Un gouvernement Lecornu déjà en sursis, avec Lescure et Le Maire comme rares nouveautés

Des reconductions en pagaille et, comme rares nouveautés, le macroniste Roland Lescure à Bercy et le retour surprise de Bruno Le Maire aux Armées: le gouvernement de Sébastien Lecornu, dévoilé dimanche, semble déjà en sursis face à la fronde des opposants mais aussi des Républicains.
Depuis l'Elysée, peu avant 20H00, le secrétaire général de la présidence Emmanuel Moulin a dévoilé 18 noms, la plupart connus, avec la reconduction de 12 ministres de la précédente équipe de François Bayrou, pourtant renversée il y a moins d'un mois par l'Assemblée nationale.
Bruno Retailleau à l'Intérieur, Gérald Darmanin à la Justice, Elisabeth Borne à l'Education nationale, Manuel Valls aux Outre-mer, Catherine Vautrin au Travail et à la Santé, Annie Genevard à l'Agriculture, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Rachida Dati à la Culture, Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique... Sébastien Lecornu aura donc multiplié les consultations pendant plus de trois semaines pour atterrir sur un organigramme très proche de celui de son prédécesseur.

Un premier Conseil des ministres est convoqué lundi à 16H00 autour d'Emmanuel Macron, a annoncé l'Elysée.
La liste sera "complétée par des ministres délégués après les déclarations de politique générale" du Premier ministre prévue mardi à l'Assemblée nationale et mercredi au Sénat", a indiqué son entourage. "Il restera très resserré", a-t-on ajouté, sans doute autour de 25 membres au total.
La surprise Le Maire
Sébastien Lecornu a demandé à ses ministres de "trouver des compromis avec nos oppositions".
Il se sait attendu de pied ferme à l'Assemblée mardi, par des opposants prêts à censurer ce gouvernement très minoritaire. La gauche comme le Rassemblement national, qui ne cessent d'appeler à la "rupture", ont accueilli fraîchement cette vague de reconductions ministérielles.

Alors que le Premier ministre négocie en premier lieu avec les socialistes pour s'éviter une censure immédiate et tenter de passer ensuite le cap du budget, les premières réactions étaient très négatives.
"Ils se font renverser mais restent en poste", a protesté le chef des députés du PS Boris Vallaud, dénonçant l'"obstination" des macronistes qui "plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos".
Alors que La France insoumise a déjà promis la censure pour les prochains jours, son leader Jean-Luc Mélenchon a ironisé sur "un cortège de revenants à 80% de LR et anciens LR embauchés pour continuer une politique qui a provoqué tant de souffrance populaire".
Tandis que le président du Rassemblement national Jordan Bardella a renouvelé ses menaces de "censure", la leader du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, a raillé le retour "pathétique" de "l'homme qui a mis la France en faillite".
Les principales critiques des opposants se sont en effet concentrées sur la grosse surprise du soir: le nouveau ministre des Armées, Bruno Le Maire, ex-locataire de Bercy et mentor politique de Sébastien Lecornu. Il est aussi une des cibles préférées des oppositions qui lui attribuent régulièrement la responsabilité d'une partie du dérapage budgétaire.

L'autre nouveauté est à trouver du côté du ministère de l'Economie, où Eric Lombard va laisser sa place au député Renaissance Roland Lescure, plutôt considéré comme un membre de l'aile gauche de la macronie. A ses côtés, la macroniste Amélie de Montchalin reste aux Comptes publics, promue en tant que ministre de plein exercice dans un Bercy divisé en deux: elle sera en première ligne pour l'âpre discussion budgétaire attendue cet automne au Parlement.
Le MoDem et Horizons participent
Ces annonces devaient mettre fin à un long week-end de négociations, de réunions et de coups de pression venus de toutes part dans la coalition gouvernementale.

Mais alors que le parti de droite Les Républicains, après de longues tergiversations, avait opté pour une "participation exigeante" au gouvernement, son chef Bruno Retailleau s'est insurgé publiquement dans la soirée contre sa composition qui "ne reflète pas la rupture promise". Il a convoqué le comité stratégique de LR pour lundi matin.
Dans la nuit de samedi à dilmanche, pour tenter de les rassurer, Sébastien Lecornu avait adressé une "feuille de route gouvernementale" aux dirigeants des partis susceptibles de le soutenir (Renaissance, MoDem, Horizons, LR, UDI).
Le Premier ministre y déclinait ses priorités - sans grand degré de détail ni calendrier législatif précis -, appelant son socle à "s'unir" et se "rassembler" malgré les "différences".

Après avoir haussé le ton samedi, le MoDem semble être rentré dans le rang: deux ministres de sa formation - Jean-Noël Barrot au Quai d'Orsay et Marina Ferrari aux Sports - figurent dans l'équipe annoncée dimanche.
Le parti Horizons d'Edouard Philippe fait lui entrer Naïma Moutchou à la Fonction publique. Quant aux centristes de l'UDI, qui avaient fait part de leur préoccupation dans la journée, ils ne comptent plus personne à ce stade.
■Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count
- 0 news.votes.details.count