Dans le nord-est ivoirien, des jihadistes et miliciens en encombrants voisins

"Après Dieu, ici c’est l'armée. Grâce à elle je dors tranquille, je me réveille le matin en paix": face aux incursions de jihadistes venus du Burkina Faso voisin, l'armée ivoirienne est parvenue à sécuriser la frontière nord-est du pays et à rassurer en partie les populations.
Mais la situation sécuritaire reste précaire sur cette frontière poreuse, où un nouvel acteur armé, les supplétifs civils de la junte au pouvoir au Burkina, font planer une menace supplémentaire, a constaté une équipe de l'AFP au cours d'une longue mission dans cette région désignée comme "rouge" par les chancelleries occidentales.
"La présence de l'armée nous rassure. Si elle quitte la zone, moi je quitte le village", commente Adama Ouattara, "président des jeunes" de Moro Moro (520 km au nord d'Abidjan).

Polo crasseux qui contraste avec un sourire ravageur, ce paysan aux épaules de catcheur ne tarit pas d'éloges sur les militaires ivoiriens venus en patrouille ce jour-là visiter ce village perdu dans la brousse, à un jet de pierre de la frontière.
Frappé par les jihadistes affiliés à Al-Qaida qui ont tué 16 soldats à Kafolo dans deux attaques en juin 2020 et mars 2021, le nord-est ivoirien n'a connu aucun incident notable depuis.
La vie a repris son cours normalement, si ce n'est une forte présence militaire et une empreinte clairement renforcée de l'Etat, a-t-on constaté. Une situation qui tranche avec les violences qui s'étendent dans d'autres pays côtiers de la zone, comme le Bénin ou le Togo.
"Veille permanente"
A Kafolo, où les restes du camp attaqué ont été rasés pour y élever au milieu des herbes folles les murs de briques grisâtres du futur marché aux légumes, les villageois vont aux champs comme si de rien n'était.

"Des agents de la junte burkinabé à Bouna distillent rumeurs et fausses nouvelles", affirme cet observateur. Tandis que "des jeunes qui vivent ici, des Burkinabè mais aussi des Ivoiriens, se sont enrôlés de l’autre côté chez les VDP".
"Des Burkinabè qui vivaient dans cette partie nord de la Côte d'Ivoire depuis des années sont allés se faire enrôler chez les VDP.
Ils reviennent parfois dormir chez nous ou se reposer dans leurs familles. Et ils font des problèmes. Et il y a aussi des Ivoiriens", confirme, inquiet, une très bonne source sécuritaire.
Interrogé à ce propos, le ministre de la Défense, relevant la porosité de cette frontière et "leur processus de délimitation pour le moment suspendu", avait reconnu "quelques tensions avec nos frères d’armes de part et d’autre de la frontière que nous essayons de régler rapidement dès qu'elles apparaissent et ce par la voie diplomatique".

"Nous avons pour consigne de ne pas répondre aux provocations", lâche la source sécuritaire.
Mais les habitants s'alarment. "Partout le long de cette frontière vous pouvez croiser les VDP", souligne l'inspecteur vétérinaire Vincent Baret, en poste à Doropo.
"Moi, comme fonctionnaire, je ne peux pas m’éloigner en brousse. Nos militaires ont à faire tous les jours avec les VDP.
Ce sont juste des miliciens analphabètes, mais ils nous occupent l’esprit. Et nous inquiètent plus que les jihadistes désormais".
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