent raisonnables". Bref, chaque clan semble prêt à faire porter à l'autre la responsabilité de l'éventuel blocage...
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 1,7% à 66,1$. L'once d'or fin progresse de 0,8% à 3.779$. L'indice dollar cède 0,3% face à un panier de devises.
Les valeurs
Boeing (+3,7%). Norwegian Air prend davantage de Boeing 737 MAX 8. La compagnie scandinave a exercé une option d'achat sur 30 avions supplémentaires, portant ainsi sa commande ferme totale à 80 appareils. Norwegian et Boeing ont convenu d'ajuster certaines dates de livraison. La livraison du dernier appareil de la commande est ainsi désormais prévue pour 2031. "Cette extension de commande souligne les ambitions de croissance de Norwegian pour les années à venir. Le calendrier de livraison actualisé garantit un renouvellement efficace et équilibré de la flotte de Norwegian, en parfaite adéquation avec les échéances de contrats de location et l'évolution du marché", explique le transporteur.
Aussi et surtout, à la suite d'une rencontre à la Maison Blanche entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, Turkish Airlines va acquérir 75 B787 Dreamliners, dont 25 en option. Les livraisons sont prévues entre 2029 et 2034, a précisé la compagnie aérienne. Des négociations sont en cours avec Rolls-Royce et GE Aerospace pour l'achat de moteurs et de services de maintenance pour ces appareils. Les négociations avec Boeing pour 150 monocouloirs - 100 fermes et 50 en option pour des 737 Max 8 et Max 10 - sont également terminées, en attendant un accord final avec le motoriste CFM International, a précisé Turkish Airlines. Au global, la commande du géant truc pourrait dépasser 22 milliards de dollars, selon les calculs d'Ishka, qui tiennent compte des remises standard du secteur. Turkish Airlines, qui ambitionne de quasiment doubler sa flotte au cours de la prochaine décennie et de faire d'Istanbul une plaque tournante mondiale, a également commandé jusqu'à 230 avions à Airbus en 2023, rappelle 'Bloomberg'.
Concentrix (-9,5%), partenaire de la transformation des entreprises à l'ère de l'IA, qui aide les organisations à moderniser leurs technologies, transformer leurs expériences et résoudre leurs défis commerciaux complexes, a annoncé hier soir pour son troisième trimestre un bénéfice ajusté par action de 2,78$ (-3%), inférieur au consensus des analystes, à comparer à un niveau de 2,87$ un an avant. Les revenus se sont établis à 2,48 milliards de dollars (+4%), quant à eux légèrement au-dessus des attentes, à comparer aux 2,39 milliards de dollars de l'an passé. De plus, le groupe abaisse ses prévisions de profits malgré les gains de parts de marché. Les revenus du quatrième trimestre sont attendus entre 2,525 et 2,55 milliards de dollars, pour un bénéfice ajusté par action allant de 2,85 à 2,96$. Ainsi, les revenus annuels iraient de 9,798 à 9,823 milliards de dollars, pour un bpa ajusté allant de 11,11 à 11,23$.
Costco Wholesale (-2,1%), le groupe américain de club-entrepôt sur adhésion, a affiché au quatrième trimestre un bénéfice ajusté par action de 5,87$, au-dessus du consensus, à comparer à un niveau de 5,15$ un an plus tôt. Les revenus ont totalisé quant à eux 86,2 milliards de dollars, en ligne avec les attentes de marché, alors qu'ils se situaient à 79,7 milliards pour la période correspondante, l'année précédente. Le bénéfice net est ressorti à 2,61 milliards contre 2,35 milliards un an avant. Pour l'exercice clos, les revenus s'établissent ainsi à 275,2 milliards de dollars, pour un bénéfice net de plus de 8 milliards de dollars. Sur une base ajustée, la croissance américaine à comparable atteint 6% sur le trimestre et 7,3% pour l'exercice.
Meta (-0,8%), maison-mère de Facebook, de WhatsApp et d'Instagram, discuterait avec Google (Alphabet +0,7%) de l'utilisation des modèles d'IA de Gemini pour améliorer son ciblage publicitaire, croit savoir 'The Information'. Ainsi, des échanges auraient eu lieu à ce sujet entre des employés de Meta et de Google Cloud, selon des sources de The Information proches de la question. Les discussions n'en seraient toutefois qu'à un stade préliminaire et pourraient ne pas aboutir. Il s'agirait d'affiner les modèles Gemini en les entraînant sur des données publicitaires de Meta, afin de renforcer les capacités de ciblage publicitaire du groupe de Mark Zuckerberg.
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