Entretien avec François-Xavier Chauchat, Economiste et stratégiste chez Dorval AM
Les valeurs bancaires nous paraissent attractives!

Boursier.com : Le consensus de progression des bénéfices n'est-il pas trop optimiste en Europe et en France ?
Le consensus s'attend à une croissance des bénéfices d'environ 8% en 2025, après une croissance d'environ 4% en 2024, ce qui ne parait pas déraisonnable à l'aune d'une croissance en Europe vue entre 0.8% et 1%, et d'une croissance mondiale de 3%. On sait que le consensus a toujours tendance à être légèrement optimiste en début d'année, et que les chiffres peuvent être rabotés plus tard dans l'année. Nous notons par ailleurs que la fin de la guerre en Ukraine ainsi que la détente de rigueur budgétaire en Allemagne post-élections en février pourraient créer des surprises positives sur la zone Europe.
Boursier.com : Quelle attitude adopter vis-à-vis du marché américain et de sa valorisation ?
La valorisation des actions américaines semble de plus en plus tendue en termes de PER (21,7 au 31 décembre 2024), alors même que les taux réels à long terme sont à leur plus haut depuis plus de quinze ans. L'envolée de la valorisation de Wall Street a aujourd'hui deux composantes bien distinctes. La première découle du poids croissant (33% du S&P 500 aujourd'hui, du jamais vu) d'une petite dizaine de géants mondiaux ultra rentables et donc chers (Nvidia, Apple, Microsoft, etc.). L'hyper croissance de leur bénéfices - plus de trois fois supérieure à celle du reste du S&P 500 depuis le début de la décennie - s'étiolera forcément un jour, mais le boom de l'intelligence artificielle semble a priori peu propice à un atterrissage en catastrophe pour ces valeurs. La deuxième composante embarque l'ensemble de la cote. On peut l'estimer à l'aide du PER du S&P 500 équipondéré, qui, à environ 17 contre 16 en moyenne depuis dix ans, est certes élevé mais ne plaide pas en faveur d'un diagnostic de bulle. Reste que le PER équipondéré de Wall Street est devenu 35% plus cher que celui du reste du monde, un record. En termes relatif, le thème de " l'Amérique prend tout " parait donc de plus en plus intégré dans les prix des marchés.
Boursier.com : Sur quels secteurs misez-vous en 2025 ?
Nous avons positionné les portefeuilles sur plusieurs thématiques de croissance structurelle : la digitalisation de l'économie avec des titres comme SAP, Reply et des sociétés qui devraient bénéficier de la pénétration de l'Intelligence artificielle telles que Relx ou Wolters. Mais aussi, la transition énergétique, qui reste une tendance de fonds, avec des titres comme SPIE, Schneider ou Sacyr. Le thème de la consolidation sectorielle et des champions du build-up nous parait aussi attractif avec des conditions financières plus attrayantes et des valorisations des cibles qui redeviennent plus raisonnables, avec des titres comme Assa Abloy et Indutrade.
Boursier.com : Quels sont vos arguments en faveur des valeurs bancaires en 2025 ?
Les valeurs bancaires nous paraissent attractives dans la configuration de notre scénario central macroéconomique, d'une économie européenne à croissance molle mais sans accident. Les valeurs bancaires poursuivent leur renaissance boursière grâce au triptyque rentabilité, solvabilité, valorisation qui demeure selon nous très favorable. La baisse des taux en 2025 impactera les profits, avec cependant des éléments compensatoires : la hausse du chiffre d'affaires à base de commissions, les volumes et le hedging. Nous pensons donc que les profits des banques seront, à peu de chose près, stables. C'est un secteur qui par ailleurs offre un retour à l'actionnaire significatif de plus de 10% (70% en dividendes, 30% en rachats d'action), qui, dans un contexte de baisse des taux, devrait séduire les investisseurs.
Boursier.com : Est-ce enfin le bon moment pour les petites et moyennes capitalisations en Europe ?
Cette question revient souvent entre gérants d'analyse fondamentale, avec des valeurs relativement déprimées. La pénétration des ETF, qui a tendance à flécher les flux vers les grandes capitalisations, est environ à 40% en Europe, contre plus de 60% aux Etats-Unis, donc ce retard de la zone serait pénalisant pour les petites et moyennes capitalisations. Cependant, la bonne santé du consommateur européen, et, comme nous l'avons évoqué auparavant, la possible fin de la guerre en Ukraine et l'élection en Allemagne, sont tous des éléments positifs sur la croissance européenne et donc sur les petites et moyennes capitalisations, qui sont, en général, plus exposées à l'économie locale.
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