Babis, vainqueur des législatives tchèques, plaide sa loyauté à l'Europe

Le milliardaire Andrej Babis, dont le parti a remporté les législatives tchèques, a voulu rassurer dimanche sur ses sentiments pro-européens, après son entretien avec le président Petr Pavel qui a annoncé que la formation d'un gouvernement n'interviendrait pas avant début novembre.
M. Pavel a souligné que le nouvel exécutif ne pourrait être nommé qu'après la démission de l'actuel. Or elle ne pourra intervenir qu'après la réunion de la nouvelle assemblée début novembre au plus tôt, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.
D'ici là, il va continuer ses consultations, avec pour priorité de défendre "l'orientation pro-occidentale" su pays, "c'est-à-dire rester non seulement dans l'Union européenne mais aussi dans l'Otan", a affirmé l'ancien chef des forces de l'Otan.
Dans la matinée, M. Babis, 71 ans, avait dénoncé les "informations négatives circulant à l'étranger" concernant ses intentions sur l'UE, les disant "injustes".
"Nous sommes clairement pro-européens et pro-Otan", avait déjà affirmé samedi soir l'ancien Premier ministre de 2017 à 2021, après l'annonce de sa victoire.
Mais avec 80 sièges sur 200 au Parlement, l'homme d'affaires, qui s'est autoproclamé trumpiste et a promis de réduire l'aide à l'Ukraine, ne dispose pas de la majorité.
Toutefois, il a annoncé vouloir gouverner seul le pays d'Europe centrale de 10,9 millions d'habitants, tout en s'appuyant sur ses alliés au cas par cas.
Il devrait ainsi pouvoir compter sur le soutien du parti d'extrême droite SPD, qui a obtenu 7,8% des voix (15 sièges) et du parti de droite "La Voix des automobilistes" (6,8%, 13 sièges).
M. Babis a fait campagne sur la promesse d'augmenter les prestations sociales et de réduire l'aide apportée à l'Ukraine, pour faire passer les Tchèques d'abord.

Interrogé samedi soir par le média public ukrainien Suspilne, il a souligné que son pays aidait "l'Ukraine via l'UE qui aide l'Ukraine (...) et c'est la façon dont nous allons continuer à aider", excluant d'en faire plus.
Son retour au pouvoir pourrait signifier un rapprochement avec la Hongrie et la Slovaquie, qui ont refusé toute aide militaire à l'Ukraine et entravent les sanctions contre la Russie.
M. Babis a cofondé avec Viktor Orban le groupe parlementaire eurosceptique "Patriotes pour l'Europe", et le Premier ministre hongrois l'a félicité samedi, saluant "une bonne nouvelle pour l'Europe".
"Potentiel de chantage"
Alors que le SPD réclame un référendum sur la sortie de l'Union européenne, M. Babis a catégoriquement rejeté l'idée.

Selon Petr Just, de l'Université métropolitaine de Prague, le score moins élevé qu'ambitionné par le patron du SPD Tomio Okamura et l'échec des communistes à entrer au Parlement ont "affaibli" le camp de ceux qui réclament un changement de l'orientation géopolitique de la République tchèque.
Cependant, le SPD a "un potentiel de chantage" et "la question est de savoir quel sera le prix que Tomio Okamura exigera", ajoute-t-il tout en estimant que M. Babis ne voudra pas "de mesures précipitées en relation avec l'UE", où il a de nombreux intérêts commerciaux.
En début de semaine, M. Pavel avait reçu M. Babis pour évoquer les risques de conflit d'intérêts avec ses activités d'homme d'affaires.
Ce dernier a affirmé dimanche avoir remis au président "des documents, après avoir promis de fournir "une solution qui sera conforme aux lois tchèques et européennes".
M. Pavel a confirmé que "les options proposées permettent toutes effectivement de respecter à la lettre la loi".
Le milliardaire, 7ème fortune du pays selon Forbes, avec 3,9 milliards de dollars, a par le passé été accusé de confondre ses intérêts personnels avec ceux du pays. A la tête d'un conglomérat chimique et alimentaire, il doit être jugé pour fraude aux subventions européennes.
■Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count