Entretien avec Christopher Dembik, Conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM
Est-ce que Nvidia va garder longtemps sa place de première capitalisation mondiale ? Probablement pas...

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: Les marchés semblent avoir digéré, tout du moins ces derniers jours, à la fois le risque sur les droits de douane et la méthode Trump... Les investisseurs peuvent-ils encore être pris de revers sur ce front?Au cours des deux premiers trimestres, la guerre commerciale était une thématique mondiale avec des annonces à tout-va de l'administration Trump visant quasiment tous les secteurs d'activité et tous les pays. En deuxième partie d'année, l'approche américaine va être plus ciblée, comme on l'a vu récemment avec les attaques protectionnistes contre le Brésil. Cela signifie aussi que l'effet négatif pour les actifs financiers va être moindre. Dans la foulée des annonces américaines, le real brésilien s'est effondré de 2% face au dollar en une seule séance. C'est énorme. Mais le reste du monde a regardé cela sans ciller. Au même moment, la bourse parisienne était dans le vert.
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: Nvidia fait désormais la course en tête des plus importantes capitalisations. La société va-t-elle creuser l'écart? Qui parmi Apple, Microsoft ou Amazon, prendra la tête du prochain cycle ? Et sur quels leviers de croissance ?Le 9 juillet, Nvidia a battu un nouveau record en devenant la première société dont la valorisation atteint 4,000 milliards de dollars. En février 2024, elle était moitié moindre. Ses résultats publiés à la fin du mois d'août seront scrutés de près. Les effets négatifs de la guerre commerciale devraient être amortis par les ventes de la puce Blackwell. En revanche, Nvidia devra rassurer sur sa capacité à diversifier sa base clientèle qui est très concentrée autour des grandes entreprises technologiques américaines. C'est le défi des prochains trimestres. Sur l'année 2025, le chiffre d'affaires est prévu à $200 milliards, en hausse de +55% sur un an. La marge brute devrait rester stable, autour de 70%. Cela conforte l'assise dominante de Nvidia dans la révolution de l'IA. Est-ce que Nvidia va garder longtemps sa place de première capitalisation mondiale ? Probablement pas. Mais est-ce important pour l'investisseur ? En aucun cas.
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: Quels risques pourraient entrainer une éventuelle correction de Nvidia ? Dépendance au cycle IA, menaces géopolitiques (Chine, export control), compétition technologique, régulation ?Nous n'identifions pas un risque majeur à l'horizon. Nous savons que le titre Nvidia corrige régulièrement, souvent d'ailleurs dans la foulée des résultats trimestriels. C'est désormais devenu la nouvelle normalité. L'entreprise est résiliente et elle prépare bien les prochaines étapes de développement de l'IA, notamment en misant sur la robotique.
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: Les petites capitalisations sont de nouveau recherchées et surperforment depuis le 1er janvier, est-ce enfin le début d'un cycle de rebond pour ce segment ?C'est la surprise de l'année. Nous nous attendions à ce que les opérations financières soient le principal vecteur d'évolution des cours pour les petites valeurs. C'est le cas. Il y en a beaucoup à la Bourse de Paris, par exemple. Mais on voit également les volumes revenir. Pourquoi ? Ces entreprises sont souvent moins exposées à l'international, donc moins susceptibles d'être pénalisées par la guerre commerciale. En outre, les niveaux de valorisation étaient attrayants. Attention, c'est une autre histoire pour les petites valeurs américaines. Elles se traitent à des niveaux proches d'une période de récession. Mais c'est notamment lié au fait que beaucoup d'entreprises ne sont pas rentables. À éviter.
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: Doit-on continuer à accumuler les valeurs de la Défense ?Il y a eu un bel engouement. Prenons Rheinmetall qui est à la bourse allemande. L'action a bondi de 200% depuis le début d'année. Son ratio cours sur bénéfice estimé pour 2025 est à 61. Ne faisons pas de langue de bois. Fin 2024, beaucoup d'investisseurs étaient très inconfortables avec un ratio proche pour les actions technologiques américaines alors qu'il s'agit d'entreprises de croissance, très rentables, ayant du cash à foison. Que s'est-il passé par la suite ? Des fonds spéculatifs ont vendu ces actions américaines qui ont renoué avec des ratios désormais plus attrayants. Cela ne veut pas dire qu'on va avoir un mouvement de ventes massives touchant les valeurs de la défense. Mais on peut considérer a minima que le gros de la hausse est derrière nous pour le moment et qu'une phase de consolidation est inévitable. Prudence.
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