Wall Street en ordre dispersé, mais Amazon et Nvidia grimpent

Wall Street s'affiche désormais en ordre dispersé ce lundi, le S&P 500 grappillant 0,04% à 6.843 pts et le Dow Jones cédant 0,56% à 47.295 pts, contre une hausse de 0,46% du Nasdaq à 23.828 pts avec Nvidia et Amazon. Le secteur de l'IA demeure donc entouré, avec un accord majeur entre OpenAI et Amazon et un deal également impressionnant de Microsoft avec IREN. Les publications trimestrielles se poursuivent cette semaine avec notamment Palantir, AMD, Shopify ou Uber... On notera par ailleurs aujourd'hui une belle activité de fusions et acquisitions outre-Atlantique, avec en particulier une OPA de 48,7 milliards de dollars de Kimberly-Clark sur Kenvue.

L'intelligence artificielle reste au centre des débats, alors que les investissements de Meta et Microsoft ont tout de même suscité quelques interrogations la semaine dernière, mais que les dossiers Amazon ou Alphabet ont quant à eux positivement surpris. L'optimisme persiste concernant la détente commerciale sino-américaine, suite aux annonces récentes de Donald Trump. En revanche, le 'shutdown' persiste, et le calendrier économique devrait par conséquent rester clairsemé les jours prochains. Enfin, la Cour suprême entendra mercredi les arguments sur la légalité des tarifs douaniers de Trump...

Le président américain a déclaré qu'il ne participerait pas à l'audience de la Cour suprême cette semaine concernant la légalité de son régime de droits de douane internationaux. "Je ne veux pas attirer l'attention sur moi", a indiqué Trump aux journalistes à bord d'Air Force One. "Il ne s'agit pas de moi, il s'agit de notre pays", a insisté Trump, cité notamment par Bloomberg. La Cour suprême doit examiner ce mercredi l'appel interjeté par Trump contre la décision d'une juridiction inférieure, qui a jugé que plusieurs de ses droits de douane imposés dans le cadre de l'initiative du 'Jour de la Libération' outrepassaient les pouvoirs d'urgence du président en matière de réglementation des importations, rappelle Bloomberg. Trump a estimé que la décision finale de la Cour suprême serait "l'une des plus importantes de l'histoire du pays".

Sur le front économique ce lundi, l'indice PMI manufacturier américain d'octobre s'est établi à 52,5 selon le rapport du jour contre 52,2 de consensus. L'ISM manufacturier, en revanche, a raté le consensus, à 48,7 contre 49,6 de consensus de place. Comme souvent, les deux indicateurs offrent donc des visions contradictoires de la santé de l'industrie manufacturière américaine... Les dépenses de construction de septembre étaient aussi attendues à 16 heures mais ont été sans surprise reportées avec le 'shutdown' persistant.

Du côté de la Fed, alors que les marchés anticipent une nouvelle baisse de taux le 10 décembre à l'occasion de la dernière réunion monétaire de l'année (probabilité 70,3% selon l'outil CME FedWatch), assouplissement qui ramènerait le taux des fed funds entre 3,50 et 3,75%, Mary Daly et Lisa Cook prendront la parole ce soir. Le gouverneur Stephen Miran fraîchement désigné par Trump a déjà pris la parole sur Bloomberg TV et juge que la politique monétaire reste excessivement restrictive.

Demain mardi, le calendrier économique, sujet on l'aura compris à modifications, comprend la balance américaine du commerce international des biens et services, les commandes industrielles, ainsi que le rapport JOLTS sur les ouvertures de postes. Mercredi, les opérateurs surveilleront le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain, le PMI composite final ou l'ISM des services. Jeudi, sont théoriquement au programme les inscriptions hebdomadaires au chômage, les chiffres de la productivité trimestrielle, les stocks de grossistes, ainsi que des interventions de Michael Barr, John Williams, Beth Hammack, Christopher Waller, Anna Paulson et Alberto Musalem de la Fed. Enfin, le rapport gouvernemental américain sur la situation de l'emploi en octobre était en principe prévu vendredi, tout comme l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Palantir, Vertex et Williams Companies publient après bourse ce soir. AMD, Shopify, Uber Technologies, Arista Networks, Amgen, Eaton, Pfizer et Spotify annoncent mardi. McDonald's, Applovin, Qualcomm, Arm Holdings, Robinhood, DoorDash et McKesson seront de la partie mercredi, tandis que ConocoPhillips, Parker-Hannifin, Airbnb ou Monster Beverage publieront jeudi.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI se stabilise à 60,8$ (-0,3%). Le bitcoin évolue autour des 106.000$. L'indice dollar prend 0,1% face à un panier de devises.

Les valeurs

Kenvue prend 14% à Wall Street ! Kimberly-Clark va en effet acquérir le groupe, créant ainsi un leader mondial de la santé et du bien-être "de 32 milliards de dollars". L'intégration des deux offres consommateurs hautement complémentaires et stratégiquement alignées, incluant 10 marques emblématiques milliardaires en chiffre d'affaires, permettra de proposer "des solutions optimales à chaque étape de la vie", selon le communiqué du jour. Kimberly-Clark appliquera son modèle commercial éprouvé pour créer une entreprise de référence axée sur le consommateur. Kimberly accélère ainsi le développement de son portefeuille de produits de santé grand public de premier plan et de son innovation scientifique. Le groupe muscle ses investissements en marketing, innovation et R&D afin de consolider les atouts uniques de l'entreprise issue de cette fusion. Des synergies annualisées totales sont attendues à hauteur de 2,1 milliards de dollars. L'opération devrait avoir un effet relutif sur le bénéfice ajusté par action de Kimberly-Clark dès la deuxième année.

Kimberly-Clark (-13,5%), leader des soins personnels, et Kenvue, acteur majeur de la santé grand public, ont ainsi scellé un accord en vertu duquel Kimberly-Clark acquerra la totalité des actions ordinaires de Kenvue dans le cadre d'une transaction en numéraire et en actions. Cette transaction valorise Kenvue à environ 48,7 milliards de dollars, sur la base du cours de clôture de l'action ordinaire de Kimberly-Clark le 31 octobre. Le montant total de la transaction représente un multiple d'acquisition d'environ 14,3 fois l'Ebitda ajusté des douze derniers mois de Kenvue ou de 8,8 fois en incluant les synergies annualisées attendues de 2,1 milliards de dollars, nettes de réinvestissement. Cette transaction réunit deux entreprises américaines emblématiques afin de créer un portefeuille commun de produits complémentaires, comprenant 10 marques générant chacune plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires, qui concernent près de la moitié de la population mondiale à chaque étape de la vie.

IREN Limited (+10%) a annoncé aujourd'hui la signature d'un contrat pluriannuel de services cloud GPU avec Microsoft. Aux termes de cet accord, IREN fournira à Microsoft un accès aux GPU Nvidia GB300 pendant cinq ans, pour un montant total d'environ 9,7 milliards de dollars, incluant un acompte de 20%. IRENa également conclu un accord avec Dell Technologies pour l'acquisition de ces GPU et des équipements associés, pour un montant d'environ 5,8 milliards de dollars. Le déploiement des GPU devrait s'échelonner jusqu'en 2026 sur le campus d'IREN à Childress, au Texas (750 MW), parallèlement à la mise en service de nouveaux datacenters à refroidissement liquide qui supporteront collectivement 200 MW de charge informatique critique.

IREN prévoit de financer les dépenses d'investissement liées à ce contrat grâce à sa trésorerie disponible, aux acomptes versés par ses clients, à ses flux de trésorerie d'exploitation et à des financements complémentaires. Daniel Roberts, cofondateur et codirecteur général d'IREN, a déclaré : "Nous sommes fiers d'annoncer ce partenariat majeur avec Microsoft, qui souligne la robustesse et l'évolutivité de notre plateforme cloud d'IA verticalement intégrée. Cet accord confirme la position d'IREN en tant que fournisseur de confiance de services cloud d'IA et nous ouvre l'accès à un nouveau segment de clientèle parmi les hyperscalers mondiaux".

Microsoft (+0,4%) prévoit selon Reuters d'investir plus de 15 milliards de dollars aux Émirats arabes unis d'ici fin 2029 et a obtenu de l'administration Trump les licences d'exportation nécessaires pour livrer des puces de pointe à ce pays du Golfe. "La part la plus importante de cet investissement, de loin, tant pour le passé que pour l'avenir, concerne l'expansion des centres de données d'IA aux Émirats arabes unis. De notre point de vue, il s'agit d'un investissement crucial pour répondre à la demande locale en matière d'IA", a déclaré Brad Smith, vice-président de Microsoft, à Reuters lors d'un entretien ce lundi. Smith a précisé que l'entreprise avait obtenu des licences d'exportation pour ces activités auprès du gouvernement américain l'année dernière et de nouvelles licences pour cette année. Il s'exprimait en marge de la conférence sur l'énergie ADIPEC à Abou Dhabi.

Amazon (+4,7%) bondit à Wall Street, au plus haut de son histoire boursière, alors qu'AWS et OpenAI ont annoncé un partenariat stratégique pluriannuel qui permettra à la startup d'IA de Sam Altman d'exécuter ses charges de travail d'IA avancées sur l'infrastructure de pointe d'AWS, et ce dès maintenant ! Ce partenariat stratégique pluriannuel permet donc à OpenAI "d'accéder immédiatement et progressivement à l'infrastructure de pointe d'AWS pour ses charges de travail d'IA avancées". AWS fournira à OpenAI des serveurs Amazon EC2 UltraServer, dotés de centaines de milliers de puces et capables d'évoluer jusqu'à des dizaines de millions de processeurs pour ses charges de travail d'IA générative avancées. Représentant un investissement de 38 milliards de dollars, cet investissement permettra à OpenAI d'accroître rapidement sa capacité de calcul tout en bénéficiant des avantages d'AWS en termes de prix, de performances, d'évolutivité et de sécurité.

Aux termes de cet accord, qui connaîtra une croissance continue au cours des sept prochaines années, OpenAI accède à la puissance de calcul d'AWS, composée de centaines de milliers de GPU Nvidia de pointe, avec la possibilité d'étendre cette capacité à des dizaines de millions de CPU afin de faire évoluer rapidement les charges de travail des agents. AWS possède une expertise unique dans l'exploitation sécurisée, fiable et à grande échelle d'infrastructures d'IA, avec des clusters dépassant les 500.000 puces. Le leadership d'AWS dans l'infrastructure cloud, combiné aux avancées pionnières d'OpenAI en matière d'IA générative, permettra à des millions d'utilisateurs de continuer à tirer profit de ChatGPT.

L'évolution rapide des technologies d'IA a engendré une demande sans précédent en puissance de calcul, notent les partenaires. Alors que les fournisseurs de modèles de pointe cherchent à repousser les limites de l'intelligence artificielle, ils se tournent de plus en plus vers AWS pour ses performances, son évolutivité et sa sécurité.

OpenAI commencera immédiatement à utiliser la puissance de calcul d'AWS dans le cadre de ce partenariat, l'ensemble de la capacité devant être déployée avant fin 2026, avec la possibilité de poursuivre son expansion en 2027 et au-delà. L'infrastructure déployée par AWS pour OpenAI repose sur une architecture sophistiquée, optimisée pour une efficacité et des performances maximales en matière de traitement de l'IA. Le regroupement des GPU Nvidia (GB200 et GB300) via des serveurs Amazon EC2 UltraServer sur le même réseau garantit une faible latence entre les systèmes interconnectés, permettant ainsi à OpenAI d'exécuter efficacement ses charges de travail avec des performances optimales. Ces clusters sont conçus pour prendre en charge diverses charges de travail, de l'inférence pour ChatGPT à l'entraînement des modèles de nouvelle génération, avec la flexibilité nécessaire pour s'adapter à l'évolution des besoins d'OpenAI.

Nvidia (+2,6%). Les puces les plus avancées du géant de l'intelligence artificielle seront réservées aux entreprises américaines et ne seront pas accessibles à la Chine ni à d'autres pays, a déclaré Donald Trump. Lors d'une interview diffusée hier dans l'émission '60 Minutes' de CBS, mais aussi durant une intervention devant des journalistes à bord d'Air Force One, Trump a affirmé que seuls les clients américains devraient avoir accès aux fameuses puces Blackwell haut de gamme de Nvidia. Trump qui avait pourtant indiqué la semaine dernière qu'il allait discuter de ces puces avec son homologue chinois Xi Jinping, avant d'expliquer finalement que le sujet n'avait pas été abordé...

"Les plus avancées, nous ne les partagerons avec personne d'autre que les États-Unis", a cette fois précisé le président américain sur CBS. "Nous ne fournissons pas la puce Blackwell à d'autres personnes", a-t-il ajouté à bord d'Air Force One. Le président américain n'a toutefois pas exclu la possibilité que Nvidia mette à disposition une version moins puissante. "Nous les laisserons traiter avec Nvidia, mais pas pour les puces les plus avancées", a-t-il affirmé lors de l'émission '60 Minutes'... Le DG de Nvidia, Jensen Huang, a indiqué pour sa part vendredi aux journalistes, après sa conférence lors du sommet de l'APEC à Gyeongju, en Corée du Sud, qu'il était "dans l'intérêt de l'Amérique de servir ce marché chinois. C'est dans le meilleur intérêt de la Chine d'avoir la technologie américaine". Une collaboration dans l'intérêt de tous, selon Huang, qui semble toutefois confiant dans la capacité de Nvidia a regagner l'accès au marché chinois.

AMD (+0,1%). La société californienne de licences technologiques Adeia a déposé deux plaintes contre AMD devant un tribunal fédéral du Texas pour violation présumée de dix brevets relatifs à des innovations dans le domaine des semi-conducteurs. Les plaintes indiquent que plusieurs modèles de processeurs AMD utilisés dans les ordinateurs de bureau, les ordinateurs portables et les serveurs enfreindraient les droits de brevet d'Adeia sur des inventions visant à améliorer la fabrication des semi-conducteurs. Paul Davis, DG d'Adeia, a déclaré que l'utilisation de sa technologie par AMD avait largement contribué à son succès et qu'Adeia serait ouvert à un accord juste et raisonnable...

Berkshire Hathaway (-0,2%), la firme de Warren Buffett, a publié ce week-end ses comptes du 3e trimestre, marqués par un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 30,8 milliards de dollars, contre 26,3 milliards un an avant. A neuf mois, le bénéfice net s'établit à 47,8 milliards contre 69,3 milliards un an plus tôt. Les gains sur investissements pour le trimestre ressortent à 17,3 milliards de dollars contre 16,2 milliards un an auparavant. Le bénéfice trimestriel par action de classe A atteint 21.413$. En termes de bénéfice opérationnel, l'assurance réalise 2,37 milliards de profits en souscription et 3,18 milliards en bénéfice d'investissement, BNSF dégage 1,45 milliard de bénéfice, Berkshire Hathaway Energy 1,49 milliard, et le segment manufacturier, services et retailing 3,62 milliards sur le trimestre. Ainsi, le profit opérationnel total du trimestre atteint 13,48 milliards contre 10,09 milliards un an avant.

L'oracle d'Omaha Warren Buffett quittera ses fonctions de directeur général d'ici deux mois. En attendant, Berkshire voit sa montagne de cash augmenter encore à 382 milliards de dollars, un plus haut historique - plus que les quatre principaux 'Mag 7' réunis. Berkshire qui a suspendu ses rachats d'actions depuis cinq trimestres. Son niveau de trésorerie dépasse la capitalisation de plus de 90% des sociétés du S&P 500.

Eaton (-0,4%), le spécialiste des systèmes électriques et hydrauliques, a annoncé son intention d'acquérir les activités thermiques de Boyd Corporation pour 9,5 milliards auprès de Goldman Sachs Asset Management. Le deal devrait être bouclé au deuxième trimestre 2026. Boyd Thermal, fournisseur de solutions pour centres de données et industrie aérospatiale, prévoit un chiffre d'affaires de 1,7 milliard de dollars pour 2026, dont la majeure partie devrait provenir du refroidissement liquide. Reuters rappelle qu'Eaton figure déjà parmi les entreprises ayant profité de la hausse de la demande en refroidissement liquide pour les équipements des centres de données, conséquence de l'adoption massive de l'IA.

Idexx Laboratories (+15,7%), le groupe actif dans le diagnostic et la santé des animaux, a affiché pour son 3e trimestre fiscal un bénéfice net de 275 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 3,40$, nettement supérieur aux attentes de marché, pour des revenus de 1,11 milliard de dollars (+13%) également bien meilleurs que prévu. Le groupe envisage désormais pour l'exercice un bénéfice par action allant de 12,81 à 13,01$, pour des revenus allant de 4,27 à 4,3 milliards de dollars. La guidance de revenus est ainsi révisée en hausse de 1% environ en milieu de fourchette. Les perspectives de profits sont également ajustées à la hausse de 33 cents.

ON Semiconductor (+1,4%), spécialiste de la conception, la fabrication et la commercialisation de composants électroniques à base de semi-conducteurs, a annoncé pour son 3e trimestre un bénéfice net de 255 millions de dollars, 63 cents par titre, au-dessus des attentes de marché. Le groupe de l'Arizona a affiché des revenus trimestriels de 1,55 milliard de dollars, également meilleurs que prévu. Sur le trimestre entamé, le bpa est attendu entre 57 et 67 cents, pour des revenus allant de 1,48 à 1,58 milliard de dollars.

Tesla (+3,1%) pourrait se fournir en batteries auprès de Samsung SDI pour plus de 2 milliards de dollars. Selon le Korea Economic Daily ce lundi, l'entreprise sud-coréenne aurait ainsi conclu un accord avec le constructeur texan de VE pour la fourniture de batteries ESS (systèmes de stockage d'énergie) d'une valeur de plus de 3.000 milliards de wons soit environ 2,1 milliards de dollars sur une période de trois ans. Le journal cite une source anonyme du secteur des batteries.